Tours. Concert Tchaikovski, Massenet, Falla. Les 7 et 8 novembre 2015. Affinités tchaikovskiennes… On se souvient d’une exceptionnelle Symphonie n°6 de Tchaikovski par Jean-Yves Ossonce et l’Orchestre tourangeau : sur le plan interprétatif : profondeur, gravité, tendresse et introspection. Sur le plan artistique, complicité, entente, écoute réciproque. Un accomplissement réalisé en novembre 2014 et qui pourrait se renouveler un an après… les 7 et 8 novembre prochains, pour le concert d’ouverture de la nouvelle saison symphonique à l’Opéra de Tours, tant chefs et instrumentistes s’entendent visiblement dans l’expression de la sensibilité tchaikovskienne. Le Concerto pour violon, sommet de la sensibilité romantique version russe est l’affiche du programme de l’Opéra de tours, constituant sa pièce maîtresse où la violoniste Sarah Nemtanu assure la partie solistique. LIRE notre compte rendu critique du concert 6ème Symphonie de Tchaikovski par Jean-Yves Ossonce et l’Orchestre symphonique Région Centre Tours.
Tchaikovski romantique, Massenet nostalgique
Concerto pour violon de Tchaikovski : Clarens, 1878. Après son mariage raté et la séparation qui en découle, avec Antonina Milukova, Tchaïkovski, dépressif, se retire en Suisse, à Clarens, en 1878. A 38 ans, le compositeur se recentre sur une nouvelle oeuvre, probablement inspirée par la Symphonie espagnole d’Edouard Lalo.
Le compositeur pensait dédier son Concerto au violoniste Leopold Auer qui refusa cet honneur, trouvant l’oeuvre inexécutable! Adolf Brodsky, qui le joua et oeuvra pour sa notoriété auprès du public, en devint le dédicataire. Dans l’Allegro moderato, la virtuosité du violon solo conduit le développement mélodique. La Canzonetta fait entendre une nouvelle ampleur mélodique, autour d’un thème nostalgique, très vocal, dans le ton de sol mineur. Le dernier mouvement, Allegro vivacissimo impose un début tzigane bondissant, puis se succèdent motif nerveux et brillant à la Mendelssohn, et éléments de danse populaire, au caractère affirmé.
Egalement à l’affiche de ce programme éclectique, d’autant plus captivant, les pages méconnues du Massenet symphoniste : Scènes Alsaciennes dont le sujet pourrait bien contester de façon nostalgique et pacifiste, l’annexion de l’Alsace à l’Empire germanique depuis 1870. Au moment de la création d’Hérodiade à Bruxelles en 1881, Massenet a l’idée de composer son ultime cycle de musique symphonique pure : les Scènes Alsaciennes créées en 1882 : suivant la trame romanesque du texte de Daudet (Contes du lundi : « Alsace, Alsace »), le compositeur célèbre avec vivacité l’acuité sensible de l’âme alsacienne : appel de la clarinette et de la flûte un dimanche matin au moment de la messe (épisode serein), gaieté franche et contrastée dans Au cabaret au rythme tripartite, volontairement rustique ; tendresse de Sous les tilleuls où se précise l’évocation d’un couple amoureux ; enfin l’entrain de la dernière scène, Dimanche soir, associe folklore et fanfare militaire pour une célébration expressive elle aussi criante de vérité.
George Butterworth
English Idyll n°1
La saison symphonique s’ouvre sur la diversité de la musique européenne et de ses sources populaires, tout autant que sur le poids de l’histoire. George Butterworth, compositeur anglais, engagé volontaire dès 1914, fut tué pendant la bataille de la Somme le 5 août 1916. Nous lui rendons hommage avec cette English Idyll, qui plonge ses racines dans sa terre natale. Une stèle a été élevée à sa mémoire à Pozières, et son corps ne fut jamais retrouvé.
Piotr Ilitch Tchaïkovski
Concerto pour violon et orchestre en ré majeur, op. 35
Concentré d’âme slave, le Concerto de Tchaïkovski sera interprété par Sarah Nemtanu, plus jeune violon solo jamais nommé à l’Orchestre National de France, qui l’a enregistré pour le film Le Concert et avec son orchestre dirigé par le grand Kurt Masur. À noter que la saison lyrique sera l’occasion de redécouvrir Eugène Onéguine, autre chef d’oeuvre de la même période.
Jules Massenet
Scènes alsaciennes, Suite pour orchestre n°7
Rareté que les Scènes Alsaciennes, où Massenet mêle son sens mélodique et orchestral à des effluves patriotiques (l’Alsace était alors depuis la guerre de 1870 occupée par l’Allemagne).
Manuel de Falla
Le Tricorne, Suite n°2
Les Danses du Tricorne, symbole de la musique espagnole dans son acception la plus authentique, conclueront ce programme dédié à l’histoire et à la culture européennes « de l’Atlantique à l’Oural ».
Sarah Nemtanu, violon
Jean-Yves Ossonce, direction
Orchestre Symphonique Région Centre-Val de Loire / Tours
Samedi 7 novembre – 20h
Dimanche 8 novembre – 17h
Conférence : présentation aux œuvres, les 7 novembre à 19h, 8 novembre à 16h
Grand théâtre, Salle Jean Vilar, entrée gratuite