Janvier 1933, le monde bascule : Hitler arrive au pouvoir en Allemagne. En cette année noire où les Nazis brûlent les livres, Bertolt Brecht, exilé, écrit un seul texte : Les Sept Péchés capitaux des petits bourgeois. Un texte insolent, grinçant et courageux où il dénonce la bourgeoisie et le clergé se soumettant devant la loi du plus fort.
Interdit d’activité par la police nazie, le compositeur Kurt Weill s’expatrie à Paris dès mars 1933. Après que la Princesse de Polignac, mécène de Cocteau, lui ait commandé sa Symphonie n°2 (créée par Bruno Walter à Amsterdam en oct 1934), il reçoit la commande d’un nouveau ballet du jeune Balanchine et de Boris Kochno, qui co dirigent les Ballets 33. Pour ce faire, Weill se réconcilie avec Brecht avec lequel il s’était fâché : la pièce sera leur dernière collaboration. Face à un ordre autoritaire et barbare, chaque individu questionne son rapport à la liberté : se soumettre ou défier l’autoritarisme ? Le choix est ainsi incarné par le personnage central féminin, Anna. Entre gouaille mi-parlée, mi-chantée et choral (dans la plus pure tradition luthérienne), Kurt Weill explore toutes les ressources d’une pièce musicale en constante instabilité formelle, à l’image de la société qu’elle dépeint. Son écriture varie entre énergie, mélancolie (Malhlérienne), et aussi légèreté mozartienne etmême weberienne… son imaginaire entend renouveler la magie populaire de La Flûte Enchantée de Mozart, modèle absolu. Le spectacle au carrefour des disciplines, ce qui fait sa richesse toujours très actuelle, est créée au TCE Théâtre des Champs Élysées le 7 juin 1933. Dans le public, Serge Lifar (probablement jaloux de Balachine) dénonce un spectacle scandaleux.
Exilé comme Brecht, Kurt Weill signe sa dernière partition relevant du théâtre musical, – après Mahagony (Leipzig et Berlin, 1930) et l’Opéra de Quat’sous (Berlin, 1928), une partition en sept mouvements comme autant de péchés, intégrant valse, fox-trot, marche, tarentelle, interprétée par l’Orchestre National de Bretagne dirigé par Benjamin Lévy.
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KURT WEILL / BERTOLD BRECHT : Les 7 péchés capitaux, 1933
3 représentations événements
Lundi 25 novembre à 20h
Mardi 26 novembre à 20h
Jeudi 28 novembre à 20h
Réservez vos places directement sur le site de l’Opéra de Rennes : https://opera-rennes.fr/fr/evenement/les-sept-peches-capitaux
Opéra chanté en allemand, surtitré en français
Durée : 1h – Dès 10 ans
Présentation
Le metteur en scène Jacques Osinski questionne ce que nous sommes prêts à sacrifier pour accéder à nos rêves. Dans ce spectacle (à l’origine un ballet destiné à Balanchine, chanté pour 5 voix : un femme et un quatuor masculin) fusionnent musique, chant, danse et vidéo, en une sorte de road movie à l’esthétique proche d’un David Lynch, faisant défiler les images d’une Amérique fantasmée. Originaire de Louisiane, Anna (le personnage principal) secondée par sa sœur (rôle dansé et la voix de soprano), entend faire fortune dans plusieurs villes des États-Unis. A chaque avancée, le quatuor masculin exprime les réactions de la famille d’Anna, uen famille qui attend d’elle qu’elle lui envoie de l’argent au fur et à mesure de ses pérégrinations. Mais Anna doit forcer sa nature que menace une propension initiale à la paresse… premier péché. A Memphis, elle doit infléchir son orgueil face au désir des clients. A Los Angeles, elle réfrène sa colère pour rester employée à Hollywood. Puis devenu danseuse à Philadelphie, Anna doit résister à la gourmandise pour ne pas prendre de poids… A Boston, c’est le défi de la luxure qui se présente à elle : elle renonce à l’amour d’un pauvre (Fernando) et accepte les avances d’Edward, plus riche et enviable. A Baltimore, les hommes se suicident pour elle : bonne fortune pour celle qui s’enrichit ; sa famille espère qu’elle ne codera pas à l’avarice et lui adressera de l’argent. A San Francisco, épuisée, Anna envie ceux qui se satisfont de ce qu’ils ont sans envier les mieux nantis. De retour chez elle, Anna découvre la maison que sa famille a pu construire grâce à ses transferts de fonds. Car tout cela a un prix… amer.
Prologue
La Paresse (Allegro vivace)
L’Orgueil (Allegretto, quasi andantino)
La Colère (Molto agitato)
La Gourmandise (Largo)
La Luxure (Moderato)
L’Avarice (Allegro giusto)
L’Envie (Allegro non troppo : alla Marcia, un poco tenuto)
Épilogue.
distribution
Benjamin Levy : direction musicale
Jacques Osinski : mise en scène
Yann Chapotel : scénographie et vidéos
Hélène Kritikos : costumes
Catherine Verheyde : lumières
Noémie Ettlin : mouvements
Natalie Pérez et Noémie Ettlin : Anna
Guillaume Andrieux : Père
Florent Baffi : Mère
Manuel Nùñez Camelino : Frère 1
Camille Tresmontant : Frère 2
Orchestre National de Bretagne
VIDÉO TEASER Les Sept péchés capitaux de Kurt WEILL
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