Dans sa version originale de 1859, Faust de Gounod réinvestit la scène de l’Opéra de Cologne. L’œuvre française d’après Goethe reste un pilier du répertoire lyrique en Allemagne. Le pilier de l’opéra français, après Thomas, avant Bizet et Massenet, mérite toujours les honneurs de la scène lyrique, en particulier outre Rhin. Surtout s’agissant d’un ouvrage emblématique de l’opéra romantique français. La production est d’autant plus opportune qu’elle s’intéresse à la version « originelle » – de 1859.
Contrairement à la version souvent jouée à l’Opéra de Paris, soit celle de 1869, celle de 1859 privilégie des dialogues inédits, proches du théâtre, qui éclairent le relief de rôles depuis minorés ou écartés (Wagner, Dame Marthe). Ces derniers restituent à l’ouvrage que l’on pensait trop sérieux, une légèreté proche du genre opéra-comique de demi caractère dont le Gounod pas encore réellement célébré, avait la clé. Avec la présence des dialogues, le drame gagne en clarté et précision dramatique. Quand la version actuelle de 1869 fait se succéder des tableaux et des situations pas toujours très progressifs. On y perd certes l’air du Veau d’or de Mephisto pour celui plus ancien et presque rafraîchissant de « Maître Scarabée ».
L’orchestre ne doit jamais sonner pompier dans les tutti, ni couvrir les voix, … surtout transmettre le vertige fantastique et romantique que l’on attend. La direction se doit d’éclairer et exprimer ombres et vertiges romantiques d’un Gounod wagnérien ; germanisme subtil, entre Wagner et Mendelssohn, brillant et élégant (où les valses soulignent les temps forts de l’action dramatique et psychologique), Gounod mérite de belle nuances, des élans roboratifs, de la fluidité active autant qu’incarnée.
Et côté chanteurs ? il faut de la tendresse pour Faust. Comme de la truculence légère et savoureuse chez Méphistophélès que beaucoup (trop) de barytons rendent malheureusement lourd, épais, outrageusement démoniaque… Même naturel enivré pour Siebel et pour Marguerite, une candeur tendre et ardente, entre noblesse et naturel… Reprise à Cologne de cette mise en scène juste et noire signée Johannes Erath, sous la direction du scrupuleux et inspiré François-Xavier Roth.
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Faust de Gounod à l’Opéra de Cologne
Version de 1859
Les 3, 7, 9, 15, 17 mars 2024
Réservez vos places directement sur le site de l’Opéra de Cologne / OPER KÖLN : https://www.oper.koeln/de/programm/faust/6699#
distribution
ALTER FAUST : JOHN HEUZENROEDER
JUNGER FAUST: YOUNG WOO KIM
MÉPHISTOPHÉLÈS : KARL-HEINZ LEHNER
MARGUERITE : EMILY HINDRICHS / ANNE-CATHERINE GILLET
VALENTIN : MILJENKO TURK
SIEBEL : MAYA GOUR
WAGNER : LUCAS SINGER
MARTHE : REGINA RICHTER
STATISTERIE : STATISTERIE DER OPER KÖLN
CHOR DER OPER KÖLN
GÜRZENICH-ORCHESTER KÖLN
TICKET HOTLINE : + 41 0221 221 28400
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