mardi 19 mars 2024

Nouvelle MANON de Massenet à l’Opéra Bastille

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massenet jules portrait classiquenewsPARIS, Bastille : nouvelle MANON de Massenet : 26 fev – 10 avril 2020 – Massenet contrairement à ce qu’il déclare dans Souvenirs (souvent réécriture idéalisatrice sujette à caution), compose Manon sur une longue durée à partir du livret de Meilhac et Gille. La composition s’accélère surtout en 1882, après la création milanaise d’Hérodiade. Du genre opéra-comique, la partition comporte quelque scènes parlées, surtout un personnage issu du théâtre comique XVIIIè chanté par un « trial », c’est à dire un ténor léger : le vieux Guillot de Morfontaine qui malgré son âge avancé en pince pour Manon; mais celle-ci acceptant puis rechignant ses cadeaux exorbitants, ne pourra guère échapper à la vengeance du vieux satire blessé ; Massenet cite surtout le style français rococo et galant (ballet du Cours la Reine dans un style purement Louis XV et Pompadour). Pour le rôle titre, le compositeur a subtilement mêlé les diverses facettes d’un personnage qui est tout sauf superficiel : attachant. Le rôle exige virtuosité coloratoure et dramatisme intense. Il faut autant exprimer la frivolité triomphante de la jeune coquette que le désarroi sincère de la courtisane coupable et amoureuse…

D’après le roman de l’abbé Prévost (1731), Manon de Massenet précède l’opéra éponyme (Manon Lescaut) de Puccini (1893). Après son opéra, Massenet compose une suite chambriste à Manon, Le portrait de Manon (1894), où il resserre encore son écriture et approfondit sa nostalgie du grand style, mais sur un mode intimiste nouveau, très proche du théâtre.
Dans Manon, première lecture (création à l’Opéra Comique, le 19 janvier 1884), Massenet réinvente le personnage central de la jeune femme, frivole et amoureuse, fragile et trop légère … le rôle est brillamment incarné par les meilleures sopranos de la Belle Epoque: Marie Heilbronn (qui meurt trop tôt à 35 ans en mars 1886), puis Sibyl Sylberson (à partir de 1891 à l’Opéra Comique)…

Massenet soigne le brio des airs solistes: air du rêve de Des Grieux (comme une romance ancienne); grand air brillant et virtuosissime pour la soprano vedette : “je marche sur tous les chemins” (air du Cours La Reine) et depuis lors, emblème de toute coloratoure qui se respecte, là même où a brillé sans pareille, Beverly Sills, sur les traces de la créatrice du rôle, Marie Heilbronn.
Plus que dans Carmen de Bizet, Manon ose des tournures nouvelles, faisant évoluer en permanence l’écriture du discours vocal : air, arioso, drame chanté; la prosodie de Massenet est fine et libre, d’une liberté et d’une invention remarquables. Le grand duo amoureux à Saint-Sulpice où la sirène séductrice reconquiert son ancien amant devenu abbé (!) est l’un des sommets de l’opéra et l’épisode prosodique le plus réussi à ce titre.

 

 

 

 

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PARIS, Opéra Bastille
du 26 février au 10 avril 2020
3h25 avec 2 entractes
Réservez directement vos places sur le site de l’Opéra de Paris
https://www.operadeparis.fr/saison-19-20/opera/manon

La distribution alterne deux équipes : avec Pretty Yende / Amina Edris dans le rôle titre, Benjamin Bernheim / Stephen Costello (le chevalier DesGrieux), Ludovic Tézier (Lescaut)… Dans la nouvelle mise en scène de Vincent Huguet.

 

 

 

 

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Réinventer le style Pompadour….

Massenet en homme du XIXème réinvente le XVIIIè décrit pourtant avec précision par l’Abbé Prévost dans son roman qui se déroule à Paris au début des années 1720… le Cours la Reine est une pure invention du compositeur. Lescaut n’est plus le frère mais le cousin de la belle Manon. Celle-ci ne meurt pas dans le désert américain mais sur la route du Havre et elle a assez de discernement malgré sa fatigue et son épuisement pour, juste avant d’expirer, admirer le diamant de la première étoile du soir…
Avec le tableau du Cours la Reine, véritable image fantasmatique d’un XVIIIè redessiné par Massenet et ses librettistes, le directeur de l’Opéra Comique, Carvalho, mise sur les effets visuels et spectaculaires, grâce aux décors spécialement conçus pour la production: le public venu applaudir Marie Heilbronn dans le rôle de Manon et le célèbre ténor Alexandre Talazac, se passionne pour l’opéra: pas moins de 78 représentations pour la seule année 1884. Un triomphe et l’a confirmation que Massenet reste le plus grand créateur à l’opéra en cette fin du XIXème.

Synopsis
Manon Lescaut fuit à Paris avec le Chevalier des Grieux pour échapper au couvent. Mais les amants sans le sou déchantent vite et dans le Paris de la Régence (devenu l’emblème du style Pompadour dans l’opéra de Massenet), Manon quitte Des Grieux pour vendre ses charmes aux nobles assidus; devenu abbé à Saint-Sulpice, Des Grieux ne peut résister aux avances de son ancienne maîtresse venue le reconquérir… ils se remettent ensemble; il joue et gagne; mais c’est compter sans la vengeance des puissants; Manon est déportée et meurt dans le bras d’un Des Grieux, impuissant.

 

 
Présentation de l’œuvre par l’Opéra de Paris :

Lorsque l’abbé Prévost signe en 1731 L’Histoire du chevalier  des Grieux et de Manon Lescaut – qui inspirera à Massenet sa Manon – c’est le tableau d’une époque qu’il nous livre : celle de la Régence, qui voit la vieille société s’éteindre tandis qu’une nouvelle semble naître, pleine de la promesse d’une liberté nouvelle. C’est entre ces mondes qu’évolue Manon, fuyant le couvent pour embrasser les chemins du désir et de la transgression, et se jeter à corps perdu dans une passion brûlante et autodestructrice avec des Grieux. Une parenthèse s’ouvre, qui se refermera dans la douleur et dans la nuit. Le metteur en scène Vincent Huguet s’affranchit du taffetas historique de l’oeuvre pour en faire ressurgir toute la violence.

 

 

 

  

 

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ACTE I – AMIENS

Le vieux Guillot de Morfontaine, entouré de ses maîtresses Poussette, Javotte et Rosette, dîne bruyamment en compagnie de Brétigny. Débarque une foule de voyageurs parmi lesquels la jeune Manon. Elle est accueillie par son cousin Lescaut, chargé de la conduire au couvent. La belle ne passe pas inaperçue et Guillot tente de la séduire en faisant étalage de sa richesse. Lescaut l’éloigne et recommande à Manon de se tenir sage pendant qu’il s’encanaille dans le cabaret voisin. Restée seule, Manon rêve à la vie qu’on lui interdit. L’arrivée du chevalier des Grieux la tire de sa mélancolie : les deux jeunes gens tombent amoureux au premier regard et décident de s’enfuir à Paris.

ACTE II – PARIS

Le jeune couple vit dans un appartement de fortune. Des Grieux lit à Manon la lettre qu’il vient d’écrire à son père dans laquelle il lui annonce son intention de l’épouser. Ils sont interrompus par Lescaut, accompagné de Brétigny que Manon reconnaît immédiatement malgré son déguisement. Un jeu de dupes se met en place : Lescaut prétend se réconcilier avec des Grieux, tandis que Brétigny informe Manon que son amant sera rendu de force à son père le soir même. En échange de son silence, il lui promet de faire d’elle la reine du Tout-Paris. Malgré son amour sincère, Manon accepte le marché et se résigne à changer de vie. Des Grieux s’aperçoit de son trouble, mais il est trop tard : il est enlevé sous les protestations de Manon.

ACTE III – PREMIER TABLEAU LE COURS-LA-REINE

C’est jour de fête au Cours-la-Reine. Poussette, Javotte et Rosette s’amusent en cachette de Guillot tandis que Lescaut fait le joli coeur. Manon fait une entrée très remarquée et proclame devant la foule de ses admirateurs l’urgence de profiter de la jeunesse. Elle surprend une conversation entre Brétigny et le comte des Grieux et apprend que le chevalier a décidé de se retirer du monde et d’entrer au séminaire. Guillot, qui espère séduire Manon et l’enlever à Brétigny, a fait venir pour elle le Ballet de l’Opéra, mais la jeune femme quitte la fête précipitamment pour aller retrouver des Grieux.

ACTE III – SECOND TABLEAU SAINT-SULPICE

Des Grieux vient de prononcer un sermon qui a beaucoup impressionné les dévotes. Son père tente encore une fois de le dissuader d’entrer dans les ordres, mais le jeune homme reste inflexible. Cependant l’arrivée de Manon le trouble au plus haut point. Elle le supplie de lui pardonner sa trahison. Des Grieux est tiraillé entre son désir et ses résolutions. Il finit par céder au charme de Manon et s’enfuit une nouvelle fois avec elle.

ACTE IV – L’HÔTEL DE TRANSYLVANIE

Les dépenses de Manon ont épuisé les ressources de des Grieux. Pour se refaire, il se laisse entraîner dans un tripot où Lescaut a ses habitudes. Malgré ses réticences et son dégoût pour les jeux d’argent, il engage une partie avec Guillot dont il rafle les mises coup sur coup. Sa chance insolente irrite son adversaire qui l’accuse de tricherie. Guillot sort en menaçant le couple et revient peu après avec la police qui arrête Manon et des Grieux avec la bénédiction de son père.

ACTE V – LA ROUTE DU HAVRE

Sur une route qui mène vers Le Havre, des Grieux et Lescaut attendent le passage du convoi des filles condamnées à la déportation. Lescaut réussit à acheter la complicité des gardes pour que Manon et des Grieux puissent rester un moment seuls. La jeune femme s’accuse d’avoir gâché leur amour et implore le pardon. Des Grieux la rassure, tente de lui redonner espoir. Mais Manon est trop épuisée. Elle meurt dans ses bras en rêvant à leur bonheur passé.

Opéra-Comique en cinq actes et six tableaux. Musique de Jules Massenet.
Livret de Henri Meilhac et Philippe Gille d’après le roman de l’abbé Prévost (Histoire du Chevalier Des Grieux et de Manon Lescaut). Éditions Leduc-Heugel.
Créé à Paris, Opéra-Comique, le 19 janvier 1884.

 

 
 

 

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