dimanche 13 octobre 2024

ENTRETIEN avec Jérôme KUHN, directeur artistique du Nouvel Opéra Fribourg (NOF).

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Présentation des temps forts de la saison en cours 2023- 2024Les aventures du Roi Pausole, Antonio et L’Olimpiade, La Plus forte… autant de productions qui s’inscrivent dans la diversité et l’excellence. Chaque production est le sujet d’actions simultanées pour la professionnalisation des jeunes artistes, pour la sensibilisation aussi des jeunes publics. Jérôme Kuhn assure aussi la direction musicale de La Plus forte de Gerald Barry, nouveau défi sur scène et en studio (septembre 2024). Il s’agira déjà de la nouvelle saison 2024 – 2025, dont on attend avec impatience les prochains jalons…

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toutes les photos : portrait de Jérôme Kuhn © Kaupo Kikkas

 

 

CLASSIQUENEWS : Comment est né l’actuel « NOF » / Nouvel Opéra de Fribourg ? 

Jérôme Kuhn :  Le NOF Nouvel Opéra Fribourg résulte de la fusion en 2018 de deux entités : Opéra Louise et l’Opéra de Fribourg (lequel existe depuis plus de 40 ans. Opéra Louise a été fondé par moi-même et Julien Chavaz, aujourd’hui directeur du Theater Magdebourg. Dès sa création, Opéra Louise s’est spécialisé dans les œuvres contemporaines, le théâtre musical, l’opéra de chambre…. un positionnement d’autant plus complémentaire à celui de l’Opéra de Fribourg que ce dernier produit plutôt les ouvrages du répertoire. Comme institution à part entière, le NOF déploie à présent une double programmation. Au cours de chaque saison, nous montons une grande production pour la fin d’année ; dernièrement, à l’hiver 2023, il s’agissait de Guillaume Tell de Rossini ( 29 déc 2023 – 7 janv 2024. Infos : https://nof.ch/fr/productions/guillaume-tell-23-24/ ) 

 

Dans le registre contemporain et chambriste, nous avons présenté en novembre dernier, un one woman show, « I hate new music », avec la soprano Sarah Defrise ; c’est une nouvelle pièce de théâtre musical qui relate la découverte et la relation que Sarah Defrise entretient avec la musique du 20ème siècle… ; https://nof.ch/fr/productions/i-hate-new-music/ 

Le spectacle est repris à la Monnaie à Bruxelles à partir du 31 mai 2024. Infos : https://www.lamonnaiedemunt.be/fr/program/2680-i-hate-new-music

 

 

CLASSIQUENEWS : Présentez-nous votre collaboration avec l’HEMU / Haute École de Musique et l’accompagnement aux jeunes chanteurs ?

Jérôme Kuhn : Actuellement la production des Aventures du Roi Pausole d’Honegger illustre notre partenariat avec la Haute École de Musique (HEMU). Nous mettons à disposition le lieu et l’équipement technique ; toute l’équipe artistique est composée par l’HEMU, chanteurs et musiciens. C’est à la fois un spectacle artistiquement accompli et aussi un projet pédagogique. Pour les jeunes artistes, il s’agit d’un tremplin et d’une expérience forte qui favorise leur professionnalisation. 

Notre accompagnement des jeunes chanteurs se renforce ; d’autant plus depuis la covid où la nécessité des doublures voix s’est imposée ; nous faisons en sorte que pour chaque production, plusieurs jeunes chanteurs soient ainsi engagés, préparent leur rôle et sont prêts à le chanter au besoin. Ce principe reprend le fonctionnement d’un opéra studio. Nous l’avons réalisé pour Guillaume Tell pour lequel 4 jeunes chanteurs on été coachés de façon professionnelle et étroitement impliqués dans la production (préparés vocalement et dirigés par le metteur en scène). Le principe est à présent adopté ; il est toujours moins difficile de former des chanteurs en doublures que d’avoir à annuler une production quand un soliste est malade, ou quand il faut trouver un remplaçant à la dernière minute. 

 

 

CLASSIQUENEWS : en mai prochain a lieu la nouvelle édition de KLANGGG, votre festival de musique contemporaine, au travers duquel vous collez aussi à l’actualité olympique, Jeux Olympiques oblige. De quoi s’git-il ?

Jérôme Kuhn : Dans le cadre de notre Festival KLANGGG (31 mai – 2 juin 2024), nous faisons un focus Vivaldi. Nous présentons la vision de Max Richter sur les Quatre Saisons (« Vivaldi, The Four Seasons recomposed », 2011). A partir des séquences instrumentales qu’il a réécrites, nous réalisons un nouveau spectacle intitulé « Antonio », mis en scène par Matilda Du Tillieul McNicol, avec le concours du baryton Yannis François. Cette production s’inspire d’un livre où il est question d’un jeune homme paralysé par le désastre climatique qui s’annonce. Cette création souhaite provoquer la réflexion. C’est une nouvelle production qui s’inscrit dans le registre expérimental de notre programmation (première le 1er juin 2024 à la Cathédrale Saint-Nicolas, puis le 2 juin à l’Équilibre).

Auparavant, nous sensibilisons le très jeune public (4-6 ans) aux thèmes évoqués par les Quatre Saisons. Il s’agit d’une approche immersive où les enfants sont concrètement impliqués et mis en situation, c’est à dire placés sur scène. Les idées qu’ils expriment seront même la base d’un spectacle élaboré pour eux par un compositeur désigné pour se faire

En complément à « Antonio », volet contemporain, nous programmons l’opéra de Vivaldi, l’Olimpiade (29, 31 mai -1er juin 2024), spectacle coproduit avec The Irish National Opera et la Royal Opera House de Londres. C’est en Irlande que le spectacle sera créé (13-25 mai prochains), puis Londres (13 mai-25 mai) pour terminer à Fribourg (29 mai-2 juin2024) ; il s’agit pour nous d’un ouvrage d’autant plus intéressant qu’il est peu donné. Une mise en scène de Daisy Evans et la direction est assuré par Peter Whelan, chef spécialiste du répertoire baroque.

Plus d’infos sur la création Antonio : https://nof.ch/fr/productions/antonio/

Plus d’infos sur l’opéra L’Olimpiade : https://nof.ch/fr/productions/lolimpiade/

 

 

CLASSIQUENEWS : Pour marquer la nouvelle saison 2024 – 2025, vous affichez un opéra contemporain, immense défi artistique : La plus forte de Gerald Barry. Quels en sont les enjeux ?

Jérôme Kuhn : En septembre 2024, La Plus forte (2007) de Gerald Barry marquera le lancement de notre nouvelle saison 2024 – 2025. La production sera aussi l’objet d’un enregistrement. D’après August Strindberg, l’opéra de Barry comme ses autres ouvrages (The Bitter tears of Petra von Kant, 2004 ; The Importance of being earnest, d’après Oscar Wilde, 2011…), s’impose aux interprètes par sa complexité et les défis immenses qu’il faut relever. La partie vocale semble insurmontable avec des intervalles impossibles. L’action se resserre sur l’épouse qui comprend en cours de conversation, qu’elle parle avec la maîtresse de son mari ; des sentiments la submergent, puis elle reprend le dessus : c’est la plus forte.

Ce qui s’affirme ici c’est l’inattendu et la difficulté. La réalisation suppose une exigence extrême. A la différence des opéras de Thomas Adès, les œuvres de Barry ne semblent pas suivre une logique mathématique décelable. Rien ne peut y être prévisible ; la tension est continue. A force de me poser des questions sur la manière de réussir ce défi, j’ai pris la décision d’appeler le compositeur directement ; il m’a reçu à Dublin. A la question que je lui posais « comment cela fonctionne-t-il ? », il m’a répondu très simplement : « Il suffit de suivre les indications métronomiques. Tout est précisément indiqué. C’est comme quand tu es dans une salle de fitness : tu souffres, c’est entendu, mais c’est nécessaire. Pas de plaisir sans souffrance. «  Il est clair que pour ce projet la responsabilité du chef est totale. L’enregistrement de l’opéra, le premier, sera réalisé avec l’Orchestre de la BBC.

Plus d’infos sur La Plus forte : https://nof.ch/fr/productions/la-plus-forte/

 

Propos recueillis en février 2024

 

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