LIVRE événement : Écrits de Vincent d’Indy, volume 1, 1877-1903 (Actes Sud). Voici le premier volume d’une correspondance à suivre absolument, rédigée par un pilier du romantisme français postwagnérien : admirateur de Wagner mais aussi fervent critique quant à l’œuvre du compositeur né à Leipzig ; comme son maître César Franck dont il prolonge l’idéal artistique et humaniste, Vincent d’Indy (1851-1931) veille à redéfinir les ferments et caractères de la musique romantique spécifiquement française (d’où sa curiosité qui plonge dans les répertoires anciens, Renaissance et Baroque au premier chef). C’est aussi une personnalité charismatique et officielle, en marge des institutions (Prix de Rome particulièrement et légitimement déprécié ; Conservatoire de Paris mis à distance…) qui sait écrire pour défendre ses convictions, tout en ayant fait le vœu de ne critiquer aucun de ses confrères (contrairement au Berlioz passionné, éruptif… ouvertement impliqué et sans scrupules quand il faut juger, mettre en pièce ou tresser un dythirambe…).
Grâce à ce premier corpus de lettres et correspondances, surgit une figure éminente de la scène musicale française. Élève de César Franck, fervent wagnérien, membre de la Société nationale de musique, cofondateur puis directeur de la Schola Cantorum, D’Indy a la passion de la transmission, de la pédagogie, au service de la seule musique française. De lettres en lettres, se précise le compositeur, chef d’orchestre, pédagogue, organisateur de concerts, conférencier… Il est temps de nuancer le profil d’un militant « nationaliste » réduit à l’excès à un caractère « dogmatique, réactionnaire, voire antisémite »… lire dans le texte D’Indy, permet de requalifier ses prises de positions, de mesurer l’immense apport qu’il a su déployer au profit du romantisme français à l’époque du wagnérisme triomphant.
D’Indy dans le texte…
Nationaliste et pédagogue
Edités et commentés pour la première fois, « écrits publics du musicien – articles, conférences, discours, réponses à enquête, entretiens », éclairent l’évolution de la pensée, ses affirmations, son souci, ses « idées esthétiques, politiques et pédagogiques » dans le contexte d’une période au fort accent patriotique, propre aux années 1870 – 1900. D’Indy incarne comme César Franck son guide esthétique et spirituel, une éthique où la musique a une dimension spirituelle et une très forte qualité éducative.
A travers ce premier corpus de textes autographes (1877-1903), Vincent d’Indy inspiré et mordant, évoque et analyse le milieu musical et artistique de son temps : « wagnérisme, théâtre lyrique, musique religieuse, chanson populaire, musique ancienne et modernité, enseignement, mais aussi éducation populaire et décentralisation, rapports entre l’art et l’État… »
S’y détache outre le souci de la pédagogie, une curiosité universelle, qui profite autant aux créateurs contemporains, qu’aux riche patrimoine du passé. D’Indy s’intéresse à la musique chorale ancienne, du Gothique, de la Renaissance, du Baroque, en un vaste regard analytique qui interroge l’histoire des formes. L’amplitude de la pensée est exceptionnelle, révélant l’unicité d’un auteur cultivé et humaniste; qui s’intéresse à toutes les manifestations de l’art, musique et autres disciplines… de Palestrina, de Monteverdi aux tragédies lyriques de Rameau et de Gluck, de Beethoven et de Schumann, au Pelléas et Mélisande de Debussy. Passionnant.
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LIVRE événement : Écrits de Vincent d’Indy, volume 1, 1877-1903 (Actes Sud). 648 pages Coédition Palazzetto Bru Zane – ISBN 978-2-330-12368-0 – Prix indicatif : 45 €
https://www.actes-sud.fr/catalogue/musique/ecrits-de-vincent-dindy-volume-1