Haydn, génie lyrique?
Temps fort de l’année du bicentenaire Haydn, Decca réédite en un
corpus de 20 cd, un coffret événement dédié à 8 opéras de Joseph
Haydn, enregistrés par le chef Antal Dorati (hongrois naturalisé
américain, 1906-1988), en Suisse, de 1975 à 1980.
Au sommaire de ce cycle incontournable qui depuis n’a guère inspiré d’autres chefs sauf quelques téméraires (Harnoncourt: Orlando Paladino, Armida ou le récent René Jacobs dans le même Orlando Paladino…): L’Infedeltadelusa (1773), L’incontro improvviso (1775), Il mundo della Luna
(1777), La fedelta premiata (1780), Orlando Paladino (1782), Armida
(1783), mais aussi La vera costanza et L’isola disabitata…
Premier jalon, souhaitons-le, vers une intégrale qui tarde toujours
comprenant les immenses partitions que sont les méconnues Orfeo ed Euridice o l’Anima del Filosofo,
dernier ouvrage le plus personnel et le plus désespéré de Haydn (auquel
s’est intéressé encore récemment Jean-Claude Malgoire et son Atelier
Lyrique de Tourcoing)…, sans omettre les autres perles à redécouvrir La Canterina (1766), Lo Speziale (1768), Le Pescatrici (1770)…
autant de drames serias ou bouffas qui attendent un légitime retour au
disque ou sur la scène. Osons dire que sans ce coffret ancien mais
pionnier et on le verra, stylistiquement juste voire d’une rare
pertinence, l’année Haydn 2009 n’aura pas favorisé une réévaluation du
Haydn lyrique pourtant passionnant.
Le cycle mené par Antal Dorati à la tête de
l’Orchestre de chambre de Lausanne affiche une fière et nerveuse
énergie, avec cette finesse classique et viennoise
qui caractérise les oeuvres de Haydn. Même s’il a surtout travaillé
pour les Esterhazy, près de 30 années, le compositeur n’a jamais été
coupé du milieu viennois et des tendances de la Cour impériale. Bien au
contraire, même à Estarhaza, dans le château de son maître, et pour le
théâtre local à partir de 1768 (inauguré avec Lo Speziale),
Haydn impose et incarne le meilleur goût officiel: l’Impératrice
Marie-Thérèse ne rechignant pas à venir chez les Esterhazy, écouter de
la vraie bonne musique, celle de … Haydn.
l’Orchestre de chambre de Lausanne affiche une fière et nerveuse
énergie, avec cette finesse classique et viennoise
qui caractérise les oeuvres de Haydn. Même s’il a surtout travaillé
pour les Esterhazy, près de 30 années, le compositeur n’a jamais été
coupé du milieu viennois et des tendances de la Cour impériale. Bien au
contraire, même à Estarhaza, dans le château de son maître, et pour le
théâtre local à partir de 1768 (inauguré avec Lo Speziale),
Haydn impose et incarne le meilleur goût officiel: l’Impératrice
Marie-Thérèse ne rechignant pas à venir chez les Esterhazy, écouter de
la vraie bonne musique, celle de … Haydn.
Le coffret des opéras de Haydn façon Antal Doratis’impose grâce à son engagement expressif, sa finesse d’exécution (le
chef jouant aussi les parties des récitatifs au clavecin) et grâce aux
plateaux de chanteurs, regroupant à la charnière des années 1970/1980,
les meilleures voix lyriques de l’époque, alliant tempéraments
d’acteurs et musicalité scrupuleuse: Jessye Norman (Armida, puis Rosina dans La Vera Costanza), Lucia Valentini-Terrani, Frederica von Stade, Ileana Cotrubas, trio épatant dans La fedeltà premiata (Celia, Amaranta, Nerina), sans omettre Luigi Alva. Mais aussi, Arleen Auger et Elly Ameling pour Angelica et Eurilia d’Orlando Paladino; Helen Donath, Anthony Rolfe Johnson et Della Jones (Dardane dans L’incontro improvviso): mais encore l’épatante et savoureuse autant que malicieuse Edith Mathis (Vespina dans L’Infedelta delusa) et encore Renato Bruson (Enrico dans L’isola Disabitata)…
et Samuel Ramey (Idreno, le roi des Sarasins dans Armida). Coffret événement, temps fort discographique de l’année Haydn 2009. Critique développée à venir dans le mag cd de classiquenews.com.
Coffret
des opéras de Joseph Haydn: Haydn, « the operas ». Antal Dorati, 20 cd
478 1776. Le coffret comprend un livret présentant les distributions
respectives et chaque synopsis avec renvois vers les plages des cd,
concernées. Hélas, aucun livret intégral publié.
approfondir
Lire aussi notre dossier spécial les opéras de Joseph Haydn. Méconnus,
sous-estimé, les opéras du compositeur des princes Esterhazy à
Eisenstadt et Esterhaza à partir de 1766 (installation du directeur de
la musique dans le bâtiment dévolu aux musiciens), méritent assurément
davantage qu’un regard de complaisante considération: défis inédits,
audaces formelles, facétie, mélange des genres, expérimentation
continue apportent la preuve que Haydn ne fut pas ce « bon papa »
conforme et passif, à l’activité décorative autant que divertissante:
le jeu de la forme, une exigence dramatique, aiguë, constante
indique plutôt l’expérimentateur affûté et facétieux, qui manie
l’humour comme une arme de modernité…
sous-estimé, les opéras du compositeur des princes Esterhazy à
Eisenstadt et Esterhaza à partir de 1766 (installation du directeur de
la musique dans le bâtiment dévolu aux musiciens), méritent assurément
davantage qu’un regard de complaisante considération: défis inédits,
audaces formelles, facétie, mélange des genres, expérimentation
continue apportent la preuve que Haydn ne fut pas ce « bon papa »
conforme et passif, à l’activité décorative autant que divertissante:
le jeu de la forme, une exigence dramatique, aiguë, constante
indique plutôt l’expérimentateur affûté et facétieux, qui manie
l’humour comme une arme de modernité…
Decca a aussi réédité (mars 2009) en un coffret
de 33 cd, l’intégrale des Symphonies de Haydn par Antal Dorati
(enregistrée à la même époque que les 8 opéras, dans les années 1970).
