Le répertoire défendu compose le pain quotidien de la phalange française fondée par Philippe Herreweghe: quand ils ne s’investissent pas dans de nouveaux défis romantiques (Schumann, Mendelssohn, Brahms, Bruckner ou Mahler…), les instrumentistes de l’Orchestre des Champs Elysées aiment aussi se recentrer sur les fondamentaux du répertoire, en particulier les oeuvres essentielles du symphonisme viennois, signées Mozart et, comme ici, Joseph Haydn.
Haydn authentique et vivant
Contemporains de ses Symphonies (qui l’occupent davantage sur le plan de la carrière et des recherches formelles), les 3 Concertos pour violon reproduisent le modèle italien du Baroque tardif. Ils sont les seuls parvenus (sur les quatre cités dans les sources). L’écriture met en avant la virtuosité du soliste, seulement accompagné par les cordes et le clavecin: ainsi le Concerto en ut majeur Hob.VIIa (peut-être le plus ancien, daté avant 1765) est particulièrement destiné au prodige engagé au sein de l’Orchestre du prince Esterhazy dès 1757 (et promu konzertmeister en 1790), Luigi Tomasini. Les deux autres peuvent avoir été composés pour Haydn lui-même, par ailleurs excellent soliste au violon.
Au tapis de cordes, idéalement articulées, (relief et tempérament bien trempés), répondent l’agilité toute en nuances et aussi la détermination du soliste italien : les Concertos font partie de l’ordinaire musical de Joseph Haydn alors serviteur compositeur attaché à la Cour du Prince Paul Anton Esterhazy (depuis mai 1761); responsable de la musique profane, Haydn livre un corpus de partition destinées à la seule délectation du mécène et de ses invités. Précisément dans le style concertant italien, selon le goût particulier de son employeur. L’entente des musiciens sur instruments d’époque et du soliste s’accomplit parfaitement, dépassant la stricte exécution décorative, atteignant souvent, en particulier dans les mouvements lents, moins démonstratifs, une profondeur intime très juste.
Joseph Haydn: Concertos pour violon et orchestre. Orchestre des Champs Elysées. Giuliano Carmignola, violon (Stradivarius « Baillot », 1732). 1 cd Archiv 00289 477 8774