jeudi 18 avril 2024

DVD, critique. BERLIOZ : Béatrice et Bénédict. Pelly / Manacorda (Glyndebourne, 2016 – 1 dvd Opus Arte).

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Berlioz-Beatrice-et-Benedict-Glyndebourne-DVD opus arte critique dvd dvd review doustrac sly manacorda-362x512DVD, critique. BERLIOZ : Béatrice et Bénédict. D’Oustrac, Appleby… Pelly / Manacorda (Glyndebourne, 2016 – 1 dvd Opus Arte). Enregistré à Glyndebourne à l’été 2016, voici une nouvelle production de l’opéra le plus malaimé de Berlioz, objet d’une incompréhension persistante, Béatrice et Bénédict, réalisé par une équipe britannique dont on sait les affinités évidentes avec le Romantique Français. Le spectacle de Glyndebourne est alors produit pour le tricentenaire de la mort de Shakespeare (évidemen t l’opéra s’inspire de sa comédie, heureux marivaudage, « Beaucoup de bruit pour rien »). La partition, contemporaine de son travail colossal sur Les troyens, concentre les dernières évolutions du style ; de fait, Béatrice et Bénédict est son ultime opéra.
Deux Français s’imposent ici : Stéphanie d’Oustrac en Béatrice et Laurent Pelly pour la mise en scène. On évite le côté comique déluré, pour s’attacher au caractère onirique et psychologique du drame berliozien ; pour se faire les dialogues ont été réécrits et modernisés : en somme, une lecture shakespearienne de l’opéra, qui ailleurs manque de finesse et de profondeur. Rien de tel ici, tant les anglais se montrent d’excellents connaisseurs de la lyre d’Hector, cultivant la cohérence de l’action dans l’enchainement des scènes et des situations. Ce premier DVD de Beatrice et Bénédicte labellisé Glyndebourne est indiscutablement une réussite. Pelly a troqué la soleil de Sicile (l’action se passe en Italie méridionale), contre un paysage plus brumeux et opaque, celle de la guerre des années 1940, une période que le metteur en scène semble décidément affectionner. Dans une société permissive, qui tend à étiqueter chaque individu et le mettre en boîte (au sens littéral du terme) pour mieux l’asservir, les deux amants qui s’ignorent, observent cette neutralité blafarde, collective jusqu’au moment où ils ne peuvent plus se cacher l’un à l’autre.

Un marivaudage shakespearien
servi par le très convaincant duo D’Oustrac / Appleby

Béatrice fière et sensible, vocalement impériale, Stéphanie d’Oustrac fait merveille, car elle est diseuse et excellente actrice : en elle prennent vie bien des facettes d’un amour qui s’égare, se ment à lui-même puis se libère enfin. Le Bénédict du ténor américain Paul Appleby assure sa partie avec tempérament lui aussi, jusqu’à son léger accent dans un français qui semble toujours émaillé de facétie. Mésentente, jalousie, soupçons, puis retrouvailles et pardon, réconciliation enfin après moult accrocs : les deux cœurs trouvent le chemin de la juste humanité.
Autour d’eux, les seconds rôles, peu à leur aise, ou n’ayant pas travaillé leur rôle… n’atteignent pas une telle évidence, parfois surjouent ou chantent droit ; le duo Héro / Ursule si fameux et à juste titre, est terne, à peine éclairé par une once maigre de sentiment… ; il est vrai que la direction d’Antonello Manacorda reste pauvre en nuances et en imagination. C’est que, comme chez Rossini, la comédie de Berlioz, exige une finesse voire une subtilité constante. Les Choeurs sont excellents. Comme le Don Pedro de Frédéric Caton à l’allure gaullienne. Encore une référence au paris de l’Occupation…Globalement une belle réussite qui mérite d’être connue, d’autant plus recommandable pour les 150 ans de la mort de Berlioz en mars 2019, car l’ouvrage est très peu joué et encore moins enregistré.

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DVD, critique. BERLIOZ : Béatrice et Bénédict. Pelly / Manacorda (Glyndebourne, 2016 – 1 dvd Opus Arte).

Hector Berlioz (1803-1869) : Béatrice et Bénédict, opéra-comique en deux actes sur un livret du compositeur. Mise en scène et costumes : Laurent Pelly. Lumières : Duane Schuller. Avec : Stéphanie d’Oustrac, Béatrice ; Paul Appleby, Bénédict ; Sophie Karthäuser, Héro ; Philippe Sly, Claudio ; Katarina Bradić, Ursule ; Frédéric Caton, don Pedro ; Lionel Lhote, Somarone. Chœur de Glyndebourne, London Philharmonic Orchestra / Antonello Manacorda, direction. Enregistré à Glyndebourne en août 2016. Livret en anglais, français et allemand. Durée: 1h58 + bonus (11 min). 1 DVD Opus Arte.

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