SHAKESPERE, SHAKESPEARE : qui ĂȘtes vous ? Etes vous l’auteur des piĂšces qui portent votre nom ? L’Ă©nigme Shakespeare en cette annĂ©e 2016 marquant le 400Ăšme anniversaire de sa disparition, poursuit son cours ; elle accompagne mĂȘme toute biographie sĂ©rieuse… Le portrait rĂ©cemment dĂ©couvert dĂ©tone du reste de son iconographie connue : il s’agirait (enfin) du seul (et premier ?) portrait rĂ©alisĂ© du vivant de l’Ă©crivain. LĂ©gende devenue enfin visage incarnĂ©… Comme pour sa correspondance ou les tĂ©moignages de son activitĂ© poĂ©tique, pas de documents autographes, que des tĂ©moignages indirects. Le problĂšme reste entier et les questions, multiples… toujours sans rĂ©ponses : William Shkespeare a-t-il Ă©tĂ© rĂ©ellement Ă©crivain, poĂšte, dramaturge ? Qui se cache derriĂšre ce qui pourrait ĂȘtre un patronyme… ?
Qui Ă©tait prĂ©cisĂ©ment William Shakespeare ? Le nom pourrait ĂȘtre un prĂȘte nom ou un pseudonyme cachant en rĂ©alitĂ© plusieurs auteurs ou un aristocrate, qui dĂ©vorĂ© par le dĂ©mon et le gĂ©nie de l’Ă©criture ne put accepter de renoncer Ă sa passion poĂ©tique et littĂ©raire : Ă©crire des piĂšces et des poĂšmes, surtout des drames qui allusivement (ou pas) composent une satire incisive du genre humain et aussi de la Cour ElizabĂ©taine. Pour ne pas ĂȘtre poursuivi, l’auteur, – un prince pourtant connu (on verra ci aprĂšs pour quelles raisons, l’identitĂ© cachĂ©e de Shakespeare pourrait ĂȘtre de naissance princiĂšre…), prit soin de se camoufler derriĂšre une machinerie complexe le rendant indĂ©tectable ou intouchable. Car pour les 36 drames Ă©crits par misterX dit Mr Shakespeare, il ne reste aucune trace permettant d’identifier sĂ©rieusement l’auteur.
Shakespeare est le seul Ă©crivain poĂšte qui au carrefour des XVIĂš / XVIIĂš siĂšcles, n’a laissĂ© aucune correspondance tĂ©moignant directement de son activitĂ© littĂ©raire, dramatique, Ă©pistolaire. Rien qu’environ 100 documents signĂ©s de sa main et relevant de tractations immobiliĂšres plutĂŽt terre Ă terre.
En outre, Ă Stadford, oĂč il meurt et oĂč il est nĂ©, aucune trace de William “Shakespeare” mais plutĂŽt William Shakespere (sans “a”). Etrange orthographe qui accrĂ©dite la thĂšse d’une identitĂ© masquĂ©e. Quoiqu’il en soit, dans les archives de Stadfort oĂč il est censĂ© avoir vĂ©cu, il n’existe pas de famille “Shakespeare” mais bien Shakespere.
Or comment expliquer autrement l’incroyable et captivante justesse d’un théùtre qui dĂ©peint mieux que quiconque les passions humaines ? Les portraits d’Hamlet (ce vellĂ©itaire qui tue par hasard, en vrai lĂąche magnifique habitĂ© par la procrastination…), Otello, RomĂ©o et Juliette, Shyllock (Le Marchand de Venise), sans omettre le monde enchantĂ© des fĂ©es et des lutins, des ĂȘtres mi hommes mi bĂȘte (l’esprit malicieux de Puck dans Le Song d’une nuit d’Ă©tĂ©… agent des catastrophes et quiproquos…), entre autres attestent dans chaque piĂšce une Ă©rudition universelle unique Ă son Ă©poque; surtout pour un londonien dont on ne connaĂźt pas de voyages en Europe, attestĂ© par des sources historiques. L’Ćuvre théùtral de Shakespeare dĂ©note une culture pharaonique et encyclopĂ©dique couvrant de trĂšs nombreuses spĂ©cialitĂ©s (droit, navigation, botanique, gĂ©ographie…). Ce qui est le plus dĂ©routant peut-ĂȘtre c’est l’exactitude topograhique qui se rĂ©vĂšle dans les piĂšces italiennes de Shakespeare ; si l’on pense aujourd’hui que pour mieux Ă©chapper Ă la critique et Ă la police royale, l’auteur dĂ©plaça toutes ses actions de l’Angleterre Ă l’Italie (VĂ©rone, Padoue, Florence, Milan…), pour chaque situation Ă©voquĂ©e, l’Ă©crivain rĂ©vĂšle par des dĂ©tails mentionnĂ©s dans son texte, une connaissance parfaite et trĂšs prĂ©cise des lieux de chaque action. Shakespeare a t il voyagĂ© en Italie ? Au regard de tant d’indications justes, la question doit ĂȘtre posĂ©e ? Pourtant rien de moins sĂ»r.
L’hypothĂšse la plus sĂ©rieuse penche donc vers l’identitĂ© d’un noble masquĂ©, ayant soit une bibliothĂšque parmi les plus documentĂ©es de son temps – donc forcĂ©ment dans un palais de la trĂšs haute noblesse, Ă©rudite voire savante ; soit grand voyageur en Europe, soucieux de signaler sa connaissance rĂ©elle des sites, associĂ©e Ă la prĂ©cision du dramaturge.
Finalement quelle importance ? A-t-on raison de vouloir percer absolument le mystĂšre de l’identitĂ© rĂ©elle de Shakespeare ? Seule importe la qualitĂ© passionnante de son Ćuvre. L’une des plus inspirantes pour les compositeurs, en particulier, les Romantiques, Berlioz et Verdi au premier chef…
A son Ă©poque, Mr Shakespeare a pris soin de mĂ©nager des intermĂšdes musicaux pour cultiver la tension de chacune de ses piĂšces : musiques de scĂšne qu’il a intĂ©grĂ©es Ă son Ćuvre scĂ©nique et qui ont Ă©tĂ© diversement reconstituĂ©es. De nombreux Ă©diteurs ont publiĂ© en cycles thĂ©matiques, ces partitions retrouvĂ©es. Bilan Ă venir.
BĂ©atrice et BĂ©nĂ©dicte, Hamlet, Macbeth, Otello, Falstaff, Lear, Le Songe d’une nuit d’Ă©tĂ©… voici quelques situations et personnages inventĂ©s par sir William dont le profil ainsi ciselĂ© a particuliĂšrement inspirĂ© opĂ©ras ou ballets… Bilan Ă venir sur classiquenews.com
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Dossier Shakespeare 2016
A VENIR : Shakespeare mis en musique : la passion de Berlioz et Verdi ; musiques de scĂšne, musiques pour le théùtre de Shakespeare ; opĂ©ras et ballets inspirĂ©s par S hakespeare : de Berlioz et Gounod, Ă Mendelssohn et Verdi, sans omettre Prokofiev ou NicolaĂŻ…
Shakespeare à la télé
TELE. ARTE, Journées spéciale Shakespeare sur Arte pour les 400 ans de la mort de William Shakespeare
Dimanche 24 avril 2016, 11h40. Docu portrait : Tout est vrai ou presque : Shakespeare
Dimanche 24 avril 2016 : 17h35 : L’usine Ă rĂȘves de Shakespeare : Ă©vocation du théùtre elizabĂ©thain
Dimanche 24 avril 2016 : 22h45. Shakespeare mis Ă nu, biographie. Quels sont les mystĂšres autour du nom de Shakespeare. Arte fait le point sur les hypothĂšses tentant Ă percer Ă jour l’identitĂ© du poĂšte dramaturge… Et si Shakespeare Ă©tait un prete nom et dĂ©signait un prince de la haute noblesse londonienne, fou de littĂ©rature et de théùtre ?90 mn. Incontournable.
Le mercredi 27 avril 2016, 5h20 : il faut ĂȘtre matinal pour suivre le chef allemand, fĂ©ru d’interprĂ©tation sur instruments d’Ă©poque, prĂ©senter, expliquer, raconter le mythe de RomĂ©o et Juliette d’aprĂšs Shakespeare. Illustrations musicales Ă la clĂ©, signĂ©es Berlioz, Gounod, Prokofiev, Tchaikovski… Avec l’orchestre symphonique de la NDR.