mardi 19 mars 2024

DVD, compte rendu critique. Lang Lang, live in Versailles. Chopin, Tchaikovsky. Scherzos, Les Saisons. Lang Lang, piano – 1 dvd Sony classical, juin 2015

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lang lang dvd live in versailles chopin tchaikovski tchaikovsky review critique dvd cd dvd livres classiquenews compte rendu presentation dvd live in versailles lang lang classiquenews decembre 2015Versailles, juin 2015. Lang Lang, le roi chinois du piano offre un concert de prestige dans le temple de la monarchie française : Versailles. Un lieu luxueux et élitiste que l’interprète qui aime collectionner les défis comme une nouvelle performance, avait à cœur d’épingler dans son déjà riche palmarès. La réalisation visuelle tient quand même à une certaine autocélébration grandiloquente, avec par la diversité des plans focus sur les mains, sur la gestuelle plus que théâtralisée du pianiste au renom planétaire, sur la recherche d’un cadrage parfois alambiquée et de façon surprenante souvent décentré (?)… une tentation pour une succession hystérisée de cadres, d’effets, d’accents spectaculaires… pas sûr que Chopin, poète de l’éloquence secrète et de l’intime mystérieux aurait validé une telle conception. Et dès le premier Scherzo de Chopin, le réalisateur insère dans le concert des vues des jardins (ce qui aurait mieux valu pour les Saisons de Tchaikovsky).

1. CHOPIN déclamatoire (environ 40 mn). Pourtant, musicalement, malgré ses attitudes et expressions exacerbées, Lang Lang dont on sait le naturel pour le surjet et un pathos pas toujours de bon goût, surprend dès le Scherzo n°1, après un feu pétaradant où il cherche ses limites et pose les jalons du concert, dans une immersion plus intérieure où coule une réelle béatitude plus nuancée. Un rêve jaillit soudainement sous les ors et le décorum de la Galerie des Glaces du palais de Versailles. Jouer Chopin à Versailles relève d’un défi : produisant un esthétisme viscéralement opposé (grandeur du Grand Siècle même s’il est raffiné ; intimité introspective d’une musique fabuleuse qui se suffit à elle-même). Mais le phénomène Lang Lang se réalise là encore : occupant l’espace. Irrésistiblement. A grand renforts de mouvement de la tête et du cou, le pianiste semble concentrer toute la charge émotionnelle et le raffinement esthétique du lieu historique : il en transmet ensuite et répercute le feu sacré dans un jeu trépidant et vif souvent démonstratif. Mais qui fait les délices du réalisateur de ce film écrit comme un clip grandiloquent.
D’autant que les amateurs du baroque Français profitent aussi de la réalisation pour revisiter au moment du concert, les lieux sublimes de la monarchie française. Torchères dorées, sculptures antiques dans la galerie, plafond de Lebrun… la riche machine décorative et politique souhaitée par Louis XIV acclimaté à la ciselure et aux crépitements du mieux romantiques des compositeurs-pianistes. Le choc ne manque pas de sel.

Lang Lang sous les ors de Versailles


Réserve
: le pianiste comme emporté par son feu typiquement oriental, voire kitch, n’écarte pas une certaine dureté. Ni une précipitation qui dans le lieu, sonne artificiel.
Le Scherzo n°2 brille par ce crépitement dur, mordant, une exacerbation qui n’évite pas d’être parfois outrée ; il est vrai que le lieu ne favorise pas le repli, ni la pudeur comme l’immersion dans l’introspection. Lang Lang déclame dans une partition qui alterne épanchement sincères et chant tragique ; la technicité est flamboyante mais déborde de la pudeur rentrée inscrite dans le morceau. C’est un Chopin plus brillant et finalement mondain que vraiment intérieur (tendance nettement explicite dans le Scherzo 3 où le jaillissement des notes aigües en cascades sont plus crépitements déterminés que ruissellements magiciens). Le Scherzo n°4 qui exige certes une technique hallucinante, pêche par ce manque d’intériorité et de mystère qui sont profondément inscrits dans la partition chopinienne; les contrastes pourtant saisissants des dynamiques d’une partition à l’autre, sont joués sans plus de profondeur ; tout cela manque d’écoute intérieure. Tout est projeté dans un jeu déclamatoire, certes articulé mais trop affirmé dans la lumière; c’est dans la succession des tableaux de ce Scherzo final que le pianiste et son jeu se révèlent totalement, et de façon caricaturale. Les fans apprécieront sans mesure ; les autres, songeant à Argerich, Pires resteront étrangers à un concert martelé comme un événement (après celui de Bartoli) mais qui en concevant pour le Chopin, une scène mondaine (comme celle de son rival d’alors, Liszt, coeur d’une hystérisation collective) demeure a contrario de l’esprit du piano chopinien.

lang lang versailles piano live in versailles piano review compte rendu critique dvd classiquenews decembre 20152. TCHAIKOVSKI plus sincère et naturel voire intérieur. S’il n’est pas pour nous un Chopinien mémorable, Lang Lang se montre d’une cohérence autre et d’une conviction plus naturelle dans les 12 séquences (12 mois) des Saisons opus 37a, soit 12 Pièces caractéristiques de Piotr Illyitch. Le pianiste creuse le prétexte climatologique et saisonnier pour percer et exprimer la fine saveur intérieure de chaque pièce en particulier la rêverie suspendue de la barcarolle pour le mois de juin (plage VI), d’une secrète et très intime tendresse. Infiniment moins exigeantes en matière de scintillement dynamique et de nuances millimétrées, les 12 tableaux formant saisons permettent au pianiste de dévoiler un tempérament plus libre, moins contraint, d‘une souplesse organique plus sincère. Caractère martial comme une armée qui s’organise pour la chasse de septembre (plage IX) ; puis chant automnal d’octobre plus recueilli et presque religieux (tendresse fraternelle en écho au VI, et d’une nostalgie pleine d’amertume et de regrets, de blessures intimes à peine masquées, selon une combinaison si emblématique de Tchaikovski), la légèreté presque insouciante du dernier épisode (Noël pour décembre, un ton bienvenu au moment où le dvd sort en France) affirment une virtuosité plus mesurée, certes moins exigeante, mais l’intonation est juste et globalement mieux canalisée. Le charme du lieu opère, la personnalité (indiscutable) du pianiste s’imposent d’eux-mêmes. Pour le Tchaikovski et la beauté du lieu de tournage, le dvd composera le plus beau des cadeaux de votre Noël 2015.
Effet de marketing pour un château qui souhaite toujours être à la page de l’événement musical et de la scène poeple, Lang Lang est déclaré « ambassadeur » du château de Versailles ; il donnera un grand concert dans le bosquet de la Salle de Bal, au cœur des Jardins Royaux, le mardi 5 juillet 2016 (dans le cadre de Versailles Festival). DVD, Lang Lang,  »Live in Versailles » (Chopin, Tchaïkovsky) 1 dvd Sony classical. Parution le 18 décembre 2015 chez Sony classical. Live enregistré dans la galerie des Glaces du château le 22 juin 2015.

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