dimanche 8 décembre 2024

CRITIQUE, opéra. PESARO, le 19 août 2023. ROSSINI : Adelaide di Borgogna. Olga Peretyatko, Varduhi Abrahamyan… Arnaud Bernard

A lire aussi

Créé à Rome en déc 1827, Adelaide di Borgogna ne mérite pas le désintérêt persistant qui l’entâche toujours. Sur fond historique (l’Italie médiévale du Xè), Rossini expéditif mais virtuose, s’y révèle maître du bel canto le plus fin comme le plus enjoué, pétillant et subtil à souhait (l’air d’Adelaide du II reprend le « Cessa di piu resistere » du comte Almaviva du Barbier de Séville de 1816). Contre les intrigues de Berengario, Adelaide (veuve de roi Lotario) sollicite l’aide des Germains dont le roi Othon entend rétablir l’ex empire de Charlemagne. En fin d’action, Othon et Adelaide convolent et se marient, faisant de l’ambitieux Berengario, un vassal inféodé.

 

 

 

Nouvelle production d’Adelaide di Borgogna à Pesaro

 

 

 

Evoquant cette Italie politiquement en restructuration, le metteur en scène Arnaud Bernard résoud le problème des nombreux sites et lieux de l’intrigue par le truchement d’une troupe de comédiens qui répètent l’histoire d’Adelaide de Bourgogne. A vue, les coulisses où techniciens et acteurs se croisent et se passent les accessoires selon le besoin de chaque situation. Tout est dévoilé aux spectateurs qui savourent tel ou tel signe critique vis à vis de la grande famille théâtrale. On reste relativement séduit par le charme de cette activité, apparemment confuse et virevoltante, mais honnêtement réglée car elle sert toujours l’action. 

Le metteur en scène se joue de la double action : action lyrique rossinienne et aussi interaction entre les chanteurs comédiens dont on devine que tel entretient une relation avec telle autre, et vice versa. D’ailleurs au jeu des identités croisées et de la confusion des genres, Adelaide achève l’action de fait par son mariage, mais un mariage à la Sapho, puisque le roi Otton n’est autre qu’une actrice déguisée, qui déploie sa scandaleuse chevelure à la fin, avant de s’enfuir avec la nouvelle « reine des Germains », à la barbe de tous. 

 

 

 

 

 

Olga Peretyatko fait une Adelaide de charme, convaincante et surtout amusée qui se joue elle aussi du double rôle : jouer et son personnage et l’interprète qui l’incarne, prête à recueillir toute indication utile du metteur en scène. Le jeu vocal se dépouille à mesure de l’action, trouvant une justesse nouvelle ; ce avec d’autant plus de relief que son partenaire (et complice politique), Ottone brille de la même sincérité et agilité grâce à l’élégance de la mezzo Varduhi Abrahamyan à laquelle le souci de l’économie et d’un jeu de plus en plus épuré, profite de bout en bout. Des « méchants », souhaitant soumettre Adelaide, les deux chanteurs, le fils (René Barbera / Adalberto) et le père (Riccardo Fassi / Berengario) tirent aussi leur épingle par une agilité jamais appuyée. Du Rossini allégé, piquant, et même mordant, comme nous l’attendions.

Au diapason de tempéraments aussi vivaces, le chef, les choeurs et l’orchestre (le National de la RAI, partenaire familier du Festival) nous servent un théâtre Rossinien des plus fins. Musicalement fluide et virtuose. Dramatiquement piquant dans ses équivoques idéalement réglées. Nouvelle production pleinement convaincante à inscrire parmi les réussites du « ROF » / Rossini Opera Festiva. Saluons à la direction le tempérament et la maîtrise d’Enrico Lombardi, assistant du chef Francesco Lanzillota, empêché au soir de la première. 

 

 

________________________________________

CRITIQUE, opéra. PESARO, Vitrifrigo Arena, le 16 août 2023. ROSSINI : Adelaide di Borgogna. Olga Peretyatko, Varduhi Abrahamyan… Arnaud Bernard (Nouvelle production) / Photos : Amati-Bacciardi

 

Mise en scène
Arnaud Bernard

Ottone : Varduhi Abrahamyan
Adelaide : Olga Peretyako
Berengario : Riccardo Fassi
Adelberto : René Barbera
Eurice : Paoloa Leoci
Iroldo : Valery Makarov
Ernesto : Antonio Mandrillo

Chœur du Teatro Ventidio Basso
Orchestre symphonique national de la RAI
Direction musicale : Enrico Lombardi

A l’affiche du ROF 2023, les 13, 16, 19, 22 août 2023

PLUS D’INFOS sur le site du ROF Rossini Opera Festival / Festival ROSSINI de PESARO 2023 :
https://www.rossinioperafestival.it/archivio/anno-2023/

 

 

 

Approfondir : le ROF 2024

Le 45ème ROF aura lieu à Pesaro du 7 au 23 août 2024 alors que la ville natale de Rossini sera capitale de la culture. Pas moins de 5 productions d’opéras y seront présentées et mises en scène : en ouverture, une nouvelle production de Bianca e Falliero (absent in loco depuis 2005), dirigée par Roberto Abbado (Jean-Louis Grinda, mise en scène) ; suivront une nouvelle production d’Ermione (Michelle Mariotti, direction / Johannes Erath, mise en scène, non présentée depuis 2008) ; ainsi que 2 reprises : L’equivoco stravagante, créé au ROF en 2019 (Moshe Leiser et Patrice Caurier, mise en scène /  Michele Spotti,  direction), Il barbiere di Siviglia, créé au ROF en 2018 (Pier Luigi Pizzi, mise en scène / Lorenzo Passerini, direction). Enfin le ROF  2024 présente en deux dates, Il viaggio a Reims pour célébrer le 40ème anniversaire de sa recréation moderne à Pesaro en… 1984 (jeunes élèves de l’Accademia Rossiniana / Alberto Zedda, direction).

Derniers articles

​VENDÔME & LIVE STREAMING : 13° édition du CONCOURS BELLINI 2024 ce soir, sam 7 déc 2024, 20h

Le concours Bellini a été créé en 2010 par Youra Nymoff-Simonetti et le chef Marco Guidarini : il est...

Découvrez d'autres articles similaires

- Espace publicitaire -spot_img