jeudi 18 avril 2024

CRITIQUE, opéra. GENEVE, le 27 janvier 2023. WAGNER : Parsifal. Daniel Johansson … Nott / Thalheimer

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La conception musicale du chef Jonathan Nott favorise l’activité souterraine de la psyché grâce à une texture orchestrale souvent très fouillée sur le plan introspectif et méditatif, sachant exploiter toutes les vibrations de couleurs, de nuances, de transparence… de l’Orchestre de la Suisse Romande. D’autant que le metteur en scène Michael Thalheimer cultive lui aussi un sens explicite du dépouillement voire d’un manichéisme immédiatement compréhensible, en blanc (Montsalvat) et noir (Klingsor).

 

 

PARSIFAL à Genève…
épure et beau chant

Sous l’illusion générale, pourtant perceptible (les difformités physiques de Filles fleurs mutantes au II), tout exprime avec suggestion la pourriture d’un monde à l’agonie (le sang répandu sur les murs, depuis la blessures ouvertes, infinie d’Amfortas au I). En fin d’action, Parsifal qui a revêtu une identité factice, – mensonge partagé par tous les chevaliers corrompus et aveuglés -, celle d’un clown qu’il affecte en fin de drame et qu’il efface heureusement dans les dernières mesures, comme s’il avait réussi à se révéler à lui-même l’être qui sommeillait jusque là. De fait, Parsifal en cours d’action, quitte l’embryon identitaire d’origine, se métamorphose et devient lui-même.Rien de confus ici, grâce à une lecture qui clarifie et reste poétique, puissamment humaine.

 

Pour sa prise de rôle dans le rôle-titre, le ténor suédois, clair, nuancé, Daniel Johansson ne démérite pas, loin de là. Sa nature compassionnelle (vis à vis du roi-prêtre maudit Amfortas, puis de Kundry dont il sait refuser les avances diaboliques…) peu à peu se dévoile avec une franchise juvénile admirable.
D’ailleurs toute la distribution convainc, y compris les choeurs dans chaque épisode, réalisant une très cohérente expérience musicale.
Racés, articulés, autant diseurs qu’acteurs, le Gurnemanz de Tareq Nazmi ; l’Amfortas de Christopher Maltman au gouffre doloriste vrai, parfois bouleversant. Deux prises de rôles également des mieux préparées et sur scène, indiscutables. Le plaisir est total.
Même travail entre vraisemblance et densité psychologique pour la Kundry maternelle de Tanja Ariane Baumgartner – seul moins convaincant le Klingsor de Martin Gantner, aux graves parfois absents. Le diabolisme du personnage en pâtit. Tous concourent pour le dévoilement de la vérité, l’accomplissement de la révélation finale quand Parsifal initié, révélé, laisse envisager une nouvelle ère pour les Chevaliers de Montsalvat. Les Parsifal réussis sont rares. Celui là en fait partie. Clairement.

 

 

 

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CRITIQUE, opéra. GENEVE, le 27 janvier 2023. WAGNER : Parsifal. Daniel Johansson … Nott / Thalheimer

A l’affiche du Grand Théâtre de Genève GTG, jusqu’au 5 février 2023. Réservez vos places directement sur le site de l’Opéra Grand théâtre de Genève : https://www.gtg.ch/saison-22-23/parsifal/
Photos © Carole Parodi – Daniel Johansson en clown qui se révèle à lui-même…

 

 

 

 

 

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TEASER VIDEO : Parsifal Nott / Thalheimer à Genève (janv / fév 2023) :

 

 

 

 

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