vendredi 6 décembre 2024

CRITIQUE Livre. Grégoire Ayala : Rossini à la lettre [éditions Premières Loges]

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A la différence de Mozart et Schubert, autres génies précoces, Rossini ne connut ni l’incompréhension ni l’insuccès ; il composa en personnalité célébrée, couverte de gloire et d’honneurs. Mais sous la gloire, la réalité humaine et personnelle se révèle à contrario moins idyllique voire sombre.

 

S’il cesse toute composition théâtrale après 1829, le compositeur est contraint au repos total pour cause d’épuisement. Le cas du Pesarais honoré et mort en France attendait enfin un texte français rétablissant la vérité du génie rossinien. A côté de l’image d’Épinal, l’amoureux du farniente aux brillantes boutades, passionné de gastronomie est une personnalité complexe, profonde voire contradictoire que la vivacité heureuse de son écriture virtuose tend à masquer. La lecture de ses lettres et de sa correspondance en général [corpus épistolaire couvrant la période 1806-1868], dresse un tout autre portrait comme elle précise certains éléments déterminants de la genèse de chaque opéra…
Au final comme Picasso disait qu’il ne cessait de chercher, innover… pour trouver, Rossini fait de même : sa créativité sans limite ne cesse d’inventer et de diversifier son écriture. En réalité, aucun ouvrage ne ressemble à l’autre.
Plus historien que musicologue, l’auteur brosse le portrait d’un Rossini plus vrai que sa légende ; en archéologue documentaliste, il révèle le Rossini authentique : un grand sensuel soucieux des timbres vocaux autant qu’instrumentaux. L’intelligence et la pertinence du Rossini orchestrateur est l’une de voies enthousiasmantes de cette étude qui s’avère être la référence récente la plus complète dédiée à l’auteur du Barbier de Séville et de Guillaume Tell. Au mérite de cette approche équilibrée, revient l’exploration égale de cette virtuosité vocale, volubile et dynamique, comme de l’examen qui révèle l’autorité structurelle de ses serias (surtout napolitains]. L’ornement comme le crescendo [sa science personnelle et sa signature] servent en réalité un enjeu dramatique, étroitement constitutif de l’action. Rossini prince de la vocalise et de la mélodie signe surtout des œuvres d’une efficacité dramatiques remarquables.
Voilà retracé en 6 parties éloquentes et documentées, le nouveau portrait d’un Rossini au génie dépoussiéré, virtuose alliant finesse et modernité. Incontournable.

 

 

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CRITIQUE livre événement. Grégoire Alaya : Rossini à la lettre [éditions Premières Loges] – Date de parution :. Nov 2023 – Editeur : Premières Loges / ISBN : 9782843854385 – Dimensions – 14,5 cm × 22,0 cm × 2,9 cm – CLIC de CLASSIQUENEWS

 

 

 

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