dimanche 19 janvier 2025

CRITIQUE, concert. PARIS, Théâtre des Champs Elysées, le 3 décembre 2024. Bruce Liu, piano

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André Peyrègne
André Peyrègne
André PEYREGNE est Président d’honneur de la Fédération Française d’Enseignement Artistique, Chroniqueur en Histoire et Musique de Nice-Matin, Collaborateur de Radio France et France Télévision et Ecrivain (son dernier livre paru : « Petites histoires de la grande musique » / Editions Desclée de Brouwer)

Il y aurait 50 millions de pianistes en Chine (amateurs ou professionnels). Certains disent 60 millions. On n’est pas à 10 millions près ! En plus, il y a les pianistes chinois qui sont hors de Chine. Lui fait partie de ceux-là. Lui, c’est le pianiste qui nous a éblouis au Théâtre des Champs Elysées hier soir. Lui s’appelle Liu : Bruce Liu.

Bruce Liu est cet extraordinaire virtuose qui a remporté en 2021 le concours Chopin de
Varsovie. Voyez arriver sur scène, d’un pas nonchalant, ce beau jeune homme aux longues mains. Il s’installe au piano. Dès la première note, la magie commence. On parle parfois de « jeu perlé ». Aucune expression ne convient mieux au jeu de Liu. Il est d’une éblouissante clarté, d’une rondeur parfaite, d’une précision absolue. Ce jeu a une perfection d’ordinateur – avec, bien sûr, un frémissement humain. Au long de la soirée, il a feuilleté Les Saisons de Tchaïkovski, ce recueil de jolies pièces évoquant tous les mois de l’année. Lorsqu’il arriva à la célèbre barcarolle du mois de juin, la salle s’immobilisa. Avec quelques notes simples, il tenait en respect tout son public. On constata une fois de plus que lorsqu’un grand artiste s’exprime, il n’a pas besoin de faire de grandes démonstrations de virtuosité acrobatique pour éblouir une salle, quelques notes paisibles superbement jouées suffisent !

Par la suite, Bruce Liu nous prouva quand même qu’il pouvait aussi être un transcendant
virtuose. Se lançant dans la 4ème Sonate de Scriabine, il déploya une rage sauvage – surtout dans le « Prestissimo volando » du final. Puis, dans le même registre, il aborda la 7ème Sonate de Prokofiev. Elle aussi nécessite une phénoménale virtuosité. Dans cette œuvre, le piano devient un instrument à percussion, en particulier dans le final « Precipitato ». Des accords d’acier s’enchaînent dans une mesure à 7 temps, la main gauche joue en mineur tandis que la droite en majeur. Il faut « attaquer » le clavier, au sens presque guerrier du terme. On est proche de l’art martial. Bruce Liu fait du Bruce Lee. Mais il garde toutefois une sorte d’élégance dans sa fureur. Bruce Liu a la rage distinguée. Son jeu clair fait merveille. Parfois on l’aimerait un peu plus charnu, avec un brin d’âme en plus. Mais il est déjà magnifique ainsi.

Arrivé à la fin du récital, il nous manquait quelque chose : du Chopin ! C’est ce qu’on
attendait du vainqueur du concours de Varsovie. Il nous l’apporta en bis avec la Fantaisie-
Impromptu. Jouée avec une grâce d’elfe, elle valait à elle seule un récital entier ! On fut
comblé.

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CRITIQUE, concert. PARIS, Théâtre des Champs Elysées, le 3 décembre 2024. Bruce Liu, piano

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