CRITIQUE CD événement. SCHUMANN : intégrale des symphonies (1-4). Staatskapelle Berlin, Daniel Barenboim, Deutsche Grammophon – Voici assurément une nouvelle intégrale Schumann passionnante à divers titres : et peut-être le dernier legs de Barenboim au disque… Flux continu, organiquement actif, clarté des cordes et des bois, somptuosité des cuivres gorgés de rondeur enivrée, majestueuse… le geste de Daniel Barenboim semble renouveler par son lyrisme équilibré, son autorité architecturale la réussite de ses récentes symphonies d’Elgar pour Decca. Telles qualités se déploient dans la Rhénane, opus 97, emblème de tout ce cycle enregistré il y a un an, en sept et oct 2021 dans la fosse du Staatsoper Unter den Linden de Berlin où la Staatskapelle Berlin officie habituellement comme orchestre lyrique. Les qualités de rondeur et de richesse harmonique, de cohérence de son s’amplifie en particulier dans le somptueusement chantant Scherzo de cette même Rhénane. Le chef qui a soufflé en novembre 2022 ses 80 ans, ayant interrompu ses engagements pour raison de santé (dont le le nouveau Ring réalisé par Tcherniakov au Staatsoper Unter den Linden de Berlin…) nous livre alors une leçon de direction qui a souvent assuré la valeur de ses Wagner, Verdi.
Daniel Barenboim reprend Schumann à Berlin
avec de nouvelles idées magistrales…
Les derniers SCHUMANN revivifiés de Barenboim
Certains regretteront une épaisseur de son, trop brahmsienne chez Schumann ; pourtant le chef architecte ne sacrifie jamais la clarté et la précision instrumentale, amoureusement détaillée en particulier aux bois (clarinette, flûte, hautbois…) ; cette couleur brahmsienne semble même naître dans le crescendo misterioso du 4è mouvement de la même Rhénane, « Feierlich » où chaque ligne des cuivres frotte les cordes en une ascension pleine de tendre mélancolie auquel l’arche d’un choral grandiose se dessine peu à peu, dessiné ici sans emphase, mais ample et transparent.
La 4ème Symphonie (dans sa version originale dirigée par Schumann le 3 mars 1853) souligne la parenté de Schumann avec Brahms : le début « Ziemlich langsam – Lebhaf », à la fois souple et aérien, tisse une soie sonore d’une tendresse infinie qui chante juste dans sa lenteur retenue, elle aussi transparente, jamais lourde. Avant que l’âpreté ne submerge la matière orchestrale propre au début des années 1850 avant que la folie et le désordre psychique n’emporte l’auteur. Barenboim clarifie la matière impétueuse avec une solidité clairvoyante (tenue admirable des violoncelles), qui contraste opportunément avec le printemps de 1838. Cette 4è révèle in facto tout l’héritage admirablement compris et réalisé ici de Beethoven chez Schumann.
Par sa force claire et détaillée, la cohérence du geste, les contrastes ciselés qui sont souverains (4è), cette nouvelle intégrale (qui succède à la précédente avec le même orchestre réalisée en …2003) gagne en profondeur et en souffle intérieur (l’arche monumentale de la 4è semble ici naître des plis et replis de l’ombre murmurée). Superbe réussite et belle édition de DG Deutche Grammophon pour les 80 ans du maestro en novembre 2022. Dommage que la prise de son ne détaille pas davantage ce que nous reconnaissons comme les éléments d’une refonte souterraine du Schuman symphonique par le chef. CLIC de CLASSIQUENEWS automne 2022.
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CRITIQUE CD événement. SCHUMANN : intégrale des symphonies (1-4). Staatskapelle Berlin, Daniel Barenboim, DG 3 CD 486 2958 – sept et oct 2021 – CLIC de CLASSIQUENEWS automne 2022 / Plus d’infos sur le site de l’éditeur Deutsche Grammophon : https://www.deutschegrammophon.com/en/catalogue/products/schumann-the-symphonies-barenboim-12794
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REPORTAGE VIDEO. L’ONL Orchestre National de Lille à l’épreuve de la covid 19. Comment l’Orchestre a t il lancé sa nouvelle saison 2020 2021, comment s’adapte-t-il aux contraintes nouvelles imposées par les mesures sanitaires ? Quel est son fonctionnement en terme de relation au public, de programmation et de billetterie ? Comment le travail des musiciens se poursuit-il avant le retour de l’Orchestre au complet sur la scène ? Reportage exclusif PARTIE 1 / 2 © studio CLASSIQUENEWS 2020 – Réalisation : Philippe-Alexandre PHAM – Entretiens avec François Bou (Directeur Général), Alexandre Bloch (directeur musical), Fabio Sinacori (délégué artistique), Edgar Moreau (violoncelle / Concerto pour violoncelle n°1 de Haydn, concert d’ouverture du 24 sept 2020 au Nouveau Siècle à Lille)…
Concert d’ouverture inaugurant la nouvelle saison de l’Orchestre National de Lille / ON LILLE – Alexandre Bloch, direction (© classiquenews.com)
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L’actualité de l’ON LILLE – Orchestre National de Lille, c’est aussi la parution en octobre 2020, du cd de la 7ème Symphonie de Mahler par l’Orchestre National de Lille et Alexandre Bloch : une partition majeure qui témoigne des avancées de l’Orchestre dans le prolongement du cycle dédié aux Symphonies de Mahler en 2019… LIRE notre annonce ici ; notre critique complète ici.
Temps forts de la saison 2020 – 2021
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LIRE aussi notre présentation de la nouvelle saison 2020 2021 de l’ON LILLE Orchestre National de Lille (thématiques, temps forts, fonctionnement…) :
ON LILLE : saison 2020 – 2021 / ORCHESTRE NATIONAL DE LILLE. A partir des 24 et 25 sept prochains, l’Orchestre National de Lille fait sa rentrée… Somptueux éclectisme qui grâce à plusieurs fils rouges approfondit encore ce geste désormais caractérisé, acquis sous la direction du chef Alexandre Bloch, directeur musical depuis 2016. La saison dernière, l‘épopée mahlérienne (Symphonies de Mahler) a ciselé un son et une articulation passionnante à suivre, dont classiquenews s’est fait l’écho (reportage spécial Symphonie n°8 de Mahler). Sur le thème générique du HÉROS, l’Orchestre lillois interroge la fabuleuse odyssée des compositeurs « héroïques », de Berlioz (Symphonie Fantastique, le 18 fév 2021) à Richard Strauss (Ein Heldenleben / une vie de héros, 11 et 12 février 2021)… de Beethoven (Eroica par Alexandre Bloch, le 18 nov ; 5è symph par JC Casadesus, les 20 et 21 avril 2021) à Poulenc et Bartok… hymne flamboyant exprimant comme en miroir les mystères de l’être humain – vertiges et espoirs, tout en permettant à la formidable forge orchestrale de se dévoiler… EN LIRE PLUS