vendredi 4 octobre 2024

CRITIQUE CD événement. José de BAQUEDANO : Musique pour la Cathédrale de Santiago (1 cd Lauda Musica LAU 022 – 2022)

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CRITIQUE CD événement. José de BAQUEDANO : Musique pour la Cathédrale de Santiago (1 cd Lauda Musica LAU 022 – 2022)  –  Toujours aussi inspirés – mais ici supérieurement articulés (en latin) Albert Recasens et ses chanteurs de La Grande Chapelle révèlent l’écriture baroque d’un maître sacré à la Cathédrale Santiago de Compostelle : le navarrais José de Baquedano (Puente la Reina, 1642 – Santiago de Compostela, 1711). Les partitions expriment la solennité et la grandeur des rituels et cérémonies liturgiques à Santiago, centre européen de pèlerinage depuis le Moyen-Age. En témoignent ses pièces en style polychoral, dédiée à la Semaine Sainte, temps de réflexion, d’humilité, d’intense questionnement sur le Mystère divin et sur la Passion christique ; un répertoire qui inspira particulièrement frère Baquedano, actif à Santiago de 1681 à 1710. Albert Recasens exhume ainsi plusieurs pièces d’une notable éloquence, à la fois sereine et implorante : Psaumes, motets et évidemment Lamentations, avec cette précision souple qui sert un souci de la sonorité globale, d’une étonnante rondeur, et même volupté.

 

 

Révélation compostellienne

Albert Recasens ressuscite les vertiges fervents
de frère José de Baquedano

 

 

 

La Contre Réforme romaine étant assurément passé par là : suscitant la ferveur et l’adhésion grâce à une recherche d’incarnation et d’humanisation qu’ont parfaitement compris les solistes de la Grande Chapelle. La prise de son ajoute au réalisme et à l’acuité fervente de la musique, idéalement réverbérée tout en sachant respecter la précision du chant collectif (à 2 ou 3 chœurs) ; avec des effets de spatialisation très réussis dans le Miserere.
Le dramatisme assumé s’entend en particulier dans certaines partitions dont la ligne vocale est doublée par le basson, apportant mordant et relief au texte (« Domine in furore », psaume pour les défunts à 8 (1674) – cependant que les instrumentistes requis aux côtés des chanteurs savent ciseler la résonance du lugubre et de l’imploration quasi extatique dans la sublime introduction du Motet de la Passion, courte pièce saisissante (« O Crux, ave spes… » à 4), première mondiale absolue où les voix tissent un halo sonore que fait scintiller …la harpe ; les 2 pièces principales sont ici outre dans leur durée (plus de 10 mn), les 2 partitions pascales : Incipit Lamentatio…Aleph (Lamentation I du Jeudi Saint, à 8) dont l’ampleur majestueuse mais tendre touche ; puis le déjà cité Miserere (Psaume à 10 pour le Jeudi Saint), restitué dans une nouvelle version musicologique piloté par Albert Recasens.
La vitalité de l’interprétation dynamise sans emphase chaque section ; ajoutant le bénéfice des instruments requis, avérés (dont surtout les vihuelas jusqu’à 3 comme dans la Lamentation pour le Jeudi Saint) ; l’attention au texte, les savoureuses nuances réalisées dans l’accomplissement dramatique des images textuelles servent ici un sentiment de plénitude et de magnificence dont l’invention séduit d’autant plus qu’elle sait restée dans un équilibre méditatif imperturbable. Serait-ce cette austérité voulue, déclarée par l’archevêque Monroy dont la personnalité complexe renvoie à une période fascinante, où la ferveur allie au delà de toute attente, piété humble et individuelle, et sensation de grandeur collective ? Équation délicate que rend audible la présente lecture, en tout point superlative. Soulignons tout autant la qualité éditorial du cd : le livret richement et judicieusement illustré permet de mieux comprendre l’apport singulier de Baquedano dans le contexte spécifique de la Cathédrale Santiago de Compostelle. Exemplaire. NOTE : 5 / 5. CLIC de CLASSIQUENEWS hiver 2022.

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Plus d’infos sur le site de l’éditeur LAUDA MUSICA :
https://laudamusica.com/en/index.php

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