vendredi 19 avril 2024

Compte-rendu critique, opéra. Liège. ORW, le 25 nov 2017. Donizetti : La Favorite. Celso Albelo, Sonia Ganassi. Acocella / Cucchi.

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Compte-rendu critique, opéra. Liège. Opéra Royal de Wallonie, le 25 novembre 2017. Gaetano Donizetti : La Favorite. Celso Albelo, Sonia Ganassi, Mario Cassi, Ugo Guagliardo. Luciano Acocella, direction musicale. Rosetta Cucchi, mise en scène. En cette saison 2017-2018, la Favorite de Donizetti connaît un vif regain d’intérêt. Après Madrid et avant Florence et Barelone notamment, cet au tour de l’Opéra Royal de Wallonie de s’emparer de ce superbe ouvrage.

La Favorite … du futur

La mise en scène imaginée par Rosetta Cucchi, créée voilà un peu plus d’un an à la Fenice de Venise, superpose à l’intrigue originale un cadre futuriste qui, s’il n’entrave en rien le bon déroulement de l’action, n’y ajoute rien non plus.
Le couvent où officie Fernand devient un groupe ultra-fermé au sein duquel les végétaux sont soigneusement conservés dans un immense colombarium. Le roi Alphonse possède le dernier arbre encore vivant, qu’il tient à sa disposition sous de grandes parois de plastique. Les femmes deviennent les objets des hommes et de leur sadisme, pour preuve deux danseuses qui meurent d’épuisement sous le regard pervers de ces messieurs. Une scénographie épurée, mais peu favorable aux voix, notamment le plastique qui absorbe souvent les sons et l’ouverture totale du décor dans les cintres, qui ne favorise pas la projection vers la salle. Seul le colombarium, une fois fermé, permet aux voix de remplir magnifiquement le théâtre, jouant à merveille son rôle de réflecteur.
Les costumes, pas toujours seyants, participent à l’étrangeté de l’ambiance scénique, mais la musique n’est heureusement jamais entravée.
Le plateau réuni pour l’occasion rend globalement justice à la partition, mais souvent peu au livret, les interprètes, majoritairement non-francophones, parvenant avec des bonheurs divers à se sortir des difficultés de notre langue.
ganassi sonia sopranoLa plus aguerrie demeure incontestablement Sonia Ganassi en Leonor, la mezzo italienne possédant une excellente diction française. En outre, la chanteuse jette toutes ses ressources vocales dans la bataille, osant piani, vocalises et variations audacieuses dans les reprises, notamment avec des aigus interpolés des plus impressionnants. Mais c’est finalement dans sa mort qu’elle touche le plus, osant la simplicité la plus nue dans le traitement de la ligne vocale, qu’elle déploie avec une grande sincérité.
Vocalement idéal pour Fernand, Celso Albelo démontre une vraie attention aux  contrastes vocaux, phrasant et nuançant ses airs les plus élégiaques avec beaucoup de goût et dardant des aigus solides autant que claironnants dans les moments de vaillance et de violence. Sa maîtrise du français demeure à parfaite, mais la générosité du chanteur et la franchise de l’interprète emportent l’adhésion.
Alphonse tourmenté, Mario Cassi convainc moins immédiatement, la faute à une émission vocale étrange, manquant souvent d’homogénéité, ainsi qu’à un phrasé souvent haché et à des aigus, pourtant tous atteints avec puissance et richesse, paraissant lui coûter beaucoup. Néanmoins, le baryton italien assure sa partie d’un bout à l’autre sans faillir et démontre même une certaine autorité qu’on ne lui connaissait pas.
Plus épisodique, le Balthazar  d’Ugo Guagliardo chante bien, sans jamais grossir sa voix, mais manque de l’impact qui rendrait son personnage aussi imposant qu’il devrait l’être.
La jolie Inès de Cécile Lastchenko ainsi que le Don Gaspar fielleux et insidieux de Matteo Roma complètent la distribution. Belle prestation également du chœur maison, particulièrement impressionnant dans les deux finales centraux.
Dirigeant avec conviction un orchestre en belle forme, Luciano Acocella démontre une fois de plus ses affinités avec cette musique, véritable maestro concertatore à l’ancienne, toujours à l’écoute des chanteurs et du drame.
Une soirée parfois inégale, mais dont on sort finalement heureux d’avoir pu revoir cette magnifique œuvre qu’est la Favorite.

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Liège. Opéra Royal de Wallonie, 25 novembre 2017. Gaetano Donizetti : La Favorite. Livret d’Alphonse Royer et Gustave Vaëz. Avec Fernand : Celso Albelo ; Leonor di Gusmán : Sonia Ganassi ; Alphonse XI : Mario Cassi ; Balthazar : Ugo Guagliardo ; Inès : Cécile Lastchenko ; Don Gaspar : Matteo Roma. Chœurs de l’Opéra Royal de Wallonie ; Chef de chœur : Pierre Iodice. Orchestre de l’Opéra Royal de Wallonie. Direction musicale : Luciano Acocella. Mise en scène : Rosetta Cucchi ; Décors : Massimo Checchetto ; Costumes : Claudia Pernigotti ; Lumières : Fabio Barettin ; Vidéo : Sergio Metalli ; Chorégraphie : Luisa Baldinetti

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