lundi 9 décembre 2024

COMPTE-RENDU, critique, concert. QUÉBEC, Festival CLASSICA 2019. Saint-Benoit de Mirabel, le 6 juin 2019. « Les chants du crépuscule » : Stéphane Tétreault, Kateryna Bragina, violoncelles. Duos de JACQUES OFFENBACH

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classica-festival-canada-logo-vignette-classiquenews-annonce-concerts-festivals-operaCOMPTE-RENDU, critique, concert. QUÉBEC, Festival CLASSICA 2019. Saint-Benoit de Mirabel, le 6 juin 2019. « Les chants du crépuscule » : Stéphane Tétreault, Kateryna Bragina, violoncelles. Duos de JACQUES OFFENBACH. C’est un visage méconnu d’Offenbach que nous dévoile ce soir le violoncelliste Stéphane Tétreault, partenaire familier du Festival CLASSICA… Marc Boucher, directeur de CLASSICA, a le souci du compagnonnage et le respect sacré des itinéraires artistiques ; qu’il s’agisse de prise de risques, de défrichement, d’évolution notoire : en témoigne l’accomplissement auquel nous assistons ce soir, celui du violoncelliste Stéphane Tétreault – trop peu connu en France hélas, dont le tempérament sensible et expressif égale les plus grands noms du violoncelle. On savait le jeune interprète capable de fulgurances ; nous l’avions découvert l’an dernier (CLASSICA 2018 dans plusieurs programmes : Tango, Mathieu et aussi Rolling Stones : transcriptions pour quatuor instrumental). Ici la diversité des formes et des répertoires servis n’empêchent pas la profondeur. C’est que l’artiste est présent depuis ses débuts sur la scène de Classica : 9 années d’un parcours sans fautes, qui affirme aujourd’hui une puissance émotionnelle rare, irrésistible, originale. L’équivalent en France des gestes si percutants des Patrick Langot (dernier cd : Præludio), Christian-Pierre La Marca… sans omettre le jeune Edgar Moreau, lui aussi très inspiré par Offenbach, ou de l’ambassadrice du Festival Menuhin à GSTAAD, l’éblouissante Sol Gabetta). Au Québec, pour son festival CLASSICA, Marc Boucher a laissé carte blanche ce soir au violoncelliste qui a choisi sa consœur ukrainienne Kateryna Bragina elle aussi violoncelliste, comme partenaire de ce fabuleux concert.

Bicentenaire OFFENBACH 2019Son mérite est de présenter en création un programme inédit, et de dévoiler une facette méconnue d’Offenbach : une découverte même pour beaucoup en cette année du 200è anniversaire de la naissance de Jacques, lui aussi violoncelliste à Paris, instrumentiste cachetoneur, dont la volonté à percer dans la Capitale française égale sa très grande culture lyrique : dans la fosse des théâtres parisiens, Jacques Offenbach apprend son métier, se passionne pour le théâtre, suit l’actualité lyrique de la capitale… En découlent ces pièces somptueuses que Stéphane Tétreault a sélectionné (parmi un myriade difficile à départager) : Offenbach en verve et en imagination, se réalise dans moult partitions pour deux violoncelles, c’est le cœur de cette soirée, qui lève le voile ainsi sur un compositeur à la verve et au dramatisme aussi flamboyant qu’éblouissant : l’opéra italien (Rossini), la vocalità ardente sont ici sublimés par une écriture qui sait aussi colorer et nuancer, à l’aulne des opéras français et germaniques que Offenbach, violoncelliste virtuose, connaît comme sa poche.

Fidèle au titre du concert, « les chants du crépuscule », Stéphane Tétreault a sélectionné des climats plus schubertiens que weberiens, autant de perles qui lui permettent de creuser la sincérité de son instrument. Jamais le violoncelle n’a semblé au plus prêt de sa nature spirituelle et intime. Le violoncelliste nous réserve un Offenbach non pas léger et insouciant, mais plutôt doué d’une conscience grave voire tragique, sensible aux épanchements solitaires, au renoncement murmuré, au vertige de l’introspection parfois inquiétante… ; un poète des nuances miroitantes et lunaires surgit en place de l’amuseur des boulevards. En jouant trois Duos (n°1 et 3 opus 52 ; n°3 opus 53), la découverte s’avère splendide tant l’écriture du compositeur sait être virtuose, profonde et introspective; lyrique jusqu’à l’ivresse. Evidemment, la sensibilité et la sincérité de l’interprète permettent d’en recueillir la subtile vérité : autant de qualités qui ressuscitent la quête d’Offenbach pour un chant franc et bouleversant, parfois dépouillé et bouleversant. Celui des Contes d’Hoffmann, son grand œuvre lyrique, fantastique et noir.

 

 

 

 

Pour CLASSICA 2019,
le violoncelliste Stéphane Tétreault rétablit
OFFENBACH, en poète crépusculaire…

 

 
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C’est bien toute la valeur de ce concert-primeur, que de s’intéresser au visage d’un Offenbach, proche des poètes saturniens et mélancoliques, volontiers introspectif, génie aussi des mélodies comme des variations et des surprises harmoniques. Stéphane Tétreault dévoile d’Offenbach, l’épaisseur insoupçonnée d’un romantique sombre et grave, mais capable aussi de finesse presqu’insouciante, totalement désarmante.

Le chant dont il est question, est celui des deux violoncelles, en fusion fluide et scintillante, en dialogue concerté. Stéphane Tétreault s’il réalise souvent la partie mélodique, laisse parfois la première partie à sa consœur qu’il connaît depuis plus d’une décennie ; leur complicité et leur entente font miracle. Les timbres mêlés à la fois proches mais si distincts, n’en finissent pas de troubler comme s’il s’agissait du chant dédoublé d’un seul cœur. Le jeu les transporte aussi, en particulier dans les contrastes et les réponses des variations du premier duo pour violoncelle (opus 52 n°3) joué en ouverture. L’Adagio, – lamento funèbre et mélancolique, est un volet central qui éblouit par le chant somptueux et doloriste du violoncelle de Stéphane Tétreault dont on mesure l’infinie pudeur, le tact naturel, la souplesse articulée et accentuée, …cette élégance sombre qui saisit. Puis le galop du III (Mouvement de valse – Tempo di Marcia – Mouvement de valse) emporte et berce à la fois, dans l’esprit de Johann Strauss ; Offenbach manie la finesse, l’élégance, la parodie avec un équilibre souverain. Le violoncelliste faisant chanter son violoncelle comme un acteur lyrique doué d’une exceptionnelle articulation, comme s’il défendait un texte.

On relève le même éclat mélancolique sous le masque de la virtuosité agile dans le Duo opus 53 n°1 ; l’Adagio là encore se distingue par sa solitude extrême qui tend au dénuement, à l’épure, au repli ultime. Autant d’éclairs profonds qu’Offenbach contrebalance par un jaillissement soudain d’un grande rêverie ou d’un allegro, pétillant (finale).

 

 

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Dans ce portrait d’Offenbach, en orfèvre de la matière mélancolique et lunaire, quelle belle idée d’inscrire ici, le chant crépusculaire et quasi hypnotique à deux voix, des Baroques français du début du XVIIIè ; d’abord François Couperin, souple et soyeux (Concert pour deux violoncelles, arrangement de Paul Bazelaire), d’une pudeur infinie (Chaconne) ; ensuite le moins connu encore, Jean-Baptiste Barrière (mort en 1747) à la verve opératique, quasi fantasque (Sonate pour deux violoncelles en sol majeur n°10), dramatiquement proche d’un … Rameau. C’est dire la qualité des choix défendus, et aussi la pertinence de la filiation d’Offenbach aux Baroques. La sensibilité particulière de Stéphane Tétreault, la complicité de sa consœur Kateryna Bragina font le miel de ce récital à deux voix qui vient fort opportunément renouveler notre perception d’Offenbach.

 

 

 

 

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PROCHAIN CONCERT…

classica-festival-quebec-2019-annonce-critique-presentation-sur-classiquenews-festival-CLASSICA-2019Voici à coup sûr, un autre concert majeur de CLASSICA 2019… Mardi 11 juin 2019,  les festivaliers retrouveront Stéphane Tétreault (Paroisse Our Lady of the Annonciation, MONT-ROYAL, 19h) dans un programme intitulé « Les larmes de Jacqueline » (infos et réservation sur le site du Festival CLASSICA 2019) : œuvres de Berlioz, Offenbach, Roussel, couplé avec le Concerto pour piano n°2 du compositeur québécois Jacques Hétu (Jean-Philippe Sylvestre, piano). Avec l’Orchestre Métropolitain (Alain Trudel, direction). Billets, information : www.festivalclassica.com/programme ou au 450 912-0868.

Illustrations : © Étienne Boucher Cazabon / Festival CLASSICA 2019

 

 

  

 

 

DETAIL DU PROGRAMME :

 

 

Jacques Offenbach (1819 – 1880)

Duo pour deux violoncelles, opus 52, no 3

I. Tempo di marcia – 1ère variation – 2e variation
II. Adagio
III. Mouvement de Valse – Tempo di marcia – Mouvement de Valse

 

 

François Couperin (1668 – 1733)

Concert pour deux violoncelles

(arrangement par Paul Bazelaire)

I. Prélude – Vivement
II. Air – Agréablement
III. Sarabande – Tendrement
IV. Chaconne – Légèrement
V. Le Je-Ne-Scay Quoy – Gayëment

 

 

Jacques Offenbach

Duo pour deux violoncelles, opus 53, no 1

I. Allegro
II. Adagio
III. Rondo – Allegro

 

 

Jacques Offenbach

Duo pour deux violoncelles, opus 53, no 3

I. Allegro Moderato
II. Andante
III. Allegro

 

 

Jean-Baptiste Barrière (1707 – 1747)

Sonate pour deux violoncelles en sol majeur, no 10

I. Andante
II. Adagio
III. Allegro prestissimo

 

 

 

 

 

 

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