vendredi 29 mars 2024

Compte-rendu, ballet. Paris. Théâtre Chaillot, le 11 décembre 2013. «Constellation» ballet en deux actes. Alonzo King LINES Ballet. Alonzo King, chorégraphe.

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La compagnie de ballet néoclassique américaine l’Alonzo King LINES Ballet se présente finalement à Paris en cette fin d’année 2013. Le Théâtre National de Chaillot l’accueille pour la première française du ballet « Constellation » (2012), mélangeant le chant de la mezzo-soprano Maya Lahyani avec les décors interactifs lumineux signés Jim Campbell, partie fondamentale de l’œuvre.

Chorégraphie lumineuse, narration obscure

Alonso_king_constellationAvant de créer sa compagnie en 1982, Alonzo King danse dans celle d’Alvin Ailey et à l’American Ballet Theater. Trois décennies plus tard, il est invité à Paris pour la première fois grâce au soutien de la fondation BNP Paribas. Presque inconnue de la scène française l’Alonzo King LINES Ballet est pourtant très célèbre et sollicitée à l’étranger. Il s’agît d’une compagnie contemporaine néoclassique fille de son siècle, avouant plus ou moins une filiation stylistique avec Balanchine et Forsythe. Elle se distingue grâce à plusieurs particularités, notamment la diversité raciale des danseurs, mais surtout par la taille « gigantesque » de ses danseuses. L’anecdote raconte qu’Alonzo King a voulu embaucher et travailler avec les filles rejetées des ballets classiques à cause de leur stature. Ces singularités augmentent l’attrait visuel du ballet présenté ce soir « Constellation », où précisément l’optique prime sur toute autre aspect.

Les créations lumineuses de l’artiste plasticien Jim Campbell sont omniprésentes. Les 12 danseurs sur le plateau se déplacent et agissent par rapport à elles ; que ce soit une grille de lumière, des balles illuminées, ou encore des faux habits en guirlandes de lumière. Pendant presque 80 minutes nous avons droit à un véritable concert des couleurs et à une danse… galactique. Les danseurs virtuoses, à la technique implacable s’attirent, se rejettent, se confondent dans une série de pas de 2, de pas de 4, d’ensembles insolites. L’athlétisme de la troupe est remarquable, nous sommes en permanence saisis par les extensions incroyables des danseuses, réelles amazones, comme par les tableaux visuels du ballet grâce aux dialogues entre décors, musiques et interprètes. Dans le pas de 4 à la fin de l’œuvre, un couple d’hommes se distingue par la tonicité et l’intense expressivité des mouvements. L’abattage est toujours impressionnant ; la danse pure est électrisante.

Nous ne pourrons pas assez louer la technique des danseurs, ni les beautés acrobatiques de la danse… La mezzo-soprano Maya Lahyani a une grande prestance sur scène et interprète Haendel, Vivaldi et même Richard Strauss avec panache. Dans « Constellation » paraissent les astres, parfois fougueux, parfois touchants, toujours fugaces. Malgré tout cela, l’impression que l’œuvre manque de cohésion est présente. Une certaine et discrète paresse intellectuelle paraît se cacher derrière toute la bravoure des interprètes, comme une froideur narrative derrière les vives couleurs de la scénographie.
Il est indéniable que la danse isolée de l’Alonzo King LINES Ballet a satisfait notre soif de néoclassicisme et d’excellence, mais avec tous les composants pluridisciplinaires mis en jeu, nous avons le sentiment d’en avoir trop, sans savoir vraiment de quoi il est question, ni pourquoi, ni comment. Voilà un spectacle pourtant séduisant où la tension enivre mais l’intention manque… Bravo néanmoins à la compagnie pour la grande qualité de la prestation, espérons bientôt la retrouver sur nos scènes françaises.

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