Cinéma. Verdi : Anna Netrebko chante Lady Macbeth, le 11 octobre 2014, en direct du Metropolitan de New York, 19h. Les performances mondialement retransmises via les réseaux de salles de cinéma partenaires, du Metropolitan Opera de New York sont désormais célèbres et particulièrement suivies. C’est assurément un nouveau débouché pour l’opéra en plus des représentations dans l’enceinte des théâtres d’opéra et un moyen nouveau d’apprécier la performance lyrique. l’expression plutôt que le beau chant : « âpre, étouffé, sombre », Verdi souhaitait une voix rugueuse, sombre, pour le personnage de Lady Macbeth. C’est elle le cerveau des machinations criminelles, portée par un désir irrépressible de pouvoir. Macbeth suit ce monstre en robe et couronne ensanglantée. Davantage que Schiller dont il transposa sur la scène lyrique Luisa Miller, Don Carlos…, Verdi porte au pinacle poétique et dramatique, son modèle Shakespeare : toute sa vie, il ambitionnera de mettre en musique le Roi Lear (en vain). Le premier opéra shakespearien de Verdi, Macbeth donc (première version florentine de 1847), prélude aux deux miracles de la fin de la carrière, Otello dans le genre tragique, puis Falstaff dans la veine comique.
Le livret de Piave en quatre actes souligne les forces surnaturelles qui apportent leur fausse aide au destin de Macbeth : il sera d’après les 3 sorcières croisées dans la forêt du I, « seigneur de Cawdor puis roi d’Écosse ». De son côté son acolyte et compagnon d’armes Banco, engendrera des rois. Au palais de Macbeth, Lady lit les lettres porteuses de ses excellentes nouvelles : dévorée par le pouvoir, Lady Macbeth pousse son époux à assassiner le roi Duncan qui vient dormir chez eux… Le remord commence son œuvre cependant que Banco et sont ils Macduff découvre l’horreur du crime de lèse majesté, sans pour autant identifier les crimes.
Au II, Macbeth de venu roi paraît lors d’un banquet : Lady Macbeth pousse davantage son époux : il fait tuer Banco (pour qu’il n’engendre pas de rois), mais le fils Macduff lui échappe. Torturé par de nouveaux démons intérieurs, Macbeth croit voir le fantôme de son ancien ami Banco.
Du crime à la folie… Lady Anna
Soupçonneux contre les Macbeth, Macduff s’exile. Au III, retour dans la forêt des sorcières prophétesses : Macbeth échafaude de nouveaux plans de meurtre contre Macduff. Survient Malcom, fils de banco qui vient se venger avec son armée en faisant le siège du château de Macbeth. Le culpabilité a fait son œuvre dans l’esprit de Lady Macbeth qui paraît en une scène de somnambulisme inouï hagard, hallucinée, détruite. Maria Callas plus expressive que bien chantante a révolutionné la compréhension du rôle de Lady Macbeth, offrant ce style mordant, âpre, crépusculaire dont a rêvé Verdi. Au bord de la folie, Macbeth apprend la mort de sa femme et est finalement tué par Macduff, vengeur de son père honteusement assassiné.
Aucun répit pour le couple de meurtriers et d’assassins : la folie, la lente et irrésistible destruction psychique les guettent et les emportent ; âmes vouées aux ténèbres, les deux Macbeth sont les proies désignées des sorcières démoniaques qui paraissent deux fois dans l’opéra. Le rôle de Macduff, fils vengeur de banco a révélé les grands ténors du XXème siècle, de Pavarotti à Domingo ; et quel contraste entre la Lady Macbeth triomphante et ivre de victoire politique dans son air de la lettre au I, et son air de folie funambulesque au III. Fidèle à ses propres conceptions dramatiques, Verdi développe une manière elle aussi mordante, expressionniste et fantastique (les sorcières dans les deux scènes de prédiction sont réellement impressionnantes), chaque accent de l’orchestre marque un temps fort du drame : jamais musique et théâtre n’ont été aussi bien fusionnés. Après la création au Teatro della Pergola de Florence en mars 1847, Verdi réalise une seconde version pour la scène du Théâtre Lyrique de Paris, en français, en avril 1865.
Paru en octobre 2010, le cd Verdi d’Anna Netrebko était en réalité un programme annonciateur de ses prises de rôles à venir : en décembre 2013 (Berlin) puis à l’été 2014 à Salzbourg, la soprano a créé l’événement et convaincu dans le rôle de Leonora du trouvère (angélisme incandescent et ivre, tenue vocale lumineuse). Sa Lady Macbeth est l’argument principal de la nouvelle production de Macbeth présentée au Metropolitan de New York en octobre 2014. Un avant goût en a été donné en juin dernier au dernier festival de Munich. Rugissante, perverse, puis détruite hallucinée : que sera concrètement la Lady Macbeth d’Anna Netrebko ? Réponse ce 11 octobre 2014, sur la scène new-yorkaise et dans toutes les salles de cinéma qui diffuse le direct à partir de 19h.