CD, annonce. Clara & Robert Schumann : Marie Vermeulin, piano (1cd PARATY). Enregistré par Hugues Deschaux, le présent album confirme la sensibilité suggestive de la pianiste Marie Vermeullin qui signe ici son 2è cd chez le label Paraty. Symptôme de notre époque en mal (justifié) d’égalité et de parité, l’interprète inspirée, met dans la balance à égalité, l’écriture pianistique de Clara et de Robert Schumann, couple à la ville comme à la scène… mais à la différence de maintenant, c’est la pianiste renommée Clara qui était plus connue que son mari de compositeur. Voilà un programme qui pourrait être repris dans tous les festivals de France et de Navarre pour répondre à la question délicate de la parité et du …talent, car Clara (Soirées musicales opus 6 de 1836) est loin de démériter face à l’éloquence ambivalente, une face Eusébius, l’autre Florestan / entendez contemplative / fougueuse-, de Robert.
Marie Vermeulin retrouve la complicité et l’entente du jeu dialogué entre Clara et Robert
Le couple SCHUMANN, en conversation
Ses Soirées conçues par une jeune compositrice interprète de 15 ans, sont jouées par un Liszt aussi engagé qu’admiratif. Lui « répond » en un dialogue retrouvé deux ans après (1838), les Scènes d’enfants / Kinderszenen opus 15 de Robert, père manifestement enchanté, inspiré… qui s’adresse aux petits enfants, étant lui-même un « grand enfant »… ces mêmes pièces, jaillissement et chant fiévreux de l’innocence, que joue Liszt pour sa propre fille de 3 ans. 9 ans séparent Robert de Clara ; et toujours dans leur correspondance, leur journal surtout écrit à 4 mans surgit la claire activité de deux écritures portées par le respect et la connivence.
L’acuité du propos, l’enivrement poétique, la courbure rythmique, cette passion qui coule comme une eau trépidante et nerveuse… s’entendent ici de l’une à l’autre créateur/trice. Marie Vermeulin exploite et explore les resources expressives du piano viennois Bösendorfer 280. Le couple incarne un idéal artistique et humain, malheureusement fauché par la maladie psychique de l’époux et complice, lequel laisse une œuvre inouïe par sa lumière et son inspiration dramatique. Mais le piano est ce lieu des confessions et des conversations que Marie Vermeulin sait questionner et éclairer d’une vitalité personnelle, passionnante.
Robert Schumann, d’une inspiration bouillonnante et spontanée, écrit en 1838: « Vois-tu, j’ai quelquefois l’impression que je vais finir par éclater de musique, tant les idées se pressent et bouillonnent en moi quand je songe à notre amour. »
Avant son mariage avec Robert, Clara Wieck note dans son journal en 1839: « Une femme ne doit pas prétendre composer, aucune n’a été encore capable de le faire, pourquoi serais-je une exception? ». Cette phrase est terrible car elle souligne les préjugés de cette époque, auxquels font échos les préconçus de la nôtre. Les chemins de l’égalité sont encore sinueux. Mais le progrès avance. Ce programme intelligent et cohérent en témoigne. A suivre.
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CD, annonce. Clara & Robert Schumann : Marie Vermeulin, piano (1cd PARATY – enregistrement déc 2018, PARIS).