CD, événement. DIALOGUES. Sainte-Colombe, Hersant. Ronald Martin Alonso, viole de gambe ( 1 cd PARATY oct 2019)

dialogues-paraty ronald martin alonso cd critique annonce concert classiquenewsCD, Ă©vĂ©nement. DIALOGUES. Sainte-Colombe, Hersant. Ronald Martin Alonso, viole de gambe ( 1 cd PARATY oct 2019). Le violiste Ronald Martin Alonso exprime toute la noblesse grave et lĂ©gère de Sainte-Colombe (c 1640 – c 1700) dont le Manuscrit de Tournus offre ici les pièces de ce programme de bout en bout hypnotique. Les 3 Suites, en Sol mineur, Do Majeur, RĂ© mineur Ă©crites en 1690, dĂ©ploient chacune une ivresse introspective qui n’est pas dĂ©nuĂ©e de nervositĂ© ni de caractère (« Allemande » de la dernière en RĂ© mineur). En dialogue donc, les deux Ă©critures font paraĂ®tre dans leur confrontation maĂ®trisĂ©e, leurs tropismes essentiels : Ă  l’articulation formelle et classique de Sainte-Colombe rĂ©pond la fulgurance de Philippe Hersant (nĂ© Ă  Rome en 1948), son esprit de quintessence, son geste en litote, tels qu’ils sont incarnĂ©s dans les 2 pièces, relativement rĂ©centes : Le Chemin de JĂ©rusalem de 2003, et son parcours labyrinthique ritualisĂ©, puis Pascolas de 2019, autre danse ritualisĂ©e propre aux chasseurs mexicains (Indiens Yaquis), comme brodĂ©e Ă  partir des ritournelles ancestrales et traditionnelles initialement jouĂ©es au violon. La partition tripartite de Philippe Hersant est dĂ©diĂ©e au commanditaire, Ronald Martin Alonso lui-mĂŞme ; de sorte que l’intention du compositeur se rĂ©alise dans le geste de l’interprète auquel est destinĂ© son dĂ©roulement. Hersant affectionne l’épure et la synthèse ; rien n’est jamais dĂ©veloppĂ© ni diluĂ© dans son esprit s’il ne s’agit de servir une intention prĂ©cise : la gestion du temps musical y est fondamental : Ă©conome, sobre, mesurĂ©e ; et chaque morceau final sonne comme une interrogation subtilement amenĂ©e, qui nĂ©e de l’ombre et de la suggestion retourne in fine, dans l’absolu mystère de l’informel CLIC_macaron_2014et du murmure. Le jeu libre et intime de R M Alonso apporte la dĂ©tente heureuse Ă  des pièces d’une riche vie intĂ©rieure. Le geste du violiste en exprime l’urgence et la noblesse pudique. La puissante originalitĂ© aussi comme l’atteste l’itinĂ©raire fantaisiste des Suites de Sainte-Colombe dont l’humeur unique l’amène Ă  polir des danses inouĂŻes dont il a alors l’exclusive (« La Pianelle », 2è sĂ©quence de la première Suite en sol mineur). Passionnant parcours.

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CD, événement. DIALOGUES. Sainte-Colombe, Hersant. Ronald Martin Alonso, viole de gambe ( 1 cd PARATY oct 2019). Durée : 1h01mn. CLIC de CLASSIQUENEWS hiver 2020.

CD, critique. « Sheherazade », Alireza Mashayekhi, Layla Ramezan, piano, Djamchid Chemirami, narration, Keyvan Chemirami, zarb et santur (1 cd Paraty, 2019)

LRamezan_Sheherazade_COUV_HM-300x300CD, critique. « Sheherazade », Alireza Mashayekhi, Layla Ramezan, piano, Djamchid Chemirami, narration, Keyvan Chemirami, zarb et santur (1 cd Paraty, 2019) – Voici avec ce disque paru fin 2019, une invitation au voyage, une Ă©vasion vers un ailleurs hors du temps, hors du monde. La pianiste iranienne Layla Ramezan signe ici avec Sheherazade, Ĺ“uvre maĂ®tresse du compositeur Alireza Mashayekhi (1940), le deuxième volume de son anthologie de « 100 ans de musique classique iranienne » (4 CD). Elle nous transporte dans une Perse lointaine et Ă©ternelle, oĂą le piano, symbole culturel occidental par excellence, entrelace ses sonoritĂ©s avec celles du zarb et du santur, sous les improvisations dĂ©licates de Keyvan Chemirami, et avec la voix de son père, Djamchid Chemirami, dans une narration semblant venir de la nuit des temps, quoiqu’écrite par le compositeur.

Layla Ramezan : le piano aux 1001 couleurs…

L’œuvre composée en 1992 est un modèle d’heureux mariage entre modernité et tradition: on apprend dans le livret que le piano, loin de pouvoir traduire avec ses demis-tons égaux les intonations persanes dans leurs micro-inflexions, leurs micro-intervalles a cependant été en Iran un instrument important au XIXème siècle, et a joué un rôle prépondérant au XXème siècle dans la fusion de la musique savante traditionnelle et de la musique classique européenne. Partant de l’écriture monophonique de la musique persane, Mashayekhi bâtit une riche polyphonie tout en l’intégrant dans l’architecture, ou la trame de ses pièces. Cela est particulièrement manifeste dans celle intitulée « The escape », la plus développée de toutes. L’instrument-roi en perd son européenne teinture prenant une couleur orientale sous les doigts de Layla Ramezan. Cette artiste voyageuse, passée par la France et établie en Suisse, mais restée iranienne dans l’âme et dans sa chair, incarne à merveille cette musique si particulière dans ses sonorités, ses rythmes, et le temps musical qui lui est propre. Elle nous ouvre les portes de ses neuf pièces sur un monde de poésie et de raffinement. On y entre comme dans un rêve qui nous prend dans les mailles de son mystère, de ses résonances, et de ses scènes imaginaires. Il n’y a qu’à se laisser porter par la voix envoutante de D. Chemirami, et se laisser envelopper des sonorités de brocart que la pianiste obtient formant une palette extraordinairement variée, qui évoquent les personnages du récit en leur for intérieur: résonances de bronze dans « The battle », que des aigus graciles dans leur vif argent s’emploient à désarmer, discontinuité sonore et rythmique dans « The fury » figurant l’égarement, rêveurs accords consonants dans « Beyond the clouds », dialogue subtile de la grâce et du drame dans « The mirage ». Layla Ramezan en conteuse et peintre, magicienne et poétesse, nous conduit aux confins des portes du désert, dans une autre respiration du monde, où la musique dans ses abandons et ses tensions invite à la méditation, au lâcher-prise, et à la rencontre d’une part de soi-même, à l’instar de cet ancien roi perse. Hors des bruits du temps présent, il nous suffit d’entrer dans les nuits de Sheherazade…

 

 

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CD, critique. « Sheherazade » by Alireza Mashayekhi, Layla Ramezan plays 100 years of iranian piano music. volume 2. (1 cd Paraty, 2019).

 

VIDÉO :

CD, critique. NUIT EXQUISE : Alice Ferrière, mezzo-soprano, Sascha El Mouissi, piano (1 cd Paraty)

Alice Ferriere-Paraty_NuitExquise_HM_COUV-300x300 critique cd review classiquenewsCD, critique. NUIT EXQUISE : Alice Ferrière, mezzo-soprano, Sascha El Mouissi, piano (1 cd Paraty). Alice Ferrière découvre le chant au Conservatoire de Boulogne-Billancourt et se dédie au lyrique comme à la mélodie et au lied. Autour du thème fédérateur de la nuit, majeure à l’heure romantique, la mezzo soprano réunionaise réunit lieder allemands et mélodies françaises ; de Schumann à Berlioz et ses Nuits d’été, se déploie le chant de l’âme, en quête d’équilibre malgré le vertige que font naître les souvenirs et le surgissement d’expériences parfois effrayantes ou fortes (pressentiments visionnaires et troublants, volubilité des humeurs agissant par ruptures et brisures dans le cas des Schumann dont Der Schwere Abend et Requiem). Pour Berlioz et ses Nuits d’été, la cantatrice entend retrouver le naturel et l’évidence de Mozart et faire jaillir chaque nuance du texte avec une fraîcheur renouvelée ; la Nuit exquise est celle de Reynaldo Hahn (l’Heure exquise) mise en regard ici avec Quand la nuit n’est pas étoilée : sont convoquées la souplesse d’une voix de velours (la sensualité de Debussy) et une « diction incisive ». Sans omettre cette « fragilité sensible » apprise peu à peu et qui colore l’énoncé des mélodies françaises.

A noter une autre « Heure exquise » celle d’Irène Poldowski en réalité la pianiste Régine Wieniawski, fille du compositeur Henryk Wieniawski ; une écriture debussyste que les interprètes jouent enchainée au fameux Clair de lune de …Debussy.
En réalité le geste interprétatif est indiqué dans le titre du cd : « Nuit Exquise » ; la nuit et sa texture mordorée, scintillante s’écoulent au piano ; exquis sont le soin et le fini de la chanteuse, prêtresse habitée par le feu nocturne, entre rêve, visions, enchantement… En jouant les filiations et les correspondances climatiques, Alice Ferrière et le toucher allusif et complice du pianiste Sascha El Mouissi nous conduisent sur les rives d’un rêve éveillé, nocturne, envoûtant.

 

 

 

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CD, critique. NUIT EXQUISE : Alice Ferrière, mezzo-soprano, Sascha El Mouissi, piano (1 cd Paraty 2019 169184 – 1h07mn). Parution : 24 janvier 2020.

 

 

 

VIDEO

Teaser cd Nuit exquise (déc 2019)
https://www.youtube.com/watch?v=cnnPYMBRKoE

 

 

 

Duo Ă  deux guitares : PALISSANDRE. cd MosaĂŻque (PARATY)

duo-palissandre-paraty-concert-critique-classiquenewsPALISSANDRE : MosaĂŻque (1 cd Paraty). Vanessa Dartier et Yann Dufresne compose le DUO de Guitares PALISSANDRE. Leur premier cd aidĂ© par PARATY Ă©blouit par ses audaces (transcriptions d’après Rameau, FaurĂ©) et sait aussi dĂ©voiler le tempĂ©rament mozartien du prĂ©romantique Antoine de LHOYER dont ils jouent dans sa version originale pour deux guitares, le Duo Concertant n°3 opus 31 – CLIP vidĂ©o © studio CLASSIQUENEWS.TV dĂ©c 2019

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LE TRIO ATANASSOV sur tous les fronts : cd & concerts

TRIO ATANASSOV : nouveau cd, concerts les 3, 7 dĂ©cembre (Paris, Cortot puis Sceaux). Riche actualitĂ© pour le Trio français ATANASSOV. Les trois musiciens illustrent avec tempĂ©rament le chic “Ă  la française” (titre de leur dernier album Ă©ditĂ© chez PARATY) ; ils jouent quasiment le programme de leur disque Ă  Sceaux pour la Schubertiade de Sceaux, samedi 7 dĂ©cembre 2019 Ă  17h30, salon de l’HĂ´tel de Ville…

Paraty_987 Ko-_1-Chic-a-la-francaise-Trio-Atanassov-qual30LIRE notre critique du cd Chic Ă  la française / Trio Atanassov : “De Debussy, le Trio en sol est une pièce de jeunesse vite oubliĂ©e par l’auteur et qui plus est, est restĂ©e inachevĂ©e (dans le 4è mouvement). Pourtant elle tĂ©moigne de sa première manière, encore « romantique », rappelant Saint-SaĂ«ns, Franck et Massenet ; la partition dut animer les soirĂ©es de musique de chambre organisĂ©es par la protectrice de Tchaikovski, la baronne Nadejda von Mack qui employa le jeune pianiste Debussy en 1880, dans ses dĂ©placements en Italie (Fiesole). Les 3 musiciens du Trio Atanassov aborde chaque sĂ©quence avec Ă©loquence et tension : nonchalance heureuse et tension mesurĂ©e (Andantino) ; vivacitĂ© nerveuse et engagĂ©e comme celle d’une conversation oĂą chacun chante et affirme sa partie (Scherzo) ; puissance suave et nostalgique de l’Andante ; enfin, insouciance et lĂ©gèretĂ© vive du Finale.” LIRE la critique complète ici

 

 

 

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Concerts de lancement
du CD “Chic à la française” *

 

 

3 décembre 2019 | Paris | 20h *
Salle Cortot
“Les Pianissimes » : Dvořák, Schubert, Ravel

 

 

7 décembre 2019 | Sceaux | 17h30 *
« La Schubertiade de Sceaux“
Présenté par Frédéric Lodéon
Debussy, Boulanger, Schubert (quintette « La truite »)

 Avec Manuel Vioque-Judde & Benoît Levesque

 

 

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Plus d’infos :

trioatanassov.com

 

 

 

 

 

 

CD, critique. Chic à a française : Trio Atanassov. Debussy, Hersant, Ravel (1 cd Paraty)

atanassov-trio-cd-chic-a-la-francaise-cd-critique-reviex-cd-classiquenews-schubertiade-de-sceaux-atanassovCD, critique. Chic Ă  a française : Trio Atanassov. Debussy, Hersant, Ravel (1 cd Paraty – enregistrĂ© en avril 2018). Le Chic Ă  la française se rĂ©pand dans les 3 pièces ici choisies, chacune très forte en sensations comme en caractères. RĂ©unir les 3 relève dĂ©jĂ  d’un dĂ©fi. De Debussy, le Trio en sol est une pièce de jeunesse vite oubliĂ©e par l’auteur et qui plus est, est restĂ©e inachevĂ©e (dans le 4è mouvement). Pourtant elle tĂ©moigne de sa première manière, encore « romantique », rappelant Saint-SaĂ«ns, Franck et Massenet ; la partition dut animer les soirĂ©es de musique de chambre organisĂ©es par la protectrice de Tchaikovski, la baronne Nadejda von Mack qui employa le jeune pianiste Debussy en 1880, dans ses dĂ©placements en Italie (Fiesole).

Les 3 musiciens du Trio Atanassov aborde chaque séquence avec éloquence et tension : nonchalance heureuse et tension mesurée (Andantino) ; vivacité nerveuse et engagée comme celle d’une conversation où chacun chante et affirme sa partie (Scherzo) ; puissance suave et nostalgique de l’Andante ; enfin, insouciance et légèreté vive du Finale.

Le cas de la pièce de Philippe Hersant, longue réflexion de 20 mn, se révèle fascinant : c’est la partition qui révèle l’étendue de la palette expressive des interprètes. Fasciné par le Baroque français du XVIIè et surtout ici, Marin Marais, Philippe Hersant choisit comme un emblème fécond, la sonnerie de l’église Sainte-Geneviève du Mont que Marais a traité dans « la gamme et autres morceaux… » de 1723. Hersant en déduit une suite de variations en trio qui séduit par la grande économie formelle, laquelle n’empêche pas une diversité d’épisodes. En une succession de « souvenirs » et de stratifications qui offre un étagement sonore de la mémoire sollicitée, la pièce emprunte maints chemins et parcours que chaque instrument traverse différemment.
C’est une partition souterraine et liquide, parsemée d’éclairs post romantiques et fantastiques (au piano) ; où passent aussi citations et formules baroques (aux cordes)… frémissements, instabilité, intranquillité voire inquiétude ; au milieu de la pièce, se précise l’effet de cloche et de carillon (la sonnerie qui apparaît dans le titre même de l’œuvre), qui affirmée progressivement, crée la tension, en un balancement tragique, de plus en plus panique ; séquence crépitante, suractivité qui laisse s’accentuer des micro épisodes tendus, interrogatifs, des éclairs et crépitements proches de cauchemar. Dans ce chaos sobre, le piano panique cherche un équilibre toujours reporté ; il tente d’apaiser le feu des cordes qui tranchent, et citent des ornements baroques (violon), en une superposition captivante de chants simultanés (parfois en téléscopages discordants et volontaires) dont la voix, en conclusion, se perd et s’effiloche comme un carillon devenu songe qui n’a pas peut-être jamais existé. L’acuité expressive, comme le glissement poétique sont dynamisés par le souci du détail et des équilibres sonores. Dans un labyrinthe musical aux changements permanents, le Trio Atanassov ne perd jamais le fil.

Le Trio de Ravel confirme la complicité toute en onctuosité expressive des trois instrumentistes. D’abord, ils expriment la délicatesse affleurante et ses climats d’une pudeur infinie du premier mouvement (Modéré), vraie invitation au songe intime, secret. Pantoum se cabre, se rebiffe, plein de panache et de fier hispanisme. Les trois complices redoublent d’accents tranchés et vivaces. Plus recueilli et sombre sans gravité asphyxiante, la Passacaille élargit la texture sonore encore en une opulence expressive que les trois instrumentistes soulignent avec intensité. Le Finale exacerbe encore davantage les contrastes jusqu’à la saturation, rappelant combien le Trio de Ravel est une œuvre qui a été conçue dans des heures sombres d’août 1914 : la conclusion comme éperdue, assénée, enivrée appelant à la mobilisation totale. Riche en défis, le programme confirme la haute musicalité du Trio Atanassov.

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CD, critique. CHIC A LA FRANCAISE : Trio Atanassov. Debussy, Hersant, Ravel (1 cd Paraty – enregistrĂ© en avril 2018). Perceval Gilles, violon / Sarah Sultan, violoncelle / Pierre-Kaloyann Atanassov, piano.

CD annonce. TRIO ATANASSOV : «  Chic Ă  la française «  (Hersant, Ravel, Debussy – 1 cd PARATY)

Paraty_987 Ko-_1-Chic-a-la-francaise-Trio-Atanassov-qual30CD annonce. TRIO ATANASSOV : «  Chic Ă  la française «  (Hersant, Ravel, Debussy – 1 cd PARATY). Le nouveau cd du Trio Atanassov (fondĂ© en 2007) nous vaut un programme qui choisit le CHIC Ă  la française comme fil conducteur, soit donc, la trilogie « emblĂ©matique » comprenant Hersant, Debussy et… le sublime Trio de Ravel. ClartĂ©, Ă©lĂ©gance, finesse, raffinement, … sont ici autant de caractères distinctifs qui marquent un rĂ©pertoire et inspirent des interprètes soucieux de le servir. Le Trio Atanassov retient donc des Ĺ“uvres qu’il a dĂ©fendues rĂ©gulièrement au cours de ses tournĂ©es (depuis ses dĂ©buts au Musikverein de Vienne), une gĂ©nĂ©alogie de signatures dont il aime exprimer et partager cette exception spĂ©cifiquement française « dotĂ©e d’un riche sens de la couleur et des proportions, et faisant rimer passion avec distinction ».

Philippe Hersant ressuscite ici Marin Marais et toute la poésie intérieure du XVIIè, sa nostalgie comme son économie. Le Trio était déjà présent dans le 2è concert des Atanassov. Inépuisable autant qu’indicible et inexplicable, le Trio de Ravel (Saint-Jean de Luz, 1914) est un sommet de l’onirisme musical français ; c’est une immersion dans l’hypersensible et la mémoire enchantée qui retrouve dans son émission, le miracle d’une insouciance curieuse et émerveillée (raffinement rythmique du scherzo, baptisé « pantoum »). Jamais le génie de Ravel n’a été aussi loin dans l’introspection secrète et intime.
Plus récemment inscrit dans les concerts du Trio Atanassov, le Trio de Debussy partage avec celui de Ravel, cette intelligence des nuances, ce goût naturelle de la poésie, mais non encore enrichie de l’expérience car il s’agit d’une œuvre de jeunesse (1880) quand le jeune Claude était alors pianiste au service de la protectrice de Tchaikovsky, la saisissante Mme Von Meck.

 

 

 

Prochaine critique du cd CHIC A LA FRANCAISE / TRIO ATANASSOV (1 cd PARATY), dans le mag cd dvd livres de classiquenews, le jour de parution : le 29 nov 2019.

 

 

 

 

Concerts de lancement
du CD “Chic Ă  la française” *

 

 

3 décembre 2019 | Paris | 20h *
Salle Cortot
“Les Pianissimes » : Dvořák, Schubert, Ravel

 

 

 

7 décembre 2019 | Sceaux | 17h30 *
« La Schubertiade de Sceaux
Présenté par Frédéric Lodéon
Debussy, Boulanger, Schubert (quintette « La truite »)

Avec Manuel Vioque-Judde & Benoît Levesque

 

 

 

 

 

 

 

Plus d’infos :

 

trioatanassov.com

 

CD, critique. PROKOFIEV : complete works / intĂ©grale de l’œuvre pour VIOLON ET PIANO – Kristi Gjezi, Louis Lancien (1 cd PARATY, 2018)

cd-Prokofiev-complete-original-violin-piano-kristi-gjezi-louis-lancien-critique-classiquenews-cd-clic-de-classiquenewsCD, critique. PROKOFIEV : complete works / intĂ©grale de l’œuvre pour VIOLON ET PIANO – Kristi Gjezi, Louis Lancien (1 cd PARATY, 2018). Il ne faut pas se fier au visuel de couverture : en costume de gala (nĹ“ud blanc) et lunettes de premier Ă©lève, Prokofiev dissimule un psychisme riche voire tourmentĂ© : un volcan psychique rugit mĂŞme sous cette apparence plissĂ©e…. Son nĂ©oclassicisme ne doit pas s’entendre comme une douce rĂŞverie nostalgique sucrĂ©e et douceâtre, mais bien comme l’expression parfois âpre et mordante, de dĂ©chirements introspectifs profonds, voire de blessures liĂ©s Ă  des traumatismes vĂ©cus. Comme Shostakovich dont PARATY a aussi publiĂ© une Ă©tonnante et très convaincante intĂ©grale des Ĺ“uvres pour cordes avec piano, Proko ne cesse d’interroger par son alliance très efficace et captivante, entre virtuositĂ© libre et versatilitĂ© permanente ; ivresse lyrique et tension terrifiĂ©e ; les contrastes et ruptures de rythmes, les changements jamais prĂ©visibles du parcours harmonique, l’éclatement mĂŞme du discours, surprennent en permanence l’auditeur car l’on sent bien ici que la forme exprime des conflits jamais totalement rĂ©solus. Comme Shostakovitch, Prokofiev a Ă©tĂ© inquiĂ©tĂ© et harcelĂ© par le rĂ©gime stalinien et l’autoritĂ© d’andrei jdanov.

En guise « d’apetizer », c’est bien de commencer piano dolce par les 5 Mélodies Op.35 bis : cycle qui lui aussi sous couvert de masques mélodiques, parfois affables, et joliment séducteurs, camoufle une vérité, une conscience aiguë de la barbarie (Prokofiev dut s’exiler avant de revenir en URSS à partir de 1932). Il y a toujours comme chez Shosta, ce double langage qui est fausse activité de l’équilibre. L’écoute attentive des 5 Mélodies fait entendre ce chant de l’âme, meurtrie, inquiète et grave, sous l’apparente expressivité. Le violon de Kristi Gjezi sonne comme une brûlure souple et lumineuse qui met en avant l’étonnante fluidité mélodique du programme entier. Evidement, plus manifeste encore dans les 5 chansons écrites à l’origine pour la cantatrice Nina Koshets, créatrice du rôle de Fata Morgana dans L’Amour des 3 oranges, créé à Chicago en 1921. De l’entente entre piano et violon, surgit des trésors de nuances secrètes et enivrantes, très inspirées par le folklore slave : mélancolie grave et oublieuse, langueur suspendue d’une ineffable douceur inquiète (1) ; sourdes ondulations coulantes du Lento ma non troppo (2) ; intensité libérée ivre et éperdue (3) ; Allegretto joué idéalement scherzando, d’une insouciance badine presque cabotine (4) ; enfin, merveille de l’andante non troppo (5) qui trouve ici le ton juste dans l’éternel basculement d’un questionnement nocturne sans réponse.

 

 

Kristi Gjezi & Louis Lancien jouent Prokofiev
Intégrale des œuvres pour violon et piano

Terreur secrète

 

 

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Les deux interprètes – le violoniste Kristi Gjezi et le pianiste Louis Lancien affirment ici d’évidentes affinitĂ©s avec l’Ecole russe, restituant une gĂ©nĂ©alogie d’auteurs inspirants de Rachamninov Ă  Prokofiev sans omettre Scriabine ni Medtner. Kristi pour sa part rapelle l’importance du violon russe depuis Oistrakh, lui-mĂŞme Ă©tendard et outil de la propagande soviĂ©tique, et fondateur de l’école russe de violon. ImmĂ©diatement se prĂ©cise la relation très ambiguĂ« de l’excellence artistique et de la rĂ©alitĂ© du pouvoir politique ; une situation singulière qui dĂ©termine le langage Ă  double voire triple lecture des Chostakovitch et Prokofiev dont l’œuvre pour violon et piano inspire ainsi ce premier album Ă©ditĂ© par PARATY.
Les 2 Sonates expriment cette ambivalence et une activité souterraine qui mêle sérénité, inquiétude, gravité voire terreur rentrée.
La première amorcée aux USA en 1938 est achevée en 1946, alors que la 2è est terminée à Moscou depuis 1943 (originellement destinée à la flûte). Les deux se chevauchent donc, offrant des facettes aussi multiples que complémentaires d’une intranquilité viscérale.
Sur les traces de son créateur David Oistrakh en 1946, la Sonate n°1 permet au violon élégantissime de Kristi Gjezi (1er violon du Capitole de Toulouse sous la direction de Tugan Sokhiev), d’étirer sa soie solaire et agile, révélant tout ce qu’ont de dissemblable en réalité les deux Sonates simultanées. Le style néoclassique de Prokofiev n’empêche pas des sauts et ruptures harmoniques que la souplesse de sa ligne rythmique, sa grande clarté d’élocution, unifie dans chaque mouvement. L’âpreté douce amère, voire hallucinée et terrifiée de la Sonate n°1 (2è mvt : Allegro brusco), dont Oistrakh joua le 1er mvt (Andante assai au climat lunaire indéterminé lui aussi) pour les funérailles de son ami Prokofiev en 1953). Avouons notre nette préférence pour la n°1, sans concessions ni argument mélodique gratuit ; il y règne une acidité native, une absence d’emportement ou d’abandon, un relief et une morsure menaçant à chaque mesure, que le jeu complice des deux interprètes ici rétablit idéalement. La Sonate n°2 bien que tout aussi versatile et riche de nuances offre moins de contrechamps subtiles et suggestifs : elle en sort plus linéaire et simple. Presque plus banalement bavarde.
L’équilibre entre les deux parties, leur finesse d’intonation en partage sont superlatifs. Dans chaque partition, se déploie au clavier comme au violon, maîtrisés par deux super solistes (le violoniste Kristi Gjezi et le pianiste Louis Lancien) cette scansion parodique à la Chosta, une électricité rythmique naturelle qui dégage ses pointes mordantes, ironiques et secrètement amères voire acides ; sans jamais rompre malgré les ruptures et syncopes, la ligne mélodique qui est souveraine. La sensibilité des interprètes envoûte littéralement. A suivre.

 

 
 

 

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CLIC D'OR macaron 200CD, critique. PROKOFIEV : complete works / intĂ©grale de l’œuvre pour VIOLON ET PIANO – Kristi Gjezi (violon). Louis Lancien (piano) – 1 cd PARATY, 2018 – Paraty 149182 – Pias distribution.

http://paraty.fr/portfolio/prokofiev-complete-original-works-for-violon-piano/

 

 

 

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SHOSTA-CHOSTAKOVITCH-CD-PARATY-critique-cd-review-cd-critique-par-classiquenews-PARATY_718232_Shostakovich_Ensemble_COUV_HMLIRE aussi CD événement, SHOSTAKOVICH / CHOSTAKOVITCH : complete chamber music for piano and strings / DSCH – Shostakovich ensemble (2 cd PARATY (parution nov 2018)

https://www.classiquenews.com/teaser-video-chostakovitch-integrale-de-la-musique-de-chambre-pour-piano-et-cordes-paraty-productions/

 

 
 

 

CD événement, annonce. CLAIRS DE LUNE : QUATUOR MANFRED. Nuits d’été de Berlioz, Mélodies de Fauré : transcriptions. Quatuor de Fauré (1 cd PARATY)

CD Ă©vĂ©nement, annonce. CLAIRS DE LUNE : QUATUOR MANFRED. Nuits d’étĂ© de Berlioz, MĂ©lodies de FaurĂ© : transcriptions. Quatuor de FaurĂ© (1 cd PARATY) – Le Quatuor Manfred « ose » transcrire Ă  4 cordes seules (auxquelles rĂ©pond le chanteur soliste Jean-Paul FauchĂ©court), les mĂ©lodies de Berlioz : Les Nuits d’étĂ© en sortent sublimĂ©es. Le rĂ©sultat est un miracle de musicalitĂ© concertante et textuelle. La fine texture instrumentale restitue les couleurs de l’imaginaire berliozien, tout en prĂ©servant l’acuitĂ© et le relief du verbe poĂ©tique.
BERLIOZ FAURE CLAIRS DE LUNE CD PARATY critique annonce cd paraty critique review cd classiquenews mai juin 2019Franchise de l’émission, sincérité de l’intonation, le ténor ne calcule rien, évite toute affectation comme toute posture pour négocier la très juste déclamation berliozienne. Les Nuits d’été forment le modèle absolu de la mélodie française accompagnée, et sans le concours de l’orchestre au complet, mais dans l’intimité éloquente du quatuor à cordes, en son économie épurée, essentielle, chaque séquence gagne une profondeur, une vérité accrue. Les Manfred réalisent ici l’un de leur meilleur album : derrière la couleur berliozienne, s’écoute aussi ce qui fait leur parcours identitaire, comme un arrière plan chantant : leur intégrale des Quatuors de Haydn, de Schubert… La couleur, le son, l’écoute et cet équilibre des timbres forment le plus pur halo résonant autour de la voix soliste, riche en connotations et perspectives oniriques (pleurs et amertume sans minauderie du lamento endeuillé « Sur les lagunes »…) : la mélodie atteint un sommet de la souffrance assumée, avant la profonde solitude éprouvée face à l’Absence (de l’aimée) de la mélodie qui suit : il faut un legato infini (aigus tenus, non vibrés, clairs et droits), et une articulation précise et naturelle pour réussir les défis expressifs : Jean-Paul Fauchécourt réussit tout cela, délivrant une leçon de prosodie subtile et sensible. Tout s’accomplit entre allusion et évanouissement dans « Au cimetière », énoncé comme le dernier râle d’une vie d’amour et de tendresse exaucés… comme une vision narrée, entre réalité et songe ivre. La fusion sonore des instruments et de la voix se révèle particulièrement convaincante ici. La simplicité et l’articulation du chanteur font toute la valeur de sa lecture des 6 mélodies de Berlioz d’après Gautier.

Les transcriptions de l’altiste du Quatuor Manfred, Emmanuel Haratyk saisissent par l’intelligence et l’extrême sensibilité de la conception, produisant la souplesse détaillée du geste, des options, de toutes les nuances instrumentales dont les 4 instrumentistes ont désormais le secret. Tout relève ici de l’alchimie expressive et des équilibres ténus. L’intonation et la sonorité des cordes s’avèrent même miraculeuse tellement leur travail colle à l’articulation de la voix. Travail d’accentuation et de correspondances instruments / voix / texte, d’une extrême délicatesse : le résultat est saisissant : en cela « Au cimetière » est l’acmé du cycle : « son clair de lune » respire la langueur enveloppante de Schubert ; diffuse l’extase empoisonnée de Wagner. La musicalité qui s’en dégage est irrésistible. Et l’espérance qui naît dans « L’île inconnue » se pare de cette même torpeur hallucinée, couleur du rêve et de l’enchantement qui unit toute l’approche.Remarquable.

CLIC D'OR macaron 200Les Nuits sont couplées avec le Quatuor de Fauré : nourri à la même source, d’une vive et ardente vie intérieure, parsemée d’éclairs et de douceur triste. Comme inspiré par son sujet, Emmanuel Haratyk ajoute 6 transcriptions d’après 6 mélodies du même Fauré dont La chanson du pêcheur d’après Théophile Gautier fait le lien avec les 6 Berlioz miraculeux qui ont précédé. Au geste allusif, introspectif ou véhément des cordes en grâce, répond la voix du ténor, faite, simplicité, naturel, poésie. Magistral. D’autant plus opportun en cette année BERLIOZ 2019 (dossier spécial classiquenews : BERLIOZ 2019 : sélection concerts festivals opéras, cd et livres BERLIOZ 2019).

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BERLIOZ FAURE CLAIRS DE LUNE CD PARATY critique annonce cd paraty critique review cd classiquenews mai juin 2019CD Ă©vĂ©nement, annonce. CLAIRS DE LUNE : QUATUOR MANFRED. Nuits d’étĂ© de Berlioz, MĂ©lodies de FaurĂ© : transcriptions. Quatuor de FaurĂ© (1 cd PARATY – enregistrement rĂ©alisĂ© Ă  Paris en mai 2018) – Parution le 31 mai 2019. Grande critique Ă  venir dans le mag cd dvd livres de classiquenews – CLIC de CLASSIQUENEWS de mai et juin 2019

ENTRETIEN AVEC… MARIE VERMEULIN : Ă  propos des Schumann, Clara & Robert Schumann…

CLIC D'OR macaron 200ENTRETIEN AVEC… MARIE VERMEULIN : à propos des Schumann, Clara & Robert. A l’occasion de la sortie de son nouvel album dédié au couple Schumann, Clara et Robert Schumann (1 cd PARARY, CLIC de classiquenews de mars 2019), la pianiste française Marie Vermeulin nourrit sa propre réflexion sur l’écriture et le sens des oeuvres pour piano de chacun des auteurs. Deux sensibilités, lumineuses, ardentes, spécifiques… qui plus est, complémentaires et en affinité, qui ont formé de leur vivant un seul cœur ; et sur le plan musical, continuent de composer comme les deux faces d’une même personnalité. A partir de leurs messages secrets, décryptables d’eux seuls, dans leur musique, la pianiste dévoile les aspects d’une conversation unique, singulière… où la musique, accomplie en « formes brêves », est une mystique de l’amour, le flux naturel d’une complicité à deux voix. Dans cette constellation où les œuvres de Robert sont mieux connues, jaillit le gemme de la Romance en la mineur de Clara, déclaration et confession bouleversante… Entretien exclusif pour CLASSIQUENEWS.

 
 
 

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CLASSIQUENEWS / CNC : Quelle image avez-vous du couple SCHUMANN, humainement et artistiquement ?

Marie Vermeulin : Les écrits des deux époux sont assez éloquents, et révèlent un couple fort et uni quelques soient les évènements tragiques qu’ils aient pu traverser. Ils éprouvaient l’un pour l’autre une très grande admiration et un amour solide, qui les inspiraient et nourrissaient leurs énergies créatrices. Je pense notamment à cette phrase célèbre de Robert Schumann : « La postérité doit nous regarder comme un seul cœur et une seule âme. »
Depuis qu’est né ce projet de disque, j’ai du mal à imaginer l’un sans l’autre. Les dissocier serait finalement les amputer d’une partie d’eux-mêmes. Je crois que la musique a été pour eux le lieu d’une infinité d’échanges les plus intimes, ouvrant sur un accomplissement de leur couple, encore plus intense.

 
 
 

Clara et Robert : une conversation imaginaire…

 
 
 

CLASSIQUENEWS / CNC : Comment avez-vous conçu les pièces de ce programme ? Sur quels critères ? Comment avez-vous réalisé les enchaînements ?

Marie Vermeulin : On connait les messages voilés que s’adressaient constamment Clara et Robert Schumann à travers la musique, et il m’est apparu intéressant de recréer une conversation imaginaire entre ces deux immenses musiciens.
J’ai sélectionné des œuvres avec lesquelles j’avais eu des affinités particulières en concert, et qui me paraissaient correspondre au propos du projet. La forme brève m’a parue idéale pour souligner l’intimité de ce dialogue entre les deux époux.
Quant au choix de l’ordre des pièces, j’avais pensé à une alternance régulière, mais j’ai préféré respecter la chronologie afin d’être fidèle à leur histoire, et mieux entendre les évolutions de leurs langages.
Le dialogue se joue sur deux périodes, de jeunesse d’abord, entre les Soirées musicales de Clara, dont certains éléments thématiques seront repris par Robert plus tard, et les Scènes d’enfants de Robert , réponse des plus poétiques à un message de Clara : « Tu me fais parfois l’effet d’un enfant ! »
Après les premiers échanges de jeunesse, le dialogue se poursuit au sein de pièces plus tardives, qui mettent en évidence l’évolution de leurs styles respectifs : les Scènes de la forêt de Robert qui, dans la forme, constituent le plus merveilleux des échos aux Scènes d’enfants, augurent déjà dans le fond les heures les plus sombres du compositeur. Mais l’évolution de langage est surtout remarquable dans la Romance en la mineur, composée par Clara pour Robert, véritable chef-d’œuvre de maturité qui vient ici clôturer l’échange tel un adieu.

 
 
 
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CLASSIQUENEWS / CNC : Distinguez-vous des spĂ©cificitĂ©s entre l’Ă©criture de Robert et de Clara ? Des influences, des filiations entre les deux ?

Marie Vermeulin : Malgré leur proximité intellectuelle et physique, on perçoit bien deux esthétiques très différentes. Le style de Clara Wieck-Schumann est assez original, se distinguant par un grand lyrisme, souvent teinté de nostalgie. On sent aussi une grande force, une autorité et une aisance naturelles, révélées tantôt par une virtuosité affirmée, tantôt par des modulations audacieuses.
Le langage de Robert me semble quant à lui nourri par un imaginaire poétique et littéraire, animé de « personnages » contrastés, qu’il met en scène avec une simplicité dont lui seul a le secret.
Mais chez les deux époux, on retrouve une énergie créatrice de même nature et de même importance, un besoin vital d’être tout entier dans la musique.
Les filiations et influences sont réciproques ; ainsi, lorsque l’on écoute une œuvre d’un des deux compositeurs, le second n’est jamais très loin, figurant en filigrane dans la musique, par des citations, des allusions, des messages cachés…
On pense souvent au couple Schumann en se reprĂ©sentant Robert en compositeur et Clara en muse pianiste. J’ai pris le parti dans ce projet de considĂ©rer les deux musiciens comme deux compositeurs pianistes, se dĂ©finissant chacun par un univers musical spĂ©cifique, mais enrichi de la proximitĂ© et de la complicitĂ© de l’autre et de la force du couple.

 
 
 

CLASSIQUENEWS / CNC : Comment caractĂ©riser le flux musical de Robert Schumann ? Entre Florestan et EusĂ©bius ? Comment l’interprète rĂ©ussit-il Ă  concilier les deux directions et caractères ?

Marie Vermeulin : L’œuvre de Schumann est une musique de l’instant, qui se lit comme un poème jaillissant directement de l’imaginaire du compositeur. Souvent d’ailleurs tout est dit en quelques notes, et c’est pour cette raison que la forme brève lui va si bien.
Mais c’est toute la difficulté de l’interprétation que d’entrer immédiatement dans la justesse du ton, en lui donnant le cadre propice, et de savoir changer instantanément d’ambiance et de climat.
J’ai imaginé ces petites scènes en essayant d’être à la fois l’acteur qui joue la scène, en se mettant dans la peau de différents personnages, et le metteur en scène qui leur donne un cadre. Ce dédoublement de personnalité est finalement assez Schumannien !

 
 
 

CLASSIQUENEWS / CNC : On sait que Clara Ă©tait une pianiste – plus cĂ©lèbre encore que Robert. Comment dĂ©finiriez-vous le pianisme de Clara (technique, inspiration, dĂ©veloppement formel… ?

Marie Vermeulin : On sent indéniablement en jouant l’œuvre de Clara Schumann que celle-ci était pianiste, et une pianiste extrêmement douée, virtuose et passionnée. On relève clairement la difficulté d’exécution de certains passages, des audaces dans les déplacements notamment, qu’elle réussissait sans doute à jouer. Cela laisse supposer qu’elle était dotée de grandes mains, alliées d’une souplesse et d’une agilité hors du commun.
Formée par son père, grand pédagogue qui lui inculque toutes les ressources de l’harmonie,
Clara ose dans ses compositions des accords hardis, et des modulations inattendues.
Ses œuvres pianistiques de jeunesse notamment semblent s’inspirer beaucoup de Mendelssohn, et plus encore de Chopin : avec son thème « rubato » à trois temps, son expressivité pudique et tragique à la fois, la mazurka en sol mineur des Soirées musicales pourrait même être considérée comme un superbe hommage à Frédéric Chopin.

Propos recueillis en avril 2019.

Illustrations : © William Beuacardet

 
 
   
 
 

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SCHUMANN clara cd critique review cd annonce classiquenews Paraty_219218_Vermeulin_Schumann_HM_COUVLIRE aussi notre critique du cd CLARA et ROBERT SCHUMANN par Marie Vermeulin, piano (1 cd PARATY) – CLIC de CLASSIQUENEWS de mars 2019. « L’acuitĂ© du propos, l’enivrement poĂ©tique, la courbure rythmique, cette passion qui coule comme une eau trĂ©pidante et nerveuse… s’entendent ici de l’une Ă  l’autre crĂ©ateur/trice. Marie Vermeulin exploite et explore les resources expressives du piano viennois Bösendorfer 280. Le couple incarne un idĂ©al artistique et humain, malheureusement fauchĂ© par la maladie psychique de l’époux et complice… »

https://www.classiquenews.com/cd-annonce-clara-robert-schumann-marie-vermeulin-piano-1cd-paraty-2018/

 
 
   
 
 

CD, annonce. Clara & Robert Schumann : Marie Vermeulin, piano (1cd PARATY – 2018)

SCHUMANN clara cd critique review cd annonce classiquenews Paraty_219218_Vermeulin_Schumann_HM_COUVCD, annonce. Clara & Robert Schumann : Marie Vermeulin, piano (1cd PARATY). Enregistré par Hugues Deschaux, le présent album confirme la sensibilité suggestive de la pianiste Marie Vermeullin qui signe ici son 2è cd chez le label Paraty. Symptôme de notre époque en mal (justifié) d’égalité et de parité, l’interprète inspirée, met dans la balance à égalité, l’écriture pianistique de Clara et de Robert Schumann, couple à la ville comme à la scène… mais à la différence de maintenant, c’est la pianiste renommée Clara qui était plus connue que son mari de compositeur. Voilà un programme qui pourrait être repris dans tous les festivals de France et de Navarre pour répondre à la question délicate de la parité et du …talent, car Clara (Soirées musicales opus 6 de 1836) est loin de démériter face à l’éloquence ambivalente, une face Eusébius, l’autre Florestan / entendez contemplative / fougueuse-, de Robert.

Marie Vermeulin retrouve la complicité et l’entente du jeu dialogué entre Clara et Robert

Le couple SCHUMANN, en conversation

 

 

 

Ses Soirées conçues par une jeune compositrice interprète de 15 ans, sont jouées par un Liszt aussi engagé qu’admiratif. Lui « répond » en un dialogue retrouvé deux ans après (1838), les Scènes d’enfants / Kinderszenen opus 15 de Robert, père manifestement enchanté, inspiré… qui s’adresse aux petits enfants, étant lui-même un « grand enfant »… ces mêmes pièces, jaillissement et chant fiévreux de l’innocence, que joue Liszt pour sa propre fille de 3 ans. 9 ans séparent Robert de Clara ; et toujours dans leur correspondance, leur journal surtout écrit à 4 mans surgit la claire activité de deux écritures portées par le respect et la connivence.

L’acuité du propos, l’enivrement poétique, la courbure rythmique, cette passion qui coule comme une eau trépidante et nerveuse… s’entendent ici de l’une à l’autre créateur/trice. Marie Vermeulin exploite et explore les resources expressives du piano viennois Bösendorfer 280. Le couple incarne un idéal artistique et humain, malheureusement fauché par la maladie psychique de l’époux et complice, lequel laisse une œuvre inouïe par sa lumière et son inspiration dramatique. Mais le piano est ce lieu des confessions et des conversations que Marie Vermeulin sait questionner et éclairer d’une vitalité personnelle, passionnante.

Robert Schumann, d’une inspiration bouillonnante et spontanĂ©e, Ă©crit en 1838: “Vois-tu, j’ai quelquefois l’impression que je vais finir par Ă©clater de musique, tant les idĂ©es se pressent et bouillonnent en moi quand je songe Ă  notre amour.
Avant son mariage avec Robert, Clara Wieck note dans son journal en 1839: “Une femme ne doit pas prĂ©tendre composer, aucune n’a Ă©tĂ© encore capable de le faire, pourquoi serais-je une exception?”. Cette phrase est terrible car elle souligne les prĂ©jugĂ©s de cette Ă©poque, auxquels font Ă©chos les prĂ©conçus de la nĂ´tre. Les chemins de l’égalitĂ© sont encore sinueux. Mais le progrès avance. Ce programme intelligent et cohĂ©rent en tĂ©moigne. A suivre.

 

 

 

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CD, annonce. Clara & Robert Schumann : Marie Vermeulin, piano (1cd PARATY – enregistrement dĂ©c 2018, PARIS).

 

 

 

 

 

 

CD Ă©vĂ©nement, annonce. Alessandro SCARLATTI : L’Assunzione della Beata Vergine (EB Monaco, M Peyrègne – 1 cd PARATY, nov 2017)

A-SCARALTTI-cd-critique-actus-infos-musique-classique-baroque-classiquenews-ENSbar_Monaco_COUV_HM-300x300CD Ă©vĂ©nement, annonce. Alessandro SCARLATTI : L’Assunzione della Beata Vergine (EB Monaco, M Peyrègne – 1 cd PARATY, nov 2017)… RESURRECTION MAJEURES… PortĂ© par le chanteur et chef, Mathieu Peyrègne, l’Ensemble Baroque de Monaco Ă©dite chez PARATY, un oratorio marquĂ© par l’incandescence dramatique et la sensualitĂ© brĂ»lante telles que seul le Baroque italien fut capable de le ciseler Ă  la fin du XVIIè par un Caldara (cf son oratorio Ă©blouissant et très proche Il Primo Omicidio) ou le premier pilier de la dynastie Scarlatti, Alessandro qui incarne la puretĂ© du style napolitain le plus sĂ©duisant, proche des VĂ©nitiens par sa flexibilitĂ© et sa suavitĂ© dramatique, avant les sĂ©cheresses du plein XVIIIè. Oratorio, opĂ©ra, l’œuvre ainsi restituĂ©e en première mondiale est les deux en rĂ©alitĂ© car les climats Ă©motionnels, l’architecture de la partition (diverse, cultivant solos et duos entre l’épouse, l’époux – deux sopranos-, Amour et EternitĂ©), exploite toutes les ressources signifiantes d’un texte souvent dĂ©chirant, incarnĂ© par le chant Ă  la fois articulĂ© et expressif de la soprano Aurora Peña, pilier vocal de cette partition Ă©blouissante en particulier dans les rĂ©citatifs … embrasĂ©s, ardents, dĂ©clamĂ©s, habitĂ©s.
La prĂ©sente rĂ©vĂ©lation souligne le patronage et le goĂ»t musical Prince Antoine 1er de Grimaldi (1661 – 1731) « qui fut un grand passionnĂ© de musique Ă  la fin du XVIIème siècle ». Alessandro Scarlatti (contemporain du Prince) a créé l’oratorio L’Assunzione della Beata Vergine lors de l’intronisation du Prince, Ă  la succession de son père Louis 1er Grimaldi (1701).
SCARLATTI-alessandro-portrait-opera-oratorio-classiquenews-actualites-annonce-infos-classiquenews-musique-classique-scarlatti_alessandroIl s’agit donc de la rĂ©surrection d’un chef d’oeuvre de dĂ©votion et de ferveur, propre au contexte monĂ©gasque du tout dĂ©but XVIIIè. Linguistique, dramatique, la partition Ă©claire surtout un texte original sur le thème de l’amour de Marie et de son Ă©poux, Ă©clairĂ© par une langue lumineuse et directe. VoilĂ  qui accrĂ©dite l’admiration de Debussy pour Alessandro, « l’Orpheus italien » (Monsieur Croche, 1921), … Ă©gal enfin rĂ©vĂ©lĂ© d’un Purcell et aussi d’un Haendel. Concernant l’éditeur, PARATY reprend le flambeau des labels qui hier audacieux, inspirĂ©s, savaient diffuser le meilleur des recherches musicologiques les plus rĂ©centes dans le champs aujourd’hui Ă©teint du Baroque. Une recrĂ©ation mondiale majeure qui ressuscite ce goĂ»t pour les trĂ©sors oubliĂ©s des XVIIè et XVIIIè. Ce Scarlatti fulgurant, palpitant est l’écho des grandes dĂ©couvertes musicologiques et discographiques de ce qui fit hier l’âge d’or de la rĂ©volution baroqueuse des annĂ©es 1970, 1980, 1990… Ce disque essentiel souligne la force du tempĂ©rament lyrique et dramatique d’Alessandro (1660-1725), fondateur de l’école napolitaine, Ă©gal des suiveurs et disciples de la grande leçon de Monteverdi : Cesti, Cavalli,… Alessandro fait la synthèse de Carissimi et Monteverdi, de Stradella et Legrenzi ; Ă  Rome, Alessandro est proche de Corelli ; les deux sont protĂ©gĂ©s par la Reine Christine de Suède. Par sa diversitĂ© et son raffinement, l’oeuvre d’Alessandro Scaralatti annonce celle de Mozart. On comprend donc la valeur de la partition ainsi ressuscitĂ©e, quand tous les opĂ©ras de l’auteur , sans omettre ses nombreuses partitions sacrĂ©es, demeurent encore oubliĂ©es, Ă©cartĂ©s… non jouĂ©es.

 

 

 

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CLIC D'OR macaron 200CD élu CLIC de CLASSIQUENEWS de février 2019 : Grande critique à venir du cd Alessandro SCARLATTI : L’Assunzione della Beata Vergine par l’Ensemble Baroque de Monaco, Mathieu Peyrègne, dans le mag cd dvd livres de CLASSIQUENEWS.

 

 

 

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Plus D’INFOS sur le site de PARATY :
http://paraty.fr/portfolio/lassunzione-della-beata-virgine-alessandro-scarlatti/

 

 

 

 

 

 

CD, annonce. TITELOUZE : Messes retrouvées, Vol. 1 (Les Meslanges / 1 cd PARATY)

titelouze messes retrouvĂ©es de jehan titelouze paraty critique cd cd review par classiquenewsCD, annonce. TITELOUZE : Messes retrouvĂ©es, Vol. 1 (Les Meslanges / 1 cd PARATY) – Fin novembre 2016, le musicologue Laurent Guillo dĂ©couvre Ă  la Bibliothèque de Fels Ă  l’Institut Catholique de Paris un recueil de 26 Ĺ“uvres musicales du dĂ©but du XVIIe siècle, dont 4 messes de Jehan Titelouze (1563 – 1633), organiste de la cathĂ©drale de Rouen et qui serait le fondateur de l’école d’orgue française. Les 4 messes imprimĂ©es en 1626 documentent le rĂ©pertoire sacrĂ© au carrefour de la Renaissance et Baroque, de la fin du XVIè au dĂ©but du XVIIè. Uniques partitions de l’époque Ă  mĂŞler voix et orgue, 2 sont Ă  quatre voix (Missa In ecclesia, Missa Votiva) et 2 Ă  six voix (Missa Simplici corde, Missa Cantate). L’ensemble Les Meslanges, (Thomas Van Essen et de Volny Hostiou, direction) les abordent en première mondiale, inaugurant la connaissance du Titelouze, compositeur de Messes, quand seules ses pièces pour orgue Ă©taient connues. EnregistrĂ© en 2017, le programme est Ă©ditĂ© par le label PARATY. Parution du Vol. 1 : 25 janvier 2019.

Le label PARATY crĂ©e l’Ă©vĂ©nement …
4 Messes pour voix et orgue de Jehan Titelouze
en première mondiale

CLIC D'OR macaron 200PARATY Ă©dite ainsi ces messes en deux volumes dont le plan est identique pour chacun : deux messes, l’une Ă  quatre et l’autre Ă  six, aux cĂ´tĂ©s d’un cantique du Magnificat et d’une hymne pour orgue avec alternance du plain-chant ou de « musique figurĂ©e »
L’enregistrement a pris soin de choisir des lieux Ă  l’acoustique propice: l’Ă©glise de Champcueil (Essonne) pour les pièces d’orgue et l’ une des quatre messes, In Ecclesia, et l’Ă©glise St Thomas de Cantorbery (Seine-Maritime) pour les trois messes et d’autres pièces polyphoniques en alternance.
Chanteurs & instrumentistes impliquĂ©s sur le mĂŞme mode : les oeuvres sont jouĂ©es en “colla parte” c’est Ă  dire en doublant les voix par des instruments, selon un usage avĂ©rĂ©. Par l’Ă©loquence expressive du geste, le soin apportĂ© Ă  l’Ă©quilibre sonore (orgue / autres instruments / texte chantĂ©), le sens des couleurs, la clartĂ© du contrepoint, l’accent ciselĂ© des voix, la lecture suscite l’enthousiasme et permet de prendre la mesure de la redĂ©couverte sonore d’un Titelouze ainsi rĂ©habilitĂ©.  CLIC de CLASSIQUENEWS.

Détail des cd PARATY
4 MESSES de JEHAN TITELOUZE

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CD1 : parution le 25 janvier 2019.
MISSA SEX VOCUM CANTATE (Paris, Ballard, 1626)
7 chanteurs et 6 instruments: cornet, cornet, sacqueboute tenor , sacqueboute tenor, sacqueboute tenor, serpent.
Cécile Dalmon, Eva Godard cornet à bouquin, sexta pars
Esther Labourdette, Sarah Dubus cornet Ă  bouquin, cantus
Raphael Mas, Claire McIntyre sacqueboute, quinta pars
Damien Rivière, Christiane Bopp sacqueboute, tenor
Vincent Lièvre-Picard, Arnaud Brétécher sacqueboute, tenor
Thomas Van Essen, Florent Baffi, Volny Hostiou serpent, bassus

- Jehan TITELOUZE / Jean de BOURNONVILLE, HYMNE PANGE LINGUA
Alternance Grand orgue (Hymnes de l’Eglise pour toucher sur l’orgue , 1623)./ Faux bourdons de Jean de Bournonville ( Ballard, Octo Cantica […] Cum Hymnis [...], 1612-1625).
François Ménissier, orgue
Raphael Mas, Eva Godard cornet Ă  bouquin, cantus
Vincent Lièvre-Picard, Abel Rohrbach, sacqueboute, altus
Thomas Van Essen, Volny Hostiou serpent, tenor
Florent Baffi, Arnaud Brétécher sacqueboute, bassus

- MISSA QUATUOR VOCUM IN ECCLESIA (Paris, Ballard, 1626)
4 chanteurs, cornet et serpent.
Raphael Mas, Eva Godard cornet Ă  bouquin, cantus
Vincent Lièvre-Picard, altus
Thomas Van Essen, tenor
Florent Baffi, Volny Hostiou serpent, bassus

Jehan TITELOUZE / Jean de BOURNONVILLE, MAGNIFICAT SECUNDI TONI .
Alternance grand orgue (Magnificat […] pour toucher sur l’orgue, Ballard , 1626) et polyphonie ( Octo Cantica Divae Mariae Virginis , Ballard, 1614 ).
François Ménissier, orgue
Raphael Mas, Eva Godard cornet Ă  bouquin, cantus
Vincent Lièvre-Picard, Abel Rohrbach, sacqueboute, altus
Thomas Van Essen, Volny Hostiou serpent, tenor
Florent Baffi, Arnaud Brétécher sacqueboute, bassus

 

 titelouze messes retrouvées de jehan titelouze paraty critique cd cd review par classiquenews

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CD2 : à venir d’ici fin 2019

MISSA QUATUOR VOCUM VOTIVA (Paris, Ballard, 1626)
4 Chanteurs et 4 violes de gambe.
Marie Théoleyre, Liam Fennelly dessus de viole, cantus
Vincent Lièvre-Picard, Sylvia Abramowicz taille de viole, tenor
Thomas Van Essen, Françoise Enock taille de viole, tenor
Florent Baffi, Jonathan Dunford basse de viole, bassus

- Jehan TITELOUZE, Hymne ANNUE CHRISTE
Alternance Grand orgue (Hymnes de l’Eglise pour toucher sur l’orgue , 1623) et plain-chant (voix et serpent)
François Ménissier, orgue
Plain-chant: NN, Thomas Van Essen, Florent Baffi et Volny Hostiou (serpent)

- MISSA SEX VOCUM SIMPLI CORDE
6 chanteurs et 6 instruments: cornet, cornet, sacqueboute tenor , sacqueboute tenor, sacqueboute tenor, serpent.
Cécile Dalmon, Eva Godard cornet à bouquin, Sexta pars
Marie Théoleyre, Sarah Dubus cornet à bouquin, cantus
Vincent Lièvre-Picard, Claire Mac Intyre sacqueboute, altus
NN, Christiane Bopp, tenor
Thomas Van Essen, Arnaud Brétécher sacqueboute, quinta pars
Florent Baffi, Volny Hostiou serpent, bassus

Jehan TITELOUZE / Jean de BOURNONVILLE, MAGNIFICAT QUINTI TONI .
Alternance grand orgue (Magnificat […] pour toucher sur l’orgue, Ballard , 1626) et polyphonie ( Octo Cantica Divae Mariae Virginis , Ballard, 1614 ).
1 organiste (grand orgue)
4 chanteurs 4 instrumentistes: cornet, sacqueboute, sacqueboute, serpent.
François Ménissier, orgue
Cécile Dalmon, Eva Godard cornet à bouquin, cantus
Raphael Mas, Claire Mac Intyre sacqueboute, altus
Vincent Lièvre-Picard, Arnaud Brétécher, tenor
Thomas Van Essen, Florent Baffi, Volny Hostiou serpent, bassus

CD, annonce. TITELOUZE : Messes retrouvĂ©es, Vol. 1 (Les Meslanges / 1 cd PARATY) – Quatre nouvelles messes de Jehan Titelouze (vers 1563-1633)” – Ensemble Les Meslanges

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VIDEO
https://www.youtube.com/watch?time_continue=13&v=SEawG8kphtM

CD critique. DEBUSSY par Véronique BONNECAZE, piano (1 cd PARATY 2018)

bonnecaze véronique cd debussy classiquenews annonce critique cdCD critique. DEBUSSY par Véronique BONNECAZE, piano (1 cd PARATY 2018). Somptueuse leçon de piano, le DEBUSSY de Véronique Bonnecaze captive autant par la réalisation musicale que la justesse poétique. Le choix du Bechstein 1900 est pertinent et très fécond, rappelant combien la sonorité est une question de toucher mais aussi de mécanique, l’équilibre entre les deux, révélant évidemment le tempérament des plus grands. A notre connaissance aucun des plus grands interprètes internationaux ne partage avec Véronique Bonnecaze cette réflexion (et cette audace) sur le choix de l’instrument, en affinité avec le répertoire et l’esthétique concernés. Tous les plus médiatisés, d’Argerich à Pollini et Freire, sans omettre les talents de la nouvelle génération, de Grosvenor à Trifonov (Malofeev a encore du temps pour polir davantage son propre son), et l’on ne parle pas des lolitas people (telles Yuja Wang ou Alice Sara Ott): tous sans exception jouent sur Steinway ou Yamaha voire Fazioli. Notre époque est donc au formatage sonore. Voilà donc dans le choix du piano, une approche qui se distingue… née d’un soin spécifique qui relève d’une approche artisanale. Et elle fonctionne admirablement.
Véronique Bonnecaze a elle-même souligné combien grâce au Bechstein, une marque appréciée par Claude Debussy, les mélanges et superpositions des harmonies sont comme « régénérées » grâce au piano d’époque. Cela profite aussi à cette quête spécifique du timbre qui ouvre de nouveaux espaces, cultive des sensations inédites, réinvente l’expérience de l’auditeur.
La maîtrise technique et la hauteur de vue sur le plan poétique éclatent dès « Clair de lune », extrait de Suite Bergamasque, d’après Verlaine et qui est une pièce de jeunesse (1890) : techniquement assez aisée, la séquence célèbre en très peu de notes, l’évasion vers la sensualité suspendue, porte des imaginaires ; en un jeu intérieur, c’est un nocturne amoureux, ou un souvenir intime dont la caresse produit une extase toujours renouvelée. Le jeu de Véronique Bonnecaze montre tout ce qui compose le génie de Debussy : son sens de la construction, son goût de la couleur, tout inféodés à l’intensité du souvenir qui ressuscite ; c’est comme la madeleine de Proust : une sensation qui s’électrise à mesure qu’elle est réitérée. On y retrouve dans les bémols (5 à la clé), la puissance harmonique des climats de Prélude à l’après-midi d’un faune : autre volupté souveraine. Magnifique entrée en matière pour ce programme idéalement conçu.
Séquence plus lumineuse encore, L’Isle joyeuse (1904) s’inscrit pleinement dans le choix du Bechstein : la mécanique maîtrisée exprime cet élan vers la vie, cet appel fluide et continument ondulant à l’extase… amoureuse elle aussi car Debussy sur l’île de Jersey célèbre alors sa passion pour Emma Bardac, avec laquelle il partage désormais sa vie. La matière sonore s’électrise là aussi, mais en s’allégeant, immatérielle et climatique, fusionnant l’image de l’île et le vent marin qui glisse et s’évade. Véronique Bonnecaze convoque idéalement ce Debussy poète, ivre de la sensation, collectionneur des climats, grand alchimiste des éléments mêlés et sublimés.

Avec Images de 1907 (2è série), nous sommes encore dans l’enivrement des sens, servi par une technique de plus en plus allusive, picturale, et … quasi abstraite. « Poissons d’or » désigne les poissons scintillants dans l’onde (les « Goldfishes » des anglais) dont l’écriture exprime l’immatérialité active, la sensation fugitive des écailles et de l’oeil du poisson, en mouvement permanent, que le jeu de la pianiste embrase littéralement par sa digitalité là encore picturale, essentielle, vibratile. Précise, la palette des nuances ainsi restituée renvoie au panneau laqué chinois que possédait Debussy et qui représentait des poissons de nacre et d’or. Davantage qu’une description, c’est la sensation même su sujet ; l’impressionnisme de Debussy cristallise la forme évanescente du poisson dont le piano exprime la station mobile, le mouvement lui-même.
On relève cette même qualité vibratile du toucher dans « Et la lune descend sur le temple qui fut » dont l’orientalisme égrène sa matière cristalline et presque froide en une évocation qui suscite là aussi la vision poétique et picturale.
La force de l’évocation chez Debussy est de fusionner le temps et l’espace à travers un tissu sonore d’une volupté harmonique à la fois dense et vaporeuse. Véronique Bonnecaze nous fait écouter tout cela ; au compositeur poète et peintre, l’interprète détecte et révèle aussi le visionnaire cinéaste, car Debussy compose en images et en mouvement, avec un sens de la composition qui cite immédiatement des cadrages précis.

debussy-portrait-dossier-centenaire-2018C’est évidemment le cas des Préludes (Premier Livre : 1909-1910), aux titres évocateurs qui sont autant d’épisodes immédiatement caractérisés, de vrais tableaux riches en timbres, couleurs, harmonies rares et changeantes, porteuses de nuances sonores jamais conçues jusque là avec autant de force et de raffinement. Le compositeur stimule notre imaginaire : le vif argenté et foudroyant des Collines d’Anacapri ; le tumulte incisif, puissant et ciselé de Ce qu’a vu le vent d’Ouest (encore un épisode qui fusionne mouvement et image) ; la respiration allusive flattant l’archaïsme feutré de la Fille aux cheveux de lin ; les trois derniers Préludes enchantent par leur identité et leur violence maîtrisées. Debussy fait surgir sa Cathédrale engloutie au lever du soleil (pour ensuite s’enfoncer dans la mer) : en une série d’arches et de portiques qui gagnent à chaque passage l’épaisseur et le poids du mystère ; l’ampleur du monument jaillit, se dessine à mesure qu’il s’enfonce. Il y a ces deux mouvements simultanés qui pourtant se réalisent dans l’immatérialité du secret : l’ampleur sonore comme un jeu d’orgue fusionne aussi ici l’air et l’eau.

Puis Véronique Bonnecaze, synthétisant la fantaisie illimitée et libre de Mendelssohn inspiré par Shakespeare (Songe d’une nuit d’été), exprime l’humeur de Puck, le lutin espiègle et aérien, à la fois capricieux et fantasque qui avec Obéron, manipule, trompe, envoûte les amants perdus, égarés… En un jeu comme fugace et magistralement esquissé, la pianiste convoque ce monde nocturne enchanté et d’une subtilité arachnéenne qui s’accomplit dans la dernière phrase telle une ultime esquive à peine perceptible.

Du chien, du caractère et du panache,  l’esprit taquin de Minstrels résonne dans sa succession quasi heurtée et finalement très jazzy de formules à la Satie. La vitalité rythmique qui souligne aussi le goût du jeu, une facétie quasi enfantine chez Debussy, transparaît clairement dans la lecture de Véronique Bonnecaze.

CLIC_macaron_2014Fluide, ondulante, La plus que lente (1910) déploie ce somptueux abandon mais avec un sens de la retenue et du caprice… digne de Ravel. Là encore le style est élégantissime, et le toucher caressant, amusé. On ne saurait imaginer meilleur récital concluant ainsi l’année Debussy en France. Magistral récital.

 

 

 

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VOIR  le TEASER vidéo du cd DEBUSSY / Bechstein 1900 par Véronique Bonnecaze (1 cd PARATY)

http://www.classiquenews.com/video-teaser-veronique-bonnecaze-joue-debussy-bechstein-1900-1-cd-paraty/

 

 

 

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AGENDA / CONCERT

Dimanche 3 février 2019 // 16h
A la Ferme de Villefavard, Limousin
2, impasse de la Cure de l’Église – 87190 Villefavard

 

 

 

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PROGRAMME DEBUSSY par Véronique Bonnecaze

1. Clair de lune (1890)
2. L’Isle Joyeuse (1903-1904)
Images, 2e série (1907)
3. Cloches Ă  travers les feuilles
4. Et la lune descend sur le temps qui fut
5. Poissons d’or
Préludes, Livre I (1909-1910)
6. I. Danseuses de Delphes
7.II. Voiles
8. III. Le Vent dans la plaine
9. IV. « Les sons et les parfums tournent dans l’air du soir »
10.V. Les Collines d’Anacapri
11. VI. Des pas sur la neige
12. VII. Ce qu’a vu le vent d’Ouest
13. VIII. La Fille aux cheveux de lin
14. IX. La Sérénade interrompue
15. X. La Cathédrale engloutie
16. XI. La Danse de Puck
17. XII. Minstrels
18. XIII. La plus que lente L.121 (1910)
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Enregistrement réalisé en mars 2018 à la Ferme de Villefavard sur piano C. Bechstein 1900 - Prise de son, montage, mastering : Cyrille Métivier
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LIRE aussi notre présentation du CD DEBUSSY / Bechstein 1900 par Véronique Bonnecaze (1 cd PARATY)

http://www.classiquenews.com/veronique-bonnecaze-joue-debussy/

CD DEBUSSY événement : Récital Claude DEBUSSY par Véronique BONNECAZE (1 cd Paraty)

bonnecaze vĂ©ronique cd debussy classiquenews annonce critique cdVIDEO, teaser. VERONIQUE BONNECAZE joue DEBUSSY... Pour PARATY, la pianiste VĂ©ronique BONNECAZE joue Debussy sur un piano Bechstein 1900. Parution aujourd’hui vendredi 25 janvier 2019. Version française (© studio CLASSIQUENEWS.TV – RĂ©alisation : PA PHAM) –  EnregistrĂ© Ă  la Ferme de Villefavard en mars 2018 sur un piano Bechstein, le nouveau cd de la pianiste française VĂ©ronique Bonnecaze clĂ´t l’annĂ©e du centenaire Debussy 2018 et crĂ©e l’évĂ©nement en dĂ©but 2019, tant le geste pianistique, le choix des pièces et celui du piano (un Bechstein restaurĂ© pour l’occasion) et leur enchaĂ®nement suscitent l’admiration. Pianiste et compositeur, Debussy rĂ©invente le langage pianistique au dĂ©but du XXè, en Ă©troite connivence avec les mondes poĂ©tiques et littĂ©raires. En ambassadrice inspirĂ©e, VĂ©ronique Bonnecaze dĂ©tecte les allitĂ©rations et connotations allusives de l’écriture d’un Debussy poète ; le choix du Bechstein de 1900 est lĂ©gitime car Debussy travaillait sur ce type de clavier qui permet des recherches et des trouvailles aussi subtiles que spĂ©cifiques en particulier sur les Ă©tagements harmoniques… : VĂ©ronique BONNECAZE s’affirme ici CLIC_macaron_2014comme une debussyste de premier plan. L’interprète aborde des intemporels sublimes tels Clair de lune, L’Isle joyeuse ; mais aussi les perles d’une ineffable ferveur du Livre I des PrĂ©ludes (1909 – 1910), dont Danseuse de Delphes, Les Collines d’Anacapri, Ce qu’a vu le vent d’ouest, la CathĂ©drale engloutie, la Danse de Puck… Son album est l’une des plus Ă©blouissantes rĂ©ussites de l’annĂ©e Debussy, Ă©ditĂ© par le label français fondĂ© par Bruno Procopio, PARATY. CD Ă©vĂ©nement et CLIC de classiquenews de janvier 2019.

 

 

 

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LIRE ici notre prĂ©sentation “premières impressions ” du cd DEBUSSY par VĂ©ronique Bonnecaze, prochains concerts de la pianiste au fluide poĂ©tique irrĂ©sistible
http://www.classiquenews.com/veronique-bonnecaze-joue-debussy/

bonnecaze-veronique-debussy-paraty-cd-evenement-clic-de-classiquenews-582-classiquenews-critique-cd-debussy-cd-concert

 

 

 

 

LIRE aussi notre COMPTE RENDU du CONCERT Récital Liszt Debussy par Véronique Bonnecaze, au Cercle France Amériques, le 14 janvier 2019, premier concert de lancement du cd DEBUSSY / BECHSTEIN 1900 par Véronique BONNECAZE (1 cd PARATY)

 

bonnecaze véronique cd debussy classiquenews annonce critique cdCOMPTE-RENDU, concert. PARIS, cercle France-Amériques, le 14 janvier 2019. Véronique BONNECAZE, piano. LISZT, DEBUSSY. Il fallait bien attendre la fin de l’année Debussy (et donc au delà) pour disposer enfin d’une main sûre, d’une pensée entière capable d’en comprendre et la construction révolutionnaire et l’infini poétique : si l’année Debussy 2018 est bel et bien derrière nous, janvier 2019 nous renvoie à cette (triste car timide) année de célébration du centenaire, mais ici revivifiée avec éclat et pertinence grâce à l’approche de la pianiste Véronique Bonnecaze. L’expérience du concert confirme la réussite de son disque dédié au grand Claude, que fait paraître le label Paraty, ce 25 janvier 2019. Le cercle France-Amériques accueille son premier concert de lancement. LIRE la critique complète ici

 

 

 

COMPTE-RENDU, concert. PARIS, cercle France-Amériques, le 14 janvier 2019. Véronique BONNECAZE, piano. LISZT, DEBUSSY

bonnecaze véronique cd debussy classiquenews annonce critique cdCOMPTE-RENDU, concert. PARIS, cercle France-Amériques, le 14 janvier 2019. Véronique BONNECAZE, piano. LISZT, DEBUSSY. Il fallait bien attendre la fin de l’année Debussy (et donc au delà) pour disposer enfin d’une main sûre, d’une pensée entière capable d’en comprendre et la construction révolutionnaire et l’infini poétique : si l’année Debussy 2018 est bel et bien derrière nous, janvier 2019 nous renvoie à cette (triste car timide) année de célébration du centenaire, mais ici revivifiée avec éclat et pertinence grâce à l’approche de la pianiste Véronique Bonnecaze. L’expérience du concert confirme la réussite de son disque dédié au grand Claude, que fait paraître le label Paraty, ce 25 janvier 2019. Le cercle France-Amériques accueille son premier concert de lancement.

 
 
 
 

Pictural, poétique : le Debussy de Véronique Bonnecaze

 
 

Le Debussy enivrĂ©, poĂ©tique de VĂ©ronique BONNECAZE 
 

Pour commencer, il faut chauffer le clavier et affiner la projection sonore du Bechstein dans la salle Ă©crin XVIIIè en blanc et or (salon central du premier Ă©tage de l’HĂ´tel le Marois) ; les Ĺ“uvres de Liszt le permettent (3 extraits des AnnĂ©es de Pèlerinage – La Suisse) : profondeur mĂ©ditative et intimitĂ© qui s’électrise progressivement de La VallĂ©e d’Obermann ; vitalitĂ© coulante, claire, secrĂŞtement allusive d’au bord d’une source… la voici cette sensation qui semble vĂ©cue sur le motif naturel et que Debussy explore après Franz. Puis c’est la puissance narrative et la force sonore quasi abstraite d’Orage qui fait imploser le cadre linguistique… LISZT, gĂ©nie Ă©loquent et dramatique dĂ©ploie une dramaturgie mystique, Ă  force de dĂ©tails expressifs, autant d’élĂ©ments qui mettent en condition l’interprète. Et lui permettent de parcourir le clavier, d’éprouver la mĂ©canique…

Véronique Bonnecaze a bien raison de croiser les deux tempéraments. Jouer Liszt puis Debussy nous paraît excellent. Le premier, lyrique et démonstratif, compose le plus engageant des débuts de programme ; mais il n’est pas que virtuose : il est aussi poète, et même atonal, comme Nuage gris, dans sa matière flottante, évocatrice et suspendue, nous le rappelle. C’est en réalité une transition idéale vers le mystère et les tableaux sensoriels d’un Debussy, absolument inclassable. Et Debussy lui-même put écouter le Maître, détailler sa fabuleuse technicité, servante d’une ardeur spirituelle hors normes.

 

C’est tout le mérite de Véronique Bonnecaze que de nous livrer, et mieux, nous dévoiler, Claude Debussy à la fois immédiatement proche, et fabuleusement abstrait. La technique est sûre, les mains dans le clavier, et la pensée déjà habitée par la poésie évanescente, suggestive du magicien Claude. La pianiste joue quelques pièces extraites de son nouvel album à paraître chez PARATY. Ce sont 5 joyaux qui composent la matière allusive des Préludes. Tous paysages pianistiques d’un fini souverain, aux titres évocateurs, qui rappellent combien le compositeur fut amateur et connaisseur de poésie ; poète, Debussy écrit comme un peintre, maniant la couleur, en alchimiste. Liszt demeure à distance de son sujet, comme pour mieux contempler puis nous transmettre la noblesse de l’architecture. En esthète idéaliste, il contemple et célèbre le grand dessein universel en exprimant l’extase souvent spirituelle voire mystique que cela suscite chez lui ; à l’inverse, en sensuel et d’une modernité picturale, Debussy, lui, palpite et vibre dans la matière de l’air, de l’eau ; tout respire chez lui la sensation organique des éléments : il est dans le sujet. Mais une matière aux vapeurs harmoniques qui enchantent, dont Véronique Bonnecaze rétablit le chant fluide et continu, les vibrations spécifiques, la constellation d’éclats nuancés qui transforme le piano en théâtre naturel, où se lovent amoureusement souvenirs et sensations.

« Le vent dans la plaine » est à la fois chant aérien et traversée dans l’espace ; « Les collines d’Anacapri » sont des rires, un appel à l’embarquement où les rythmes crépitent comme des éclairs finement ciselés ; le toucher fin et précis, le sens des respirations, la justesse du rubato détaillent toute la magie de l’ensevelissement et du secret dans « Des pas sur la neige », jusqu’à la sensation de la matière neigeuse elle-même… Impressionniste, Debussy l’est incontestablement ; comme Monet sur le sujet des Nymphéas, le compositeur se place dans le motif, en plein air, au cœur du saisissement sensoriel qui en découle.

Puis, après la fureur flamboyante de « Ce qu’a vu le vent d’Ouest », (qui clôt pour la soirée, le cycle extraits des Préludes), avouons notre totale adhésion aux visions et sensations de « Poissons d’or » (extrait d’Images) dont la pianiste des mieux inspirées exprime jusqu’à la suspension de l’animal aquatique dans l’onde, jouant des transparences et des miroitements de l’écriture. Eau, espace, temps fusionnent ; s’électrisent.

 

Le récital s’achève sur la texture aérienne de « l’Isle joyeuse » et l’infinie tendresse de « Clair de lune ». A-t-on mieux joué, a-t-on mieux compris la lyre poétique et énigmatique de Debussy ? Cette moisson de voluptueuses sensations qui fécondent l’imaginaire confirme les affinités de Véronique Bonnecaze avec les mondes picturaux de Debussy, et son disque à paraître le 25 janvier chez Paraty s’annonce comme l’événement de l’année Debussy 2018 en France, son couronnement à un mois près. A suivre.

 
 
 
 

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COMPTE-RENDU, concert. PARIS, cercle France-Amériques (Hôtel Le Marois, le 14 janvier 2019. Véronique BONNECAZE, piano. LISZT, DEBUSSY. Extraits du cd Debussy par Véronique Bonnecaze (Bechstein 1900), 1 cd Paraty à paraître le 25 janvier 2019.

  
 

LIRE aussi notre présentation du CD DEBUSSY par Véronique BONNECAZE

bonnecaze vĂ©ronique cd debussy classiquenews annonce critique cdEnregistrĂ© Ă  la Ferme de Villefavard en mars 2018 sur un piano Bechstein, le nouveau cd de la pianiste française VĂ©ronique Bonnecaze clĂ´t l’annĂ©e du centenaire Debussy 2018 et crĂ©e l’évĂ©nement en dĂ©but 2019, tant le geste pianistique, le choix des pièces et celui du piano (un Bechstein restaurĂ© pour l’occasion) et leur enchaĂ®nement suscitent l’admiration. Pianiste et compositeur, Debussy rĂ©invente le langage pianistique au dĂ©but du XXè, en Ă©troite connivence avec les mondes poĂ©tiques et littĂ©raires. En ambassadrice inspirĂ©e, VĂ©ronique Bonnecaze dĂ©tecte les allitĂ©rations et connotations allusives de l’écriture d’un Debussy poète…

 

 

 

VOIR le TEASER vidéo DEBUSSY par Véronique BONNECAZE

 

 debussy-bonnecaze-piano-bechstein-1900-cd-evenement-critique-cd-concert-classiquenews-debussy-2018-2019

  
 
 
 

VIDEO, teaser. VERONIQUE BONNECAZE joue DEBUSSY (Bechstein 1900, 1 cd Paraty)

bonnecaze vĂ©ronique cd debussy classiquenews annonce critique cdVIDEO, teaser. VERONIQUE BONNECAZE joue DEBUSSY... Pour PARATY, la pianiste VĂ©ronique BONNECAZE joue Debussy sur un piano Bechstein 1900. Parution le 25 janvier 2019. Version française (© studio CLASSIQUENEWS.TV – RĂ©alisation : PA PHAM) –  EnregistrĂ© Ă  la Ferme de Villefavard en mars 2018 sur un piano Bechstein, le nouveau cd de la pianiste française VĂ©ronique Bonnecaze clĂ´t l’annĂ©e du centenaire Debussy 2018 et crĂ©e l’évĂ©nement en dĂ©but 2019, tant le geste pianistique, le choix des pièces et celui du piano (un Bechstein restaurĂ© pour l’occasion) et leur enchaĂ®nement suscitent l’admiration. Pianiste et compositeur, Debussy rĂ©invente le langage pianistique au dĂ©but du XXè, en Ă©troite connivence avec les mondes poĂ©tiques et littĂ©raires. En ambassadrice inspirĂ©e, VĂ©ronique Bonnecaze dĂ©tecte les allitĂ©rations et connotations allusives de l’écriture d’un Debussy poète ; le choix du Bechstein de 1900 est lĂ©gitime car Debussy travaillait sur ce type de clavier qui permet des recherches et des trouvailles aussi subtiles que spĂ©cifiques en particulier sur les Ă©tagements harmoniques… : VĂ©ronique BONNECAZE s’affirme ici CLIC_macaron_2014comme une debussyste de premier plan. L’interprète aborde des intemporels sublimes tels Clair de lune, L’Isle joyeuse ; mais aussi les perles d’une ineffable ferveur du Livre I des PrĂ©ludes (1909 – 1910), dont Danseuse de Delphes, Les Collines d’Anacapri, Ce qu’a vu le vent d’ouest, la CathĂ©drale engloutie, la Danse de Puck… Son album est l’une des plus Ă©blouissantes rĂ©ussites de l’annĂ©e Debussy, Ă©ditĂ© par le label français fondĂ© par Bruno Procopio, PARATY. CD Ă©vĂ©nement et CLIC de classiquenews de janvier 2019.

 

 

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LIRE ici notre prĂ©sentation “premières impressions ” du cd DEBUSSY par VĂ©ronique Bonnecaze, prochains concerts de la pianiste au fluide poĂ©tique irrĂ©sistible
http://www.classiquenews.com/veronique-bonnecaze-joue-debussy/

bonnecaze-veronique-debussy-paraty-cd-evenement-clic-de-classiquenews-582-classiquenews-critique-cd-debussy-cd-concert

 

 

Véronique BONNECAZE joue DEBUSSY

bonnecaze vĂ©ronique cd debussy classiquenews annonce critique cdPARIS, lundi 14 janv 2019, 19h30. DEBUSSY par VĂ©ronique Bonnecaze. Centenaire DEBUSSY 2018 : le cd Ă©vĂ©nement par VĂ©ronique BONNECAZE. EnregistrĂ© Ă  la Ferme de Villefavard en mars 2018 sur un piano Bechstein, le nouveau cd de la pianiste française VĂ©ronique Bonnecaze clĂ´t l’annĂ©e du centenaire Debussy 2018 et crĂ©e l’évĂ©nement en dĂ©but 2019, tant le geste pianistique, le choix des pièces et celui du piano (un Bechstein restaurĂ© pour l’occasion) et leur enchaĂ®nement suscitent l’admiration. Pianiste et compositeur, Debussy rĂ©invente le langage pianistique au dĂ©but du XXè, en Ă©troite connivence avec les mondes poĂ©tiques et littĂ©raires. En ambassadrice inspirĂ©e, VĂ©ronique Bonnecaze dĂ©tecte les allitĂ©rations et connotations allusives de l’écriture d’un Debussy poète ; le choix du Bechstein de 1900 est lĂ©gitime car Debussy travaillait sur ce type de clavier qui permet des recherches et des trouvailles aussi subtiles que spĂ©cifiques en particulier sur les Ă©tagements harmoniques… : VĂ©ronique BONNECAZE s’affirme ici comme une debussyste de premier plan. L’interprète aborde des intemporels sublimes tels Clair de lune, L’Isle joyeuse ; mais aussi les perles d’une ineffable ferveur du LIvre I des PrĂ©ludes (1909 – 1910), dont Danseuse de Delphes, Les Collines d’Anacapri, Ce qu’a vu le vent d’ouest, la CathĂ©drale engloutie, la Danse de Puck… Son album est l’une des plus Ă©blouissantes rĂ©ussites de l’annĂ©e Debussy, Ă©ditĂ© par le label français fondĂ© par Bruno Procopio, PARATY. CD Ă©vĂ©nement et CLIC de classiquenews de janvier 2019. VĂ©ronique Bonnecaze publie cet album jubilatoire le 25 janvier 2019 et joue des extraits du cycle qu’elle a enregistrĂ© au cours de plusieurs concerts de lancement :

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Les 14 puis 26 janvier, le 3 février 2019
CONCERTS DEBUSSY par Véronique Bonnecaze
3 concerts de lancement

 
 
 

Lundi 14 janvier 2019 // 19h30
Cercle France-Amériques
9, avenue Franklin D Roosevelt 75008 Paris
Concert suivi d’une rencontre avec l’artiste autour d’un cocktail

 
 
 

Samedi 26 janvier 2019 //
L’Atelier de Peter Wielick
Place de Bronckart, 18-20 – 4000 Liège – Belgique

 
 
 

Dimanche 3 février 2019 // 16h
A la Ferme de Villefavard, Limousin
2, impasse de la Cure de l’Église – 87190 Villefavard

 
 
 

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TOUTES LES INFOS sur le site
www.veroniquebonnecaze.com
https://www.veroniquebonnecaze.com

et aussi sur
PARATY.FR
http://paraty.fr/#

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VOIR LE TEASER DU CD Debussy par VĂ©ronique Bonnecaze (1 cd Paraty / 25 janvier 2019) – Distribution Harmonia Mundi / PIAS

https://youtu.be/MK1_b6oan9Y

 
 
 

bonnecaze véronique cd debussy classiquenews annonce critique cd

 
 
 

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PROGRAMME DEBUSSY par Véronique Bonnecaze

 
 
 

1. Clair de lune (1890)
2. L’Isle Joyeuse (1903-1904)
Images, 2e série (1907)
3. Cloches Ă  travers les feuilles
4. Et la lune descend sur le temps qui fut
5. Poissons d’or

Préludes, Livre I (1909-1910)
6. I. Danseuses de Delphes
7.II. Voiles
8. III. Le Vent dans la plaine
9. IV. « Les sons et les parfums tournent dans l’air du soir »
10.V. Les Collines d’Anacapri
11. VI. Des pas sur la neige
12. VII. Ce qu’a vu le vent d’Ouest
13. VIII. La Fille aux cheveux de lin
14. IX. La Sérénade interrompue
15. X. La Cathédrale engloutie
16. XI. La Danse de Puck
17. XII. Minstrels
18. XIII. La plus que lente L.121 (1910)

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Enregistrement réalisé en mars 2018 à la Ferme de Villefavard sur piano C. Bechstein 1900 - Prise de son, montage, mastering : Cyrille Métivier

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CENTENAIRE DEBUSSY 2018

 
 
 
EN LIRE PLUS : dossier CENTENAIRE DEBUSSY 2018
, le bilan d’une annĂ©e de cĂ©lĂ©bration bien timide : le cd qui paraĂ®t en janvier 2019 chez Paraty, outre l’affirmation du tempĂ©rament de la pianiste VĂ©ronique Bonnecaze, rĂ©tablit avec Ă©clat le gĂ©nie du compositeur pour le piano… Une rĂ©alisation bienvenue qui clĂ´t de façon superlative les cĂ©lĂ©brations Debussy en France.

 
 
 
 
 
 

Concert CHOSTAKOVITCH, DSCH Ensemble

SHOSTA-CHOSTAKOVITCH-CD-PARATY-critique-cd-review-cd-critique-par-classiquenews-PARATY_718232_Shostakovich_Ensemble_COUV_HMPARIS, INVALIDES. CHOSTAKOVICH Ens. Sam 15  dĂ©c 18. CHOSTAKOVITCH rĂ©gĂ©nĂ©rĂ©… IntĂ©grale de la musique de chambre pour piano et cordes de Dmitri CHOSTAKOVITCH. Pour lancer son nouvel enregistrement discographique (coffret CHOSTAKOVITCH 2 CD Ă©ditĂ© par PARATY, le DSCH Ensemble / Ensemble Schostakovitch joue les pièces du disque, première intĂ©grale de la musique pour cordes et piano de Dmitri Chostakovtich, une somme musicale dont la valeur est indiscutable tant l’implication et la complicitĂ© des solistes rĂ©unis par le pianiste portugais Filipe PINTO-RIBEIRO dĂ©fendent avec conviction et sensibilitĂ©, les mondes expressifs, incandescents voire hallucinĂ©s et Ă©nigmatiques, abstraits et introspectifs… du compositeur russe (cf le mouvement lent de la Sonate pour violon et piano, ici enregistrĂ© et jouĂ© par F Pinto-Ribeiro et le violoniste canadien Corey Cerosek).
Autre argument soulignant la musicalité de l’approche collective, toutes les cordes sont de facture historique plutôt prestigieuse s’agissant de Cory Cerovsek (Stradivarius « Milanollo, 1728), Isabel Charisius (alto « ABQ », Laurentius Storioni, 1780), solistes inspirés aux côtés du violoncelliste Adrian Brendel …
C’est peu dire que Chostakovitch a déposé dans sa musique de chambre pour piano les clés de son être profond (dont le motif DSCH, découlant des notes de la gamme correspondant aux initiales). Les niveaux de lecture sont multiples. La grande richesse de la musique exige des instrumentistes une concentration absolue et un engagement émotionnel, permanent. Les défis sont élevés, voilà qui promet et assure aux spectateurs une nouvelle expérience de chambrisme ardent autant qu’habité.

 

 

 

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Musée de l’Armée, INVALIDES
Samedi 15 décembre 2018, 16h
Salle Turenne
Prix unique : 10 euros
(8 euros : solidaritĂ© et – de 26 ans)

DSCH – Shostakovich Ensemble
Avec Filipe Pinto-Ribeiro (piano), Corey Cerovsek (violon), Adrian Brendel (violoncelle)
Concert de lancement du coffret cd Intégrale Chostakovitch
Concerto de Lançamento do duplo CD Integral de Schostakovich

 

 

 

RESERVEZ VOTRE PLACE
http://www.musee-armee.fr/programmation/concerts/detail/de-mozart-a-chostakovitch.html

 

 

 

Programme :

Chostakovitch, Trio n°1 Poème, en ut mineur, opus 8, pour piano et cordes
Mozart, Trio en ut majeur, K. 548, pour piano et cordes
Chostakovitch, Sonate en ré mineur, opus 40, pour violoncelle et piano
Mozart, Sonate en mi mineur, K. 304, pour violon et piano
Chostakovitch, Trio n°2 en mi mineur, opus 67, pour piano et cordes

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shostakovitch-ensemble-filipe-pinto-ribeiro-cory-cerovsek-adrian-brendel-concert-annonce-classiquenews

Concert repris le 18 décembre 2018 à Lisbonne

18 DEZEMBRO 2018 I 21h
CENTRO CULTURAL DE BELÉM, LISBOA / PORTUGAL
DSCH – Shostakovich Ensemble: com Filipe Pinto-Ribeiro, Corey Cerovsek e Adrian Brendel
Concerto de Lançamento do duplo CD Integral de Schostakovich
Obras de Mozart e Schostakovich [+ info]
https://www.ccb.pt/Default/pt/Programacao/Musica?a=1584

 

 

 

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Présentation du concert par le Musée de l’armée, Invalides
150 ans sĂ©parent les naissances de ces deux gĂ©nies de l’histoire de la musique – Mozart (1756) et Chostakovitch (1906). Les deux compositeurs seront mis Ă  l’honneur pour ce concert de lancement du double album de l’IntĂ©grale de la musique de chambre pour piano et cordes de Dimitri Chostakovich. Le DSCH – Ensemble Chostakovitch a Ă©tĂ© fondĂ© par le pianiste Filipe Pinto-Ribeiro en 2006, l’annĂ©e du centenaire de naissance du compositeur Dmitri Chostakovitch. Sa formation est Ă  gĂ©omĂ©trie variable constituant ainsi une plate-forme de rencontre et d’interaction de musiciens d’excellence. L’ensemble a collaborĂ© avec des musiciens tels Renaud Capuçon, Pascal Moraguès, JosĂ© van Dam, Michel Portal, Gary Hoffman, GĂ©rard CaussĂ© entre autres. Filipe Pinto-Ribeiro est un des musiciens portugais les plus reconnus au niveau national et international. Il a Ă©tĂ© nommĂ© rĂ©cemment en tant que Steinway Artist. Pour ce concert en particulier, l’Ensemble Chostakovitch compte avec la participation du grand violoniste canadien Corey Cerovsek qui jouera le lĂ©gendaire Stradivarius “Milanollo” de 1728, un violon jouĂ© par Christian Ferras, Giovanni Battista Viotti et Nicollò Paganini. Le britannique Adrian Brendel, un des plus grands violoncellistes actuels, parcourt le monde en tant que soliste et chambriste. Dans sa vaste discographie compte Les Sonates pour violoncelle et piano de Beethoven enregistrĂ©es avec son père Alfred Brendel.

 
 

CRITIQUE CD

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SHOSTA-CHOSTAKOVITCH-CD-PARATY-critique-cd-review-cd-critique-par-classiquenews-PARATY_718232_Shostakovich_Ensemble_COUV_HMNOTRE CRITIQUE DU COFFRET CHOSTAKOVITCH par le DSCH Ensemble / CD événement, SHOSTAKOVICH / CHOSTAKOVITCH : complete chamber music for piano and strings / DSCH – Shostakovich ensemble (2 cd PARATY). Ce pourrait bien être le coffret événement de 2018 : l’intégrale des oeuvres pour musique de chambre pour piano et cordes de Dmitri Chostakovitch – Jamais une telle somme majeure pour l’expression musicale du XXè siècle n’avait été réunie en un seul coffret : c’est chose faite grace à l’initiative du pianiste Filipe Pinto-Ribeiro et son DSCH – Ensemble Chostakovitch / Shostakovich Ensemble. Âpre et intense, profonde voire lugubre, inquiète et angoissée, mais d’une ineffable tendresse humaine, la musique de Dmitri Chostakovitch à l’époque de la terreur stalinienne sait porter le masque de la distance, faussement indifférente, pour mieux ciseler une absolue compréhension de la nature humaine, dans ses contradictions, ses horreurs et sa grandeur. A l’écoute de cette musique pudique et intime (sous la voile d’un cynisme distancié), relevant les défis de l’écoute collective, et du jeu chambriste le plus raffiné, les 4 solistes réunis autour de Filipe PINTO-RIBEIRO, – tous individualités fortes capables aussi de se fondre dans une étonnante sonorité collective-, réalisent en 2 cd, pour le label PARATY, une intégrale événement, véritable accomplissement qui s’avère être la référence nouvelle.

 
 

TEASER VIDEO

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SHOSTAKOVICH-CHOSTAKOVITCH-ensmeble-pinto-ribeiro-complete-chamber-music-for-strings-and-piano-video-par-classiquenews-PARATY-2-cd-set-boxVOIR le TEASER VIDEO du coffret SHOSTAKOVICH IntĂ©grale piano / cordes musique de chambre (PARATY) / DSCH Ensemble – Ensemble Shhostakovich
http://www.classiquenews.com/teaser-video-chostakovitch-integrale-de-la-musique-de-chambre-pour-piano-et-cordes-paraty-productions/

Un Chostakovitch / Shostakovich dépoussiéré, habité, régénéré : sincère et vrai. Coffret événement, CLIC de CLASSIQUENEWS 2018, élu meilleur cd de l’année 2018 (Réalisation studio CLASSIQUENEWS.TV).

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Integrale CHOSTAKOVITCH par le DSCH Ensemble

SHOSTA-CHOSTAKOVITCH-CD-PARATY-critique-cd-review-cd-critique-par-classiquenews-PARATY_718232_Shostakovich_Ensemble_COUV_HMPARIS, LISBONNE. DSCH Ens / CHOSTAKOVICH Ens. Les 15, 18 déc 18. Intégrale de la musique de chambre pour piano et cordes de Dmitri CHOSTAKOVITCH. Pour lancer son nouvel enregistrement discographique (coffret CHOSTAKOVITCH 2 CD édité par PARATY, le DSCH Ensemble / Ensemble Schostakovitch joue les pièces du disque, première intégrale de la musique pour cordes et piano de Dmitri Chostakovtich, une somme musicale dont la valeur est indiscutable tant l’implication et la complicité des solistes réunis par le pianiste portugais Filipe PINTO-RIBEIRO défendent avec conviction et sensibilité, les mondes expressifs, incandescents voire hallucinés et énigmatiques, abstraits et introspectifs… du compositeur russe (cf le mouvement lent de la Sonate pour violon et piano, ici enregistré et joué par F Pinto-Ribeiro et le violoniste canadien Corey Cerosek).
Autre argument soulignant la musicalité de l’approche collective, toutes les cordes sont de facture historique plutôt prestigieuse s’agissant de Cory Cerovsek (Stradivarius « Milanollo, 1728), Isabel Charisius (alto « ABQ », Laurentius Storioni, 1780), solistes inspirés aux côtés du violoncelliste Adrian Brendel …
C’est peu dire que Chostakovitch a déposé dans sa musique de chambre pour piano les clés de son être profond (dont le motif DSCH, découlant des notes de la gamme correspondant aux initiales). Les niveaux de lecture sont multiples. La grande richesse de la musique exige des instrumentistes une concentration absolue et un engagement émotionnel, permanent. Les défis sont élevés, voilà qui promet et assure aux spectateurs une nouvelle expérience de chambrisme ardent autant qu’habité.

 
 
 

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Musée de l’Armée, INVALIDES
Samedi 15 décembre 2018, 16h
Salle Turenne
Prix unique : 10 euros
(8 euros : solidaritĂ© et – de 26 ans)

DSCH – Shostakovich Ensemble
Avec Filipe Pinto-Ribeiro (piano), Corey Cerovsek (violon), Adrian Brendel (violoncelle)
Concert de lancement du coffret cd Intégrale Chostakovitch
Concerto de Lançamento do duplo CD Integral de Schostakovich

 
 
 

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http://www.musee-armee.fr/programmation/concerts/detail/de-mozart-a-chostakovitch.html

 
 
 

Programme :

Chostakovitch, Trio n°1 Poème, en ut mineur, opus 8, pour piano et cordes
Mozart, Trio en ut majeur, K. 548, pour piano et cordes
Chostakovitch, Sonate en ré mineur, opus 40, pour violoncelle et piano
Mozart, Sonate en mi mineur, K. 304, pour violon et piano
Chostakovitch, Trio n°2 en mi mineur, opus 67, pour piano et cordes

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Concert repris le 18 décembre 2018 à Lisbonne

18 DEZEMBRO 2018 I 21h
CENTRO CULTURAL DE BELÉM, LISBOA / PORTUGAL
DSCH – Shostakovich Ensemble: com Filipe Pinto-Ribeiro, Corey Cerovsek e Adrian Brendel
Concerto de Lançamento do duplo CD Integral de Schostakovich
Obras de Mozart e Schostakovich [+ info]
https://www.ccb.pt/Default/pt/Programacao/Musica?a=1584

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Présentation du concert par le Musée de l’armée, Invalides
150 ans sĂ©parent les naissances de ces deux gĂ©nies de l’histoire de la musique – Mozart (1756) et Chostakovitch (1906). Les deux compositeurs seront mis Ă  l’honneur pour ce concert de lancement du double album de l’IntĂ©grale de la musique de chambre pour piano et cordes de Dimitri Chostakovich. Le DSCH – Ensemble Chostakovitch a Ă©tĂ© fondĂ© par le pianiste Filipe Pinto-Ribeiro en 2006, l’annĂ©e du centenaire de naissance du compositeur Dmitri Chostakovitch. Sa formation est Ă  gĂ©omĂ©trie variable constituant ainsi une plate-forme de rencontre et d’interaction de musiciens d’excellence. L’ensemble a collaborĂ© avec des musiciens tels Renaud Capuçon, Pascal Moraguès, JosĂ© van Dam, Michel Portal, Gary Hoffman, GĂ©rard CaussĂ© entre autres. Filipe Pinto-Ribeiro est un des musiciens portugais les plus reconnus au niveau national et international. Il a Ă©tĂ© nommĂ© rĂ©cemment en tant que Steinway Artist. Pour ce concert en particulier, l’Ensemble Chostakovitch compte avec la participation du grand violoniste canadien Corey Cerovsek qui jouera le lĂ©gendaire Stradivarius “Milanollo” de 1728, un violon jouĂ© par Christian Ferras, Giovanni Battista Viotti et Nicollò Paganini. Le britannique Adrian Brendel, un des plus grands violoncellistes actuels, parcourt le monde en tant que soliste et chambriste. Dans sa vaste discographie compte Les Sonates pour violoncelle et piano de Beethoven enregistrĂ©es avec son père Alfred Brendel.

 
 
 
 
 
 

CRITIQUE CD

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SHOSTA-CHOSTAKOVITCH-CD-PARATY-critique-cd-review-cd-critique-par-classiquenews-PARATY_718232_Shostakovich_Ensemble_COUV_HMNOTRE CRITIQUE DU COFFRET CHOSTAKOVITCH par le DSCH Ensemble / CD événement, SHOSTAKOVICH / CHOSTAKOVITCH : complete chamber music for piano and strings / DSCH – Shostakovich ensemble (2 cd PARATY). Ce pourrait bien être le coffret événement de 2018 : l’intégrale des oeuvres pour musique de chambre pour piano et cordes de Dmitri Chostakovitch – Jamais une telle somme majeure pour l’expression musicale du XXè siècle n’avait été réunie en un seul coffret : c’est chose faite grace à l’initiative du pianiste Filipe Pinto-Ribeiro et son DSCH – Ensemble Chostakovitch / Shostakovich Ensemble. Âpre et intense, profonde voire lugubre, inquiète et angoissée, mais d’une ineffable tendresse humaine, la musique de Dmitri Chostakovitch à l’époque de la terreur stalinienne sait porter le masque de la distance, faussement indifférente, pour mieux ciseler une absolue compréhension de la nature humaine, dans ses contradictions, ses horreurs et sa grandeur. A l’écoute de cette musique pudique et intime (sous la voile d’un cynisme distancié), relevant les défis de l’écoute collective, et du jeu chambriste le plus raffiné, les 4 solistes réunis autour de Filipe PINTO-RIBEIRO, – tous individualités fortes capables aussi de se fondre dans une étonnante sonorité collective-, réalisent en 2 cd, pour le label PARATY, une intégrale événement, véritable accomplissement qui s’avère être la référence nouvelle.

 
 
  
 
 

TEASER VIDEO

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SHOSTAKOVICH-CHOSTAKOVITCH-ensmeble-pinto-ribeiro-complete-chamber-music-for-strings-and-piano-video-par-classiquenews-PARATY-2-cd-set-boxVOIR le TEASER VIDEO du coffret SHOSTAKOVICH IntĂ©grale piano / cordes musique de chambre (PARATY) / DSCH Ensemble – Ensemble Shhostakovich
http://www.classiquenews.com/teaser-video-chostakovitch-integrale-de-la-musique-de-chambre-pour-piano-et-cordes-paraty-productions/

Un Chostakovitch / Shostakovich dépoussiéré, habité, régénéré : sincère et vrai. Coffret événement, CLIC de CLASSIQUENEWS 2018, élu meilleur cd de l’année 2018 (Réalisation studio CLASSIQUENEWS.TV).

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TEASER vidéo : CHOSTAKOVITCH : intégrale de la musique de chambre pour piano et cordes (PARATY productions)

SHOSTA-CHOSTAKOVITCH-CD-PARATY-critique-cd-review-cd-critique-par-classiquenews-PARATY_718232_Shostakovich_Ensemble_COUV_HMCD Ă©vĂ©nement, SHOSTAKOVICH / CHOSTAKOVITCH : complete chamber music for piano and strings / DSCH – Shostakovich ensemble (2 cd PARATY – ANNONCE). Ce pourrait bien ĂŞtre le coffret Ă©vĂ©nement de 2018 : l’intĂ©grale des oeuvres pour musique de chambre pour piano et cordes de Dmitri Chostakovitch – Jamais une telle somme majeure pour l’expression musicale du XXè siècle n’avait Ă©tĂ© rĂ©unie en un seul coffret : c’est chose faite grace Ă  l’initiative du pianiste Filipe Pinto-Ribeiro et son DSCH – Ensemble Chostakovitch / Shostakovich Ensemble. Ă‚pre et intense, profonde voire lugubre, inquiète et angoissĂ©e, mais d’une ineffable tendresse humaine, la musique de Dmitri Chostakovitch Ă  l’époque de la terreur stalinienne sait porter le masque de la distance, faussement indiffĂ©rente, pour mieux ciseler une absolue comprĂ©hension de la nature humaine, dans ses contradictions, ses horreurs et sa grandeur. A l’écoute de cette musique pudique et intime (sous la voile d’un cynisme distanciĂ©), relevant les dĂ©fis de l’écoute collective, et du jeu chambriste le plus raffinĂ©, les 4 solistes rĂ©unis autour de Filipe PINTO-RIBEIRO, – tous individualitĂ©s fortes capables aussi de se fondre dans une Ă©tonnante sonoritĂ© collective-, rĂ©alisent en 2 cd, pour le label PARATY, une intĂ©grale Ă©vĂ©nement, vĂ©ritable accomplissement qui s’avère ĂŞtre la rĂ©fĂ©rence nouvelle.

CLIC D'OR macaron 200Un Chostakovitch / Shostakovich dépoussiéré, habité, régénéré : sincère et vrai. Coffret événement, CLIC de CLASSIQUENEWS 2018, élu meilleur cd de l’année 2018 (Réalisation studio CLASSIQUENEWS.TV).

Grand entretien avec Fabien Armengaud, directeur musical et fondateur de l’Ensemble SĂ©bastien de Brossard

ENTRETIEN avec Fabien Armengaud, fondateur et directeur musical de l’Ensemble SĂ©bastien de Brossard… C’est son premier disque avec son Ensemble SĂ©bastien de Brossard, mais Fabien Armengaud n’en est pas Ă  son premier concert ; loin de lĂ  : l’assistant d’Olivier Schneebeli au sein de la MaĂ®trise du CMBV (Centre de Musique Baroque de Versailles) n’a cessĂ© depuis plus de 15 ans, de participer Ă  la rĂ©ussite d’une phalange aujourd’hui exemplaire, qui dĂ©fend avec passion et finesse, l’art choral du Baroque Français. Mais lĂ  oĂą nombre de nouveaux instrumentistes dĂ©butent leur carrière avec leur propre ensemble, se dĂ©diant souvent Ă  l’incontournable et inestimable MA Charpentier, Fabien Armengaud agit diffĂ©remment, frappe fort mĂŞme en rĂ©alisant un rĂŞve portĂ© depuis une dĂ©cennie, enregistrer un programme de musique française pour 3 voix d’hommes… d’un illustre mais gĂ©nial mĂ©connu, Louis-Nicolas ClĂ©rambault.

 

ensemble-sebastien-brossard-fabien-armengaud-nouvel-ensemble-baroque

 

clerambault-motets-pour-3-hommes-fabien-armengaud-cd-paraty-review-announce-compte-rendu-critique-presentation-CLASSIQUENEWS-PARATY516141_couv---copieEn plus de maîtriser son sujet et posséder les ficelles du métier, Fabien Armengaud ose défricher, explorer, surprendre. Le résultat est là : son programme édité chez Paraty productions dépasse toute espérance et prouve l’excellence du nouvel ensemble, tout en affirmant dès son départ, l’originalité et l’audace du répertoire présenté. Le cd Motets à 3 voix d’hommes de Nicolas-Louis Clérambault est élu CLIC de CLASSIQUENEWS d’octobre 2016 (parution annoncée, le 21 octobre 2016). Le chant des trois chanteurs réunis autour de Fabien Armengaud, l’articulation ardente, vive, palpitante des instrumentistes de l’Ensemble Sébastien de Brossard affirment la venue d’un collectif mûr, éblouissant dont la sonorité, le goût, le style confirment la justesse, la vérité, la profondeur. Grande critique du cd à la date de sortie de l’album, soit le 21 octobre prochain. A l’occasion de la parution de ce disque événement, CLASSIQUENEWS a posé 4 questions à Fabien Armengaud.

 

 

 

Pourquoi avoir choisi pour votre premier disque ce programme révélant un Clérambault méconnu et surprenant ?

armenagud-fabien-ensemble-sebastien-de-brossard-classiquenews-portrait-concert-annonce-portrait-entretien--582-G-Uferas-0224Fabien Armengaud : Le choix d’un compositeur, en particulier pour un premier disque, est une démarche tout sauf anodine. Force est de constater que bon nombre de mes collègues ont très souvent choisi Charpentier pour leur premier disque. C’est tout à fait légitime, Charpentier étant un immense compositeur dont on aura jamais fait le tour. Néanmoins, il me semblait intéressant de prendre un autre chemin. J’ai donc passé un an à lire beaucoup de musique à trois voix d’hommes et un jour ce fut la rencontre avec l’œuvre de Clérambault. C’est apparu pour moi comme une évidence: il fallait enregistrer ce compositeur! J’ai donc tout de suite réuni mon équipe et le projet s’est monté grâce à la confiance que m’a témoignée Bruno Procopio, directeur du label Paraty, qui m’a laissé carte blanche pour cet enregistrement.

 

 

 

Pouvez vous citer 2 exemples précis, extraits du programme qui démontrent l’intérêt de Clérambault ?

Il est difficile pour moi de ne choisir que deux exemples! ClĂ©rambault est, Ă  mes yeux, Ă  la croisĂ©e de deux mondes, le XVIIème siècle – le vĂ©ritable siècle baroque pour moi- avec son Ă©lĂ©gance, sa noblesse de caractère et j’ose mĂŞme dire sa dignitĂ© qui transparaĂ®t dans tous les arts, et le XVIIIème siècle, qui lui, va plutĂ´t vers la virtuositĂ©, vers l’agrĂ©able et parfois le dĂ©coratif. ClĂ©rambault est justement Ă  la charnière, Ă  la fin d’un monde et au dĂ©but de l’autre et c’est ce que j’ai essayĂ© de dĂ©montrer dans cet enregistrement.

En tant que claveciniste, j’ai beaucoup de proximité avec le XVIIème siècle mais je ne boude jamais mon plaisir de jouer également la musique du XVIIIème. On peut aimer Nosferatu et La folie des grandeurs!

Pour répondre à votre question, si je devais choisir deux exemples, je choisirai tout d’abord un des mouvements du Motet pour la Canonisation de Saint Pie: Impii Turcarum Gens, qui est, à ma connaissance, le seul exemple de Tempête dans la musique sacrée. Le second pourrait être le verset Et Misericordia tiré du Magnificat. Quand on commence à écouter cette pièce, on se dit que c’est très beau et que cela va s’arrêter au bout de une ou de deux minutes,  et c’est là où Clérambault est véritablement génial: il renouvelle sans cesse le discours avec une économie de moyen incroyable, le contrepoint de plus en plus sublime rendant ce mouvement complètement hypnotique pendant plus de quatre minutes!

 

 

 

En quoi le programme de ce disque est-il emblématique de votre démarche artistique comme chef et directeur musical de l’Ensemble S de Brossard (geste, texte, cohérence, sonorité…) ? Quelle serait la carte d’identité de votre ensemble ?

Comme chaque vie de musicien, la mienne a été faite de très belles rencontres. Odile Masse, Jan Willem Jansen et Yasuko Bouvard avec qui j’ai commencé mes études dans cette belle ville de Toulouse. Ensuite, deux rencontres furent déterminantes dans ma vie de musicien: Hervé Niquet, à qui je dois tant, et qui m’a ouvert le monde fantastique de la musique baroque française et Laurence Boulay qui, elle, m’a ouvert la porte de la basse continue et de la recherche, (et qui est toujours présente dans mon esprit dès que je fais un continuo). Je n’oublie pas également Michèle Dévérité à qui je dois beaucoup. Dernière rencontre et non des moindres: Olivier Schneebeli que j’ai rencontré au début des années 2000 et qui m’a tout de suite accordé sa confiance sans faille et avec lequel je travaille depuis maintenant dix-sept ans à la Maîtrise du Centre de musique baroque de Versailles où je suis son assistant.

Ce long prĂ©ambule pour vous expliquer que ce disque c’est d’abord le fruit de rencontres et la rĂ©union de ceux que je considère comme “ma famille musicale”. C’est prĂ©cisĂ©ment ces chanteurs -Cyril Auvity, Jean-François Novelli et Alain Buet- et ces instrumentistes -Maud Caille, LĂ©onor de RĂ©condo, ValĂ©rie Balssa, Lucie Rio-Humbrecht, François Costa, Mathurin Matharel, Thibaut Roussel et Guillaume Cuiller- que j’avais envie de rĂ©unir dans ce projet que je porte en moi depuis maintenant dix ans. Concernant ma dĂ©marche de chef d’ensemble, deux phrases de mon MaĂ®tre Dominique Rouits m’accompagnent dans mon parcours. La première: « la musique est un partage » et j’espère bien que cela s’entend sur ce disque, cette connivence musicale!

La seconde « un chef, doit faire autoritĂ© et non avoir de l’autorité » et c’est bien ainsi que je conçois ma dĂ©marche. Un chef, c’est quelqu’un bien sĂ»r qui a une longueur d’avance sur la musique, mais cette longueur n’est pas dĂ»e Ă  une « inspiration quelconque » mais Ă  beaucoup de travail Ă  la table! Un chef est avant tout un artisan et c’est aussi quelqu’un qui se doit de rĂ©unir et fĂ©dĂ©rer afin que tout le monde aille dans la mĂŞme direction, et cela, je l’avoue est très jouissif! C’est en tous cas ainsi que je conçois mon rĂ´le au sein de l’Ensemble SĂ©bastien de Brossard. Concernant la carte d’identitĂ© de cet ensemble, je dirai, avec un peu de provocation, que nous sommes un jeune ensemble de… vieux. Nous avons tous notre parcours et cela nourrit cet ensemble et c’est aussi ce qui, Ă  mes yeux, en fait la sève.

 

 

 

Quelles sont vos prochains territoires musicaux en chantier pour l’Ensemble ? 

La musique à trois voix d’hommes me fascine depuis des années. Si l’on excepte Charpentier, c’est encore une terra incognita.

J’avoue que je déborde de projets autour de ce répertoire si particulier et j’espère pouvoir continuer à les réaliser.

 

 

 

Propos recueillis en octobre 2016

 

 

CD, Ă©vĂ©nement : Louis-Nicolas Armengaud, Motets Ă  trois voix d’hommes et symphonies (1 cd Paraty productions, Ă  paraĂ®tre le 21 octobre 2016). LIRE notre prĂ©sentation du cd ClĂ©rambault par Fabien Armengaud, Ensemble SĂ©bastien de Brossard

VIDEO

REPORTAGE VIDEO & extraits : Les Motets oubliés de Clérambault, ressuscités par Fabien Armengaud et son Ensemble Sébastien de Brossard (1 cd événement édité par PARATY, parution le 21 octobre 2016)

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CD, annonce. CLERAMBAULT : génie français oublié ?

clerambault-motets-pour-3-hommes-fabien-armengaud-cd-paraty-review-announce-compte-rendu-critique-presentation-CLASSIQUENEWS-PARATY516141_couv---copieCLERAMBAULT REINVENTÉ … dans un nouveau disque d’inĂ©dits Ă  paraĂ®tre le 21 octobre prochain chez Paraty, le nouvel ensemble français sur instruments anciens, SĂ©bastien de Brossard dĂ©voile tout un pan du patrimoine musical français du XVIII ème dont on s’Ă©tonne qu’aucune institution d’importance en France et mĂŞme les plus spĂ©cialisĂ©es n’aĂ®t pas eu l’idĂ©e prĂ©alable de s’y intĂ©resser;  voilĂ  un Clerambault somptueux et dramatiquement inĂ©dit dont le raffinement et les audaces comme les difficultĂ©s d’Ă©criture posent des jalons dĂ©cisifs entre Lully et Rameau.
L’organiste Fabien Armengaud se passionne pour l’Ă©loquence des Baroques français. Avec son Ensemble SĂ©bastien de Brossard, le chef Ă©claire un pan mĂ©connu et pourtant jubilatoire de la musique sacrĂ©e au dĂ©but du XVIII ème siècle, celle de ClĂ©rambault dont ici les partitions pour 3 voix d’hommes sont dĂ©voilĂ©es Ă  leur juste format.
On ne s’Ă©tonne pas de la part de l’auteur de la cantate La muse de l’opĂ©ra que le cycle choisi, Ă©blouisse par un sens exceptionnel du texte, par l’intelligence et le raffinement de son traitement dramatique. Le Passage de La mer Rouge ou la tempĂŞte du Motet Ă©voquant la bataille de LĂ©pante (1571), victoire Ă©crasante de la sainte ligue catholique  contre les turcs musulmans,  en tĂ©moignent ainsi particulièrement, exposant et articulant comme rarement le texte en plusieurs tableaux d’une très rare intensitĂ© expressive. En somme, monsieur ClĂ©rambault, Ă  l’Ă©glise, fait de l’opĂ©ra.

 

 

 

L’ensemble SĂ©bastien de Brossard ressuscite ClĂ©rambault

Ă€ l’Ă©glise, ClĂ©rambault fait de l’opĂ©ra

 

Pour rĂ©aliser ce programme inĂ©dit – nouveau cd d’inĂ©dits Ă  paraĂ®tre chez Paraty Ă  l’automne 2016-, Fabien Armengaud s’est assurĂ© le concours des voix françaises les mieux chantantes du moment, surtout aux timbres complĂ©mentaires : Cyril Auvity, Jean-François Novelli, Alain Buet. ArticulĂ©s, ardents, ambassadeurs engagĂ©s, les interprètes soulignent aujourd’hui la vitalitĂ© du style de ClĂ©rambault, artisan d’un art intimiste et linguistiquement passionnant, et aussi proche de l’opĂ©ra, Ă  la fois spirituel et dramatique.

clerambault-600Le programme est captivant car il propose une sĂ©rie de rĂ©vĂ©lations en apportant la preuve que ClĂ©rambault disposait d’un don exceptionnel dans le traitement expressif des textes, fussent-ils sacrĂ©s. .. En somme un compositeur qui aurait Ă©tĂ© remarquable Ă  l’opĂ©ra. Points forts : le choix des Motets dont une remarquable tempĂŞte, unique exemple du genre dans l’Ă©criture sacrĂ©e du XVIIIè…, qui Ă©voque le cataclysme de la Bataille de LĂ©pante, grande victoire de l’Occident chrĂ©tien sur les Ottomans…

 

 

CD Ă©vĂ©nement, annonce. ClĂ©rambault : oeuvres vocales pour 3 voix d’hommes et Symphonies. Fabien Armengaud et l’Ensemble SĂ©bastien de Brossard.  Cd Ă©vĂ©nement Ă  paraĂ®tre chez Paraty en octobre 2016. Grande critique dĂ©veloppĂ©e du cd et reportage vidĂ©o exclusif Ă  venir, sur classiquenews. CLIC de Classiquenews de l’automne 2016.

 

 

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REPORTAGE VIDEO : grand reportage vidĂ©o Les Motets de ClĂ©rambault par l’Ensemble SĂ©bastien de Brossard 

 
 

LIRE aussi notre entretien avec Fabien Armengaud, fondateur de l’Ensemble SĂ©bastien de Brossard Ă  propos des Motets de ClĂ©rambault et de son nouvel ensemble dĂ©diĂ© au Baroque français… 

 
 

Cd critique compte rendu. JS BACH : Sonate pour flûte et clavecin, Partita pour clavecin seul BWV 830 (Troffaes / Wolfs, 1 cd Paraty, 2015)

PARATY julien wolfs clavecin clic de classiquenews juillet 2016 bach_3760213650344Cd critique compte rendu. JS BACH : Sonate pour flĂ»te et clavecin, Partita pour clavecin seul BWV 830 (Troffaes / Wolfs, 1 cd Paraty, 2015). Pour l’interprète, exprimer dans le jeu certes la rhĂ©torique de l’éloquente musique, surtout la poĂ©sie du coeur et de l’esprit… Ainsi est signifiĂ© le dĂ©fi de toute partition de Jean-SĂ©bastien, qui semble de facto avoir rĂ©ussi la fusion idĂ©ale, du sentiment et de la virtuositĂ© : toucher l’âme, bercer l’esprit. Autant de caractères, Ă©lĂ©ments d’une esthĂ©tique vivante, qui s’écoulent ici, portĂ©s par la connivence des deux interprètes en tous points, convaincants. Ligne claire et sans affèterie, posĂ©e, portĂ©e, canalisĂ©e par la gestion du souffle de la flĂ»tiste Stefanie Troffaes. Discours fluide, prĂ©cis et sobre du claveciniste vĂ©ritable orfèvre de l’articulation, Julien Wolfs. On connaĂ®t bien le claviĂ©riste comme membre fondateur de lâ€extraordinaire ensemble Les Timbres, en rĂ©sidence au Festival Musique et MĂ©moire. L’hypersensibilitĂ© expressive des deux instrumentistes affirment la vitalitĂ© et la justesse du Jean-SĂ©bastien, Ă  la fois imaginatif, expĂ©rimental, suprĂŞmement Ă©lĂ©gant. De toute Ă©vidence, Julien Wolfs dĂ©fend l’approche partagĂ©e avec ses habituels partenaires des Timbres : faire parler la musique. Le Baroque est un vaste laboratoire oĂą la note ambitionne peu Ă  peu l’impact expressif du verbe. Lea fĂŞte traversière, mĂŞme si elle n’exprime pas le sentiment du compositeur, – processus romantique, sĂ©duit ici par son Ă©loquence proprement baroque : dans la diversitĂ© des accents, l’articulation des nuances… toute une intelligence dynamique qui dans le pacte discursif Ă  deux voix : flĂ»te / clavecin (BWV 1030 et 1032), affirme ce langage palpitant des partitions ici rĂ©unies (profondeur contemplative en dialogue de l’Andante du 1030).


 

Toucher le cœur, plaire à l’esprit

 

 

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CLIC_macaron_2014Ailleurs on relève la parfaite connaissance qu’avait Bach, du rĂ©pertoire expressif classĂ© par Mathewson, servi, compris particulièrement par les interprètes : effusion venant du coeur du si mineur (1030) ; tristesse recueillie du mi mineur (1034), activitĂ© brillante du la majeur (1032)… enfin, joie irradiante conquĂ©rante irrĂ©sistible du mi majeur (1035). Innervant pour chaque pièce, ce jeu tĂ©nu, vibrant des contrastes,, un soin spĂ©cifique dans la rĂ©alisation des rĂ©pĂ©titions (toujours variĂ©es et caractĂ©risĂ©es), les interprètes Ă©clairent le gĂ©nie d’un Bach, maĂ®tre du langage musical. Sa langue est encore davantage intense et investi dans la sĂ©quence oĂą Julien Wolfs joue seul la Partita BWV 830 : la clartĂ© nerveuse du clavecin (copie B Kennedy d’après M. Mietke de 1703) apporte Ă  la succession des 7 Ă©pisodes, sa noblesse discursive d’une Ă©loquente tendresse… sa sincĂ©ritĂ© intĂ©rieure (crĂ©pitement d’une liquide ardeur de l’exceptionnelle Corrente) : parfois sombre et pudique (Sarabande), sans omettre le prĂ©lude (Toccata) qui est questionnement dĂ©passant le prĂ©texte d’une Suite de mouvements diversitĂ©s et caractĂ©risĂ©s : l’interrogation variant les sĂ©quences enchaĂ®nĂ©es, affirme peu Ă  peu une interrogation sur le sens mĂŞme de la forme musicale : en cela le souci de prĂ©cision contrapuntique, comme de sobriĂ©tĂ© expressive rendent compte du gĂ©nie d’un Bach dĂ©miurge pensant la musique comme d’un matĂ©riau vivant et organique. Le jeu tout en finesse et en sobriĂ©tĂ© du claveciniste saisit d’un bout Ă  l’autre par sa gestion de la tension, d’une lumineuse intelligence (fluiditĂ© magicienne, entre tendresse et nostalgie de l’Allemande ; acuitĂ© intĂ©riorisĂ©e du Tempo di Gavotte puis Gigue au souffle philosophique universel, sidĂ©rant). Superbe programme, emblĂ©matique de la maturitĂ© de la jeune gĂ©nĂ©ration baroqueuse actuelle. Suivez ces deux tempĂ©raments lĂ  : ils ne jouent pas ; ils vivent la musique, de l’intĂ©rieur. Leur sobriĂ©tĂ© interprĂ©tative fait la diffĂ©rence : tout pour la musique, rien que la musique. CLIC de CLASSIQUENEWS de l’étĂ© 2016.

 

 

 

Cd critique compte rendu. JS BACH : Sonate pour flĂ»te et clavecin, Partita pour clavecin seul BWV 830 (Troffaes / Wolfs, 1 cd Paraty 165142, 2015) – Parution : septembre 2016

 

 

Approfondir : reportage vidéo de la Résidence des Timbres, année 2, juillet 2015, au Festival Musique et Mémoire (Haute Saône, 70).

 

 

 

 

CD, compte rendu critique. Wagner, UNE TETRALOGIE DE POCHE par la Compagnie Le Piano Ambulant (1 cd Paraty)

wagner cd critique review compte rendu paraty cd juillet 2016 classiquenews commentsiegfriedcouvertureCD, compte rendu critique. UNE TETRALOGIE DE POCHE par la Compagnie Le Piano Ambulant. La Formidable force mĂ©lodique, – donc l’impact dramatique de la musique de Wagner surgit Ă  travers cette adaptation a minima, malgrĂ© l’absence du grand orchestre et du chant soliste. Curieusement ce programme chambriste d’une « TĂ©tralogie de poche » ne dĂ©nature en rien sa source mais bien au contraire souligne le gĂ©nie du Wagner mĂ©lodiste, capable de trouvailles exceptionnellement Ă©vocatrices pour chaque Ă©pisode de l’histoire du Nibelung et du Ring, l’Anneau magique et maudit. Piano, accordĂ©on, hautbois, flĂ»te, cor anglais… et autres effets sonores Ă©lectroniques (synthĂ©, guitare basse…) composent ici une fantastique tapisserie musicale qui exalte l’imaginaire du plus puissant des dramaturges Ă  l’opĂ©ra. On ne s’étonnera guère que certains motifs aient Ă©tĂ© dĂ©calĂ©s (la chevauchĂ©e des Walkyries en lieu et place du rapt de BrĂĽnnhilde par Siegfried dĂ©guisĂ© en GĂĽnther…); ou que la libertĂ© du geste interprĂ©tatif ose des choix imprĂ©vus pour une nouvelle comprĂ©hension sonore (les huit cors habituels sont ici remplacĂ©s par l’harmonica) : contrastes oblige, jalons immanquables d’une narration au drame Ă©courtĂ© qu’il fallait Ă©videmment rythmer et caractĂ©riser. Pourtant aucune note n’est mise de cĂ´tĂ© ; et la réécriture permet mĂŞme la redĂ©couverte des situations, leurs enjeux, dans l’éloquence de ce jeu des motifs musicaux – leitmotive, qui inspira tant Wagner, dans sa propre réécriture des mythes et lĂ©gendes.

 

 

 

Wagner compacté, percutant pour petits et grands : Le Ring de poche
6 instrumentistes, acteurs / expérimentateurs réécrivent le Ring

 

 

CLIC_macaron_2014Comment font-ils les 6 musiciens du Piano Ambulant pour compacter en une heure, l’ensemble du cycle wagnérien de …16 heures ? Certains ne résisteront pas, et ils ont raison, à l’appel des interprètes : « Votre emploi du temps ne vous permet pas de vous rendre à Bayreuth? Avouez que vous n’avez pas le courage d’affronter la totalité de la Tétralogie de Richard Wagner? Mais en même temps vous aimeriez bien savoir comment le nain Alberich a volé l’or du Rhin… ». D’un autre côté, on pourrait tout autant consulter les formidables illustrations picturales ou gravées conçues par un wagnérien français assidu, comme Baudelaire au XIXè, Fantin-Latour…
Mais c’est compter sans la musique, or elle fait tout. Face à cette réinvention du drame wagénrien, les puristes crieront au parjure et au blasphème. Mais tous ceux que les quatre Journées impressionnent habituellement, découvriront avec un réel plaisir, la magie onirique d’un drame qui d’anecdotique se révèle universel, de l’or volé par Albérich, en effet… ; de l’orgueil puni de Wotan, de la malice aérienne d’un Loge manipulateur, à la noirceur haineuse et jalouse de Hagen; à la mort de Siegfried, honteusement assassiné ; à la grâce de Brünnhilde, Walkyrie admirable qui sauve le monde et l’ordre mondial mis à mal, … tout est réinterprété, à sa juste place, et avec une intégrité expressive et poétique totalement irrésistible. On imagine très bien pendant l’écoute, la transposition du disque à la scène : réalisation parfaite dans ses dimensions et son format, comme dans son intensité expressive, qui convoque immédiatement les personnages du plus fabuleux des cycles lyriques et théâtraux.

wotanParfois la spatialisation des voix sur la musique ne fonctionne pas (curieuse rĂ©sonance comme mise en boĂ®te de la voix parlĂ©e ou rĂ©citante), mais les Ă©pisodes purement instrumentaux, ainsi réécrits / rĂ©arrangĂ©s, expriment la puissance du conte, la sauvagerie barbare, surtout la tendresse amoureuse d’un Wagner qui aura tout saisi de la psychologie humaine, de sa folie et de ses erreurs, – voies pourtant sublimes vers une inĂ©luctable destruction mondiale. Bel essor dramatique, bel engagement « de poche ». Et si vous tombez sur l’une des performances en salle de cette initiation vivante et percutante, n’hĂ©sitez pas une seconde : courrez avec vos parents, amis, enfants, neveux, proches de tous âges… voir et applaudir cette immersion rĂ©ussie dans le monde miraculeux, magique, entĂŞtant de Wagner. Il est fort Ă  parier que chacun sera mordu dès lors par le virus Wagner. Voir le site de la Cie Le Piano Ambulant.
Coup de coeur de classiquenews, donc CLIC de CLASSIQUENEWS de la rentrée 2016.

 

 

 

CD, compte rendu critique. Comment Siegfried tua le dragon et cætera… Wagner : L’anneau des Nibelungen / la TĂ©tralogie. Retranscription pour 6 mu 1 cd Paraty. Une TĂ©tralogie de Poche. Publication annoncĂ©e le 9 septembre 2016.

 

 

 

Agenda
Lyon (69), Espace culture des cheminots de Lyon (UAICL) – 20 rue Mouillard 69009 (Bus C14, arrĂŞt Mouillard / grand parking voiture gratuit) – concert Lancement du cd… : le 20 octobre 2016, 20h.
Reprise Ă  Montreuil (93) : La Marbrerie, 21 Rue Alexis Lepere, 93100 Montreuil / le 11 dĂ©cembre 2016, 17h – infos rĂ©servations : 01 41 63 60 14

 

 

 

Richard Wagner : Extraits de l’Or du Rhin, la Walkyrie, Siegfried et le Crépuscule des dieux.
Conception, transcription et écriture : Cie Le Piano Ambulant.

Jessica Pognant : narration.
Sylvie Dauter : piano, orgue indien, harmonium, synthétiseur, mélodica, appeaux.
Christine Comtet : flûte, flûte en sol, piccolo, synthétiseur, mélodica, appeaux, enclume, tom basse, voix de Loge et de Brünnhilde.
François Salès : hautbois, cor anglais, mélodica, appeaux, grenouille, enclume, voix des géants et de Siegfried.
Antoinette Lecampion : violon, alto, orgue indien, appeaux, enclume.
Joël Schatzman : violoncelle, appeaux, voix d’Alberich et de Gunther.
Charlie Adamopoulos : basse électrique, voix de Wotan et de Hagen.
Antoine Colonna : mise en son et dispositif MAO temps réel.
Antoine Mercier : prise de son, mixage, montage, mastering.
Vergine Keaton : illustrations originales.

 

 

CD. Mickael Viegas, guitare. COMPLETE GUITAR WORKS of HEITOR VILLA-LOBOS (2 cd Paraty, 2015)

Lobos Villa heitor villa lobos Viergas Mickael guitare works complete review critique cd classiquenews VIERGAS Mickael cd paraty Titelive_3760213650351_D_3760213650351CD. COMPLETE GUITAR WORKS of HEITOR VILLA-LOBOS (2 cd Paraty, 2015). VoilĂ  l’intĂ©grale pour guitare de Heitor Villa-Lobos, soit 25 pièces magistrales qui contiennent tout le raffinement chorĂ©graphique du BrĂ©sil moderne ; une suavitĂ© immĂ©diatement gorgĂ©e de soleil, une apparente insouciance bienheureuse, une vitalitĂ© subtilement articulĂ©e, chaloupĂ©e par la guitare aux canevas rythmiques souvent stupĂ©fiants de Mickael Viegas (ChĂ´ros n°1, en ouverture du cd1). GESTE EXPERIMENTAL POUR INTEGRALE HISTORIQUE. L’approche se double d’un projet esthĂ©tique personnel, celui ambitieux de restituer toute la parure harmonique d’origine dont a pu s’enticher le compositeur mais que son Ă©criture pour l’instrument a malheureusement rĂ©duit, Ă©purĂ© “tragiquement” en raison des limites techniques de la guitare seule ou de l’instrumentiste d’alors : pour palier telle limitation et pourtant jouer toutes les notes, l’enregistrement ose ici superposer parfois, quand cela est exigĂ©, plusieurs parties de la mĂŞme guitare et de façon cohĂ©rente puisqu’il s’agit de la mĂŞme main : collage habile, plutĂ´t superposition heureuse dont la polyphonie labyrinthique, et vertigineuse (effet de locomotive de l’Etude 4, annonçant la frĂ©nĂ©sie de la dernière Etude 12) impressionne par sa sauvagerie pourtant millimĂ©trĂ©e ; le travail de l’ingĂ©nieur pour un montage aussi pĂ©rilleux a dĂ» ĂŞtre aussi difficile et dĂ©licat que le jeu premier saisi sur le vif du guitariste… ; virtuose et flexible, d’une grâce parfois allusive, – proche de la harpe, la guitare de Mickael Viegas honore son dĂ©fi (Etude n°2) dont les cascades de notes enchaĂ®nĂ©es avec une prodigalitĂ© très prĂ©cise, produisent cette saturation harmonique par rĂ©sonance d’une intensitĂ© saisissante. C’est mĂŞme comme si une guitare dĂ©doublĂ©e jouait simultanĂ©ment comme Ă  Ă© voix Ă©gales (Etude n°5) : l’assemblage des couches relève de l’expĂ©rimentation sonore d’une Ă©vidente richesse artistique ; pour l’auditeur, c’est un bĂ©nĂ©fice Ă©trangement spatialisĂ© aux performances pourtant inĂ©dites; on comprend qu’ici, la libertĂ© recrĂ©ative de l’interprète, soucieux du format et de l’Ă©quilibre global joue comme un alchimiste, un orfèvre des rĂ©glages ; le guitariste rend ainsi un hommage Ă  Villa-Lobos, plus qu’il ne joue ses partitions ; car il a fallu parfois rĂ©orchestrer, ou mĂŞme adapter des transpositions que Villa-Lobos a validĂ©es, celle de son Ă©lève et disciple, JosĂ© BrandĂŁo, qui transposa beaucoup de pièces de son maĂ®tre pour piano : il en dĂ©coule une fureur souvent Ă©lectrique mais associĂ©e comme nous l’avons dit Ă  un sens de la chorĂ©graphie inouĂŻe (ivresse pleine de panache de l’Etude n°7). L’Etude la plus longue (n°11) sĂ©duit moins par ses accents tĂ©nĂ©breux, que sa carrure rythmique Ă©tonnante et ses suspensions plus mystĂ©rieux, instants de respiration d’une prodigieuse profondeur. Le geste du guitariste s’y affirme avec une grâce peu commune.

Inspiré par Villa-Lobos, le guitariste Mickael Viergas nous offre une intégrale qui fait date

GUITARE EXPERIMENTALE

Très inspirĂ© par tant de matière primitive, d’une Ă©nergie Ă  peine contenue, lave dont il entretient comme le feu sacrĂ©, le guitariste très convaincant, et douĂ© d’une intelligence imaginative exceptionnelle, ose aussi complĂ©ter des partitions rĂ©cemment retrouvĂ©es mais fragmentaires comme la Valsa Concerto n°2 (inhumĂ©e Ă  la Bibliothèque de Sao Paolo) et dont Mickael Viegas restitue Ă  sa manière tout la dernière sĂ©quence que Villa-Lobos avait amorcĂ©e. La facultĂ© du guitariste Ă  insuffler l’esprit du gĂ©nie musical, Ă  l’entretenir comme d’une flamme tĂ©nue, Ă  en produire tout un cycle ardent de mĂ©lodies fugaces reste impressionnant. La fulgurance rejoint ici la subtilitĂ©.
CLIC_macaron_2014MĂŞme terrible enchantement dans le cd 2, vĂ©ritable miracle de gestion musicale, en particulier dans l’Ă©difice des 5 PrĂ©ludes dont le premier, vĂ©ritable sommet de toute la littĂ©rature pour guitare, affirme le puissant tempĂ©rament poĂ©tique de l’interprète qui en restitue donc Ă  deux guitares assemblĂ©es, – grâce Ă  l’ingĂ©nierie de l’enregistrement et l’audace des collages que nous avons Ă©voquĂ©s, toute la nouvelle polyphonie jaillissante. Un Ă©coulement qui semble improvisĂ© mais tellement naturel, d’une constante et prodigieuse rĂŞverie. Chapeau bas. Le programme est Ă©blouissant et la modalitĂ© de sa rĂ©alisation, d’une audace revivifiante. CLIC de CLASSIQUENEWS de mars 2016.

CD, compte rendu critique. CLIC de CLASSIQUENEWS de mars 2016. Heitor Villa-Lobos : complete guitar works. Intégrale des oeuvres pour guitare. Mickael Viegas, guitare (2 cd Paraty 125139). Enregistré en mars 2015 au Portugal.

VIEGAS cd

BAROQUE français. Ils enregistrent, nouvel ensemble. L’ensemble Sébastien de Brossard et Fabien Armengaud. Clérambault enfin réhabilité ?

BAROQUE français. Ils enregistrent, nouvel ensemble. L’ensemble Sébastien de Brossard et Fabien Armengaud. Clérambault enfin réhabilité ? En janvier 2016, le nouvel ensemble sur instruments anciens, Sébastien de Brossard, porté par l’organiste et claveciniste Fabien Armengaud se consacre à l’enregistrement de son premier album : motets du parisien Louis-Nicolas Clérambault (1676-1749) : « Fils d’un des vingt-quatre Violons du Roi, organiste et compositeur de la Maison royale de Saint-Cyr mais également de Saint-Sulpice et des Jacobins, Clérambault fait montre dans ses compositions à trois voix d’hommes d’un sens mélodique des plus soutenus et d’un contrepoint des plus recherchés. »

Clérambault : un théâtre sacré

clerambault_louis nicolas ensemble sebastien de brossard fabien armengaud cd paraty annonce classiquenews janvier 2016 ils enregistrents 01Décoratif, élégant mais un rien superficiel et conforme, Louis-Nicolas Clérambault à la fin du règne de Louis XIV livre tout un cycle de musique sacrée d’une beauté et d’une profondeur à redécouvrir (plus de 100 opus !). C’est tout le travail de Fabien Armengaud que de dévoiler la justesse poétique d’une œuvre oubliée, mésestimée, d’une puissance parfois inouïe… où l’expression de la ferveur est servie par une écriture raffinée, intensément dramatique, dont le sens du texte atteint des sommets de déclamation juste, vivante, expressive. En enregistrant plusieurs Motets pour trois voix d’hommes, le fondateur de l’Ensemble Sébastien de Brossard a réuni les solistes Cyril Auvity, Jean-François Novelli, Alain Buet. Parmi les joyaux de ce nouveau programme d’une beauté absolue, Le Passage de la Mer Rouge qui révèle enfin avant Rameau, un génie dramatique d’une rare grandeur.

« Si Clérambault n’écrivit jamais d’opéras, c’est dans son œuvre religieuse qu’il déploya des prodiges d’invention et de théâtre, avec entre autres ses tempêtes qui n’ont rien à envier aux tragédies de ses contemporains. », précise dans son introduction au disque, Fabien Armengaud. Et d’ajouter : « Jean-Baptiste de Laborde, grand théoricien de l’époque disait de Clérambault : « Personne n’a écrit plus purement que lui. Ce programme en est une preuve éclatante ». On jugera donc sur pièces, probablement à l’automne 2016, puisque le disque à paraître chez Paraty, devrait sortir courant septembre / octobre 2016.

En portant le nom de l’illustre compositeur et collectionneur Sébastien de Brossard (1655-1730), l’ensemble fondé par Fabien Armengaud souhaite explorer toute la musique baroque française méconnue ou si mal servie, avec cet esprit d’érudition ouverte, généreuse, fraternelle qu’a défendu de son vivant le musicien normand, qui fit toute sa carrière entre les cathédrales de Strasbourg, et de Meaux, tout en marquant son époque par sa grande culture et un curiosité sans borne qu’il mit au service de l’éditeur Ballard qu’il conseilla. Programme prometteur et interprètes convaincants. A suivre.

CD, compte rendu critique. Ivan Ilic plays Morton Feldman (1 cd Paraty, Paris Salle Cortot, novembre 2014)

CD, compte rendu critique. Ivan Ilic plays Morton Feldman (1 cd  Paraty, Paris Salle Cortot, novembre 2014). Le pianiste américano-serbe Ivan Ilic, poursuit son exploration des continents méconnus dessinés par le compositeur américain, décédé en 1987. A l’aune des grands penseurs et créateurs de son temps, -Boulez, Stockhausen et John Cage dont il fut proche-, Feldman a défendu avec ténacité et même esprit de compétition, sa propre voix. Sa musique ouvre des portes, laisse envisager des perspectives, des mondes voire des continents qui étaient invisibles mais que l’écoute de plus en familière de ses partitions, permet d’envisager voire de visualiser surtout d’éprouver.

Ilic-ivan-morton-feldman-review-account-of-classiquenews-PARATY135305_couv_dos_HDCe sont moins des narrations que des situations (« territoires ») que la musique de Feldman affectionne et prĂ©cise Ă  chaque rĂ©alisation ; cultive et provoque, suscitant chez le spectateur / auditeur, un nouveau champ de conscience, un nouveau protocole d’écoute, un champs d’expĂ©riences ou d’Ă©preuves (pour certains dĂ©contenancĂ©s par la forme et la durĂ©e des pièces…). La spatialitĂ© devient essentielle ici : elle libère musique et auditeur pour des explorations infinies, d’un caractère ni conforme ni attendu. D’abord, le rĂ©cital place continĂ»ment l’ombre rĂ©formatrice et pionnière de John Cage. Il en convoque la figure tutĂ©laire et comme subtilement paternelle. En particulier sur le cycle ici choisi, et peut-ĂŞtre plus que dans tout autre.

 
 

CLIC_macaron_2014John Cage (nĂ© en 1912) apprend Ă  son jeune “disciple” new yorkais, la vision pluridisciplinaire de la crĂ©ation : comme philosophe et comme plasticien, Cage, disciple de Schönberg, voyait large et loin, au carrefour des disciplines dont Ă©videmment la danse puisqu’il fut le compagnon de Merce Cunningham pour lequel il composa pratiquement toutes les musiques des ballets. Mais Feldman retient surtout de son maĂ®tre (rencontrĂ© en 1970, quand ce dernier avait dĂ©jĂ  tout perfectionnĂ© dans son geste inĂ©dit et visionnaire…), l’idĂ©e d’un temps suspendu, producteur de lui-mĂŞme, Ă©cartĂ© de toute nĂ©cessitĂ© formelle et de dĂ©veloppement. Si la structure est fixĂ©e, les moyens de sa mise en Ĺ“uvre empruntent Ă  l’improvisation, au hasard oĂą l’assemblage subjectif d’un temps dilatĂ©, Ă©tirĂ©, spatial intègre aussi les bruits et surtout le silence, plus tard la divination chinoise (Yi jing). Adepte d’une critique fondamentale de la composition occidentale, Cage prĂ´ne un renouvellement profond du geste musical, dorĂ©navant sans ponctuation, ouvert aux bruits extĂ©rieurs (dont ceux d’une salle de concert, produit par le public lui-mĂŞme) : laissant Ă  l’interprète le soin d’organiser, de ressentir et de transmettre sa propre vision de l’instant. Le dĂ©roulement musical suscite sa propre finalitĂ©, son dĂ©but et sa fin, une vision cyclique ininterrompue encore aiguisĂ©e par un engouement pour la pensĂ©e orientale, indienne et bouddhique (Zen).
Tout se retrouve ici dans cet album monographique totalement dĂ©diĂ© au cycle de Morton Feldman, inspirĂ© par l’une de ses meilleures Ă©lèves (et qu’il souhaitait mĂŞme Ă©pouser), Bunita Marcus.

Transcendance irrĂ©sistible d'Ivan IlicA ce titre, dans la notice accompagnant le livret de ce disque monographique (Ivan Ilic plays Morton Feldman), le pianiste expose sa propre expĂ©rience Ă  l’écoute de Feldman : impatience, trouble d’abord, puis rĂ©vĂ©lation et accomplissement spirituel… et mĂŞme « libĂ©ration, transe ». Le propre de Feldman demeure la qualitĂ© d’atmosphère qu’il produit au-delĂ  de la musique et des notes. Un climat et des sensations exprimĂ©es transmises par le pianiste funambule, quasi hypnotiques qui modifient la sensation ordinaire du temps, pour un temps mental hors de toute expĂ©rience classique, qui bascule en rĂ©vĂ©lation pour l’Ă©couteur attentif.
Ivan Ilic s’inspire du cycle des hommages – portraits d’artistes que Feldman a rencontrĂ©s grâce Ă  son ami John Cage … : « Frank O’Hara (le poète), Mark Rothko, Willem de Kooning, Philip Guston (peintres), Aaron Copland, John Cage, Christian Wolff, Stefan Wolpe (compositeurs), et Samuel Beckett (l’écrivain, poète, et dramaturge). Un nom se dĂ©marque cependant des autres : Bunita Marcus. »

 

 

 

Sensuelle et abstraite, la musique de Feldman plonge en introspection

 


feldman mortonfeldmanFeldman lui dĂ©die cette pièce ample qui dure 1h10 et qu’il compose en 1985. La compositrice a comptĂ© dans sa propre maturation : intime du compositeur, elle aurait mĂŞme refusĂ© sa demande en mariage. Ivan Ilic en enregistre ici et dans une sonoritĂ© scrupuleusement restituĂ©e, la version critique corrigĂ©e, publiĂ©e en mars 2011, une version qu’il a encore enrichie grâce Ă  sa connaissance profonde du manuscrit de Feldman (si riche en annotations très prĂ©cises). Or c’est bien de ses indications tĂ©nues, respectĂ©es Ă  la lettre par le pianiste impliquĂ©, que naĂ®t la sensation d’une musique intĂ©rieure, improvisĂ©e, surgissant d’une psychĂ© palpitante qui se rĂ©alise et s’amplifie ou se replie dans l’instant oĂą elle s’adresse au spectateur. Ni conceptuelle, ni minimaliste, ni totalement abstraite, la musique de Feldman conserve une plasticitĂ© et une voluptĂ© sensible que Ivan Ilic sait transmettre sans attĂ©nuer la volontĂ© d’Ă©pure, l’ambition purement allusive du matĂ©riel sonore. Tout en en retraçant le fil tendu, l’interprète sculpte la direction de chaque sĂ©quence comme une Ă©preuve et une lutte arrachĂ©e après de longs efforts, comme un combat contre soi-mĂŞme : il en exprime la violence et l’Ă©nergie de reconstruction, de sorte que confuse au dĂ©marrage, l’impression s’ordonne et prend forme au fur et Ă  mesure du dĂ©roulement des 22 Ă©pisodes. En apparence, dĂ©cousu, fruit du hasard et comme improvisĂ©, chaque tableau interroge le timbre, la hauteur, la profondeur de la note ; en explore toutes les vibrations porteuses de rĂ©sonance et de miroitement cachĂ©s… Ivan Ilic dĂ©ploie mille Ă©clats en une palette renouvelĂ©e et millimĂ©trĂ©e qui dit la prĂ©sence de l’Ă©ternitĂ© et du vertige Ă  travers tous les caractères et paysages traversĂ©s. C’est entre les notes dans l’anfractuositĂ© ainsi rĂ©vĂ©lĂ©e entre les silences et les crĂ©pitements sonores que se prĂ©cisent peu Ă  peu la cohĂ©rence et l’harmonie d’une construction mentale et musicale qui semble sortir peu Ă  peu de l’ombre.  Travail du clair obscur, questionnement du temps musical dans ses manifestations murmurĂ©es et souvent Ă©nigmatiques, dĂ©tente et apesanteur qui semble abolir toute notion connue de temps comme d’espace, le jeu suggestif et arachnĂ©en d’Ivan Ilic trouve ici un point d’accomplissement, initiĂ© magistralement dans son prĂ©cĂ©dent album The Transcendentalist.
feldman bunita Marcus portrait duoLes connaisseurs du pianiste savent combien Palais de Mari (de Feldman justement) a comptĂ© dans la rĂ©ussite et l’accomplissement de ce dernier cd dĂ©jĂ  citĂ© (The Transcendentalist : Scriabine, Cage, Wollschleger, Feldman 1 cd  Heresy, mai 2014), synthèse composĂ©e par Feldman en 1986 et qui fut commandĂ©e par… la compositrice Bunita Marcus. Feldman apprĂ©ciait son Ă©criture Ă  la fois splendide et Ă©lĂ©gante. Ivan Ilic nous offre une nouvelle exploration de l’écriture et des climats de Feldman Ă  travers un nouvel itinĂ©raire hypnotique, un nouveau parcours qui relève de fait du rituel magique, de la transe silencieuse, d’un rĂŞve Ă©veillĂ©, celui d’un dormeur musicien. EnvoĂ»tant.

 

 

 

Prochains concerts d’Ivan Ilic : Londres, le 5 novembre 2015, Peacock Room, Trinity Laban Conservatoire. Paris : le 11 novembre 2015 à la Fondation des Etats-Unis (sur le piano Steinway modèle D de la salle de concert Art Déco).

 

 

 

CD, compte rendu critique. Ivan Ilic plays Morton Feldman. Feldman (1926-1987) : For Bunita Marcus, 1985. Ivan Ilic, piano (1 cd  Paraty 135505, album 50, Paris Salle Cortot, novembre 2014). Parution :  octobre 2015. CLIC de classiquenews de novembre 2015.

 

 

 

Paris. Filipe Pinto-Ribeiro joue les Saisons (Tchaikovsky, Piazolla, Carrapatoso)

pinto-ribeiro-filipe-portrait-582-bandeauParis, Gaveau. Filipe Pinto-Ribeiro, pinao. Le 4 novembre 2015, 20h30. A l’occasion de la parution de son disque récent paru chez Paraty (Piano Seasons, septembre 2015), Filipe Pinto Ribeiro joue le programme de son album, comprenant les œuvres de Tchaikovski, Piazolla, Eurico Carrapatoso et dont le fil conducteur est le thème des saisons… Tempérament musical, sensible et passionné, Filipe Pinto-Ribeiro croise ainsi en un éclectisme brillant qui renforce la cohérence des correspondances choisies, la fibre russe de Tchaikovsky, le tango argentin de Piazolla-Nisinman, sans omettre le chant particulier de ses gènes dans l’écriture de son compatriote portugais, Carrapatoso. A ce titre, Filipe Pinto-Ribeiro réalise la première française des oeuvres de Piazolla et de Carrapatoso inscrites dans son programme parisien.

 

 

 

Piano ciselé, crépitements climatiques

C’est un triptyque flamboyant, riche en esthétiques diverses qui cultive l’esprit du dialogue et du partage avec sous les doigts du pianiste virtuose, une couleur spécifique qui déploie scintillements et aspirations intérieures. Ce sont « trois cycles de « saisons », trois pays, trois langages, trois visions du monde de compositeurs qui ont abordé la thématique des saisons en trois siècles, le XIXe, le XXe et le XXIe siècle », précise l’interprète. Climatiques, atmosphéristes, et aussi universelles, les évocations, traversant les esthétiques, sont surtout un superbe voyage introspectif où le toucher à la fois précis et allusif du soliste apporte une caractérisation envoûtante.

 

 

 

Programme :

pinto-ribeiro-filipe-portrait-490-piano-classiquenewsTchaĂŻkovsky : Les Saisons opus 37 (extraits)
Piazolla / Nisinman : Quatre Saisons de Buenos Aires
(première française)
Carrapatoso : Quatre dernières saisons de Lisbonne
(première française)

Paris, Salle Gaveauboutonreservation
Récital de piano Filipe Pinto-Ribeiro
Programme « Les Saisons » : Tchaïkovsky, Piazolla, Carrapatoso
Mercredi 4 novembre 2015, 20h30

Salle Gaveau
45-47 rue La Boétie
75008 PARIS
01 49 53 05 07
Prix : 35, 25, 15 euros

 

 

 

verao classico lisboa lisbonne festival presentation classiquenews 2015Cet été, le pianiste portugais a créé la première édition de l’Académie internationale de musique de Lisbonne (juillet-août 2015), où l’expérience pédagogique apporte aux professionnels et jeunes apprentis, une voie de perfectionnement et de partage unique ;, au public, le moyen de suivre pas à pas l’avancée du travail collectif, l’approfondissement dans l’interprétation des oeuvres de musique de chambre choisies : « Filipe Pinto-Ribeiro réinvente la magie des masterclasses et des concerts de musique de chambre. (…) bouillonnant pianiste, pédagogue chevronné autant qu’interprète subtil … » (cf LIRE notre dépêche annonce :  Portugal. Lisbonne, Festival Verão Clássico, jusqu’au 1er août 2015

 

 

Toutes les infos et l’actualité du pianiste Filipe Pinto Ribeiro sur le site de Filipe Pinto-Ribeiro

CD., annonce. Ivan Ilic plays Morton Feldman (1 cd Paraty)

ilic-ivan-450-portrait-face-pianoCD., annonce. Ivan Ilic plays Morton Feldman (1 cd Paraty). The Feldman Project… by Ivan Ilic. Ses mains sont d’un geste intĂ©rieur. Ses yeux sont ceux d’un mage hypnoptiseur. Pas Ă©tonnant que le pianiste Ivan Ilic soit fascinĂ© par les climats suspendus, parfois Ă©nigmatiques en tout cas souvent dĂ©concertants de l’amĂ©ricain Morton Feldman. D’ailleurs pour interprĂ©ter ses oeuvres, l’interprète a perfectionnĂ© des techniques de mĂ©morisation très anciennes pour jouer Feldman en exprimant Ă  la lettre sa conception si personnelle du dĂ©veloppement musical, abolissant le temps et l’espace. Le pianiste amĂ©ricano-serbe Ivan Ilic, poursuit son exploration des continents mĂ©connus dessinĂ©s par le compositeur amĂ©ricain, dĂ©cĂ©dĂ© en 1987. A l’aune des grands penseurs et crĂ©ateurs de son temps, -Boulez, Stockhausen et John Cage dont il fut proche-, Feldman a dĂ©fendu avec tĂ©nacitĂ© et mĂŞme esprit de compĂ©tition, sa propre voix. Sa musique ouvre des portes, laisse envisager des perspectives, des mondes et des continents qui Ă©taient invisibles mais que l’écoute de plus en familière de ses partitions, permet d’envisager voire de visualiser surtout d’éprouver. Ce sont moins des narrations que des situations (« territoires ») que la musique de Feldman cultive et provoque, suscitant chez le spectateur / auditeur, un nouveau champ de conscience, un nouveau protocole d’écoute. La spatialitĂ© devient essentiel ici : elle libère musique et auditeur pour des explorations infinies.

 

 

 

Sons et champs de Morton Feldman

 

 

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Feldman-in-Paris concert ivan ilic mai 2015 CLIC de classiquenewsA ce titre, dans la notice accompagnant le livret de ce disque monographique (Ivan Ilic plays Morton Feldman), le pianiste expose sa propre expĂ©rience Ă  l’écoute de Feldman : impatience, trouble d’abord, puis rĂ©vĂ©lation et accomplissement spirituel… et mĂŞme « libĂ©ration, transe ». Le propre de Felmdan demeure la qualitĂ© d’atmosphère qu’il produit au-delĂ  de la musique et des notes. Un climat quasi hypnotique qui modifie la sensation ordinaire du temps, pour un temps mental hors de toute expĂ©rience classique, qui bascule en rĂ©vĂ©lation pour l’Ă©couteur attentif. Ivan Ilic s’inspire du cycle des hommages – portraits d’artistes que Feldman a rencontrĂ©s grâce Ă  son ami John Cage … : « Frank O’Hara (le poète), Mark Rothko, Willem de Kooning, Philip Guston (peintres), Aaron Copland, John Cage, Christian Wolff, Stefan Wolpe (compositeurs), et Samuel Beckett (l’écrivain, poète, et dramaturge). Un nom se dĂ©marque cependant des autres : Bunita Marcus. »
Feldman lui dédie un pièce ample qui dure 1h10 et qu’il compose en 1985. La compositrice a compté dans sa propre maturation : intime du compositeur, elle aurait même refusé sa demande en mariage. Ivan Ilic en enregistre ici et dans une sonorité scrupuleusement restituée, la version critique corrigée, publiée en mars 2011, une version qu’il a encore enrichie grâce à sa connaissance profonde du manuscrit de Feldman (si riche en annotations très précises).
feldman bunita Marcus portrait duoLes connaisseurs d’Ivan Ilic savent combien Palais de Mari a compté pour la réussite et l’accomplissement de son dernier cd (The Transcendentalist : Scriabine, Cage, Wollschleger, Feldman 1 cd  Heresy, mai 2014), la dernière composée par Feldman en 1986 et qui fut commandée par… la compositrice Bunita Marcus. Feldman appréciait son écriture à la fois splendide et élégante. Ivan Ilic nous offre une nouvelle exploration de l’écriture et des climats de Feldman à travers un nouvel itinéraire hypnotique. Prochaine grande critique dans le mag cd dvd livres de classiquenews.com.

Prochains concerts d’Ivan Ilic : Londres, le 5 novembre 2015, Peacock Room, Trinity Laban Conservatoire. Paris : le 11 novembre 2015 à la Fondation des Etats-Unis (sur le piano Steinway modèle D de la salle de concert Art Déco).

 

 

 

Ilic-ivan-morton-feldman-review-account-of-classiquenews-PARATY135305_couv_dos_HD1 cd Ivan Ilic plays Feldman (Paraty : Album 50)
Feldman (1926-1987) : For Bunita Marcus, 1985
Ivan Ilic, piano
1 cd Paraty 135505. Parution : le 16 octobre 2015.

 

 

+ d’infos : www.ivancdg.com

 

 

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CLIP VIDEO. La Complainte de Lacenaire par La Clique des Lunaisiens, Arnaud Marzorati

lacenaire les lunaisiens arnaud marzorati cd paraty compte rendu annonce septembre 2015 CLASSIQUENEWS.COMCLIP VIDEO. La Complainte de Lacenaire par La Clique des Lunaisiens, Arnaud Marzorati. DĂ©diĂ© aux chansons de Lacenaire, figure dĂ©lirante, fantasque du XIXème siècle, le nouveau disque des Lunaisiens et du baryton Arnaud Marzorati approfondit davantage le geste vocal de l’ensemble instrumental rĂ©uni autour du baryton chansonnier. PrĂ©sentation par Arnaud Marzorati, extraits des chansons : Pluton, la Complainte de Lacenaire, RĂŞves… La Complainte de Lacenaire, 1 cd Paraty, Ă  paraĂ®tre le 22 septembre 2015. Clip vidĂ©o exclusif © CLASSIQUENEWS.COM 2015.

 

 

 

lacenaire pierre francois lacenaire portrait les lunaisiens arnaud marzorati cd PARATY CLIC de classiquenewsQui fut le lyonnais Pierre-François Lacenaire (1803-1836) ? Un critique libertaire, assassin antisocial et romantique, surtout poète et aussi chansonnier. Sa vie cumule les emplois et les escroqueries diverses qui font de lui, un voyageur arnaqueur forcenĂ© (fourrier, reprĂ©sentant en liqueurs, soldat puis dĂ©serteur, enfin “suicidĂ© social” tentant de “frapper l’Ă©difice social”, dĂ»t-il en perdre la vie !)… EmprisonnĂ© une première fois Ă  La Force, en 1828, Lacenaire, rĂ©publicain entĂŞtĂ©, rencontre d’autres mauvais garçons : Pierre-Jean BĂ©ranger, Jean-François Chardon, y apprend les rudiments d’un futur chef de gang…  Au cours de ses sĂ©jours en prison, il Ă©crit de ombreux poèmes, rĂ©vĂ©lant une maĂ®trise rare de la prose poĂ©tique et surtout un journal (Les prisons et le rĂ©gime pĂ©nitentiaire, source très prĂ©cieuse d’informations sur la vie carcĂ©rale au XIXè, analysĂ©e ensuite par Roland Barthes et Michel Foucault qui voit en Lacenaire, la figure nouvelle du bandit populaire, ” le criminel bourgeois romantique”…).

CLIC_macaron_20dec13Finalement, Lacenaire est condamnĂ© Ă  la peine capitale en novembre 1835 (pour avoir tuer par 16 fois dont le prĂ©citĂ© Chardon), il est incarcĂ©rĂ© Ă  la Conciergerie Ă  Paris pendant les mois qui prĂ©cèdent son exĂ©cution survenue en janvier 1836 (Ă  l’âge de 33 ans). Il devient une attraction populaire d’autant que le temps de son incarcĂ©ration, Lacenaire met Ă  profit les longues heures qui lui sont imparties pour Ă©crire sans compter, ses mĂ©moires (forgeant peu Ă  peu le mythe du dandy assassin, comme il y eut en la personne du madrigaliste italien, Gesualdo au XVIè, un compositeur assassin…), d’innombrables poĂ©sies et ses chansons, comme s’il avait Ă©tĂ© soudainement inspirĂ© par la “lucarne” (guillotine). Maniant la lyre autant que le poignard, en “fessant la morale”, Lacenaire faisait de la philosophie, ainsi prĂ©cisait Flaubert, admiratif du geste de Lacenaire, de son audace, de son extravagance jusque devant la mort. Ce qui reste fascinant comme beaucoup de gĂ©nies dĂ©concertants, c’est dans le cas de Lacenaire, la fusion Ă©troite entre la vie et l’oeuvre. Les textes de ses chansons aux mĂ©lodies prenantes Ă©clairent un imaginaire hors normes, d’une rare culture mĂ©tissĂ©e, alliant dans un style inimitable, lunaire, saturnien, provoquant et surtout essentiellement onirique et poĂ©tique, le populaire et le savant… Un Villon (autre poète assassin) des temps modernes. Aujourd’hui, Arnaud Marzorati et sa Clique des Lunaisiens explorent les facettes troublantes d’un gĂ©nie de la prose, aux univers Ă  la fois oniriques et cyniques, rĂ©vĂ©lant la face la plus hallucinante, dĂ©lirante, terrifiante de l’âme humaine… Comme interprète soucieux du chant comme geste vocal, Arnaud Marzorati, brillant baryton formĂ© Ă  ses dĂ©buts Ă  l’Ă©loquence baroque, incarne la prose de Lacenaire avec une fantaisie suggestive, une libertĂ© de ton maĂ®trisĂ©e et dĂ©jantĂ©e. Le cd La Complainte de Lacenaire (Paraty) Ă  paraĂ®tre le 22 septembre 2015 est Ă©lu ” CLIC ” de classiquenews.

VOIR notre TEASER VIDEO : la Complainte de LACENAIRE par Arnaud Marzorati / 1 cd PARATY – rĂ©alisation : Philippe-Alexandre PHAM, sept 2015 :

 

 

 

 

 

 

 

CD. Compte rendu critique. Chopin : 24 Préludes. Maxence Pilchen, piano (1 cd Paraty).

Chopin 24 preludes critique compte rendu classiquenews Maxence Pilchen piano 1 cd PARATYCD. Compte rendu critique. Chopin : 24 Préludes. Maxence Pilchen, piano (1 cd Paraty). Voici une nouvelle lecture des 24 Préludes de Chopin qui va compter.  Allusif et pudique, le pianiste franco-belge Maxence Pilchen inscrit la matière musicale dans l’intime, révélant de nouvelles perspectives émotionnelles dans le jaillissement contrasté des séquences enchaînées. Versatile, volubile mais puissamment intimiste, le jeu ouvre tous les champs de la conscience et de la mémoire en retissant les liens profonds et les images souterraines qui font des 24 Préludes, ce fond miroitant des sentiments les plus secrets.  En plongeant dans les eaux de la psyché, le pianiste franco belge rétablit la part prodigieusement humaine du cycle. Magistral.  Le disque de Maxence Pilchen renouvelle notre enthousiasme suscité par le disque dédié au Chopin historique (sur claviers Pleyel) réalisé par Knut Jacques, enregistrement également publié aussi par Paraty.

CLIC_macaron_2014Une vision d’ensemble s’impose d’abord. Traversons le cycle de PrĂ©lude en PrĂ©lude. L’Agitato initial est un lever de rideau idĂ©alement Ă©noncĂ© comme un rĂŞve ou un songe qui vient de naĂ®tre (1) : la douceur suggestive du toucher s’y montre irrĂ©sistible.  MĂŞme rĂ©alisation parfaite pour le lento (2) en forme de marche nocturne aux rĂ©sonances Ă  la fois lunaires et lugubres d’une profondeur hypnotique grâce Ă  un jeu d’une tendresse articulĂ©e enivrante (quel sens de l’indicible et des respirations) ; puis c’est un gĂ©nial contraste avec le Vivace qui suit, abordĂ© comme le vol d’une libellule ou du papillon le plus lĂ©ger, sachant faire valoir au soleil ses couleurs scintillantes  (3) ; l’Ă©noncĂ© du 4 – Largo, qui est l’une des mĂ©lodies les plus cĂ©lèbres et mĂ©morables du cycle,  sombre dans l’Ă©panchement le plus investi comme une confession douloureuse et intime : lĂ  encore l’interprète sait Ă©viter tout pathos trop dĂ©monstratif. A l’inverse, – emblème de la lecture du cycle entier-, le jeu s’enracine dans le terreau d’une psychĂ© tenue secrète comme prĂ©servĂ©e.

Puis, le 5 (Allegro molto) est tout dĂ©sir, Ă  son amorce, vivifiant qu’attĂ©nue dans la continuitĂ©, le 6 (Lento assai),  expression d’une rĂ©serve oĂą s’Ă©panouit l’intime en une pudeur souveraine, bouleversante.
Le 7 (Andantino)  rĂ©sonne comme une rĂ©itĂ©ration du Grand Maulnes, produisant la rĂ©surgence d’une valse enfouie, pure, soudainement rĂ©vĂ©lĂ©e, affleurante : lĂ  encore le geste toute en pudeur et suggestivitĂ© nuancĂ©e de Maxence Pilchen saisit par sa justesse poĂ©tique.
Le 8 (Molto agitato) montre outre la sensibilitĂ© aux climats et aux atmosphères tĂ©nues, picturales, l’aisance digitale emperlĂ©e du pianiste : fluiditĂ© aĂ©rienne au service d’une sensibilitĂ© millimĂ©trĂ©e et naturelle.
Le 9 (Largo), plus démonstratif, est porté par une certitude qui contraste avec toute la pudeur qui précède.

Emperlé, allusif, le jeu de Maxence Pilchen régénère l’approche des 24 Préludes de Chopin

Chopin réinventé : Préludes magiciens…

Le 10 (Allegro Molto) se fait jaillissement liquide. Le 11 (Vivace) ivresse accordée au tempérament rêveur du début. Le 12 (Presto) sonne telle une mécanique échevelée sur un tempo trépidant. Le 13 (Lento) a la noblesse intime d’un solo de danseuse riche en arabesques diaphanes et elle aussi, envoûtantes.
Le 14 (Allegro) plonge plus grave dans une activitĂ© souterraine … pour mieux prĂ©parer  au rĂŞve d’enfance du 15 (Sostenuto),  vĂ©ritable immersion rĂ©trospective et le plus long des PrĂ©ludes – plus de 4 mn. La lecture plonge  dans ce climat d’innocence des premières annĂ©es de tout âme terrestre : saluons l’intonation et la prĂ©cision stylistique parfaites du pianiste qui inscrit davantage le cycle dans l’intimitĂ© et la puissante d’une psychĂ© de longue mĂ©moire avec ici le souffle d’une tragĂ©die intime prĂ©gnante et tenace. Cette richesse et cette Ă©paisseur Ă©motionnelle accrĂ©dite la lecture dans son ensemble.

Par effet de contraste, dont dépend la vitalité rythmique du cycle, le 16 (Presto con fuoco), affirme une ivresse échevelée où le sens de la syncope et du rebond magistralement maîtrisé, enchante et captive. Le 17 (Allegretto) saisit par sa fraîcheur absolue servie par un toucher de rêve soyeux et allusif.

Après la fulgurance du 18 (Allegro molto), tout syncopes et feu,  les 6 derniers Préludes , à part le 22 (Molto agitato de moins d’une minute), présentent une même duré moyenne d’1mn20, offrant une ultime succession équilibrée dans ses développements.

Ainsi le 19 (Vivace) est délié, bavard comme la libération du secret  primordial. Le
20 (Largo) a l’ampleur d’une formidable arche, -ouverture et fenĂŞtre vers un recommencement qui s’appuie sur la conscience pleine et assumĂ©e d’une gravitĂ© intime assumĂ©e. Le 21(Cantabile) devient enchantement : le rubato poĂ©tique et dansant suscitant un chant enivrĂ©, se distingue nettement.  Le 22 (Molto agitato) exprime première et animale,  l’énergie agitato de forces telluriques jusque lĂ  insoupçonnĂ©es. Enfin le 23 – Moderato-, Ă  l’inverse est un rĂŞve liquide d’une douceur infinie qui de l’ombre retourne Ă  l’ombre. La pudeur poĂ©tique dont est capable Maxence Pilchen, chopinien idĂ©al, s’affirme ici dans toute sa justesse, ses nuances pudiques, ses rĂ©sonances secrètes et intimes.

 

Dans l’ultime sĂ©quence, le 24 (Allegro appassionato), le jeu est porteur d’une tragĂ©die intime jamais  rĂ©solue. Chopin exprime dans son dernier PrĂ©lude, une Ă©nergie sombre, – vĂ©ritable houle inquiète, et psychiquement instable, associĂ©e Ă  la volontĂ© inextinguible et viscĂ©rale de renaĂ®tre.

 

 

La richesse Ă©motionnelle, le jeu qui nous parle de l’intime et fait surgir souvent en Ă©clats scintillants idĂ©alement mesurĂ©s, l’activitĂ© de la psychĂ© affirment l’impressionnante maturitĂ© de l’interprète. Sa sensibilitĂ© fĂ©conde qui s’inscrit sans pathos dans l’intime et la pudeur, force l’admiration. Outre la formidable digitalitĂ© du pianiste,  c’est sa profondeur et son absolue subtilitĂ© qui touchent immĂ©diatement. Voici un immense tempĂ©rament Ă  suivre de près. Le disque dĂ©croche naturellement le CLIC de classiquenews de juin 2015. VoilĂ  qui confirme l’activitĂ© du label Paraty tel un formidable tremplin de tempĂ©raments actuels du clavier (clavecin, pianoforte, piano) : Natalia Valentin, virtuose au pianoforte (Bagatelles de Beethoven, 2009), Ivan Ilic (Debussy et Godowski), le dĂ©jĂ  citĂ© Knut Jacques (autre chopinien audacieux rĂ©vĂ©lateur des sonoritĂ©s originelles sur claviers historiques: Pianos Pleyel et pianino ; Ballades, Sonate n°2, Nocturne…) : et plus rĂ©cemment simultanĂ©ment au Chopin de Maxence Pilchen, les superbes Sonates de WĂĽrttemberg de CPE Bach au clavecin par Bruno Procopio (CLIC de classiquenews de fĂ©vrier 2015)… Autant de titres, rĂ©vĂ©lant interprètes et rĂ©pertoires choisis, Ă  connaĂ®tre d’urgence.

 

 

CD. Compte rendu critique. Chopin : 24 Préludes. Maxence Pilchen, piano. 1 cd Paraty 115131. Parution : le 16 juin 2015. Durée : 34 mn. Enregistré en juin 2014.
Visiter le site du label indépendant PARATY

 

MAXENCE PILCHEN en CONCERT
Le 30 juin 2015, Paris, salle Gaveau, 20h30
Programme : « De Majorque à Nohant ». Les 24 Préludes de Chopin.
Ballade opus 52, Scherzo opus 54, Polonaise opus 53.

 

 

Maxence Pilchen, piano.

Carl Philipp Emanuel Bach (1714-1788) : Sonates Wurtembergeoises Wq 49 (1 cd Paraty, 2014)

cd-Bruno-Procopio-karl-philipp-emanuel-Bach-sonates-wurtembergeoises-1742-1743-bruno-procopio-clavecin-582-PARATY515501_couv_HMCD. Compte rendu critique. Carl Philipp Emanuel Bach (1714-1788) : Sonates Wurtembergeoises Wq 49 (1 cd Paraty, 2014). 2014 s’est achevĂ© sans que l’on ait vraiment en France saluĂ© ni commĂ©morĂ© le gĂ©nie du fils Bach le plus zĂ©lĂ© et respectueux de son père : Carl Philipp Emanuel. Celui qui fit tant pour la rĂ©habilitation de l’oeuvre paternelle (avant Mendelssohn), fut aussi mĂ©prisĂ© et minorĂ© par son employeur Ă  Berlin, -FrĂ©dĂ©ric II-, qu’il devint après Telemann, Ă  Hambourg, une personnalitĂ© de premier plan : officielle et vĂ©nĂ©rĂ© comme Haydn Ă  Vienne. C’est que le gĂ©nie exceptionnel de CPE pour le clavier faisait venir des visiteurs de marque dans sa maison hambourgeoise : il y donnait des rĂ©citals sur son fameux clavicorde Silbermann (acquis en 1746), offrant une leçon Ă  chaque fois, de raffinement et d’Ă©lĂ©gance, de maĂ®trise des phrasĂ©s, de distinction agogique, de respiration, de naturel et de profondeur… Un maĂ®tre.

 

 

 

Fantaisie libre et fascinante de CPE

 

 

Carl Philipp Emanuel BachDans une forme que le père n’eut jamais l’occasion d’aborder, la Sonate pour clavecin, Carl Philipp Emanuel affirme un tempĂ©rament hors normes. Le recueil est dĂ©dicacĂ© Ă  son Ă©lève, Charles II Eugène de Wurtemberg. On sait avec quelle science, Bach fils savait sculpter le son sur son clavicorde : tremblement et port du son grâce Ă  une pression du doigt que permet la mĂ©canique de l’instrument choisi. Une telle sensibilitĂ© d’approche se retrouve dans le raffinement de l’Ă©criture et permet de rĂ©aliser cette Ă©loquence improvisĂ©e qui a tant marquĂ© ses contemporains. Cet essor nouveau du sentiment annonce par sa teinte Empfinsamkeit (sensibilitĂ©), le romantisme, mais appartient encore Ă  l’âge baroque par sa formulation toujours soumise Ă  la loi palpitante des contrastes et des variations.

CD 1. Dès la première Sonate (H30), les qualitĂ©s de l’interprète s’affiche sans fard : l’ampleur et la mesure classique du Moderato initial affirme le tempĂ©rament nerveux du claveciniste Bruno Procopio. Cette maĂ®trise calibrĂ©e n’empĂŞche en rien le jaillissement d’une digitalitĂ© franche et palpitante Ă  la fois qui sait Ă©viter toute dĂ©monstration superficielle : en tĂ©moigne pour la seciton finale (Allegro assai), la somptueuse frĂ©nĂ©sie si proche de Domenico Scaralatti avec ses Ă©clairs en cascades, vĂ©ritable tempĂŞte plus Sturm und Drang qu’ Empfindsamkeit, dernier allegro, Ă  la fois nuit d’orage et course Ă  l’abĂ®me. L’implication coulante et dansante de Bruno Procopio colore cette sublime conclusion de la H30 composĂ© Ă  Berlin en 1742, d’une sensibilitĂ© Ă©chevelĂ©e, d’une tenue ferme et hallucinĂ©e Ă  la fois.

La H31 exprime bien cette ambivalence de CPE entre affirmation de la maĂ®trise et dĂ©sĂ©quilibre qui menace toujours et s’exprime dans des variations et modulations harmoniques tout Ă  coup inquiĂ©tantes.  Presque Ă©purĂ©e et d’un dĂ©pouillement soudainement assagi comme rĂ©confortĂ© l’Adagio (plage 5) se distingue nettement ; il est d’une douceur introspective presque tendre oĂą CPE semble jouer Ă  traverser le mĂŞme motif dans les tonalitĂ©s les plus imprĂ©vues. L’Allegro final captive par son Ă©nergie presque hystĂ©rique : une ivresse riche en contrastes rythmique (trop appuyĂ©s selon l’humeur de l’interprète?… quoiqu’il en soit la vitalitĂ© proche de la folie enivre.

Directe et franche et plus resserrĂ©e encore la H33 (Teplice, 1743) prĂ©cise ce CPE d’une robuste inventivitĂ©, passionnĂ© des carrures brisĂ©es, des Ă©pisodes syncopĂ©e, oĂą la pensĂ©e vagabonde sans limites (plage 7). Ă‚pretĂ©, rugositĂ© mĂŞme refondent un langage, marquĂ© par l’inquiĂ©tude. Quel contraste avec l’appel aux cimes sereines de l’Adagio qui suit ; ou le discours furieusement Ă©noncĂ© du Vivace final, d’une coupe franche parfois dure qui elle aussi laisse entrevoir des lendemains implosifs : est ce rĂ©ellement soustendu par CPE ou subtilement agencĂ© par un claviĂ©riste manifestement inspirĂ© par le compositeur : ici, la virtuositĂ© affleure la folie en un vertige qui fait la valeur de ce programme envoĂ»tant. Le clavier de CPE est loin d’ĂŞtre cette synthèse admirĂ©e de bon goĂ»t et d’Ă©lĂ©gance raffinĂ©e qui marqua tant Haydn et Mozart. C’est un laboratoire permanent oĂą l’imprĂ©visible Ă©prouve constamment la raison, suscitant Ă  l’extrĂ©mitĂ© du spectre sonore, une Ă©pice imprĂ©vue, la folie. Tout s’organise et se dĂ©sorganise au diapason d’une pulsion aventureuse qui ose tout dire et tout exprimer.

 

 

Sonates atypique de Carl Philipp Emanuel

 

bach_CPE_carl_philipp_emanuelLe contenu du CD2 convainc tout autant. Dans la H32 : on se dĂ©lecte essentiellement du temps suspendu et caressant d’une belle opulence de son dans l’Andante, enfin serein et presque insouciant (plage 2).  A part, la Sonate H36 (Berlin, 1744) se prĂ©cise tel le miroir des inquiĂ©tudes d’un compositeur non reconnu et certainement d’une certaine façon, humiliĂ©; dĂ©considĂ©rĂ© par le souverain en place. Ou alors oscilloscope de ses crises de goutte qu’il soignait alors aux eaux de Teplice en 1743. L’humeur dĂ©licate et capricieuse semble piloter toute la Sonata en si mineur d’une somptueuse ampleur imaginative. La versatilitĂ© y règne d’une mesure Ă  l’autre : jamais prĂ©visible, l’Ă©criture dessine de subtiles arabesques et il faut une virtuositĂ© digitale experte pour en exprimer toutes les nuances aventureuses. Ainsi le Moderato d’ouverture avec ses variantes de 1762 qui semble affirmer l’entrĂ©e avec une inventivitĂ© rĂ©gĂ©nĂ©rĂ©e Ă  chaque nouvel Ă©noncĂ© (près de 10 mn d’exploration et de rĂ©itĂ©ration sonore sans faiblir). Comme un feu d’artifice qui dĂ©tend les tensions accumulĂ©es Ă  la limite du supportable, l’Allegro final offre un jaillissement libĂ©rateur d’une exquise fluiditĂ© de ton.

CLIC_macaron_20dec13Le tempĂ©rament et une volontĂ© coĂ»te que coĂ»te d’en dĂ©coudre… caractĂ©risent cette lecture des trĂ©sors d’invention d’un Bach singulier Ă  son Ă©poque. L’engagement et l’Ă©nergie de Bruno procopio portent tout l’Ă©difice, sachant idĂ©alement brosser de CPE Bach, ce portrait flamboyant d’un homme des Lumières, savant mais facĂ©tieux, vĂ©ritable archĂ©type prĂ©figurant Haydn et Mozart par l’intelligence et la passion de l’exploration sonore. Superbe rĂ©cital d’un claveciniste qui est aussi un chef captivant.

 

 

CPE Bach (1714-1788) : Württemberg Sonates / Sonates de Wurtemberg Wq 49 : H30, H31, H33, H32, H34, H36 (Berlin, 1742 et 1744 ; Teplice, 1743). Bruno Procopio, clavecin. 2 cd Paraty 515501. Enregistré à la ferme de Villefavard en juin 2014. Parution annoncée : le 5 mai 2015. CLIC de classiquenews de mars 2015.

 

 

Entretien avec Benoît Babel, directeur musical de Zaïs. Jouer Rameau et Haendel.

babel-benoit-zais-rameau-handel-ENTRETIEN avec Benoît Babel, directeur musical de Zaïs. Jouer Rameau et Haendel. Avec son ensemble sur instruments d’époque, baptisé Zaïs en hommage au génie raméllien, le claveciniste Benoît Babel vient de publier chez Paraty, un programme discographique réjouissant : enchaînant Concertos pour orgue de Handel et transpositions d’après Rameau. La vitalité exquise, le sens du drame, le festival des saveurs instrumentales servies comme un buffet de combinaisons rares font les délices d’une réalisation superlative, d’autant plus bienvenue pour l’année Rameau 2014. Mais mettre en regard Haendel et Rameau, deux génies contemporains de la musique baroque n’est pas si anodin que cela. Explications. Entretien avec Benoît Babel, directeur musical de Zaïs.

 

 

En jouant les deux compositeurs qu’avez vous souhaitĂ© exprimer comme singularitĂ©s respectives ? 

Ce qui est curieux avec Handel et Rameau, c’est que leur musique diffĂ©rente de prime abord se complète parfaitement. Handel a cette spontanĂ©itĂ©, ce naturel et cette fluiditĂ© qui font penser Ă  l’Italie. Rameau a pour lui la lĂ©gèretĂ©, ce cĂ´tĂ© spirituel, humoristique mais jamais naĂŻf. Mais ces deux gĂ©nies ont en commun une incroyable maĂ®trise de leur art.
Avec Paul Goussot, titulaire de l’orgue de Ste-Croix, nous avons souhaitĂ© composer un programme le plus vivant possible. Nous avons pour cela utilisĂ© deux « disciplines » que Rameau et Handel eux mĂŞme ont beaucoup pratiquĂ©es : l’improvisation et la rĂ©-Ă©criture.
Handel, dans ses concertos, laisse Ă  l’organiste d’immenses possibilitĂ©s de crĂ©ation par des mentions « ad libitum ». Notre enregistrement compte au moins quatre grandes parties improvisĂ©es : trois au sein des concertos et Ă©galement une ouverture en trois mouvements, ce qui est assez rare au disque. C’est d’ailleurs une joie immense pour l’ensemble ZaĂŻs de dĂ©couvrir chaque fois que nous donnons ce programme les nouvelles trouvailles de Paul. C’est très inspirant pour nous.
babel-bonit-zais-582-concert-maestro-rameau-handelLa dĂ©marche de rĂ©-Ă©criture et elle aussi très historique. Tous les opĂ©ras de Rameau contiennent des pièces rĂ©-Ă©crites, adaptĂ©es pour l’occasion. Paul Goussot a passĂ© des mois entiers Ă  inventer des parties de violon, alto, hautbois, bassons … Ă  partir de la version en trio de Rameau. Il a ainsi créé une conversation constante entre l’orgue et les parties d’orchestre. Un immense travail ! C’Ă©tait notre manière Ă  nous de cĂ©lĂ©brer l’annĂ©e Rameau en montrant que la pratique de la musique ancienne passe aussi par des expĂ©riences et que l’on peut de cette façon continuer Ă  faire vivre ce rĂ©pertoire et Ă  le renouveler.

 

 

 

Réécriture, improvisation…

 

A propos de Rameau, que diriez vous en quelques mots pour définir son génie particulier au regard des oeuvres jouées ?

Rameau est pour moi le meilleur ambassadeur de la musique française du XVIIIème siècle et de l’esprit des Lumières. Bien que sa musique soit souvent intellectuellement complexe et virtuose, jamais elle ne contraint l’auditeur Ă  une concentration extrĂŞme pour se laisser toucher par les affects. C’est ce que Rameau lui mĂŞme appelait « cacher l’art par l’art ». Sa musique mĂ©rite d’ĂŞtre jouĂ©e et dĂ©fendue. Je crois que, comme pour tout notre rĂ©pertoire de musique ancienne, mĂŞme après des siècles, cette musique parle directement Ă  l’auditeur du XXIème siècle. C’est une musique sincère, honnĂŞte, dans le sens oĂą elle invite directement l’auditeur Ă  entrer dans son jeu, dans ses Ă©motions. Pas besoin de distance, elle est faite pour que chacun la vive en soit.

Quels sont les caractères distinctifs de votre ensemble Zaïs et en quoi ce programme met il en avant ses qualités propres ? 

Tous les musiciens se sont Ă©normĂ©ment investis dans ce projet. Ils m’ont fait confiance et chacun a apportĂ© le meilleur de ce qu’il pouvait faire. Je leur en suis extrĂŞmement reconnaissant. Beaucoup ne me connaissaient pas ou n’avaient encore jamais jouĂ© avec moi. C’est une rĂ©ussite collective. Pourtant les obstacles ne manquaient pas. Jouer avec un grand orgue, se fondre dans sa justesse et donner vie Ă  ces transcriptions de Rameau … tout cela constituait des dĂ©fis Ă©normes ! Je pense que nous proposons dans ce CD quelque chose de vraiment original et singulier. Chacun pourra juger, mais nous sommes fiers de ce que nous proposons. Beaucoup de travail nous attend encore, l’aventure ne fait que commencer ! Propos recueillis par Alexandre Pham. Illustrations : ©ecliptique/Laurent Thion.

 

 

LIRE aussi notre critique complète du cd Rameau & Handel par l’ensemble Zaïs et Benoît Babel : CLIC de classiquenews de septembre 2014.

 

 

DOM BEDOS Rameau handel orgue PARATY visuel_cd_handelrameau_reelCD. Rameau, Handel : Concertos pour orgue, Pièces pour clavecin… (Zaïs, Paul Goussot, Paraty, 2013). Attention, programme remarquablement audacieux. Et sur le plan interprétatif : quelle fulgurance dans un jeu à la fois noble, généreux et aussi percutant voire d’une mordante énergie ! Sans réserve, voici le cd que nous attendions pour l’année Rameau 2014 : d’une plénitude enthousiasmante et par le choix de son programme, dans les œuvres retenues et transcrites, l’expression la plus sincère et la plus directe de cette furie musicale, doublée d’élégance propre au génie raméllien : l’affinité des interprètes (instrumentises de l’ensemble Zaïs et organiste) avec le compositeur est totale et aussi d’une inventive audace comme l’atteste l’intelligence des transcriptions proposée s’agissant des Pièces de Rameau, originellement pour clavecin et transférées ici à l’orgue.

CLIC D'OR macaron 200D’abord au service du premier Concerto pour orgue de Haendel (HWV 309), la gravité (couleurs sombres d’un lugubre solennel grâce aux bassons vrombissants) de l’Adagio & organo ad libitum captive dès le début ; la précision mordante, -pulsionnellement  pertinente de l’Allegro qui suit montre à quel point la musicalité rayonnante de l’ensemble Zaïs (Benoît Babel, direction) sait s’affirmer avec une exceptionnelle volupté assurée, complice à chaque mesure de l’orgue bordelais, royal, et même impérial dans sa démesure réellement impressionnante. De ce fait, la cohérence et l’équilibre dans la prise de son, résolvant l’ampleur réverbérante de l’orgue avec le relief des instrumentistes est exceptionnellement réussie. Outre sa justesse artistique convaincante, le programme satisfait donc aussi sur le plan de sa réalisation technique, préservant une balance idéale malgré la disparité des instruments en jeu. Un exemple même de naturel et de prise de son vivante. Bravo aux ingénieurs du son!

ECOUTER quelques extraits de l’ensemble ZaĂŻs en concert

 

CD. Révolution ! chroniques révolutionnaires de 1830, 1848, 1871 (Les Lunaisiens, 2011, 1 cd Paraty productions)

lunaisiens revolutions 1830 1848 1871 druet novelli marzorati PARATYCD. RĂ©volution ! chroniques rĂ©volutionnaires de 1830, 1848, 1871 (Les Lunaisiens, 2011, 1 cd Paraty productions). Pour les lunaisiens, le XIXè est le temps des barricades. Les forçats de la faim, les damnĂ©s de la terre… s’expriment ici librement avec virulence et musicalitĂ© : ” Du passĂ© faisons table rase… le monde va changer de base; nous ne sommes rien, soyons tout ! “.  D’emblĂ©e le ton est donnĂ© : ce rĂ©cital milite du cĂ´tĂ© des visionnaires rĂ©volutionnaires, rebelles au système, militants de la libertĂ© pour une lutte finale qui voudrait abolir toute tyrannie pour le bien publique. Après un manifeste parlĂ©, et l’hymne fraternel fĂ©dĂ©rateur (l’Internationale de 1888), Arnaud Marzorati et ses complices des Lunaisiens nous offrent une superbe plongĂ©e dans les origines des mouvements contestataires et mordants de l’Europe romantique : 1830, 1848, 1871… Les 3 glorieuses, les barricades de fĂ©vrier et juin 1830 puis rien moins que la Commune (dont la Semaine sanglante de 1871  et le temps de cerises de 1868 signĂ©s Jean-Baptiste ClĂ©ment conserve et diffuse la verve rocailleuse)… sans omettre la rĂ©volte des Canuts de 1831, ni l’insurrection de juin 1832 (drame de la rue Transnonain, illustrĂ©e par Daumier entre autres), esquissent une autre histoire, celles des petites gens, misĂ©rables, affamĂ©es qui sont prĂŞts Ă  prendre les armes et faire Ă©tinceler la poudre. Dès lors, la fameuse Lettre de la PĂ©richole (Offenbach, 1868) prend une saveur dĂ©cuplĂ©e : le cri du ventre explique bien des choix de vie… En exhumant plusieurs chansons de mĂ©lodistes et chansonniers connus (Pierre Dupont, Gustave Leroy, Paul Burani et son fameux Sir de Fisch-Ton-kan de 1870), surtout Quel est le fou, paroles d’eugène Pottier de 1849, les interprètes soulignent combien tout ce patrimoine musical Ă©pingle la folie des hommes, la dĂ©rision des fronts rĂ©volutionnaires pourtant lĂ©gitimes… les chants glorieux pleins d’espĂ©rance et le cri des victimes sacrifiĂ©es. A quoi servent tant de corps morts et de sang versĂ© ? C’est une forme de prière allusive pour l’intelligence du genre humain oĂą les hommes de bonne volontĂ© se frottent toujours Ă  leurs bourreaux mais espèrent toujours l’avènement d’un monde meilleur. L’ironie et le cynisme vont bon train dans l’ultime Marseillaise des Requins, paroles de Gaston CoutĂ© de 1911 : les rĂ©voltĂ©s sont les soldats dĂ©risoires des financiers requins ! discernement Ă©tonnamment moderne. Programme mordant percutant oĂą le piano de salon frĂ©quente l’orgue de barbarie de la rue, militante et remontĂ©e.

Par la voix du baryton Marzorati, le cri de la rĂ©volte, c’est le cri des affamĂ©s : il faut du pain (” car c’est le cri de la nature” s’exclame la vox populi, en sa hargne irrĂ©pressible, plage 3), cependant qu’en une prière Ă  deux voix (Isabelle Druet et Jean-François Novelli murmurĂ© diseurs hors pair : preuve que la violence des mots peut aussi ĂŞtre projetĂ© sur le ton d’une berceuse cynique et poĂ©tique) : recueillement sur les victimes sacrifiĂ©es (le vieux drapeau de 1820, paroles du gĂ©nie inspirĂ© BĂ©ranger auquel Arnaud Marzorati a dĂ©diĂ© prĂ©cĂ©demment un superbe cd).

marzorati arnaud lunaisiens revolution cd paratyLa prĂ©sence de l’orgue de barbarie (soliste : Antoine Bitran) rĂ©alise ensuite un superbe enchaĂ®nement d’une grâce et volubilitĂ© insouciantes : valse-minute de Chopin (plage 5) : c’est une rĂ©fĂ©rence couleur local d’un Paris raffinĂ© mais aussi grivois qui aime la satire et la parodie des oeuvres chastes et nobles… de salon, transcrites pour les pavĂ©s de la rue. Le second degrĂ© va ainsi bon train tout au long de ce programme Ă  la sĂ©lection si dĂ©lectable. Plus affirmatives comme inspirĂ©es par la volontĂ© des barricades, les chansons qui suivent ; les rĂ©voltĂ©s sont des rĂ©publicains et des patriotes et des fervents : “Dieu, honneur, famille, patrie : tout est lĂ ”,  chante Druet, Marianne invocatoire qui insiste : ” travaille, aime et prie “, telles les activitĂ©s d’une nouvelle sociĂ©tĂ© (plage 6). De son cĂ´tĂ©, un Jean-François  Novelli, faussement fervent, prend la dĂ©fense des cocos (plage 7). Puis, on aime la gouaille presque haineuse, des femmes rĂ©voltĂ©es, – les plus redoutables (plage 8) : patience usĂ©e, debout les vĂ©suviennes sur l’air de la Marseillaise entonnĂ©e a cappella… crient leur hargne Ă  peine canalisĂ©e : “tremblez maris jaloux, respect aux cotillons”. Contrastant avec ces amazones belliqueuses, un type de hĂ©ros plus raffinĂ© se dresse : voici l’Ă©lĂ©gance et le lyrisme du tĂ©nor ardent, hĂ©roĂŻque pour le peuple libertaire : ” Armes ton vieux fusil” se soucie des hĂ©ros italiens (Garibaldi, 1859) dressĂ©s contre l’Autriche et ses bourreaux…  (plage 10).
Le front des rĂ©voltes ne va pas sans son flot de victimes, ainsi ” Le bal et la guillotine ” (Gustave Leroy, 1849, plage 11) : “… Ă  l’ElysĂ©e, on dansera ce soir…” devient valse marche parodie : oĂą l’espĂ©rance des insurgĂ©s est brisĂ©e nette par une exĂ©cution brute et collective (le verbe cynique de Druet est parfait).  D’ailleurs, enchaĂ®nĂ© Ă  l’orgue, c’est la (danse) macabre qui pointe son ironie funèbre : la parodie se fait barbarie : sur la mĂ©lodie de la Danse Macabre de Saint Saens, – musique savante et chanson rangaine se rĂ©vèlent très proches : grâce au baryton suggestif d’une subtilitĂ© perverse du hableur Marzorati : la diction se fait superbe et panache en une dĂ©clamation astucieuse et crapuleuse… : projetant sarcasmes amusĂ©s et diableries cocasses, au parlĂ© chantĂ© fabuleusement enchantĂ© et dĂ©concertant :” Oh la belle nuit pour le pauvre, et vive la mort…”. Car il n’est d’Ă©galitĂ© que … devant la mort. C’est la grande faucheuse, la vraie gagnante. Magistrale leçon de rĂ©alisme (plage 12).
RĂ©alisme, satire, cynisme et surtout humanitĂ© voire compassion pour les victimes de la libertĂ© : “Quand viendra t elle?” (paroles d’Eugène Pottier, 1871). Le ton est aux regrets, Ă  l’attente inquiète et recueillie du soldat transi… : le chĹ“ur recueilli, pudique, respectueux des deux hommes rĂ©pond au questionnement d’Isabelle Druet qui fait siennes l’implacable et terrifiante condition de l’homme chair Ă  canon, ou bĂŞte Ă  abattre (plage 13).

La verve savoureuse de ces trois diseurs inspirĂ©s, et subtils expriment toute l’humanitĂ© bouleversante des rĂ©voltĂ©s de l’Histoire : hĂ©ros ou victimes ? en leurs chants de gloire et leurs cris de mort… ( la double vision revient Ă  Alphonse de Lamartine). OriginalitĂ©, drame du chantĂ© / parlĂ©, justesse des enchaĂ®nements, … ce programme ardent fervent ressuscite le courage et la flamme de Gavroche et de Garibaldi ! Aux barricades !

Révolution ! Chant de gloire et cri de mort, chroniques révolutionnaires de 1830, 1848, 1871. Les Lunaisiens. Isabelle Druet, jean-François Novelli, Arnaud Marzorati. Enregistré en juin 2011 à Paris.  1 cd Paraty productions.

CD. Rameau, Handel : Concertos pour orgue, Pièces pour clavecin… (ZaĂŻs, Paul Goussot, Paraty, 2013)

DOM BEDOS Rameau handel orgue PARATY visuel_cd_handelrameau_reelCD. Rameau, Handel : Concertos pour orgue, Pièces pour clavecin… (ZaĂŻs, Paul Goussot, Paraty, 2013). Attention, programme remarquablement audacieux. Et sur le plan interprĂ©tatif : quelle fulgurance dans un jeu Ă  la fois noble, gĂ©nĂ©reux et aussi percutant voire d’une mordante Ă©nergie ! Sans rĂ©serve, voici le cd que nous attendions pour l’annĂ©e Rameau 2014 : d’une plĂ©nitude enthousiasmante et par le choix de son programme, dans les Ĺ“uvres retenues et transcrites, l’expression la plus sincère et la plus directe de cette furie musicale, doublĂ©e d’Ă©lĂ©gance propre au gĂ©nie ramĂ©llien : l’affinitĂ© des interprètes (instrumentises de l’ensemble ZaĂŻs et organiste) avec le compositeur est totale et aussi d’une inventive audace comme l’atteste l’intelligence des transcriptions proposĂ©e s’agissant des Pièces de Rameau, originellement pour clavecin et transfĂ©rĂ©es ici Ă  l’orgue.

 

CLIC D'OR macaron 200babel-benoit-zais-rameau-handel-D’abord au service du premier Concerto pour orgue de Haendel (HWV 309), la gravitĂ© (couleurs sombres d’un lugubre solennel grâce aux bassons vrombissants) de l’Adagio & organo ad libitum captive dès le dĂ©but ; la prĂ©cision mordante, -pulsionnellement  pertinente de l’Allegro qui suit montre Ă  quel point la musicalitĂ© rayonnante de l’ensemble ZaĂŻs (BenoĂ®t Babel, direction) sait s’affirmer avec une exceptionnelle voluptĂ© assurĂ©e, complice Ă  chaque mesure de l’orgue bordelais, royal, et mĂŞme impĂ©rial dans sa dĂ©mesure rĂ©ellement impressionnante. De ce fait, la cohĂ©rence et l’Ă©quilibre dans la prise de son, rĂ©solvant l’ampleur rĂ©verbĂ©rante de l’orgue avec le relief des instrumentistes est exceptionnellement rĂ©ussie. Outre sa justesse artistique convaincante, le programme satisfait donc aussi sur le plan de sa rĂ©alisation technique, prĂ©servant une balance idĂ©ale malgrĂ© la disparitĂ© des instruments en jeu. Un exemple mĂŞme de naturel et de prise de son vivante. Bravo aux ingĂ©nieurs du son!

CĂ´tĂ© Rameau, le Portrait de La Poplinière – clin d’Ĺ“il Ă  son protecteur parisien, est la première transcription opĂ©rĂ©e : dans son transfert Ă  l’orgue accompagnĂ© par les musiciens de ZaĂŻs, elle ne perd rien  de son panache ni de son caractère hautement enjouĂ©,  avec propre au jeu tout en finesse de l’organiste Paul Goussot, une nuance de facĂ©tie Ă©lĂ©gantissime : quelle intelligence dans le style. De facto on se prend Ă  imaginer comment Rameau jouait Ă  son Ă©poque, prĂŞt Ă  tous les risques, Ă  toutes les boutades provocantes (rapportĂ©es par ses contemporains)… Ă  tous les dĂ©lires d’un musicien – comme Haendel- : improvisateur hors pair… Comment jouait  Rameau Ă  son Ă©poque ? : probablement comme dans cet enregistrement qui ose cette Ă©vocation Ă  laquelle tous les spĂ©cialistes et les connaisseurs ont un jour pensĂ© !

 

 

Un Rameau inĂ©dit Ă  l’orgue

La monumentalitĂ© Ă  l’Ă©preuve de l’intimitĂ© facĂ©tieuse

 

Rameau_CarmontelleHĂ©las non transcrit Ă  l’orgue (ce qui aurait Ă©tĂ© tout autant lĂ©gitime car les tĂ©moignages rapportent que Rameau improvisait Ă  l’orgue d’après ses propres mĂ©lodies lyriques), le souffle Ă©pique, de fière allure de la Ritournelle extraite du premier chef d’Ĺ“uvre lyrique, Hippolyte et Aricie saisit par son mordant aristocratique d’un dramatisme lui aussi irrĂ©sistible. L’ensemble ZaĂŻs est visiblement inspirĂ© par son sujet.
S’agissant des 3 Pièces pour clavecin en concerts du Livre IV  (La Forqueray, La Cupis, La Marais), le mĂŞme constat s’impose Ă  la faveur des interprètes : le gigantisme spatialisĂ© qui aurait pu noyer la fine expressivitĂ© et l’intelligence mordante voire satirique de chaque propos n’affecte en rien la prodigieuse invention de Rameau, ni ses qualitĂ©s chambristes ni son raffinement expressif. Orchestre et orgue accomplissent un prodige de conversation dialoguĂ©e qui Ă©tonne par son assise, sa clartĂ©, une superlative complicitĂ©. Chapeau bas. Energie et feu – voire embrasement- de la Forqueray ; intĂ©rioritĂ© pudique de La Cupis… ; festin Ă  tous les Ă©tages de La Marais. Les instrumentistes ne se brident pas : ils savent trouver ce naturel et cette libertĂ© du geste qui font tant dĂ©faut chez bon nombre de leurs confrères.

paul-goussotSous les doigts aĂ©riens, magiciens de Paul Goussot, l’alternance des Pièces de Rameau avec les 3 Concertos pour orgue de Handel se rĂ©alise avec cohĂ©rence : l’exercice de la monumentalitĂ© s’y dĂ©ploie avec un naturel et une prĂ©cision au service de l’expressivitĂ© la plus fine. Le jeu habitĂ© et très intĂ©rieur de l’organiste (superbes respirations) fait valoir dans le grand format sonore, ses qualitĂ©s de dĂ©tails et de nuances. Voici un Handel certes majestueux mais si humain, si subtil. Comme son Rameau : fin, volubile, enjouĂ©. Programme superlatif, donc logiquement CLIC de CLASSIQUENEWS d’octobre 2014.

PARATY rameau handel babel benoit zais concertos pieces pour clavecin et orgueRameau : Pièces pour clavecin (Concerts III et IV, 1741, transcrits pour orgue et orchestre). Handel : Concertos pour orgue. Paul Goussot, grand orgue Dom Bedos 1748 (Ste-Croix de Bordeaux). ZaĂŻs. Benoit Babel, direction (1 cd Paraty). Enregistrement rĂ©alisĂ© en septembre 2013 Ă  l’Abbatiale Sainte-croix de Bordeaux, France. Parution annoncĂ©e mi octobre 2014.

 

 

ZAIS benoit babel

 

 

LIRE aussi notre ENTRETIEN avec Benoît Babel, à propos du cd Rameau & Handel

ECOUTER un extrait du cd Rameau & Handel sur le site du label Paraty

Le label Paraty est distribué par Harmonia Mundi

Paraty_logo_rouge_582Labels. Le label discographique Paraty est dĂ©sormais distribuĂ© par Harmonia Mundi. Paraty est un jeune label, fondĂ© en 2007 par le claveciniste et chef d’orchestre Bruno Procopio, afin d’impulser une nouvelle dynamique au secteur du disque classique. Créé par un artiste et dĂ©diĂ© aux artistes, Paraty est une entreprise qui porte les valeurs de la nouvelle gĂ©nĂ©ration. Son objectif pricipal est de valoriser les talents de chacun dans la rĂ©alisation d’un disque minutieusement Ă©laborĂ©.  Paraty s’attache Ă  dĂ©velopper un catalogue riche s’appuyant sur un vaste rĂ©pertoire, regroupant plusieurs artistes profondĂ©ment attachĂ©s Ă  l’interprĂ©tation historiquement informĂ©e. Un soin particulier est apportĂ© Ă  chaque projet discographique, comprenant les textes musicologiques rĂ©digĂ©s par les spĂ©cialistes, l’iconographie sĂ©lectionnĂ©e pour un plaisir complĂ©mentaire Ă  la musique.

En 2010, le label Paraty a remportĂ© la distinction de meilleur enregistrement de l’annĂ©e aux Victoires de la Musique Classique.

Les disques les plus importants de 2013 : en liaison avec l’annĂ©e Rameau 2014 (250ème anniversaire de la disparition de Jean-Philippe Rameau en 1764).

L’anniversaire Rameau 2014 chez Paraty

Rameau in Caracas (musique orchestrale)
Soloists of SimĂłn BolĂŤvar Symphony Orchestra of Venezuela
conducted by Bruno Procopio
Lire la critique du cd Rameau in Caracas

Pièces de clavecin en concerts (musique de chambre)
Bruno Procopio, clavecin
Patrick Bismuth, violon
François Lazarevitch, flûtes allemandes
Emmanuelle Guigues, viole de gambe
Lire la critique du cd Pièces de clavecin en concerts par Bruno Procopio

Rameau in Caracas, Soloists of SimĂłn BolĂ­var Symphony Orchestra of Venezuela

Programme festif et exaltant en prĂ©lude Ă  l’annĂ©e Rameau (2014), qui marque le 250ème anniversaire de la mort du compositeur.

Rameau in Caracas
Soloists of the SimĂłn BolĂ­var Symphony Orchestra of Venezuela
conducted by Bruno Procopio

Jouer Rameau Ă  Caracas – Les Soloists of SimĂłn BolĂ­var Symphony Orchestra of Venezuela, invitent Bruno Procopio Ă  diriger un programme totalement dĂ©diĂ© Ă  Jean-Philippe Rameau. C’est pour les musiciens vĂ©nĂ©zuĂ©liens, une dĂ©couverte exceptionnelle : celle du baroque français, première incursion dans la musique française du XVIIIème siècle.

Bruno Procopio commente :
J’ai surtout voulu susciter la curiositĂ© des musiciens de l’Orchestre pour une musique vers laquelle ils ne se seraient pas tournĂ©s spontanĂ©ment ; je souhaitais aussi me confronter Ă  un orchestre qui n’avait pas eu l’opportunitĂ© d’aborder la musique baroque française, afin de construire une identitĂ© musicale Ă  partir de zĂ©ro. J’ai pu ainsi concrĂ©tiser toute la vision que j’ai de cette musique et j’ai trouvĂ© un terrain d’accueil dĂ©pourvu d’a priori.

Pendant la pause de l’une de nos rĂ©pĂ©titions, un musicien m’a soufflĂ© Ă  l’oreille : “Maestro, c’est la musique la plus belle que j’ai jouĂ©e.” VoilĂ  la rĂ©compense d’une telle entreprise.

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CD. Rameau in Caracas. Bruno Procopio, direction

CD. Rameau in Caracas. Bruno Procopio, direction
Rameau in Caracas (Bruno Procopio et The Simon Bolivar Symphony orchestra of Venezuela, 2012). DĂ©fi magistral rĂ©ussi pour jeune chef audacieux ! Ce nouveau cd Paraty adoube très officiellement le tempĂ©rament du claveciniste Bruno Procopio comme chef d’orchestre. Poursuivant une nouvelle et dĂ©jĂ  riche collaboration avec les musiciens vĂ©nĂ©zuĂ©liens de l’Orchestre Simon Bolivar (la phalange qui hier accompagnait et permettait aussi l’essor du jeune Gustavo Dudamel), Bruno Procopio ne montre pas seulement sa lumineuse sensibilitĂ© et sa versatilitĂ© contagieuse chez Rameau, il confirme l’ampleur et la sĂ»retĂ© de son approche, n’hĂ©sitant pas ici Ă  aborder le compositeur baroque sur… instruments modernes, de surcroĂ®t avec des instrumentistes qui Outre-Atlantique n’ont que très peu Ă©tĂ© confrontĂ©s Ă  la rhĂ©torique et l’Ă©loquence du XVIIIè français. C’est donc pour eux un vrai dĂ©fi instrumental liĂ© Ă  une dĂ©couverte de rĂ©pertoire.4ySPwI81N8_2013213KWHG9N5ZBPA rebours des approches historiques, Bruno Procopio dĂ©montre que la justesse musicale et artistique ne se rĂ©duit pas au seul choix des instruments. Le claveciniste expert de la pratique baroque française transmet de toute Ă©vidence la science ambivalente d’un Rameau ici Ă  la fois somptueux symphoniste et dramaturge de premier plan, chorĂ©graphe et poète, prĂ©curseur des concepteurs Ă  venir de musique pure. L’absence de voix ne pèse d’aucun poids; tant le chant de l’orchestre, -cordes admirables de prĂ©cision et de fluiditĂ©, vents et bois gorgĂ©s de couleurs dĂ©jĂ  impressionnistes (!)-, restitue l’imaginaire lyrique de Rameau. Ouvertures et danses des opĂ©ras du Dijonais composent de facto une entrĂ©e inĂ©dite pour les musiciens, expĂ©rience première galvanisĂ©e et flamboyante grâce Ă  l’Ă©nergie et la prĂ©cision du maestro franco-brĂ©silien (Contredanse du II de Zoroastre). Que ces esprits animaux tempĂŞtent de façon infernale (coupes et abattage des bassons), ivresse et grandiose panache du Ballet figurĂ©, coloris chatoyants des gavottes finales du mĂŞme Zoroastre (1756).

Rameau électrisé

La mise en place, la sĂ»retĂ© nerveuse et jamais courte des rythmes dansĂ©s attestent de l’assurance superlative du jeune chef. Que son Rameau est racĂ©, de caractère comme d’agilitĂ© : Ă©lectrique vitalitĂ© qui fuse comme des comètes enflammĂ©es des Tambourins d’une Ă©lĂ©gance irrĂ©sistible (formidables bassons) du Prologue de Dardanus (1739)

L’ouverture de Castor et Pollux (1737) si proche dans sa coupe Ă©tagĂ©e et fuguĂ©e de celle d’Hippolyte dĂ©voile toute la flexibilitĂ© du chef capable de conduire ses troupes en une clartĂ© faite drame, entre intellect et sensualitĂ© tendre, alliance contradictoire et constitutive de l’Ă©criture de Rameau. La Chaconne du V confirme ce lâcher prise qui fait toute la grâce Ă  la fois solennelle et intime voire nostalgique de Rameau. Quant Ă  la seconde Chaconne, (ultime volet de ce programme, extrait des Indes Galantes, 1735) emprunte de ce geste balancĂ© et sublime, voire suspendu et de caractère lullyste, le chef en exprime et la tendresse et cet abandon d’une indicible douceur lĂ  aussi nostalgique. Au sentiment d’une solennitĂ© rĂŞveuse se joint surtout la vitalitĂ© contrastĂ©e des pupitres subtilement Ă©lectrisĂ©s par le chef douĂ© d’une imagination fertile sur le motif ramĂ©lien: la prĂ©cision de la mise en place, le relief des bois, la coupe des cordes d’un impeccable aplomb rythmique, frappent immĂ©diatement.

Ce disque est Ă©tonnant, tant Rameau n’avait pas Ă©tĂ© ressuscitĂ© avec autant de vĂ©ritĂ© ni de saine justesse. Sans le fruitĂ© des instruments d’Ă©poque (parfois Ă  dĂ©faut d’une baguette convaincante, rien que sĂ©ducteurs), l’oreille se concentre sur le geste, la conception de l’architecture, la carrure et l’allant des rythmes, la richesse des dynamiques, c’est Ă  dire l’Ă©mergence et l’essor d’une vision musicale. Tout cela, Bruno Procopio le maĂ®trise absolument et l’on souhaite entendre bientĂ´t un opĂ©ra intĂ©gral dirigĂ© sous sa conduite: un vĹ“u pieu bientĂ´t satisfait pour l’annĂ©e 2014 Ă  venir, celle des 250 ans de la mort du compositeur si gĂ©nial ?

Rameau in Caracas. Ouvertures et ballets de Jean-Philippe Rameau: Zoroastre, Dardanus, Acanthe et Céphise, Les Indes Galantes. Soloists of the Simon Bolivar symphony Orchestra of Venezuela. Bruno Procopio, direction. 1 cd Paraty 2012, 512120. Durée: 1h03mn.

CD. Rameau: le clavecin solaire de Bruno Procopio (Pièces pour clavecin en concerts)

CD. Bruno Procopio illumine les Pièces pour clavecin en concerts de Rameau (1 cd Paraty)

Rameau: Pièces de clavecin en concert (Procopio, 2012)
critique de cd
rameau_pieces_clavecin_concerts_paraty_cd_bruno_procopioAvec ses Pièces pour clavecin en concert, Rameau offre un aboutissement inĂ©galĂ© dans l’art de la musique de chambre mais selon son goĂ»t, c’est Ă  dire avec impertinence et nouveautĂ©: jamais avant lui, le clavecin, instrument polyphonique et d’accompagnement n’avait osĂ© revendiquer son autonomie expressive de la sorte. PubliĂ© en 1741, voici bien le sommet du chambrisme français sous la règne de Louis XV: alors que Bach se concentre sur le seul tissu polyphonique, Rameau fait Ă©clater la palette sonore du clavier central, qui de pilier confinĂ© devient soliste concertant (avec les deux instruments de dessus: violon ou flĂ»te et viole ou 2è violon.

La prééminence du clavecin est dĂ©jĂ  annoncĂ©e par les Sonates d’Elisabeth Jacquet de la Guerre et de MontĂ©clair. Mais l’inventivitĂ© mĂ©lodique, le raffinement, la vivacitĂ© Ă©lectrisante du style ramĂ©lien repoussent encore les limites du genre (ivresse concertante de l’Agaçante). Disons immĂ©diatement ce qui nous gĂŞne: la partie et l’aciditĂ© tendue du violon qui semble dire d’un bout Ă  l’autre, je suis lĂ  et je revendique le premier plan mĂ©lodique (Le VĂ©zinet): un contresens qui affecte le chant libre et si facĂ©tieux, fluide et si volubile du clavecin. Question de sonoritĂ© et de style, le violon contorsionne toujours, se pique de tournures affectĂ©es, semble rĂ©gler un sort Ă  chaque phrase. Que son Rameau est perruquĂ© en petit marquis. L’option peut dĂ©ranger. Elle s’avère particulièrement mordante dans le portrait charge de La Pouplinière (la La Poplinière): Ă©vocation aigre douce du protecteur de Rameau, tracĂ©e, il est vrai,  plus Ă  l’acide qu’Ă  l’encre respectueuse.

Nonobstant, saluons la complicitĂ© des instruments autres: viole toute en nuances et expression (et de surcroĂ®t d’une difficultĂ© monstre, Rameau y rend hommage Ă  Forqueray, rien de moins!)
Et quand la flĂ»te de l’excellent François Lazarevitch se joint au violon et Ă  la viole (La Livri), la tonalitĂ© d’une douceur rayonnante, entre tendre voluptĂ© et tristesse mĂ©lancolique, les interprètes accordĂ©s trouvent le ton juste, voire envoĂ»tant: on aimerait connaĂ®tre Livri entre autres, dont la pièce Ă©ponyme brosse un portrait bien sĂ©duisant (en vĂ©ritĂ© l’un des protecteurs du compositeur mort rĂ©cemment). MĂŞme constat pour la pudeur (autobiographique?) de La Timide oĂą la flĂ»te allemande attĂ©nue l’incisive agressivitĂ© du violon. Et que dire pour clore le chapitre des rĂ©serves, du pincĂ© sec du violon dans les Tambourins du IIIè Concert, aigreur acide bien peu enjouĂ©e et fidèle au soleil des danses qui ont la Provence pour origine…. Pour autant la vitalitĂ© de La Rameau (concession du maĂ®tre Ă  lui-mĂŞme), l’engagement de La Forqueray, la berceuse secrète et mystĂ©rieuse de La Cupis, la grâce purement chorĂ©graphique de La Marais accrĂ©ditent pour les plus rĂ©servĂ©s la haute valeur musicale de cet album Rameau dont les options et partis divers ne manqueront pas de susciter rĂ©actions et dĂ©bats.

le clavecin royal et concertant de Rameau

Mais au cĹ“ur de ce programme des plus rĂ©jouissants, d’autant plus opportun pour la prochaine annĂ©e Rameau 2014, s’affirme le clavecin de Bruno Procopio: l’ex Ă©lève des Rousset et HantaĂŻ y confirme son immense talent, son intelligence interprĂ©tative, une finesse flamboyante qui Ă©claire le gĂ©nie d’un Rameau touchĂ© par la grâce. Belle idĂ©e de souligner la place centrale dans l’Ĺ“uvre du Dijonais en ajoutant 5 des 7 pièces composant la Suite en la du IIIè Livre de clavecin de 1728: ici se succèdent Allemande, Courante, Sarabande… d’une exaltante euphorie intimiste, oĂą les doigts experts savent relever les dĂ©fis techniques et poĂ©tiques du jeu des ” Trois mains ” et de la Triomphante finale, habilement et lĂ©gitimement retenue en conclusion superlative. Le choix du clavecin (copie d’un RĂĽckers avec petit ravalement dans le style français) ajoute Ă  la perfection du jeu de Bruno Procopio: au timbre clair de l’instrument rĂ©pondent aussi la puissance et la rondeur d’un son chantant, souvent bondissant.

RĂ©vĂ©rence Ă  la superbe Sarabande, dont la noblesse et la tendresse sont magnifiquement exprimĂ©es: la claveciniste saisit tout ce que l’Ă©criture de Rameau sait s’enivrer d’un monde sonore pur qui place au dessus de tout le gĂ©nie musical; la musique sans les paroles se fait chant, drame, tissu Ă©motionnel… RamĂ©lien de cĹ“ur, Bruno Procopio rĂ©alise un acte de foi. Heureuse annĂ©e 2013 qui voit aussi paraĂ®tre presque simultanĂ©ment un second cd Rameau, mais non pas intimiste, plutĂ´t symphonique et chorĂ©graphique, dĂ©diĂ©e aux ouvertures et ballets de Rameau, de surcroĂ®t avec un orchestre peu familier du Baroque français, l’Orchestre Symphonique Simon Bolivar du Venezuela. Autre programme, autre dĂ©fi… pleinement relevĂ© lĂ  encore.


Jean-Philippe Rameau: Pièces de clavecin en concert (1741). Nouvelles Suites de pièces de clavecin (1728).
Patrick Bismuth, violon? François Lazarevitch, flûtes allemandes. Emmanuelle Guigues, viole de gambe. 1 cd Paraty 412201. Durée: 1h19mn. Enregistré en 2012.