France Musique. Le 7 mars 2015, 19h. Carmen en direct du Metropolitan Opera de New York. Sous la direction de Louis Langrée, la mezzo sensuelle vénéneuse venue de Lettonie, Elina Garanca enchante les sens et vampirise le pauvre José qui cependant sera son bourreau… Sur le plateau new yorkais, Jonas Kaufmann incarne aussi avec intensité, subtilité, et passion, le feu méditerranéen qui traverse toute la partition de Bizet, son chef d’oeuvre, solarisant le roman de Mérimée dont il fait une fresque chatoyante et scintillante en hommage au raffinement ibérique.
Avec AIlyn Pérez (Micaëla), Gabor Bretz (Escamillo). Femme provocante et libre, Carmen assume son orgueil, sa fantaisie dévorante : elle s’entiche d’abord pour le brigadier José, puis l’écarte pour le torero, vainqueur des arènes, Escamillo. Mais on aurait tort d’étiqueter trop vite les virilités en présence : José le faible, Escamillo, la star testostéronée… C’est bien José, transfiguré et rendu fou par l’amour qu’il ressent pour la cigarière, qui la tue en une ultime confrontation, dans la clameur de l’arène où est confirmé le triomphe d’Escamillo. Le portrait de Carmen est particulièrement fouillé par Bizet qui fait de son héroïne, une figure suave mais aussi tragique (le fameux trio des cartes dévoile l’âme ténébreuse, consciente, funèbre de la femme qui assume pleinement son destin et sa posture : un double féminin de Don Giovanni. L’orchestre scintille, d’un raffinement instrumental inouï. Carmen est un opéra hypnotique qui exige d’excellents chanteurs acteurs et un chef aussi puissant, dramatique que fin et subtil. Pas sûr que la baguette de Louis Langrée relève les défis d’une partition admirée par Nietzsche, revenu de Wagner. Aux brumes coupables empoisonnées du Germanique, le philosophe préfère désormais le soleil brûlant et les rythmes africains de Carmen.
+ d’infos sur le site du Metropolitan Opera : http://www.metopera.org/opera/carmen-bizet-tickets?icamp=carmen&iloc=hpg