vendredi 19 avril 2024

Britten: War Requiem (Gianandrea Noseda, 2011)2 cd LSO Live

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En mai 1962, la cathédrale de Coventry (Angleterre) renaissait de ses cendres après avoir été bombardée pendant la guerre 39-45. Pour l’occasion, Britten le pacifiste, objecteur de conscience qui s’exile au USA pendant le conflit de l’abomination, crée son War Requiem: ample fresque collective inscrivant l’espoir pour un monde meilleur tel un chant déchirant, marquant la mise en terre de la barbarie, surtout exprimant ce voeu de paix et de fraternité si cher au compositeur britannique. La messe lacrymale pleurant les morts sacrifiés, est ici, selon le projet de Britten, entrecoupée de textes poétiques, ceux du poète William Owen, fauché dès avant mais par les mêmes atrocités en 1918 en Flandre. Point culminant du verbe spirituel mis en musique par Britten, ce lien d’amour fraternel reliant dans la mort deux soldats que l’absurdité de la guerre a opposé le temps de leur courte et sordide vie terrestre.
Opéra bouleversant expurgeant de l’atrocité, la parole enfin humaniste et salvatrice d’une humanité réconciliée, Britten imagine un baryton puis un ténor, chacun en un solo halluciné et déclamé, telles les deux figures majeures du Requiem pacificateur. Ce sont deux instants suspendus de pure béatitude magicienne, d’autant plus pénétrants qu’ils sont précédés puis suivis de déflagrations et de rugissements au grand orchestre. En 1962, Britten dirigeait le petit effectif instrumental aux accents chambristes si justes dans la pudeur et l’affliction.
Noseda manque souvent de finesse, de respiration, de profondeur tant sa main est lourde et contrastée à outrance. Mais, justement les deux solos chantés en anglais (CD2: plages enchaînées 2,3 puis leurs pendants dans le Libera me, aux accents telluriques et célestes à la fois (plages 5 et 6, préparant à leur réconciliation postmortem, le bouleversant duo cette fois, plage 7: « Let us sleep now », prière et pacte d’amour servis par le choeur des anges enfantins) sont les plus convaincants et font l’intérêt du présent enregistrement: Simon Keenlyside puis Ian Bostridge (qui fait bien de laisser au vestiaire ce maniérisme contorsionné qui a tant dilué son talent d’imprécateur né), saisissent par leur vérité d’intonation.

Britten: War Requiem, 1962. Simon Keenlyside, Ian Bostridge… London Symphony Orchestra. Gianandrea Noseda, direction. 2 cd LSO Live. Réf.: LSO0719

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