mardi 19 mars 2024

OFFENBACH 2019 : dossier pour le bicentenaire 2019

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offenbach-violoncelle-jacques-offenbach-anniversaire-2019-par-classiquenews-dossier-OFFENBACH-2019OFFENBACH 2019. Dossier Jacques Offenbach 2019. Classiquenews accompagne l’actualité des anniversaires et rend hommage au génie de Jacques Offenbach dont 2019, marque le bicentenaire de la naissance (né le 20 juin 1819). Il est temps de faire le point sur le profil esthétique et l’apport lyrique d’un génie du drame parodique et délirant dont la verve ne se réduit pas, de loin, aux opéras bouffes potaches et aux pantalonnades de salon. En auteur critique sur le genre théâtral et lyrique, Offenbach ne fait pas qu’amuser la galerie, c’est à dire le bon bourgeois et le prince désabusé du Second Empire. il réinvente l’espace théâtral, lui trouve de nouveaux genres entre la féerie (déjà approché dans Les Fées du Rhin de 1864, qui n’écarte pas la violence ni le désenchantement), et le fantastique comme en témoigne son dernier grand œuvre, enfin reconstitué, Les Contes d’Hofmann, sommet transmis à tire posthume, et qui souligne ce génie poétique et lyrique que nous continuons à lui refuser – préférant ne voir que La Périchole et le si justement parodique Orphée aux Enfers. Offenbach ne se réduit pas à l’étiquette léger et fantasque; il règne dans son oeuvre une liberté poétique inouïe et inégalée à son époque.

Jacob (Jacques) Offenbach (1819-1880) est né d’un père juif, à Cologne. Il se voue d’abord à une carrière de violoncelliste professionnel : il est doué et rejoint bientôt le Conservatoire de Paris (1833 : après avoir été auditionné par l’inflexible Cherubini). Il est instrumentiste dans l’orchestre de l’Opéra-Comique (1835), fréquente les salons à la mode dont celui de la Comtesse de Vaux (c’est là qu’il rencontre le fondateur du Figaro, Hippolyte de Villemessant qui sera un fidèle et indéfectible soutien). Il compose pour son violoncelle (Concerto militaire), des romances… Et tente rapidement de se faire un nom comme auteur pour la scène lyrique. C’est sa vocation et sa passion. Le chef et compositeur célébré Fromental Halévy, de confession juive également, le prend sous sa coupe et lui donne des leçons d’orchestration et de composition. En 1844, le violoncelliste virtuose part en tournée, se fait un nom et un compte en banque qui lui permet d’épouser Herminie Alcain, après qu’il ait épousé aussi la religion catholique.
L’apprentissage musical se poursuit : dans le salon de la comtesse de Vaux, Offenbach éblouit ses auditeurs en parodiant le Désert de Félicien David. Une prouesse qui souligne son tempérament irrévérencieux, facétieux, comme génie du décalage et comme dramaturge inspiré.
Pendant la révolution de 1848, le couple Offenbach repart à Cologne.

APRES 1848… Puis à son retour dans la capitale, le directeur de l’Institution théâtrale, Arsène Houssaye, le nomme directeur musical de la Comédie Française dont il réorganise l’orchestre, et livre une dizaine des musiques de scènes, de 1850 à 1855. Offenbach s’est forgé un nom, une réputation comme musicien pour la scène : ni l’Opéra-Comique, ni l’Opéra de Paris ne lui commandent d’ouvrages.
Hervé (Florimond Ronger) inventeur de l’opérette (il a son propre théâtre : Les Folies-Nouvelles depuis 1852), encourage Offenbach à faire de même. Auparavant, il assure la création de l’opérette en un acte Oyayaye ou la Reine des îles, le 26 juin 1855 : succès. Offenbach qui n’attend plus de se faire jouer à l’Opéra-Comique, inaugure sa propre scène parisienne, encore intimiste (300 places) : Les Bouffes-Parisiens (1855, ex Salle Lacaze), qui située juste en face du Palais de l’Industrie et de l’Exposition Universelle, attire les foules.

GENIE PARODIQUE ET FANTASTIQUE… A partir de cette époque, s’affirme peu à peu le génie d’un violoncelliste, compositeur taillé pour la comédie délirante et poétique, la parodie bouffe : se succèdent malgré les vicissitudes politiques, de nombreux chefs d’oeuvres dont la réussite encore inépuisée, fait de Jacques Offenbach, l’un des compositeurs les plus joués dans le monde, aux côtés de Bizet (Carmen), Mozart, Wagner, Puccini, et l’indétronable Verdi.
En témoignent les ouvrages suivants, entre autres : Orphée aux Enfers (1858), Barkouf (1860 qui marque enfin une création produite salle Favart, mais qui reste un échec amer…), La Belle Hélène (1864), La Vie parisienne (1866), La Grande-Duchesse de Gérolstein (1867), Les Brigands (1869)…

La carrière d’Offenbach à Paris est aussi celle d’un compositeur impresario et directeur de théâtre qui comme Vivaldi à Venise au début du XVIIIè, tente de se forger un nom, une réputation, une gloire. Après Les Bouffes-Parisiens, Offenbach éprouve de nouveaux lieux, de nouvelle salles… dont La Gaîté (juillet 1873) dont il devient le directeur, conquérant un public nombreux avec la reprise d’Orphée aux enfers, son opéra fétiche. Mais malgré une contribution avec Victorien Sardou (Geneviève de Brabant qui est un échec), le compositeur doit éponger des dettes répétées, et abandonne ses fonctions de directeur.

 

 

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APRES 1870… Les opéras qui suivent 1870, année de la défaite française et de la chute du second Empire, sont l’œuvre d’un compositeur à nouveau inquiété et vilipendé en raison de sa naissance « prussienne » – son origine allemande constituant dans le contexte propre aux années 1870, une source de soupçons. Offenbach le traitre est devenu suspect.
Sa verve ne tarit pas bien au contraire et les derniers opéras, jusqu’aux Contes d’Hoffmann, laissé inachevé et dans un ordre incertain, démontrent l’évolution d’une écriture maîtrisée et jaillissante : La Périchole (créée en 2 actes en 1868 ; puis en 1874 avec 3 actes), La Fille du tambour-major (1879), enfin l’opéra fantastique Les Contes d’Hoffmann, sommet lyrique posthume.

 

 

 

 

 

 

FOCUS sur quelques œuvres
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MADAME FAVART (1878)

Opéra dévoilé en 2019, Madame Favart sort de l’ombre et permet aussi à son auteur de jouir d’un plaisir qu’il ne connut qu’exceptionnellement de son vivant : être joué à l’Opéra-Comique. Or Offenbach a réalisé son but : revivifier l’opéra-comique comme un genre noble, inventif, enraient de seconde zone… Créé le 30 décembre 1878, Madame Favart, est un opéra-comique en trois actes / paroles de MM. Alfred Duru et Henry Chivot / musique de Jacques Offenbach. Offenbach s’éprend de la silhouette et de la voix de l’actrice et cantatrice Mademoiselle de Chantilly (vedette de la Comédie Italienne dans les rôles de bergères alanguies), qui fit tourner la tête avec Jacques, à son mari, à son public, et au grand Maurice de Saxe, Maréchal glorieux qui ne pouvait se passer du talent de l’actrice y compris sur le champs de bataille… Cochin l’a dessinée en 1753 : profil charmant et doucereux à la piquante excentricité de lolita XVIIIè. certes égratignée par Grimm qui, réduisant son chant n’en fit qu’une danseuse vulgaire en sabots. Le compositeur prend possession de son sujet pour en déduire un ouvrage emblématique de son écriture et inspiration : une comédie déjantée, délirante, fertile en quiproquos, travestissements et séquences burlesques. C’est surtout aux côtés de Madame, le personnage de son mari Favart qui lui vole presque la vedette. Musicalement, Offenbach redouble de franche et suave gaieté, un naturel enjoué et facétieux qui le caractérise dans la manière de portraiturer ses héros (et son héroïne). Bizet aurait sa Carmen ; Offenbach à sa Périchole, sa Gerolstein et sa … Favart. D’autant que pour mieux caractériser Madame Favart, Offenbach s’y affirme en roi du couplet et de la chanson, à succès : ainsi Favart elle-même au XVIIIè avait subjugué par une certaine gouaille chansonnière. Pour la création, Mademoiselle Girard défendit avec cœur et expressivité une partition qui semblait ciselée pour elle.

 

 

 

LES CONTES D’HOFFMANN (1877-…)

La composition remonte au début 1877… La première représentation complète a été présentée à l’Opéra-Comique (version en 5 actes) en novembre 1911. Le livret reprend la pièce originelle coécrite par Jules Barbier et Michel Carré en 1851. A la source, les écrits du compositeur romantique allemand Ernst Theodor Amadeus Hoffmann. Icône du romantisme allemand, sombre, fantastique, énigmatique mais onirique, Hoffmann témoigne de ses échecs amoureux, de tavernes en palais à Venise; audacieux, expérimental, le génie d’Offenbach est d’abord de se renouveler : il le démontre dans cet ouvrage qui l’occupe pendant sa dernière décennie : le sujet est sombre, noir même, car y perce et se répète la malédiction du poète, impuissant, démuni. Offenbach meurt pendant les répétitions de 1880. L’orchestration et certains récitatifs sont complétés par Ernest Guiraud. Trop longue finalement, la partition proposée à la création est réduite d’un tiers. Depuis sa redécouverte, la partition ne cesse d’être le sujet de nouvelles hypothèses quant à sa reconstruction fidèle au plan de l’auteur.

Pourtant, en dépît de sa nature instable, la partition en l’état ne cesse de subjuguer : qui pourrait résister à la tension dramatique ainsi créée autour des 3 visages féminins célébrés par Hoffmann / Offenbach : Olympia, la poupée mécanique plus vraie que nature / Antonia, la jeune cantatrice morte de trop chanter / Giuletta, sirène vaporeuse et vénitienne… au charme envoûtant (cf la barcarolle « Belle nuit, ô nuit d’amour »). Offenbach signe ainsi son œuvre à la fois la plus énigmatique et la plus sensuelle.

 

 

 

 

 

 

Approfondir

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Retrouvez ici les réalisations les plus marquantes en liaison avec le bicentenaire JACQUES OFFENBACH 2019 : 

 

 

 

L'Opéra de TOURS réussit la création mondiale des Fées du Rhin d'OffenbachLes Fées de Jacques Offenbach présenté par l’OPERA DE TOURS
Benjamin Pionnier crée l’événement à TOURS en septembre 2018 et bien avant l’année Offenbach 2019 (bicentenaire de la naissance en 1819) : grâce au chef et directeur de l’Opéra, voici (enfin) la création mondiale de l’opéra Les Fées de Jacques Offenbach, une offrande conçu par l’auteur des Contes d’Hoffmann, à la fois onirique et violente, fantastique et désenchantée qui est ici en 2018, restitué en français – l’original avait été donné à Vienne en Allemand, depuis lors jamais repris dans sa version originelle. Production événement qui marque d’une pierre blanche les projets OFFENBACH, d’autant plus attendus en 2019. VOIR notre reportage vidéo et LIRE notre comtpe rendu des Fées d’Offenbach, création mondiale à l’Opéra de Tours

 

 

 

offenbach jacques biographie bleu nuit editeur jean philippe biojout critique annonce classiquenewsLIVRE événement, critique. Jean-Philippe Biojout : OFFENBACH (Bleu Nuit éditeur). Pour l’année OFFENBACH, en 2019 pour le bicentenaire de sa naissance (1819), Bleu Nuit dégaine une biographie complète et très accessible qui rappelle combien au sujet du Mozart des Boulevards (parisiens), il reste de nombreuses et dommageables imprécisions et contre vérités. Ainsi, parmi d’autres, Jacques Offenbach n’a pas écrit d’opérettes (il faut les restituer à l’inventeur du genre : Hervé qui sera son concurrent dans les années 1850), mais des opéras-bouffes, ou selon ses propres termes, des « pastiches d’opéras à la mode »… où rayonnent délire, fantasque, surréalisme avant l’heure, humour débridé, comique loufoque, arlequinades et pantomimes en tous genres…). Il a connu aussi les honneurs de l’Opéra de Paris, non pour son grand opéra Les Fées du Rhin, récemment restituées en français par l’Opéra de Tours (création mondiale en sept 2018), mais grâce au génie de sa musique chorégraphique (Les Papillons, ballet-pantomime joué in loco pendant 2 années!).  Coup de cœur de CLASSIQUENEWS / CLIC DE CLASSIQUENEWS de janvier 2019

 

 

 

offenbach figaro lettres offenbachnous ecrit actes sud critique compte rendu livreLIVRE, critique. M. OFFENBACH nous écrit (Actes Sud / Pal Bru-Zane). L’année OFFENBACH 2019 commence très bien grâce à la publication par Actes Sud de cette collection de lettres écrites par Offenbach, adressées au journal Le Figaro : le compositeur était l’ami personnel du fondateur du journal Hippolyte de Villemessant (1810 – 1879, un an avant Offenbach). Les deux hommes étaient voisins en Normandie, propriétaire chacun d’une villa à Etretat ; à Paris, ils se fréquentent dans les salons en vu… Une proximité qui en rendrait jaloux plus d’un aujourd’hui et qui dans la seconde moitié du XIXè, permet à l’auteur d’Orphée aux enfers de s’expliquer auprès du public, évoquer ses riches et rocambolesques soirées et fêtes données dans son appartement de la rue Laffite où figurent Bizet, Doré, Halévy… ; de provoquer le débat, susciter le scandale… positif, lui assurant une publicité avantageuse pour ses propres spectacles (par exemple lors de la création d’Orphée aux Bouffes-Parisiens en 1858). Le compositeur est une vedette, un auteur dont on parle, habitué désormais à utiliser le media comme un tremplin, une tribune. D’autant que, comme le montre l’introduction et les textes ainsi regroupés, Jacques Offenbach ne manque ni de pertinence ni d’à propos ni de sens de la formule. Un génie de la réponse synthétique, dévoilant aussi une intelligence des situations et du milieu musical et médiatique. LIRE notre critique intégrale du livre M OFFENBACH NOUS ECRIT (Actes Sud)

 

 

 

 

 

 

Les événements : concerts et opéras Offenbach

 


en 2019, qu’il ne faut pas manquer …
(sélection par classiquenews)

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PARIS, Opéra-Comique, du 20 au 30 juin 2019
Madame Favart
RESERVER VOTRE PLACE
https://www.opera-comique.com/fr/saisons/saison-2019/madame-favart

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

NOTRE SELECTION CD – au fil de l’année 2019

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OFFENBACH coloratoure cd opera concert critique cd review cd classiquenewsCD, critique. Offenbach colorature. Jodie Devos, soprano. Airs d’opéras (1 cd Alpha, 2018). BOF… Le programme élaboré ne manque pas de diversité mais il pêche par un manque de cohérence. Evidemment pour s’assurer un certain impact auprès du consommateur landa, il fallait nécessairement afficher la Barcarolle des Contes d’Hoffmann… Pour des surprises on repassera ; cependant Vert-Vert, Les Bergers, Les Bavards, Le Roi Carotte, et aussi Robinson Crusoé et Fantasio (dont deux magnifiques séquences de la princesse Elsbeth), … pour ne citer que quelques œuvres, méritent le détour et suscitent l’envie d’en écouter davantage. Ce qui est méritant quand même. La coloratoure chez Offenbach promettait une face cachée du compositeur : à torts réduit à ses pantalonades burlesques et fantasques, le compositeur fêté en 2019, s’est soucié comme un réel auteur sérieux, des voix et du beau chant romantique français. En témoigne l’engagement de la soprano belge Jodie DevosEN LIRE +

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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