vendredi 29 mars 2024

LIVRE événement. Jean-Philippe Biojout : OFFENBACH (Bleu Nuit éditeur)

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offenbach jacques biographie bleu nuit editeur jean philippe biojout critique annonce classiquenewsLIVRE événement, critique. Jean-Philippe Biojout : OFFENBACH (Bleu Nuit éditeur). Pour l’année OFFENBACH, en 2019 pour le bicentenaire de sa naissance (1819), Bleu Nuit dégaine une biographie complète et très accessible qui rappelle combien au sujet du Mozart des Boulevards (parisiens), il reste de nombreuses et dommageables imprécisions et contre vérités. Ainsi, parmi d’autres, Jacques Offenbach n’a pas écrit d’opérettes (il faut les restituer à l’inventeur du genre : Hervé qui sera son concurrent dans les années 1850), mais des opéras-bouffes, ou selon ses propres termes, des « pastiches d’opéras à la mode »… où rayonnent délire, fantasque, surréalisme avant l’heure, humour débridé, comique loufoque, arlequinades et pantomimes en tous genres…). Il a connu aussi les honneurs de l’Opéra de Paris, non pour son grand opéra Les Fées du Rhin, récemment restituées en français par l’Opéra de Tours (création mondiale en sept 2018), mais grâce au génie de sa musique chorégraphique (Les Papillons, ballet-pantomime joué in loco pendant 2 années!).

 
 

Offenbach : génie du pastiche

 

 

offenbach-violoncelle-jacques-offenbach-anniversaire-2019-par-classiquenews-dossier-OFFENBACH-2019Voici un portrait d’Offenbach, le magnifique, génie du divertissement (ce qui n’exclut pas la profondeur et la poésie trouble de certains personnages), dépensier jusqu’à la faillite, influençant Strauss, Lehar, Gilbert et Sullivan… A Cologne, sa ville natale, le carillon de l’Hôtel de ville marque les 15h avec le galop final d’Orphée aux enfers… Offenbach doit sa fortune à sa verve galopante elle aussi, répondant à la société consommatrice du genre bouffe au Second Empire.
Le texte récapitule tous les jalons de sa formation et de la genèse de sa sensibilité et culture musicale. Dont l’évolution du jeune prodige du volucelle ; arrivée à Paris dans les années 1830, où règne les étrangers à Paris, Cherubini au Conservatoire depuis 1822, Meyerbeer à l’Opéra de Paris, affirmant un souffle hors du commun dans le genre du grand opéra romantique total, avec Halévy (qui comme le jeune Jacques est juif allemand, et régénère l’opéra avec L’Eclair et La Juive (1835)… lequel favorise la carrière d’Offenbach dont il a détecté le génie lyrique. Violoncelliste dans l’orchestre de l’Opéra-Comique, Jacob/Jacques qui n’a pas 20 ans, retrouve Flotow, autre allemand venu faire fortune à Paris qui l’aide lui aussi à percer dans le système des concerts à bénéfice. La « Sauterelle » Offenbach séduit ainsi les salons parisiens (1839 grâce au soutien de la Comtesse de Vaux)…
Le portrait ainsi rétabli souligne combien il reste difficile pour un allemand (avec un fort accent de Cologne) de percer en France, à Paris où le public et les journalistes sont à l’affût de chaque percée prussienne, fût elle indirecte. Offenbach est l’objet d’un soupçon permanent sur son œuvre et ses origines.
Très vite, Jacob devient Jacques, converti au catholicisme pour épouser Herminie (1844). Après la chute de Louis Philippe et l’avènement croissant du Prince Louis Napoléon, Offenbach obtient un poste enfin stable : directeur musical à la Comédie Française (à partir d’octobre 1850). Il devient véritablement celui que l’on connaît lorsqu’il fonde son propre théâtre (à l’été 1855) pour y faire jouer ses œuvres pour un parterre nombreux, venu s’encanailler à l’époque de la 2è Exposition Universelle, vitrine de l’art de vivre flamboyant du Second empire.
Toutes les œuvres et partitions de Jacques le conteur y sont évoquées, présentées ou analysées, des premiers actes loufoques (Une nuit blanche, Les deux aveugles, Arlequin Barbier… le compositeur sait divertir comme il sait s’acoquiner avec les medias de l’époque pour relayer ses pastiches divertissants.
CLIC D'OR macaron 200En 9 chapitres de plus documentés, se précise le profil bondissant de « la grande sauterelle », déjantée, allumée, ce « Jettatore », jeteur de sort, – à Paris, l’oranger talentueux est forcément suspect-, un rien inquiétant voire diabolique, auteur de 100 pièces lyriques dont la verve mélodique, l’audace dramatique, le goût parodique et comique, le sens du lyrisme (et de la valse) sont éclairés par la prose d’un biographe sincèrement ému et maître de son sujet. Il est temps de reconsidérer l’étoffe et la richesse esthétique d’un compositeur dont l’oeuvre ne se limite pas à ce fameux « french cancan », terme impropre car il désigne en vérité le galop final de son Orphée aux Enfers (1858). Lecture passionnante et donc nécessaire pour 2019, l’année du bicentenaire Offenbach. CLIC de CLASSIQUENEWS de janvier 2019. Un premier bel hommage au génie des boulevards.

 

 

 

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Sommaire

1 – Le jeune prodige du violoncelle :
une famille de Cologne, arrivée à Paris, rencontre avec Halévy, Flotow, Revoir Cologne, Concert dans les salons Herz

2 – Devenir un auteur dramatique reconnu :
L’Alcôve, La Duchesse d’Albe, A la Comédie Française (1849), Hervé le concurrent ?, Pépito (1853)

3 – J’ai l’idée d’un petit théâtre… : Folies-Nouvelles (1855), « Pantomimes et Arlequinades » au Petit Théâtre Lacaze, Les Bouffes-Parisiens : Les Deux Aveugles, Arlequin barbier… / Faire savoir (amitié d’Hippolyte de Villemessant, fondateur du Figaro lancé en 1854), quartiers d’hiver / nouvelle salle des Bouffes-Parisiens du passage Choiseul (1855) : Ba-ta-clan,

4 – Le petit Mozart des Champs-Elysées
Travailleur acharné, Tromb Al Ca Zar, Compositeurs illustres (programmer Adam et Mozart) ; Un été difficile sur les Champs Elysées, La rose de Saint Flour (1856) ; Le 66, Le Financier et le savetier ; Promouvoir l’opérette : le concours d’opérettes aux Bouffes-Parisiens (Le docteur Miracle de Lecocq) ; Les 3 baisers du diable (genre féerique, fantastique) ; Les premières tournées (Le mariage aux lanternes, les deux pêcheurs), Mesdames de la Halle (opéra bouffe, 1858); La chatte métamorphosée en femme

5 – Sous la lyre d’Orphée
Création d’Orphée aux Enfers (21 oct 1858), à l’époque du Faust de Gounod (1859), de Dinorah de Meyerbeer. Toujours de la nouveauté (la villa Orphée à Etretat, 1859) ; Geneviève de Brabant (nov 1859) ; Brouille avec Wagner (La Tyrolienne de l’Avenir…) ; Daphnis et Chloé ; Une œuvre qui a du chien, le sultan Barkouf (déc 1860) ; Ballet à l’Opéra (triomphe du Papillon, ballet-pantomime, créé le 1er déc 1860) ; Morny en coulisse (un allié amateur de bouffes), Mr Choufleuri restera chez lui; 1861 : année morose ; La Chanson de Fortunio (1861) ; Le pont des soupirs (opéra bouffon, mars 1861)

6 – Libre !
Aller de l’avant : tournée à Berlin, à Vienne. Création en allemand des Fées du Rhin / Rheinnixen à Vienne (4 fév 1864) – création mondiale de la version française à l’Opéra de Tours, sept 2018 / Vers d’autres scènes : la Belle Hélène (Les Variétés, le 17 déc 1864) ; Coscoletto ; Barbe-Bleue (fév 1866) ; Un auteur très demandé ; La Vie parisienne, opéra bouffe (Palais-Royal, le 31 oct 1866)

7 – Dans les mailles de la satire
« En très bon ordre nous partîmes… », La Grande Duchesse de Gerolstein (avril 1867); Main mise sur Paris ; Robinson Crusoé (nov 1867); Le château à toto, suite de La Vie parisienne (Palais-Royal, mai 1868) ; Quand le ciel s’assombrit… Les Brigands (oct 1868). Retour aux Bouffes : Île de Tulipan ; Un perroquet nommé Vert-Vert (mars 1869) ; décembre 1869 très rempli ; La princesse de Trébizonde (7 déc 1869)

8 – Une gaieté perdue ?
De l’eau dans le gaz… ; Boule de neige (déc 1871) ; Un monde fantastique : Le Roi Carotte, opéra bouffe féerie avec Sardou (janvier 1872) ; Le corsaire noir (Vienne, 21 sept 1872) ; Les Braconniers (janv 1873) ; De nouveau directeur… La permission de dix heures ; Pomme d’api ; Reprises en toujours plus grand… Retour aux Bouffes : Bagatelle, Madame l’Archiduc (oct 1874) ; Une deuxième saison difficile, Composer encore… La boulangère a des écus (oct 1875) ; Le voyage dans la lune (La Gaîté) ; La Créole (Bouffes Parisiens, nov 1875) ; Exportation anglophone : Whittington (déc 1874)

9 – Un dernier conte
Contretemps et désillusions… Maître Péronilla (mars 1878) ; Anna Judic aux Variétés… Le docteur Ox (Variétés, janv 1877) ; DU côté des Bouffes ; Aux Folies-Dramatiques : La Foire saint-Laurent (10 fév 1877), Madame Favart (28 déc 1878) ; La Fille du tambour major (13 déc 1878). Du côté de Vienne… Le Requiem d’Offenbach : Les contes d’Hoffmann (écoute des 9 grands extraits finalisés le 18 mai 1879 ; création posthume Salle Favart, le 7 fév 1881.

 

 

 

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CLIC D'OR macaron 200LIVRE événement, critique. Jean-Philippe BIOJOUT : Jacques OFFENBACH – Bleu Nuit éditions / collection horizons – en complément au texte biographique : tableau synoptique (les oeuvres et la vie d’Offenbach contextualisés), bibliographie sélective, discographie sélective – 176 pages – parution : janvier 2019 – ISBN 978 2 35884 075 0.

 

 

 

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