vendredi 29 mars 2024

Le BARBIER DE SÉVILLE à l’Opéra de Tours

A lire aussi

TOURS, Opéra. Eblouissant Barbier de Rossini par Laurent Pelly et Benjamin Pionnier. jusqu’au 2 février 2020. On ne saurait souligner la réussite totale de cette production, pour certains, déjà vue (créée à Paris en 2017), mais à Tours réactivée sous la direction de Benjamin Pionnier et avec une distribution qui atteint l’idéal.

Rossini en 1816, à peine âgé de 25 ans, ouvre une nouvelle ère musicale avec ce Barbier sommet d’élégance et de pétillance et qui semble sublimer le genre buffa. La réalisation à l’Opéra de Tours en exprime toutes les facettes, tout en soulignant aussi la justesse de Laurent Pelly qui signe ici l’une de ses meilleures mises en scène rossiniennes. Directeur des lieux, le chef d’orchestre Benjamin Pionnier est bien inspiré de programmer ce spectacle en le proposant aux tourangeaux. Une manière inoubliable de fêter l’année nouvelle et de poursuivre la saison lyrique 2019 – 2020 à Tours.

 

 

barbier-seville-rossini-pelly-pionnier-tours-opera-classiquenews-critique-annonce-opera

 

 

Dès l’Ouverture, légère et élégante en particulier dans sa seconde partie, – hommage au Mozart viennois tissé dans le raffinement et la subtilité des cordes, le souci de légèreté et de finesse s’affirme dans la direction du maestro.
Puis vient le miracle d’une mise en scène qui se dévoile peu à peu, limpide, facétieuse et aussi, elle même élégantissime dans ses déplacements, enchaînements et gestuelle en particulier les ensembles réglés au cordeau en une chorégraphie souvent réjouissante. Laurent Pelly nous ravit en ce qu’il respecte a contrario de beaucoup de ses confrères, la musique, rien que la musique…
Propre aux mises en scène intelligentes, on y détecte mille et une idées d’un Rossini non seulement divertissant surtout pertinent, profond déjà féministe en diable, d’une éloquence sincère, brillante, virtuose. On redécouvre la finesse d’une partition engagée sous la direction aérée et expressive de Benjamin Pionnier, pilote inspiré de ce spectacle aussi séduisant qu’énergique.
C’est bien la musique, son essence fluide, miraculeuse que l’on célèbre du début à la fin, jusque dans les références visuelles des décors où toute l’action et les personnages semblent surgir d’immenses rouleaux de partitions ; même Figaro y écrit la mélodie de la romance d’Almaviva sous le balcon de Rosina, sur une immense portée vierge…
Même la tempête du II souffle des notes noires, bourrasque emblématique désormais de la furia imaginative du compositeur génial.

 

 

babrier-pelly-rossini-tours-critique-trio-terzetto-acte-II-opera-critique-classiquenews

 

 

On s’y délecte de l’air moins connu de Rosina au début du II, fausse leçon de chant qui doit paraître vraie pour ne pas éveiller les soupçons du vieux Bartolo. Opera dans l’opéra, Rosina y chante le rondo extrait du drame « l’inutile precautiozione » dont le sujet même renvoie à l’action qui se joue devant nous ; mise en abime subtile car tour au long de l’ouvrage Rossini nous parle de musique, de chant, en un tourbillon dramatique qui semble synthétiser toutes les ficelles du genre.
De la frénésie insolente et mordante de Beaumarchais, Rossini n’a rien omis ni atténué: il exprime même l’audace et l’impertinence à leur comble dans une jubilation maîtrisée.

Production événement à l’Opéra de Tours. Avec le Figaro de Guillaume Andrieu, la Rosina d’Anna Bonitatibus… Direction musicale : Benjamin Pionnier / mise en scène : Laurent Pelly. 3 représentations événements à l’Opéra de Tours, les 29, 31 janvier puis 2 février 2020.

________________________________________________________________________________________________

 

 

 

Opéra de Toursboutonreservation
Mercredi 29 janvier 2020 – 20h00
Vendredi 31 janvier – 20h
Dimanche 2 février – 15h

RÉSERVEZ :
http://www.operadetours.fr/le-barbier-de-seville

 

 

 

Direction musicale : Benjamin Pionnier

Mise en scène, décors et costumes : Laurent Pelly
Lumières : Joël Adam

Figaro : Guillaume Andrieux
Rosina : Anna Bonitatibus
Comte Almaviva : Patrick Kabongo
Bartolo : Michele Govi
Basilio : Guilhem Worms
Berta : Aurelia Legay
Fiorello : Nicholas Merryweather
Ambrogio et Notaire : Thomas Lonchampt

Choeur de l’Opéra de Tours
Orchestre Symphonique Région Centre-Val de Loire / Tours
 

Barbier de Séville éblouissant à l'Opéra de Tours

 

© Sandra Daveau : les solistes de la production mise en scène de Laurent Pelly, à l’Opéra de Tours jusqu’au 2 février 2020.

  

 

________________________________________________________________________________________________

 

 

classiquenews-opera-de-tours-barbier-pelly-pionnier-critique-opera-classiquenews-partition-anna-bonitatibusIVRESSE ET FINESSE ROSSINIENNES… Ainsi les ensembles rayonnent de légèreté, de finesse où les acteurs gazouillent, trépignent en un délicieux caquetage. La révélation y prend en particulier deux visages admirables de justesse : le terzetto à la fin du II associant Almaviva, Figaro, Rosina qui en réalité unit amoureusement Figaro et Rosina en leurs deux voix mêlées qui se répondent. Puis en un enchaînement que l’on voit rarement, l’air redoutable pour tout ténor « non piu resistere » – si peu chanté par les ténors actuels, dans lequel Almaviva signifie au vieux Bartolo la fin définitive de sa tyrannie crasse à l’égard de Rosina. Une fin de non recevoir pour l’égalité et la liberté des femmes. Restitué en situation, l’air prend une étonnante dimension défensive et libertaire ; il souligne cette intelligence et cette acuité irrésistible de Rossini.
Au mérite de Benjamin Pionnier revient le choix (excellent) des solistes ; au sein d’une distribution qui sait caractériser chaque profil, se distinguent surtout la formidable Rosina de la si rossinenne Anna Bonitatibus : d’une rare justesse d’intonation, la cantatrice italienne cisèle le profil de la jeune séquestrée, prête à tout pour s’émanciper et suivre ce comte dont elle a auparavant interroger la fortune. Une fieffée séductrice, très avisée ; palmes spéciales au ténor Patrick Kabongo au timbre clair, flexible, franc dont l’agilité rend naturel ce bel canto rossinien si difficile voire raide ailleurs. Sa prise de rôle est une réussite totale. Dans la mise en scène rien que musicale de Pelly, les interprètes se livrent avec finesse et s’en donnent à cœur joie, sans omettre des saillies bien trash de la part de la vieille servante Berta, souvent coupée ; les chœurs de l’Opéra de Tours sont excellents : précis, impliqués, vrais acteurs qui renforcent encore l’impact délirant de certaines scènes. Production événement.

 

________________________________________________________________________________________________

LIRE aussi notre présentation du Barbier de Séville, Pelly / Pionnier à l’Opéra de TOURS, les 29 et 31 janvier 2020, puis 2 février 2020.
http://www.classiquenews.com/opera-de-tours-le-barbier-de-seville-par-pelly-et-pionnier/

 

 

________________________________________________________________________________________________

 

VOIR aussi notre REPORTAGE VIDEO Le Barbier de Séville à l’Opéra de TOURS par Laurent Pelly et Benjamin Pionnier avec Anna Bonitatibus et Patrick Kabongo :

 

 

REPORTAGE ROSSINI à l’OPERA DE TOURS : Le Barbier de Séville par Pelly et Pionnier (janv, fév 2020) from Classiquenews Classiquenews on Vimeo.

 

 

 

- Sponsorisé -
- Sponsorisé -
Derniers articles

CRITIQUE, opéra. PARIS, Théâtre des Champs-Elysées, le 26 mars 2024. LULLY : Atys (version de concert). Les Ambassadeurs-La Grande Ecurie / Alexis Kossenko (direction).

Fruit de nombreuses années de recherches musicologiques, la nouvelle version d’Atys (1676) de Jean-Baptiste Lully proposée par le Centre...
- Espace publicitaire -spot_img

Découvrez d'autres articles similaires

- Espace publicitaire -spot_img