samedi 20 avril 2024

Venise. La Fenice, le 1er janvier 2012. Concert du nouvel an, concerto di capodanno. Choeur et orchestre de La Fenice. Diego Matheuz, direction.

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Voilà une célébration récente, diffusée pour le moment sur Arte, mais dont le scénario et le choix du programme en rappellent un autre sur le même thème (et diffusé le même jour, quasiment au même moment!), le concert du nouvel an à… Vienne. La ville de Venise et La Fenice diffusent ainsi un concert festif qui joue aussi sur la carte touristique, n’hésitant pas comme la réalisation viennoise à réaliser des images préalables d’ordre patrimonial, scénarisées avec danseurs en costumes mis en situations dans la ville historique et selon le choix des morceaux; dans la Cità, sur les canaux, au Palais des Doges… au début de la diffusion, un couple de danseurs (dont la femme masquée préfigure le Carnaval proche?) se cherche de ruelles en fondamente, puis se retrouve avec d’autres danseurs, à l’intérieur du Teatro della Fenice. Le spectacle peut commencer.

Dans la salle décorée de fleurs comme au Musikverein de Vienne, les lustres couverts de gui, le jeune maestro Vénézuélien, pas même trentenaire (à peine 27 ans), Diego Matheuz est officiellement adoubé: le jeune maestro, héritier du Sistema, dont les vertus pédagogiques ont produit un autre confrère, le très célèbre Gustavo Dudamel, prend ainsi la direction musicale de La Fenice, ce pour les 4 prochaines saisons musicales vénitiennes, assurant et les productions lyriques et le cycle de concerts symphoniques; le défi est de taille: Venise compte une offre de concerts et opéras qui tend à se parfaire avec le temps; depuis l’inauguration récente du Palazzetto Bru Zane Centre de musique romantique française à Venise, près du campo San Stin, la Sérénissime tourne le dos aux concerts folkloriques, écumant jusqu’à les user, les tubes de Vivaldi et de Verdi dans les églises destinées aux touristes. Le programme du Nouvel An présente les traditionnels tubes lyriques italiens (le brindisi de La Traviata, joué en dernier épisode avant la proclamation des voeux de bonne année par le chef, au nom des musiciens et du Théâtre); mais il sait aussi diffuser un climat de fin d’année et de début d’une nouvelle ère grâce aux morceaux choisis en rapport avec le sujet, ainsi le ballet des 12 heures extrait de la Gioconda de Ponchielli… (dont l’action se passe d’ailleurs à … Venise).


Un jeune supermaestro pour la Fenice

Avec le jeune Vénézuélien, La Fenice se refait une santé musicale qui promet de probables prochains triomphes, lyriques et symphoniques. Si l’on retrouve la participation de quelques danseurs évoluant dans les salons du Théâtre où fut créé La Traviata de Verdi, le concert dirigé par Diego Matheuz favorise le chant a contrario de son équivalent à Vienne, évidemment le bel canto romantique mais pas seulement… On passe rapidement les prestations discutables des solistes (le point faible du programme): soit surjouées (le ténor guère convaincant et décevant par son absence de phrasés ou de simplicité stylistique) ou imprécise (aigus instables) comme la soprano invitée à chanter pourtant deux sommets de l’opéra italien: Amina de La Somnambula de Bellini ou Linda de Chamonix de Donizetti. Le baryton Alex Esposito incarne un Leporello (Don Giovanni de Mozart) plus naturellement chantant, sans affèteries d’aucune sorte (air du catalogue au I).
La vraie vedette de la soirée reste Diego Matheuz: sa direction musclée, nerveuse, fougueuse (dès le départ avec l’ouverture d’Un jour de Règne de Verdi) mais aussi limpide, fluide et transparente (Valse du Guépard de Nino Rota jouée pour le centenaire du compositeur en décembre 2011) capte l’attention; d’autant que la caméra de face, offre un regard direct sur sa concentration immédiate, sa battue vive et précise, carrée et affûtée, à la manière de Muti, à ses débuts (lorsqu’il était moins avare de gestes… comme maintenant). Yeux fermés, tension palpable mais flexibilité prête à s’épanouir, le jeune chef semble très prometteur. Son Mozart n’est pas forcé ou dur; même Bellini reste souple et dans les airs avec choeur, comme le va pensiero du Nabucco de Verdi, le chef sait tenir ses troupes, ciseler les contrastes dynamiques, polir les couleurs des instruments (trompette en avant)… De l’ouvrage soigneusement préparé, structuré, millimétré. Avec le temps, Diego Matheuz devrait encore enrichir et nuancer son jeu: de quoi promettre de belles soirées lyriques et symphoniques pour La Fenice.

Venise. La Fenice, le 1er janvier 2012. Concert du Nouvel à La Fenice, Venise. Concerto di Capodanno 2012, Concert du Nouvel An 2012. Solistes, choeur et orchestre de La Fenice. Diego Matheuz, direction

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