Bruno Procopio dirige CPE BACH, RAMEAU (Orch des Pays de Savoie)

brun-o-versailles-procopio-clavecin-rameau-goldberg-classiquenewsMONTSAPEY (73). Sam 9 juil 2022. Bruno Procopio dirige l’Orchestre des Pays de Savoie. BACH, DAUVERGNE, RAMEAU… Focus XVIIIè dans ce programme où les instrumentistes de l’OPS pourront sa familiariser avec la tenue d’archet, la résolution des ornements, l’approche historiquement informée, tels qu’ils sont à présent de mise dans l’interprétation des compositeur baroques, et non des moindres, de CPE BACH à Rameau. Le focus est donné sur l’œuvre déjà préclassique du fils BACH, Car Philipp Emanuel.

Claveciniste à la cour de Frédéric II de Prusse, Carl Philipp Emanuel Bach est un génie à redécouvrir, pourtant admiré des plus grands. À la fin du dix-huitième siècle, le deuxième fils de Jean-Sebastien était plus célèbre que son père. Mozart le considérait comme l’un des plus grands musiciens vivants et Beethoven chérissait ses manuscrits. À ses symphonies nerveuses, surprenantes, lyriques, répond la si inventive et versatile musique de Rameau, musique des Lumières et préfiguratrice du romantisme. Les deux protégés du compositeur dijonnais, Gossec et Dauvergne, firent fructifier son héritage orchestral avec une intelligence renouvellée, dans des œuvres tour à tour charmantes et contrastées.

Samedi 9 juillet 2022, 18h30

Eglise de Montsapey (73)
Renseignements : 04 79 36 29 24
Réservations :
https://orchestrepayssavoie.com/concert/castor-pollux/

PROGRAMME

Carl Philip Emanuel Bach
Symphonie en mi mineur (1756) Wq 177

Jean-Philippe Rameau
Suite de Castor et Pollux (1737)

Antoine Dauvergne
Concert de symphonies en la majeur (1751) opus n°4

Carl Philip Emanuel Bach
Symphonie n° 1 en sol majeur (1773) Wq 182

LIVRE événement, critique. Les Métamorphoses du ballet, histoire et identité d’une genre lyrique, XVIIè – XVIIIè siècles / éditions Aedam Musicae

ballet metamorphoses du ballet rameau cahusac rousseau gluck critique livre classiquenews aedam musicae 9782919046751LIVRE événement, critique. Les Métamorphoses du ballet, histoire et identité d’une genre lyrique, XVIIè – XVIIIè siècles / éditions Aedam Musicae – Remarquable analyse sur le terme même de « ballet » et tout ce qu’il signifie dans l’histoire de l’opéra français: dès la fin du XVIIè, – après l’offrande lullyste, les auteurs s’emparent du « ballet » à la fois pièce dansée et vocable générique, pour réformer et régénérer le genre en le croisant avec le développement chorégraphique qui structure jusqu’à l’architecture dramatique des ouvrages ; on sait combien à la naissance de l’opéra français versaillais, Lully et Molière (Psyché) avaient déjà conçu le futur opéra tragique en partant de la danse et du ballet de cour. Avant Rameau (et ses Indes Galantes de 1735), le temps est à l’amour et à la danse : le ballet, forme hybride, réinvente l’opéra et offre à la fin du règne de Louis XIV, un formidable réservoir de formes théâtrales : « Ballet héroïque », « opéra-ballet », « ballet comique », « ballet bouffon », …
Le titre du présent ouvrage « Métamorphoses » indique clairement l’évolution continue d’un genre polymorphe, jamais réellement fixé, entre danse, drame, chant (et effets de machinerie, mis de côté ici); véritable laboratoire et vivier de possibilités du spectacle vivant. A l’opposé de notre conception exclusive sur la notion de cohérence dramatique, le spectacle baroque en France privilégie plutôt la variété et les contrastes, célébrant le « fragment » où la chanteuse doit chanter autant que danser ! L’époque et son esthétique sont à la célébration de l’action lyrique par le mouvement ; aucune tragédie sans divertissements et ballets. Avant Rameau, dans le plein XVIIIè, les 4 opéras-ballets de Campra, comportent pas moins de 123 danses ! Le ballet structure tout opéra français ; son sujet même (mis en scène sous forme de « divertissement ») éclaire et enrichit le sens général du drame. D’esprit mobile et adaptable – voire mercantile, les directeurs optent pour des représentations en « fragments », soit une série de ballets courts sans unité poétique entre eux, – d’auteurs différents-, mais composites et disparates, vecteurs de surprises spectaculaires qui flatte le goût du public (moins de certains témoins comme JJ Rousseau…).
L’approche analytique est large et mesure toutes les composantes des arts du spectacle gravitant autour de la notion de ballet … outre la notion clé qu’apporte le cas emblématique du « Fragment », c’est la conception même du drame et de son déroulement formel sur la scène qui se précise à travers les diverses contributions ; la dernière partie (quatrième) est de ce point de vue la plus passionnante, apportant des éléments clés sur la genèse du « ballet héroïque » à l’orée du règne de Louis XV ; sur « le ballet figuré » conçu par le librettiste de Rameau, Cahusac (à l’épreuve de Zaïs de Rameau, 1748) ; sur « l’architecture harmonique des ballets à plusieurs actes ou entrées chez Rameau » ; enfin interroge l’esthétique du ballet chez Gluck et sa place au sein de l’Académie royale de musique… Incontournable.

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CLIC_macaron_2014LIVRE événement, critique. Les Métamorphoses du ballet, histoire et identité d’une genre lyrique (XVIIè – XVIIIè siècles) – Aedam Musicae – Ouvrage collectif sous la direction de Alexandre De Craim, Thomas Soury
Paru en mars 2022 / CLIC de CLASSIQUENEWS printemps 2022.

PLUS D’INFOS sur le site de l’éditeur Aedam MUSICAE :
https://www.musicae.fr/livre-Les-metamorphoses-du-ballet-Ouvrage-collectif-sous-la-direction-de-Alexandre-De-Craim–Thomas-Soury-248-216,215.html

CRITIQUE, CD événement. MONTIGNY : Grands Motets (Surge propera, Salvum me fac Deus (Antiphona, Rolandas Muleika – 2019)

grands-motets-antiphona-montigny critique cd review clic de classiquenewsCRITIQUE, CD événement. MONTIGNY : Grands Motets (Surge propera, Salvum me fac Deus (Antiphona, Rolandas Muleika – 2019)   -   Rolandas Muleika et son ensemble Antiphona (qu’il a fondé en 1996) ressuscitent avec exaltation et éloquence la joie bienheureuse et aussi le souffle dramatique du méridional baroque Montigny dont la carrière s’achève quand Rameau suscite la fameux scandale de son premier opéra Hippolyte et Aricie (1733). Au sein des compositeurs flamboyants « de province », Montigny serait le maillon oublié aux côtés de l’aixois Campra et du narbonnais Mondonville. Mort en 1738, ce natif de Béziers (à quand un concert Montigny dans la cathédrale in loco ?) s’affirme à Toulouse à Saint-Sernin (où a été enregistré le programme édité par Paraty), non sans maîtriser diverses influences, captées en Angleterre, aux Pays-Bas… lors d’un tour d’Europe impressionnant qui fait de son écriture, la synthèse des styles à son époque. Les deux Motets ici recréés en première mondiale, ont été conçus pour Toulouse dans l’année 1730 par un Montigny sexagénaire d’une maturité impressionnante, alors maître de chapelle de Saint-Sernin.

Recréation mondiale

Le grand motet toulousain à son sommet (1730),
Montigny, précurseur de Mondonville et de Rameau

Le premier Motet Surge propera (propre aux années toulousaines de l’auteur, destiné à la procession des Pénitents bleus de juin 1730) impose une complexité de l’écriture chorale d’une rayonnante noblesse dont le raffinement et la beauté des textures harmoniques prolongent le meilleur Lully (faste des trompettes dans Tubæ sonitu), grand faiseur avec Delalande dans le genre du Motet versaillais, avant Montigny. La ductilité du chœur Antiphona impressionne dans ce jeu exalté et articulé ; auquel répond l’ivresse intelligemment nuancée des instrument de l’orchestre Antiphona. En somme une complicité savoureuse voire superlative qui ressuscite aussi sur le plan interprétatif, l’époque des grands enregistrements d’exploration et de découvertes (majeures, comme ici) ; de fait, Montigny est un très grand compositeur qui prolonge la ferveur encore recueillie et très dense d’un Lully Grand Siècle (solo de la taille « Qui sitit qui esurit »), et annonce directement les effectifs intensément dramatiques, des opératiques Mondonville et Rameau (tempête du Surge Propera). Comme chez Rameau, se distingue ici la saveur des timbres instrumentaux, en particulier les bassons constamment sollicités et parfaitement enregistrés car la prise de son est particulièrement réussie.
CLIC_macaron_2014La direction artistique de Rolandas Muleika relève les défis multiples de cette recréation, révélant définitivement le tempérament de Montigny grâce à un important travail de restitution des partitions autographes. Le brio contrasté du choeur, le relief caractérisé et très impliqué des solistes, le souffle de l’orchestre associé à la maîtrise contrapuntique du chœur restituent la splendeur dramatique, le sentiment d’exaltation des pièces qui place l’humain, la tendresse fervente de chaque épisode, au cœur de cette formidable réhabilitation. N’écoutez que les 4 premières séquences du motet « Salvum me fac Deus » … vous serez saisi par la puissance expressive du « Veni in altitudinem maris » ; le chant opératique de l’orchestre, la projection déclamée superlative du texte (ego sum pauper par le dessus Eva Tamisier, fragile, fervente), la transe chorale du chœur « Effunde super eos » puis le duo haute-contre / basse et choeur final d’une mordante exaltation … sont autant d’arguments solides qui inscrivent Montigny parmi les plus grands compositeurs du premier XVIIIè. Son écriture préfigure déjà les audaces et l’énergie de Rameau comme de Mondonville… c’est dire! Somptueuse révélation. CLIC de CLASSIQUENEWS / hiver 2002.

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CRITIQUE, CD événement. MONTIGNY : Grands Motets (Surge propera, Salvum me fac Deus (Antiphona, Rolandas Muleika – enregistré à Toulouse, Saint-Sernin, août 2019 – 1 cd PARATY records) – CLIC de CLASSIQUENEWS hiver 2022.

Joseph Valette de Montigny (1665 – 1738), 2 grands motets :
« Surge propera Sion Filia » / « Salvum me fac Deus »

Écoutez sur youtube le choeur flamboyant Effunde super eos :
https://www.youtube.com/watch?v=GXSpaUZW-1Q

VISITER le site de l’ensemble ANTIPHONA / Rolanas Muleika
https://ensemble-antiphona.org/rolandas-muleika/

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NOUVEL ORCHESTRE : BRUNO PROCOPIO crée le JOR JEUNE ORCHESTRE RAMEAU

JOR Jeune Orchestre Rameau Bruno Proocopio annonce critique concert académieNOUVEL ORCHESTRE : JOR JEUNE ORCHESTRE RAMEAU / Bruno PROCOPIO. Jean-Philippe Rameau, génie du Baroque Français du XVIIIè (compositeur officiel de la Cour de Louis XV) est un moderne qui ne cesse d’inspirer. En témoigne l’initiative portée par le claveciniste et chef franco-brésilien BRUNO PROCOPIO qui lance en mai 2021 le JOR Jeune Orchestre Rameau, premier orchestre dédié à la musique de Rameau composé de 50 jeunes musiciens sur instruments d’époque (145 hz). L’initiative entend constituer régulièrement une formation orchestrale permettant aux jeunes instrumentistes de toute nationalité de se perfectionner en particulier grâce aux multiples défis que présentent les œuvres de Rameau : son imaginaire est illimité ; son écriture flamboyante, virtuose et profonde ; son sens des rythmes et des couleurs, exceptionnels à son époque, offrant une synthèse puissante et originale entre les styles français et italiens. Pour tout interprète baroque, l’œuvre de Rameau est un univers fascinant qui enrichit comme nul autre auteur, l’expérience musicale ; ses partitions lyriques ont une profondeur symphonique unique dont le sens et la forme interrogent et stimulent chefs et instrumentistes.

bruno procopioDepuis MAZAN dans le Vaucluse, Bruno Procopio pilote ce vaste projet à la fois artistique, pédagogique et culturel, permettant à terme de mieux comprendre l’ampleur du génie ramélien, à travers la création d’oeuvres inédites ; l’enregistrement discographique ; une plateforme de networking dédiée… surtout des concerts dont le but est de diffuser la connaissance des oeuvres de l’auteur des Indes Galantes, de Platée ou Dardanus, sans omettre Naïs, Hyppolyte et Aricie, Les Boréades… avec Rameau, son sens du rythme et de la danse, s’affirme un goût pour les timbres qui annoncent les plus grands compositeurs français, de Berlioz à Saint-Saëns, sans omettre Debussy et Ravel.

L’Académie RAMEAU à MAZAN
Première session de travail : du 25 au 31 Octobre 2021 à la Boiserie de MAZAN (Vaucluse, France) – les candidats à cette semaine d’approfondissement et de perfectionnement dédiée à l’interprétation de Rameau sont invités à adresser leur candidature jusqu’au 2 JUILLET 2021.

 

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INFOS, inscriptions sur le site
www.jeuneorchestrerameau.com

Rameai in Caracas, Bruno ProcopioBruno Procopio est depuis toujours passionné par l’écriture de Jean-Philippe Rameau. Le chef et claveciniste a joué et enregistré les Pièces de clavecin en concert (avec Patrick Bismuth au violon – 2012). Spécialiste de l’interprétation sur instruments historiques, Bruno Procopio a régulièrement dirigé des orchestres au Venezuela, au Brésil, en France… inscrivant sa rigueur et son souci d’éloquence, au service des partitions de Rameau. A la tête du Jeune Orchestre Simon Bolivar du Venezuela, le maestro a enregistré un programme spectaculaire qui a suscité un immense succès « Rameau in Caracas » où à la vitalité d’une écriture versatile répond l’implication et le sens rythmique des instrumentistes vénézuéliens (au programme, des extraits d’opéras de Rameau : Les Indes Galantes, Acanthe et Céphise,…).

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VOIR le TEASER du JOR Jeune Orchestre Rameau

 

 


 

 

Intervenants : BRUNO PROCOPIO, direction musicale
Patrick Bismuth, violon
Hervé Douchy, violoncelle
Benoît Laurent, hautbois
Giorgio Mandolesi, basson
Hugo Reyne, flûte

Sylvie Bouissou, musicologue

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ENGLISH VERSION / DONATION

 

 

JOR Jeune Orchestre Rameau Bruno Proocopio annonce critique concert académie

  

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Présentation du projet | Presentation

Le JOR Jeune Orchestre Rameau est le 1er orchestre international dédié à la musique de Jean-Philippe Rameau.
RAMEAU-jean-philippe-portrait-hippolyte-et-aricie-classiquenewsRestitutions d’œuvres inédites, concerts, enregistrement et rencontres professionnelles à Mazan (Vaucluse) – Le site est l’endroit avec le plus de descendants directs de Jean-Philippe Rameau. Comme écho à l’histoire, le premier orchestre dédié à Rameau aura comme berceau la sublime salle La Boiserie de Mazan (résidence idéale pour le JOR) où seront créées des Å“uvres inédites du plus emblématique des compositeurs français de la période baroque. Le Jeune Orchestre Rameau sera créé en octobre 2021 (du 25 au 31 Oct.) dans le cadre du festival Les Nuits Musicales de Mazan, partenaire du JOR.

Restitution and revival of unpublished works, concerts, recordings and professional networking  / Mazan is the place in the world with the most direct descendants of Jean-Philippe Rameau. Echoing history, the first orchestra dedicated to Rameau will have its birthplace in the sublime hall of La Boiserie in Mazan (orchestra in residence), where unpublished works from the most emblematic French composers of the period will be premiered. The 1st edition of the Rameau Youth Orchestra will take place in October 2021 (25-31 Oct.) as part of the festival Les Nuits Musicales de Mazan, a partner of the JOR.
 

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Origine du projet | Origins

BRUNO-PROCOPIO-MAZAN-festival-concert-RAMEAU-festival-eduarduslee_20180126_bruno_procopio_003Sous l’impulsion de Bruno Procopio – claveciniste et chef d’orchestre et Sylvie Bouissou – docteur en musicologie, directrice de recherche au CNRS et responsable de l’édition monumentale Rameau Opera omnia, le projet a pris forme grâce au partenariat avec la ville de Mazan et les conservatoires tels le CNSMDP, CRR de Paris, le CRR du Grand Avignon, le CRR d’Aix en Provence mais aussi le Conservatoire Royal de Bruxelles.

At the impetus of Bruno Procopio – harpsichordist and conductor- and Sylvie Bouissou – PhD in Musicology, research director at the CNRS and manager of the monumental edition Rameau Opera omnia, this project came together thanks to partnerships with the city of Mazan, and conservatories such as the CNSMDP, CRR de Paris, CRR du Grand Avignon, CRR d’Aix en Provence as well as the Conservatoire Royal de Bruxelles.

 

 
 

 

FAITES UN DON POUR L’ESSOR DU JOR

JEUNE ORCHESTRE RAMEAU

https://www.helloasso.com/associations/les%20musiciens%20navigateurs/collectes/participez-a-la-creation-du-jeune-orchestre-rameau-1

 

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A quoi servira l’argent collecté ? | Where will the money go?

Votre don permettra le soutien au projet du premier orchestre international dédié à la musique de Rameau et l’accueil de musiciens venus du monde entier.  L’argent collecté permettra d’offrir le logement et les repas pour les 50 musiciens sélectionnés au Jeune Orchestre Rameau.

Your donation will go directly to supporting the project of creating the first international orchestra dedicated to Rameau’s music and the welcoming of musicians from around the globe. The money we collect will allow us to offer complementary lodging and meals for the 50 musicians selected for the JOR.
 

 
Qui sommes-nous ? | Who are we?

Structure administrative du Jeune Orchestre Rameau, l’association Les Musiciens Navigateurs a pour objectif de permettre à des jeunes musiciens issus des conservatoires partenaires mais aussi venant des conservatoires français et internationaux, d’aborder la musique de Jean-Philippe Rameau dans des conditions uniques. L’académie se veut être ouverte au plus grand nombre avec des conditions d’accueil les plus avantageuses pour tous.

The administrative structure of the Rameau Youth Orchestra is organized around the association Les Musiciens Navigateurs, which has the mission statement of allowing young musicians from partners conservatories as well as those coming from French and international music schools to become familiar with the music of Jean-Philippe Rameau in unique conditions. The Academy seeks to be open to the widest range of candidates with the most accessible and welcoming conditions for everyone.
 

 
PLUS D’INFOS sur le site du JOR Jeune Orchestre Rameau

 

 

 

 

RAMEAU : recréation du RETOUR D’ASTRÉE

rameau jean philippe rameauFRANCE MUSIQUE, direct. RAMEAU : Les Sybarites, mar 4 mai 2021, 20h. Voici la récréation de trois petits opéras de Rameau et Bury qui font revivre l’esprit des spectacles de la Cour au temps de Mme de Pompadour, favorite éclairée de Louis XV. Avec Les Sybarites et Le Retour d’Astrée de Jean-Philippe Rameau, Louis-Noël Bestion de Camboulas et Les Surprises récréent deux petits ouvrages inédits de Jean-Philippe RAMEAU, imaginés pour les spectacles de la Cour de Louis XV. Créés à Fontainebleau en 1753, Les Sybarites, partition tardive, sont repris à Paris quatre ans plus tard en 1757, comme nouvel acte ajouté au ballet des Surprises de l’Amour. Le Retour d’Astrée, prologue au même ballet lors de sa création sur le Théâtre des Petits Appartements de la marquise de Pompadour, en 1748, célèbre Louis XV « le bien aimé » et n’a jamais été repris par la suite, conservé sous la forme d’un unique manuscrit.
Aux côtés de ces deux petits bijoux lyriques et dramatiques, Louis-Noël Bestion de Camboulas assure aussi la recréation de L’Amour et la folie, prologue composé par Bernard de Bury, musicien de la Cour, beau faiseur dans le « style versaillais » conforme aux écritures de Lully et de Richard de Lalande.

FRANCE MUSIQUE
Mar. 04 mai 2021 – 20h
En direct de l’Auditorium de Radio France, Paris, France
PLUS D’INFOS ici
https://www.maisondelaradio.fr/evenement/musique-baroque/rameau-chez-la-pompadour

Programme

Bernard de Bury (1720-1785)
L’Amour et la Folie
Première mondiale

Jean-Philippe Rameau (1683-1764)
Le Retour d’Astrée
Première mondiale

Jean-Philippe Rameau (1683-1764)
Les Sybarites
Version inédite

LIVRE événement, critique. Histoire de l’Opéra Français, de Louis XIV à la Révolution – collectif, sous la direction d’Hervé Lacombe (Fayard, avril 2021)

histoire opera francais de louis xiv a la revolution critique livre clic classiquenews herve lacombeLIVRE événement, critique. Histoire de l’Opéra Français, de Louis XIV à la Révolution – collectif, sous la direction d’Hervé Lacombe (Fayard, avril 2021). A l’instar du format « classique » de la tragédie lyrique française (en 5 actes), l’ouvrage majeur édité ce printemps par Fayard, offre un panorama de l’opéra français de Louis XIV à la révolution, en un prologue, 5 actes (parties) et un épilogue. De quoi nous régaler afin de comprendre comment l’opéra à la française, institutionnalisé par Louis XIV au XVIIè (avec les opéras de Lully – en réalité précédé par Perrin, Cambert et Boesset sous le ministère de Mazarin) a évolué et s’est maintenu coûte que coûte malgré déboires et ruptures, scandales et concurrence, toujours original et puissant, singulier même vis à vis des autres nations créatrices, l’Italie ou les pays germaniques entre autres. C’est que l’apport de l’opéra comique et surtout de la danse, élément emblématique de l’art français, a profondément influencé le genre voulu par le Roi-Soleil… La tragédie lyrique est née du laboratoire du ballet et de la comédie ballet, elle a fixé ses règles dans les opéras de Lully, modèles du genre, encore célébrés sous le règne de Louis XV et de Louis XVI.
De Rameau, le plus grand génie musical au XVIIIè, les auteurs examinent non sans justesse « le sous-texte politique des opéras » (l’une des contributions les plus passionnantes)… tandis que la question de la comédie italienne et de l’Opéra-Comique est étudiée avec le même discernement sous l’angle d’ « un nouveau territoire lyrique », de plus en plus explicite et actif au XVIIIè. Enfin l’époque des Lumières met en avant sous le règne de Louis XVI et Marie-Antoinette, un essor jamais vu jusque là des arts du spectacle dont la forme est marquée par Gluck (et sa révolution des années 1770), puis la présence des Italiens à Paris (et à Versailles) : Piccinni, Sacchini, Salieri… contemporains des opéras comiques de Grétry et Dalayrac.
Le tableau historique se conclut avec Cherubini à l’époque de la Première République (1789-1799). Il est complété par deux parties finales, thématiques : « production et diffusion » (Quatrième partie) et « Imaginaire et culture » (Cinquième partie), comprenant, approche bienvenue et originale, emblématique de notre époque, un chapitre dédié à « la place et la représentation des femmes dans le théâtre lyrique », captivante approche qui prépare la figure de la diva romantique au XIXè. En un regard critique sur le genre et la mémoire patrimoniale qui s’est édifiée du XVII au XVIIIè, les nombreux textes analysent aussi la réception et la fortune des opéras « fondateurs » de Lully au siècle suivant ; en particulier comment les livrets de Quinault ont été réadaptés, vénérés autant que la partition lullyste, mais retaillés pour de nouvelles musiques propres au XVIIIè.
Après un précédent ouvrage « Du Consulat au début de la IIIè République » (qui en fait prolonge historiquement le présent opus), voici un nouveau jalon absolument incontournable de la collection éditée par Fayard et dédiée à l’Histoire de l’Opéra français. Incontournable. CLIC de CLASSIQUENEWS printemps 2021.

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CLIC D'OR macaron 200LIVRE événement, critique. Histoire de l’Opéra Français, de Louis XIV à la Révolution – collectif, sous la direction d’Hervé Lacombe (Fayard, avril 2021) - 1272 pages – 39 euros (prix indicatif) – EAN : 9782213709901 – Plus d’infos sur la page dédiée du site des éditions FAYARD : https://www.fayard.fr/musique/histoire-de-lopera-francais-xvii-xviiie-siecles-9782213709901

Présentation par l’éditeur :
« Les débuts de l’opéra en France, de sa fondation par Louis XIV à ses développements jusqu’à la Révolution. De la tragédie lyrique, genre spectaculaire qui s’impose au monde musical, à l’apparition de nouveaux genres : l’opéra-comique, qui se développera au XIXe siècle. Menée par Hervé Lacombe, une équipe pluridisciplinaire passe en revue tous les aspects de l’opéra français à ses débuts, et montre comment se constitue une véritable culture lyrique. »

STREAMING, opéra chez soi, critique. RAMEAU : HIPPOLYTE ET ARICIE (Brunet-Grupposo, Degout, Desandre… Pygmalion)

Hippolyte-et-aricie-rameau-pichon-pygmalion-aricie-drapeau-de-france-critique-opera-classiquenewsSTREAMING, opéra chez soi, critique. RAMEAU : HIPPOLYTE ET ARICIE (Brunet-Grupposo, Degout, Desandre… Pygmalion). Ecrivons d’abord ce qui nous gêne ici, quitte à passer encore et toujours, pour une aficionada inconsolable des mises en scènes classiques à perruques et robes à panier. Visuellement, le spectacle est confus ; les options (costumes et accessoires) trop décalées au regard de l’enjeu des épisodes ; les changements de tableaux ou les transitions, abruptes sans véritable grandeur. Rappelons que l’opéra de Rameau, d’autant plus ici dans le genre maximal de la tragédie lyrique, reste une action qui mêle héroïsme mythologique et apparitions divines, sans omettre le terrible effrayant de l’acte infernal : chef d’oeuvre du genre avec son inoubliable trio des parques.
Le décousu gêne ici la lisibilité de la ligne héroïque et tragique du drame. Un exemple parmi d’autres ? Le début de l’acte III est raté, malgré la justesse de Sylvie Brunet-Grupposo dans le rôle de Phèdre. Il manque à la production cette grandeur tragique et brûlante qui souligne en réalité l’impuissance des 3 protagonistes : Hippolyte / Phèdre / Thésée. Après le trio tragique, d’essence racinienne par son épure glaçante et terrible, le chœur qui suit tombe à plat. Il doit exprimer la solitude abyssal de Thésée (les enfers sont chez lui car il vient de surprendre son épouse et son fils Hippolyte apparemment en pleine effusion !) ; l’inceste supposé, atroce révélation dans l’esprit de Thésée, est la source de ce vertige abyssal, qui foudroie chaque protagoniste. Le Roi est d’autant plus atteint qu’il doit feindre et ne rien laisser percer de son désarroi, face à la foule qui se presse pour le voir… vanité des solennités, grandeur de la solitude des princes. Photo Hippolyte et Aricie (DR)

Hippolyte raté, Rameau dénaturé
une mise en confusion générale

Le vainqueur du minotaure ne doit rien laisser paraître : il assume le ballet qui est donné en son honneur. Le tableau est dévoyé par une scène collective où des « baigneurs » (style guinguette) se trémoussent sans unité ni cohérence… avec sacs sur la tête. Heureusement la sirène (piquante Léa Desandre) relève le niveau de cette mêlée confuse.
Le summum de cette mise en confusion générale reste l’apparition d’Hippolyte, exilé par son père, tenant vielle plante défraîchie et seau noir à la main. Le tableau cynégétique qui suit, gesticulé, chaotique est visuellement terrible : vaguement satirique. Là encore la noblesse tragique est sacrifiée sur l’autel de la laideur confuse, sans idée.

Et les solistes ? Dommage pour Thésée : Stéphane Degout reste continument engorgé ; rugissant volontiers mais son articulation manque de clarté, et le jeu orphelin, de mesure comme de finesse. Tout sonne trop appuyé.

Le chant français baroque en crise
D’une façon générale, les chanteurs n’ont pas l’articulation de leurs ainés, interprètes autrement diseurs pour Christie et Minkowski : le chant français baroque est en crise, ce n’est pas la première fois que nous le constatons : rares les chanteurs capables de ciseler la langue française baroque. Sans les sous titres, bon nombre restent inintelligibles. Triste constat. En cela, Léa Desandre (une sirène comme on a vu, puis une chasseresse) relève décidément nettement le niveau : couleur juste, mordant articulé, intelligence déclamée. Un modèle qui rassure. Et auquel on s’accroche.

Musicalement, quelques séquences tirent leur épingle du jeu ; notons l’implication des choeurs (dans le tableau de la chasse et à l’annonce de la mort d’Hippolyte, fin de l’acte IV), la très belle scène de Phèdre éplorée, implorante, hallucinée de Sylvie Brunet-Grupposo dont le vibrato digne et contrôlé, la couleur toujours juste font une amoureuse déchirée qui s’abime dans la nuit de la folie coupable. Son chant viscéralement racinien reste juste. Enfin le grandiose s’incarne dans ce tableau funèbre qui clôt l’acte IV. L’orchestre Pygmalion s’engage avec énergie et accents parfois au détriment de la finesse. Même séduisante, la réalisation musicale n’atteint pas les réussites exemplaires signées Christie ou Minkowski, capables tous deux de souffle tragique comme de jubilation dansante. Avec ce souci de la langue, pourtant essentielle, qui fait tant défaut ici.

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STREAMING, opéra chez soi, critique. Rameau : Hippolyte et Aricie. Pygmalion / opéra-Comique, novembre 2020. En REPLAY sur ARTEconcert jusqu’au 13 mai 2021.
https://www.arte.tv/fr/videos/099633-000-A/hippolyte-et-aricie-de-rameau-a-l-opera-comique/

RAMEAU en direct depuis l’Opéra Comique, ce soir 20h : Hippolyte et Aricie par Pygmalion

RAMEAU FRAGONARD SAINT CLOUD Hippolyte et Aricie opera critique annonce en direct confinement classiquenews

  

 

OPÉRA en direct sur INTERNET : RAMEAU, Hippolyte et Aricie, samedi 14 nov 2020, 20h (sur ARTEconcert). Les représentations d’Hippolyte et Aricie prévues au mois de novembre à l’Opéra Comique, Salle Favart à Paris, ne peuvent pas avoir lieu en présence du public, confinement oblige. Les répétitions se poursuivent néanmoins et l’ouvrage sera joué sur internet, diffusé sur ARTEconcert et le site de l’Opéra Comique. Une diffusion ultérieure sera proposée sur l’antenne d’Arte et sur France Musique.
Théâtre de dépassement et d’enchantement, l’opéra de Rameau d’autant plus fort et signifiant en son premier opus de 1733 – le plus scandaleux aussi-, surgit dans toute sa force scénographiée dans son déploiement matériel : jusqu’à Zoroastre, les opéras de Rameau touchent autant par leur science musicale que leur impact visuel et décoratif. Ici la tendresse (le couple Hippolyte et Aricie protégé par Diane) s’oppose au pouvoir tendu, en phase d’implosion (incarné par Phèdre et Thésée qui apprend à ses dépends que « les enfers sont chez lui » : Phèdre aime son beau fils, Hippolyte, contredisant toutes les RAMEAU-jean-philippe-portrait-hippolyte-et-aricie-classiquenewsbienséances et la morale. La reine en souffrance a ce tragique racinien auquel Rameau apporte une noblesse bouleversante ; tandis que Thésée, roi malgré lui, fils de Neptune, éprouve la solitude du pouvoir, préférant à tout exercice temporel, son cher et tendre Pirithoüs. De tous les ouvrages, Hippolyte atteint un souffle spectaculaire grâce à son orchestre : l’acte des enfers, d’une puissance poétique inouïe (acte II), invente le trio des Parques aux harmoniques jamais entendues jusque là…

 

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Un Rameau méconnu : Les Fêtes de PolymnieOPÉRA DES SOLITUDES TRAGIQUES… Hippolyte et Aricie… contrairement au titre qui met en avant le couple amoureux, Rameau en Racinien méconnu sculpte les profils des souverains, Phèdre d’abord : perdue, hallucinée, endeuillée au IV en apprenant la (fausse) mort de celui qu’elle aime secrètement, Hippolyte. Puis Thésée surtout, qui de roi juge n’est en vérité que le pantin impuissant de son dieu tutélaire Neptune, lequel lui fait endurer les pires épreuves : séjour infernal (acte II), perte de son ami Pirithoüs ; deuil de son fils, si cher et tendre, Hippolyte ; Autant d’individualités en souffrance et solitaires ne se sont jamais vues ni écoutées sur une scène lyrique… avant 1733 ; Rameau sait peindre la grandeur tragique avec les couleurs de la tendresse la plus bouleversante ; le compositeur sait plonger au cÅ“ur de l’âme humaine. Chaque héros souffre et s’exaspère contre les conspirations du destin. Et si les souverains sombrent dans le gouffre, les deux amants grâce à la protection de Diane, trouvent en fin de drame, une terre idéale que Rameau sublime par la dernière Chaconne et surtout l’ariette emblématique “Rossignols amoureux”…  Ainsi son génie rayonne à la fin de l’action dans les séquences finales de l’acte V dont il fait l’apothéose pastorale là encore d’une tendresse enivrée des deux jeunes héros, nouveaux élus protégés de la déesse chasseresse DIANE, soudainement touchée par la grâce sincère des deux jeunes gens : Hippolyte et Aricie, réunis en un lieu enfin pacifié (musette enamourée et choeur de réconciliation : n’y a t il pas déjà chez Rameau, un peu de cette idée paysagère et climatique développée après lui par le peintre Fragonard ? D’où notre choix en visuel du Parc de Saint-Cloud, panneau peint dont le format panoramique renvoie lui aussi une intelligence spatiale impressionannte). La conception dramatique est d’une profondeur inouïe et d’un souffle inédit alors.

 

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Hippolyte et Aricie de RameauRAMEAU-jean-philippe-portrait-hippolyte-et-aricie-classiquenews
en livestream
sur ARTE Concert, sur le site de l’Opéra Comique
samedi 14 novembre à 20h ; puis en REPLAY jusqu’au 13 mai 2021.

 

 

VOIR l’opéra en direct :

Opéra comique
https://www.opera-comique.com/

ARTEconcert
https://www.arte.tv/fr/arte-concert/

 
 

 
Hippolyte-et-aricie-rameau-Trio-parques-Pygmalion-pichon-critique-opera-classiquenews

 
 

 
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Hippolyte : Reinoud van Mechelen
Aricie : Elsa Benoit
Phèdre : Sylvie Brunet-Grupposo
Thésée : Stéphane Degout
Oenone : Séraphine Cotrez
Neptune/Pluton : Nahuel di Pierro
Diane : Eugénie Lefebvre
Prêtresse de Diane, Chasseresse,
Matelote, Bergère : Lea Desandre
Tisiphone : Edwin Fardini
1ère Parque : Constantin Goubet*
2e Parque : Olivier Coiffet*
3e Parque : Virgile Ancely *
Mercure : Guillaume Gutierrez*
Arcas : Martial Pauliat*

 

Chœur et Orchestre : Pygmalion
(artistes issus du choeur Pygmalion)
Direction musicale : Raphaël Pichon
Mise en scène : Jeanne Candel

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CD événement, critique. RAMEAU : Les Boréades (Luks, 3 cd Château de Versailles, janv 2020)

RAMEAU-cd-boreades-vaklav-luks-cd-critique-classiquenewsCD, critique. Rameau : Les Boréades (Cachet, Weynants, Kristjánsson… Luks, 3 cd Château de Versailles, janv 2020). Pour célébrer la fin de la guerre de Sept ans en 1763, victoire de Louis XV, Rameau, compositeur officiel compose son dernier ouvrage Les Boréades, sans pouvoir accompagner jusqu’à sa création, ce chef d’oeuvre du XVIIIè, car il meurt en répétitions (sept 1764). Jamais l’ouvrage ne sera créé sur la scène de l’Académie royale. Les dernières recherches ont montré que l’opéra était achevé en réalité dès juin 1763 devant être créé à Choisy. Le livret de Cahusac trop subversif (osant même montrer l’arbitraire cruel d’un souverain : torture et nouveau supplice d’Alphise par Borée le dieu des vents nordiques) ; héritier des Lumières, Rameau octogénaire dénonce alors la torture. Audacieuse et visionnaire intelligence propre aux philosophes français.
La redoutable difficulté des récits accompagnés, la tenue de l’orchestre où brillent les timbres instrumentaux d’une manière inédite (cors et clarinettes dès le début), exprimant cet imaginaire sans équivalent d’un Rameau, génial orchestrateur. Le Praguois Václav Luks et son Collegium 1704 aborde la partition avec un appétit rafraîchissant, une vivacité régulière qui cependant manque de la séduction élégantissime d’un Christie (Opéra de Paris, 2003) ou d’un McGegan. Or ici règne à travers les multiples suite de danses qui composent les ballets omniprésents d’acte en acte, la pure inventivité orchestrale (le V et son ballet du supplice est particulièrement expressif ) ; Rameau atteignant même un absolu poétique jamais écouté auparavant. Pour autant les interprètes ne manquent pas de qualités. Nervosité, éloquence, onirisme : Luks exploite et guide les facultés de son orchestre. Le début exulte de rebonds sylvestres grâce à l’accord magicien des instruments où percent et rayonnent la caresse amoureuse des cors, l’aubade enchantée des clarinettes : emblème de cette inclination d’Alphise pour Abaris, malgré la déclaration des princes Boréades. Tout est dit et magnifiquement maîtrisé dans cette ouverture au charme pastoral persistant. Rameau immense orchestrateur et poète lyrique se révèle dans toutes ses nuances. Le héros isolé confronté à un destin qui le dépasse et l’éprouve, c’est Alphise « forcée » et inquiété par les Boréades ; c’est déjà au I, le souffle fantastique de l’ariette de Sémire « un horizon serein » où la suivante d’Alphise souligne la fragilité du sort quand orage et tempête éprouvent la sincérité des cœurs justes. Opéra des saisons, Les Boréades est un chef d’oeuvre français qui fait rugir les timbres de l’orchestre dans une pensée poétique et universelle inédite. Vaklav Luks dont le geste exploite les tempéraments des chanteurs solistes, frappe un grand coup : maîtrise des nuances, direction claire, raffinée, particulièrement souple comme expressive (vitalité fluide des danses et des divertissements) ; l’orchestre de Rameau respire, s’enivre, exulte…

De toute évidence, ce sont les chanteuses qui forment l’argument principal de la distribution : heureux choix de Deborah Cachet en Alphise, la princesse sujet de tractations à rebondissements et donc d’une scène de torture inoubliable par sa cruauté barbare (acte V, scène II) – quel contraste éloquent et mémorable avec le final amoureux et tendre du IV ; de même la Sémire (sa suivante) de Caroline Weynants touche par son angélisme naturel, par la clarté d’un chant sincère sans artifices. L’orchestre a le nerf solide, l’articulation honnête, mais pêche par une absence de respirations justes, d’accents architecturés qui ont fait l’expressivité ardente de Christie (en particulier dans les effets spatialisés avec choeur, et dans ce laboratoire des timbres aux harmonies imprévisibles au début du V pour caractériser le démonisme de Borée et de ses deux fils haineux, Borilée et Calisis).

Néanmoins les suites du II (Loure et gavottes), du III (menuets et gavottes), du IV surtout (Rigaudons), préparent à la souplesse savoureuse du final du V (ultimes contredanses), où triomphe la lumière (et la victoire d’Abaris qui sauve son aimée Alphise). L’intégrale captée à Versailles (Opéra royal) séduit par la franchise du geste collectif qui laisse se déployer les somptueux tableaux climatiques d’un opéra décidément inclassable où la fureur sauvage des vents doit souffler et rugir avec intensité, panache, dans le sens du spectaculaire et de l’élégance. Equation à demi réalisée ici. Pour autant, l’engagement des instrumentistes sous la direction vive du chef Václav Luks, fait mouche (tempête, orage et tremblements de terre du III).

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CLIC D'OR macaron 200CD, critique. Rameau : Les Boréades (Cachet, Weynants, Kristjánsson… Luks, 3 cd Château de Versailles, janv 2020) – CLIC découverte de CLASSIQUENEWS hiver 2020. Lire aussi notre annonce du coffret Les Boréades par Vaclav Luks : http://www.classiquenews.com/cd-evenement-annonce-rameau-les-boreades-vaclav-luks-3-cd-cvs/

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VIDEO : Les Boréades par Václav Luks
(Utrecht Early Music Festival août 2018) – intégrale en version de concert

https://www.youtube.com/watch?v=eTwohoV0w2g

 

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Hyppolite et Aricie de Rameau, en direct

RAMEAU 2014 : sélection cdINTERNET, opéra en direct : RAMEAU, Hippolyte et Aricie, samedi 14 nov 2020, 20h. Les représentations d’Hippolyte et Aricie prévues au mois de novembre à l’Opéra Comique, Salle Favart à Paris, ne peuvent pas avoir lieu en présence du public, confinement oblige. Les répétitions se poursuivent néanmoins et l’ouvrage sera joué sur internet, diffusé sur ARTEconcert et le site de l’Opéra Comique. Une diffusion ultérieure sera proposée sur l’antenne d’Arte et sur France Musique.
Théâtre de dépassement et d’enchantement, l’opéra de Rameau d’autant plus fort et signifiant en son premier opus de 1733 – le plus scandaleux aussi-, surgit dans toute sa force scénographiée dans son déploiement matériel : jusqu’à Zoroastre, les opéras de Rameau touchent autant par leur science musicale que leur impact visuel et décoratif. Ici la tendresse (le couple Hippolyte et Aricie protégé par Diane) s’oppose au pouvoir tendu, en phase d’implosion (incarné par Phèdre et Thésée qui apprend à ses dépends que « les enfers sont chez lui » : Phèdre aime son beau fils, Hippolyte, contredisant toutes les bienséances et la morale. La reine en souffrance a ce tragique racinien auquel Rameau apporte une noblesse bouleversante ; tandis que Thésée, roi malgré lui, fils de Neptune, éprouve la solitude du pouvoir, préférant à tout exercice temporel, son cher et tendre Pirithoüs. De tous les ouvrages, Hippolyte atteint un souffle spectaculaire grâce à son orchestre : l’acte des enfers, d’une puissance poétique inouïe (acte II), invente le trio des Parques aux harmoniques jamais entendues jusque là…

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Hippolyte et Aricie de RameauRAMEAU-jean-philippe-portrait-hippolyte-et-aricie-classiquenews
en livestream
sur ARTE Concert, sur le site de l’Opéra Comique
samedi 14 novembre à 20h, puis en REPLAY jusqu’au 13 mai 2021

Opéra comique
https://www.opera-comique.com/

ARTEconcert
https://www.arte.tv/fr/arte-concert/

 

 

 

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Hippolyte : Reinoud van Mechelen
Aricie : Elsa Benoit
Phèdre : Sylvie Brunet-Grupposo
Thésée : Stéphane Degout
Oenone : Séraphine Cotrez
Neptune/Pluton : Nahuel di Pierro
Diane : Eugénie Lefebvre
Prêtresse de Diane, Chasseresse,
Matelote, Bergère : Lea Desandre
Tisiphone : Edwin Fardini
1ère Parque : Constantin Goubet*
2e Parque : Olivier Coiffet*
3e Parque : Virgile Ancely *
Mercure : Guillaume Gutierrez*
Arcas : Martial Pauliat*

Chœur et Orchestre : Pygmalion
(artistes issus du choeur Pygmalion)
Direction musicale : Raphaël Pichon
Mise en scène : Jeanne Candel

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CD, critique. MONTECLAIR : Jephté (Orfeo Orchestra, György Vashegyi – Budapest, mars 2019 – 2 cd Glossa)

jephte-monteclair-vashegyi-cd-glossa-clic-de-classiquenews-cd-critique-baroque-classiquenewsCD, critique. MONTECLAIR : Jephté (Orfeo Orchestra, György Vashegyi – Budapest, mars 2019 – 2 cd Glossa). Après la gravure visionnaire de Christie, voici une nouvelle approche globalement très convaincante en provenance de Hongrie. La caractérisation que sait réaliser l’excellent baryton Tassis Christoynnis dans le rôle titre de Jephté accrédite la haute valeur de cette lecture dont la direction du chef Gyorgy Vashegyi assure la grande réussite orchestrale : architecturée mais aussi subtilement colorée, aux accents idéalement maîtrisés. La riche parure instrumentale, les danses, les intermèdes, la puissance martiale et l’onirisme pastoral sont remarquablement restitués : structurés, d’une solide articulation (le chÅ“ur n’est pas en reste, à la fois déterminé et précis), mais aussi détaillés dans le sens d’une langueur nouvelle nostalgique.

 

 

 

György Vashegyi ressuscite le souffle et la majesté
d’un Montéclair symphonique, précurseur de Rameau…

 

 

 

Le chef d’œuvre de Montéclair, contemporain de Campra, et précurseur de Rameau, s’accomplit ici avec une aisance et une sûreté délectable. Créé en 1732, soit un avant le génial et scandaleux Hippolyte de Rameau, Jephté semble synthétiser toutes les possibilités poétiques et expressives du genre tragédie lyrique. Jephté est un superbe emploi pour baryton, comme ce que Rameau écrira pour le rôle pilier de Thésée dans Hippolyte.
En réalité le manuscrit remonte aux années 1720 et la valeur de cette lecture s’appuie sur la version de 1737, l’une des récentes reprises à l’Académie, car comme les tragédies de Rameau, Jephté ne cessa d’être joué tout au long du XVIIIè : il y a autant de majesté solennelle propre au souffle versaillais de Louis XIV, de la détermination guerrière, que de la suavité d’esprit pastoral, annonçant les heureux bocages raméliens (heureuse musette accompagnant Iphise au IV)… L’écriture de Montéclair est d’un grand équilibre, répondant à chaque accent et registre du genre. Ici Iphise, la fille sacrifiée de Jephté est incarnée par la soprano Chantal Santon, certes la voix est assurée, le caractère angélique et tendre, présent. Mais la voix est trop vibrée et l’intelligibilité, absente. Idem pour l’Almasie de Judith V Wanroij, ailleurs princesse altière et hautaine, ici elle aussi inintelligible, au timbre acide, à l’intonation lisse, sans guère de nuances, dont le style ampoulé et artificiel finit par agacer… Thomas Dolié reste engorgé, serré, vibré, terne en Phinée : autre déception d’une distribution globalement déséquilibrée.
Saluons en revanche l’excellent Zachary Wilder (Ammon) et la frêle et sensible Katia Velletaz dont le timbre délicat exprime la tendresse irrésistible des bocages. Par son relief orchestral, pour le rôle de Jephté magnifiquement incarné dont T Christoyannis fait un être qui souffre, l’enregistrement de 2019 retient notre attention et mérite le meilleur accueil.

 

 

 

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CD, critique. MONTECLAIR : Jephté (Orfeo Orchestra, György Vashegyi – Enregistré à Budapest (Mupa, mars 2019 – Hongrie) – 2 cd Glossa.

 

 
 

 

CD événement, annonce. RAMEAU : Les Boréades, Vaclav Luks (3 cd CVS)

RAMEAU-cd-boreades-vaklav-luks-cd-critique-classiquenewsCD événement, annonce. RAMEAU : Les Boréades, Vaclav Luks (3 cd CVS) – Nervosité, éloquence, onirisme : Luks a tout pour réussir une somptueuse et éclatante production des Boréades, ultime opéra d’un Rameau octogénaire. Le début exulte de rebonds sylvestres grâce à l’accord magicien des instruments où percent et rayonnent la caresse amoureuse des cors, l’aubade enchantée des clarinettes : emblème de cette inclination d’Alphise pour Abaris, malgré la déclaration des princes Boréades. Tout est dit et magnifiquement maîtrisé dans cette ouverture au charme pastoral persistant. Rameau immense orchestrateur et poète lyrique se révèle dans toutes ses nuances. Le héros isolé confronté à un destin qui le dépasse et l’éprouve, c’est Alphise « forcée » et inquiété par les Boréades ; c’est déjà au I, le souffle fantastique de l’ariette de Sémire « un horizon serein » où la suivante d’Alphise souligne la fragilité du sort quand orage et tempête éprouvent la sincérité des cÅ“urs justes. Opéra des saisons, Les Boréades est un chef d’oeuvre français qui fait rugir les timbres de l’orchestre dans une pensée poétique et universelle inédite. Vaklav Luks dont le geste exploite les tempéraments des chanteurs solistes, frappe un grand coup : CLIC_macaron_20dec13maîtrise des nuances, conception structurée, claire, raffinée, particulièrement souple comme expressive (vitalité fluide des danses et des divertissements) ; l’orchestre de Rameau respire, s’enivre, exulte… le chef tchèque soucieux d’intelligibilité, signe une version de référence, produite et portée par le Château de Versailles – enregistrée à l’Opéra royal en janvier 2020. Critique complète à venir dans le mag cd dvd livres de classiquenews. CLIC de CLASSIQUENEWS d’octobre 2020.

CD événement, annonce. RAMEAU : Les Boréades, Vaclav Luks (3 cd CVS Château de Versailles Spectacles)

BUDAPEST : en direct du MUPA, Gyorgy Vashegyi joue Dardanus

RameauEn direct du MUPA, le 8 mars 2020. Rameau : DARDANUS. À Budapest, après Les Fêtes de Polymnie (2014), Naïs (2017) et Les Indes galantes (2018), Dardanus occupe le chef hongrois György Vashegyi, grand ramélien à la suite des Christie, McGegan, qui a déjà conviancu, s’intéresse à l’histoire de Dardanus : tragédie en musique en un prologue et 5 actes, version de 1744. Livret de Charles-Antoine Leclerc de la Bruère.
Grand défenseur de la musique lyrique française du XVIIIè, en particulier à l’époque des Lumières, et en particulier des opéras visionnaires, réformateurs de Jean-Philippe Rameau, compositeur officiel à Versailles sous le règne de Louis XV, Gyorgy Vashegyi ressuscite la version intégrale de 1744 de Dardanus dont plusieurs mesures inédites comprenant chœurs et partie orchestrale d’un souffle nouveau. Dardanus aime Iphise mais doit affronter et vaincre les agissements d’Anténor. Que donnera cette nouvelle version ? En particulier la langue française si essentielle dans la caractérisation des opéras français. Force est de constater que les distribution peinent souvent dans l’articulation et l’intelligibilité de la langue de Rameau. De ce point de vue, au sein d’une équipe de chanteurs qui rassemble souvent les mêmes solistes, peu de chanteurs savent maîtriser les spécificités du chant français baroque. La distribution annoncée ce 8 mars comprend d’excellents diseurs en français dont le ténor Cyrille Dubois et le baryton Tassis Christoyannis. Voilà qui accrédite la prochaine interprétation. D’autant que le chef ne manque ni de clarté ni d’expressivité et de tension dans la conception architecturale de ses approches, comptant sur deux formations solides à Budapest : le choeur et l’orchestre (sur instruments anciens) qu’il a fondés : Purcell Choir et Orfeo Orchestra. Deux collectifs avec lesquels le maestro a su édifier de très solides réalisations à ce jour.

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gyorgy vashegyi gervais mupa Hypermnestre © János Posztós, Müpa BudapestRAMEAU : Dardanus. DIM. 8 MARS 2020 : 19h. Müpa – Palace of Arts, Budapest, Hongrie – Concert sera retransmis en direct sur le site web du Müpa : écoutez l’opéra en direct:
https://www.mupa.hu/en/program/classical-music-opera-theatre/rameau-dardanus-2020-03-08_19-00-bela-bartok-national-concert-hall

Rameau : Dardanus
György Vashegyi, direction musicale

Judith Van Wanroij, Iphise, l’Amour
Chantal Santon-Jeffery, Vénus, une Phrygienne
Cyrille Dubois, Dardanus
Tassis Christoyannis, Anténor
Thomas Dolié, Teucer, Isménor
Clément Debieuvre, Arcas

Orfeo Orchestra
Purcell Choir

 

PLUS D’INFOS sur le site du MUPA / direct RAMEAU : DARDANUS
https://www.mupa.hu/en/program/classical-music-opera-theatre/rameau-dardanus-2020-03-08_19-00-bela-bartok-national-concert-hall
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Approfondir
Reste que dans cette version née de la refonte de 1744 : plus grave et tendue, noire et introspective, si cornélienne au fond, où Rameau concentre son génie sans jamais le diluer-, les interprètes doivent projeter délire, vérité.

A paru en 2013 une version discographique récente de Dardanus par Pygmalion, mais trop sage :
https://www.classiquenews.com/cd-rameau-dardanus-version-1744-pygmalion-2012/

 

Temps forts et synopsis


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Enchantements de l’Opéra-ballet

rameau jean philippe dossier classiquenews 582 822 dossierCréé en 1739, révisé en 1744, Dardanus incarne pour ses détracteurs dont Rousseau, le sommet de l’invraisemblable lyrique, de la complexité du grand oeuvre monarchique. Rien ne peut cependant cacher le génie de la musique dont le flamboiement continu réserve aux spectateurs plusieurs tableaux inoubliables.
Après un prologue où Rameau oppose la Jalousie à Vénus qui cependant convoque cette dernière pour réveiller l’Amour (!), en audaces harmoniques jamais entendues auparavant, le premier acte se déroule en Phrygie, terre des mausolées. Anténor se dresse en guerrier déterminé prêt à tuer Dardanus et épouser Iphise qui ne peut s’empêcher d’aimer ce dernier. Dans le II, l’acte du temple, Dardanus déguisé en Isménor accueille les aveux amoureux d’Iphise : la tendresse de l’amant qui se démasque est le sujet de cet acte de pure tendresse alanguie. Au III, Dardanus emprisonné suscite la prière déchirante d’Iphise (comme fut déjà bouleversante l’air de Télaïre dans Castor et Pollux) contrastant avec l’ivresse obscène des Phrygiens vainqueurs.
Mais Vénus ouvre le IV : un délicieux et onirique songe guide et caresse le beau Dardanus. Jamais divertissement ne fut ici aussi suggestif et rêveur : un sommet de la nostalgie français. Suit l’épisode du monstre furieux qui aurait tuer Anténor s’il n’était sauvé par Dardanus le preux. Auparavant Anténor, tout en évoquant le monstre affreux, exprime l’empire tout effrayant de l’amour en un air inégalé par sa profondeur grave, sa grâce juste et poétique : « Monstre affreux, monstre redoutable… ». Au V, dans une marine digne de Lorrain, Iphise et Teucer accueillent leur champion Anténor qui reconnaît en Dardanus le véritable héros. La chaconne finale conclue l’enchantement de Dardanus : un superbe cycle de visions et d’épisodes où triomphe le souveraine musique et ses accents chorégraphiques.

CD événement, annonce. VÃKINGUR ÓLAFSSON : Rameau / Debussy (1 cd DG Deutsche Grammophon). CLIC de CLASSIQUENEWS – mars 2020. Parution annoncée le 27 mars 2020.

olafsson-vikingur-rameau-debussy-dg-deutsche-grammophon-annonce-cd-critique-review-classiquenewsCD événement, annonce. VÃKINGUR ÓLAFSSON : Rameau / Debussy (1 cd DG Deutsche Grammophon). Dans son déjà 3è album chez DG Deutsche Grammophon, l’islandais virtuose Vikingur Olafsson souligne la parenté filigranée entre Rameau et Debussy, une fraternité musicale voire un lien d’interchangeabilité… Leur « entente » magique était avérée : Debussy à la suite de Saint-Saëns ou Fétis (au XIXè) trouvant chez le Baroque, cet esprit français intact et pur, bienvenu dans le contexte franco français et antiallemand au début du XXè. Rameau et ses suaves arabesques, aussi décoratives qu’intellectuelles comblait le goût alors le si difficile Monsieur croche alias Debussy. Comme le visuel l’indique, Olafsson joue Debussy comme s’il en peignait l’art des harmonies diffuses, colorées, entrelacées. La couleur règne, suggestive, aux ouvertures et souffle atmosphérique (il n’est pas contemporain des dernières explorations impressionnistes… celle du Monet des Nympheas pour rien) : Jardin sous la pluie, Des pas sur la neige, jusqu’à Ondine (Préludes, Livre II).

 

 

Vikingur Olafsson : 3ème album chez DG

Rameau en futuriste,
Debussy néobaroque…

 

 

 

« Je veux montrer Rameau comme un futuriste et souligner les racines profondes de Debussy dans le baroque français – et dans la musique de Rameau en particulier. L’idée est que l’auditeur oublie presque qui est qui, en écoutant l’album », précise le pianiste. L’interprète inspiré de Philip Glass et de JS Bach, renoue ici avec cette clarté incisive des grilles contrapuntique dont il déduit des séquences motoriques impressionnantes, au profit d’un Rameau soudainement électrisé de l’intérieur ; d’une mécanique aussi huilée qu’impeccablement millimétrée, Olafsson renforce l’énergie dansante des danses chez Rameau, son génie de la pulsion… qui passe aussi chez le Debussy des Children’s corner (Sérénade for the Doll, The snow is dancing)… Mais tout prépare au panthéon poétique, magnifiquement sculpté des pièces du 4è Concert avec L’indiscrète et La Rameau (autobiographie dont Olafsson restitue l’humour et l’autodérision).

CLIC D'OR macaron 200Compléments à grande valeur onirique aussi, la pièce de son cru d’après Rameau « Arts and Hours » (dont l’immatérialité évanescente saisit, un rêve musical énoncé avec une pudeur énigmatique ; enfin, extrait des Images du Livre I, le très opportun « Hommage à Rameau ». Intelligent, pertinent sur le plan des enchaînements, magicien et volubile dans son jeu, Vikingur Olafsson célèbre la pensée musicale de deux immenses génies de la forme ; le pianiste islandais confirme sa digitalité experte dans ce 3è cd DG très réussi. Pleine critique à venir fin mars, lors de la parution annoncée du cd Debussy / Rameau par Vikingur Olafsson, piano ( 1 cd DG Deutsche Grammphon ).

 

 

 

 

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CD événement, annonce. VÃKINGUR ÓLAFSSON : Rameau / Debussy (1 cd DG Deutsche Grammophon). CLIC de CLASSIQUENEWS – mars 2020. Parution annoncée le 27 mars 2020.
 

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VOIR
Víkingur Ólafsson – Glass: Étude No. 5

 

 

 
JS BACH
Bach: Organ Sonata No. 4, BWV 528: II. Andante [Adagio] (Transcr. Stradal) / vidéo clip

 

 

 

 

JS BACH
Pianist Víkingur Ólafsson performs J.S. Bach´s “Prelude & Fugue” in C minor, BWV 847 live from Harpa, Reykjavík

 

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 LIRE aussi : les critiques cd Vikingur OLAFSSON sur CLASSIQUENEWS :

 

olafsson vikingur jean sebastian bach critique cd par classiquenewsCD, événement. JS BACH : Vikingur Olafsson, piano (1 cd DG Deutsche Grammophon, 2018). Depuis un an, l’écurie DG Deutsche Grammophon élargit la palette de ses talents, en accueillant le pianiste islandais Víkingur Ólafsson dont le précédent programme, premier et convaincant, était dédié à Philip Glass. L’interprète poursuit un parcours sans faute dans ce nouvel album, dédié à JS BACH dont il sélectionne Préludes et Fugues, originelles et transcriptions, certaines signées de sa main (air de la cantate « Widerstehe doch der Sünde ».)… Fragments très bien choisis du Clavier bien tempéré, mais aussi Sinfonia (au contrepoint redoutable), … transcriptions historiques aussi signées Busoni, Rachmaninov, Ziloti… chaque séquence ainsi enchaînée, compose un tableau global d’une indéniable cohérence ; Olafsson précisant le génie multiforme d’un Bach, maître du développement aussi intense, expressif, caractérisé que court. C’est un « maître de l’histoire courte ». Ou du court métrage pourrions nous dire plus justement. Quelques exemples d’un parcours qui se fait voyage et traversée enchantés ? Lire notre critique intégrale du cd JS BACH par Vikingur Olafsson

vikingur-olafsson-glass cd review classiquenewsCD, compte rendu critique. PHILIP GLASS : Pianos works, oeuvres pour piano. Vikingur Ólafson, piano (1 cd Deutsche Grammophon). Le feu dans le GLASS… Quasiment 1h20 de bonheur musical, en un temps recomposé, dans ce flux qui se joue des rythmes et des ruptures harmoniques propre à créer cette temporalité hypnotique dont Glass sait nous régaler depuis près de 50 ans… L’islandais Vikingur Olafsson a sélectionné un cycle d’Études, extraites des deux Recueils édités et validés par le compositeur au minimaliste richement suggestif. Pour les 80 ans de Philip Glass, le pianiste Olafsson, diplômé de la Juilliard School de New York, véritable icône de la modernité en Islande, créateur de bon nombre de nouvelles œuvres, fondateur de son propre label aussi, nous régale dans cette succession de climats aux teintes subliminales, dans un toucher précis et clair, miraculeusement sobre, qui nuance décisive, fait toute la part à l’atténuation et la poésie sonore. C’est que le trentenaire (32 ans en 2017) a travaillé avec Glass. Une sorte d’adoubement officiel a été proclamé, soulignant la justesse artistique qui sans cela, s’impose d’elle même, à travers ces 13 sections, dont le début et la fin sont repris de « Opening » extraits de Glassworks (1981) et retravaillé dans ce reprise final par Christian Badzura. Lire notre critique complète du récital PHILIP GLASS par VIKINGUR OLAFSSON

COMPTE-RENDU, critique, opéra. GENEVE, le 15 déc 2019. RAMEAU : Les Indes Galantes. Cappella Mediterranea, Leonardo García Alarcón / Lydia Steier

RAMEAU 2014 : sélection cdCOMPTE-RENDU, critique, opéra. GENEVE, le 15 déc 2019. RAMEAU : Les Indes Galantes. Cappella Mediterranea, Leonardo García Alarcón / Lydia Steier. Après la production parisienne plébiscitée par le public et controversée par la critique, le chef argentin reprend les Indes galantes dans une nouvelle mise en scène et une distribution totalement renouvelée. Une grande réussite scénique et vocale, malgré une lecture très personnelle du chef. Aux danseurs hip-hop de Bastille, la production genevoise oppose la carte d’une lecture moins iconoclaste, mais surtout plus respectueuse d’une dramaturgie cohérente qui semblait échapper au genre hybride de l’opéra-ballet. En misant sur le principe efficace du méta-théâtre, si important au XVIIIe siècle, Lydia Steier confère une grande cohérence à la dramaturgie de l’œuvre. Là où à Bastille la mise en scène misait sur la danse, Genève mise efficacement sur le théâtre, et ce n’est pas un mince défi, brillamment relevé. Sur scène, un immense théâtre à moitié en ruine où se joue les préparatifs du spectacle. L’unité de lieu fluidifie le discours et réunit le prologue et les quatre entrées en soulignant l’opposition sous-jacente au livret de Fuzelier : l’amour face à la guerre.

Le violon d’Inde d’Alarcón

Les différents acteurs puisent ainsi dans des malles les costumes (magnifiques de Katharina Schlipf) des différentes entrées. Les hédonistes, réunis par Hébé, rencontrent bientôt les belliqueux qui veulent nuire à leurs plaisirs, et ce fil rouge, sommaire mais théâtralement efficient, permet d’appréhender les superbes chorégraphies de Demis Volpi avec d’autant plus de naturel qu’elles ont été intelligemment intégrées aux autres artistes au point qu’on se demande parfois qui chante et qui danse. Quant à l’œuvre, les puristes vont crier au scandale en voyant que le pas de deux de l’acte des fleurs (le plus dramatiquement faible de la partition) a été déplacé en préambule, avant le lever de rideaux, et surtout l’invocation des « forêts paisibles » sur laquelle s’achève l’opéra, sous une suggestive pluie de neige. La suite voulue par Rameau (« Régnez plaisirs et jeux », le menuet pour les guerriers français et la chaconne finale) disparait. Mais il faut avouer que le tempo choisi par le chef est sans doute le plus juste, le plus émouvant, en étroite cohérence avec le texte, qu’il nous ait été donné d’entendre.
Le spectacle réunit en outre une excellente distribution et les nombreux chanteurs italophones déclament Rameau avec un bel engagement et une prononciation impeccable. Dans les rôles d’Hébé, d’Émilie et de Zaïre, Kristina Mkhitarian déploie un timbre riche, sonore et superbement projeté, attentif aux moindres inflexions du texte, magnifié en outre par une présence scénique toujours nécessaire au paradigme rhétorique du théâtre en musique. Roberta Mameli campe l’Amour et Zaïre avec panache, la moindre de ses interventions est un concentré d’émotion qui fait mouche, aussi à l’aise dans la virtuosité que dans le pathétisme élégiaque, et elle restitue au livret de Fuzelier toute sa profondeur dramatique si souvent négligée. Si Claire de Sévigné semble plus embarrassée dans son jeu et son interprétation, malgré un timbre fort bien sculpté, la Fatime d’Amina Edris insuffle à son personnage un poids dramatique singulier (notamment dans le célèbre air « Papillons inconstants »). Les deux ténors de la distribution symbolisent les goûts réunis : l’alerte et expérimenté Cyril Auvity fait une nouvelle fois honneur à la voix de haute-contre à la française, et on aurait aimé l’entendre un peu plus ; quant à Anicio Zorzi Giustinani, il maîtrise sans faille et avec un bonheur jouissif la prononciation et le style. Mêmes qualités superlatives du côté des deux autres chanteurs italiens : Gianluca Buratto est un Ali à la voix caverneuse, mais la palme revient à Renato Dolcini, impressionnant de présence pour ses trois rôles, réussissant en outre à moduler sa belle voix ample de la basse de Bellone à celle de basse-taille d’Adario avec un naturel confondant.
Une mention spéciale pour les chœurs du Grand théâtre de Genève, excellemment préparés par Alan Woodbridge, qui ont accompli un effort particulier pour s’adapter au style de l’opéra baroque français. À la tête de sa Cappella Mediterranea, Leonardo García Alarcón dirige avec style et brio ; avec lui, le théâtre est tout autant sur scène que dans la fosse, instaurant un dialogue constant entre les musiciens et les interprètes dans une osmose qui tient la plupart du temps du miracle. Pour toutes ses qualités, sa version personnelle du chef-d’œuvre de Rameau doit être entendue d’abord comme un formidable spectacle vivant, et « s’ils sont sensibles », comme le déclament Zima et Adario à la fin de l’opéra, les puristes abandonneront toute querelle stérile.

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Compte-rendu. Genève, Grand Théâtre, Rameau, Les Indes galantes, 15 décembre 2019. Kristina Mkhitarian (Hébé, Émilie, Zima), Roberta Mameli (Amour, Zaïre), Claire de Sévigné (Phani), Amina Edris (Fatime), Reanto Dolcini (Bellone, Osman, Adario), Gianluca Buratto (Ali), Anicio Zorzi Giustiniani (Don Carlos, Damon), François Lis (Huascar, Don Alvaro), Cyril Auvity (Valère, Tacmas), Lydia Steier (Mise en scène), Demis Volpi (Chorégraphie),, Heike Scheele (scénographie), Katarina Schlipf (costumes), Olaf Freese (Lumières), Krystian Lada (Dramaturgie), Alan Woodgridge (Direction des chœurs), Cappella Mediterranea, Leonardo García Alarcón (direction).

COMPTE-RENDU, critique, opéra. GENEVE, le 15 déc 2019. RAMEAU : Les Indes Galantes. L Steier / LG Alarcon.

COMPTE-RENDU, critique, opéra. GENEVE, le 15 déc 2019. RAMEAU : Les Indes Galantes. L Steier / LG Alarcon. Après avoir défendu l’œuvre à l’opéra Garnier de Paris (sept 2019, lecture iconoclaste et vide de sens de Clément Cogitore), – proposition marquante par son déficit de cohérence sur le plan scénique, riche en effets gadgets, pauvre en lecture forte, détruisant l’unité poétique de Rameau et l’insolence de sa musique, revoici l’opéra-ballet, les Indes Galantes par le chef argentin Leonardo García Alarcón, à Genève cette fois, et autrement plus cohérent, même si la mise en scène de Lydia Steier met à mal le cadre de l’œuvre baroque. Sa Flûte enchantée à Salzbourg (2018) n’avait guère convaincu. Plus d’épisodes indépendants des uns des autres, mais une seule action dans un seul lieu (un théâtre ravagé) où une troupe apeurée, réfugiée en pleine guerre tente de divertir les combattants qui de temps à autre, surgissent, plus brutaux et sordides que jamais.

 

 

Rameau es-tu là ?

 

 

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Les ballets et divertissements deviennent dérivatifs salvateurs; faire l’amour plutôt que la guerre. Pour convaincre davantage et mieux servir son propos, la scénographe se fait dramaturge et recompose l’ordre de certaines scènes originales : il est vrai que l’unité originelle des partitions n’a plus lieu et les metteur(e)s en scène défont ce qui a été conçu avec réflexion et sensibilité avant eux. Coupant la sublime Chaconne utlime (le plus morceau de la partition), Lydia Steier rejoint ici ce que fait l’iconoclaste Tcherniakov qui réécrit les relations des personnages ou change carrément la fin des oeuvres (!). Ici la belle et aimante Zima triomphe mais timidement car son grand air (Régnez) est écarté, pour une conclusion grise, bancale (danse du calumet de la paix sous la neige). Là encore, il faut intellectuellement être honnête et afficher non pas les Indes Galantes de Rameau, mais les Indes galantes version Steier, d’après Rameau.

Le divorce avec la fosse et la musique est d’autant plus fort que les musiciens sont très honorables. Davantage qu’à Paris, moins artificiels et contraints, malgré le diktat imposé par Steier et sa vision trop subjective. Parmi les chanteurs, saluons surtout le naturel articulé, nuancé de Valère grâce à l’excellent Cyril Auvity (récemment remarquable Furie dans Isis de Lully).

Bel engagement aussi pour Kristina Mkhitaryan qui apporte à ses rôles, Hébé / Zima, une nouvelle profondeur émotionnelle, délectable. Sans omettre l’articulation tout aussi naturel qu’Auvity, de la basse Renato Dolcini (Osman / Adario), naturellement chantant, au français impeccable. Vous l’aurez compris : non à cette mise en scène irrespectueuse ; oui à l’implication plus fine des musiciens.

 

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Photos : © Magali Dougados / service presse Gd Théâtre Genève 2019

RAMEAU : Les Indes Galantes
Opéra-ballet en un prologue et 4 entrées
Livret de Louis Fuzelier
Version de 1736
Mise en scène : Lydia Steier

Hébé / Emilie / Zima : Kristina Mkhitaryan
Bellone / Osman / Adario : Renato Dolcini
Huascar / Don Alvar : François Lis
Amour / Zaïre : Roberta Mameli
Valère / Tacmas : Cyril Auvity
Phani : Claire de Sévigné
Don Carlos / Damon : Anicio Zorzi Giustiniani
Fatime : Amina Edris
Ali : Gianluca Buratto

Grand Théâtre de Genève, Ballet, Chœur
Cappella Mediterranea / Leonardo García Alarcón, direction

 

 

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COMPTE-RENDU, critique, opéra. GENEVE, le 15 déc 2019. RAMEAU : Les Indes Galantes. L Steier / LG Alarcon.

LIVRE événement annonce. En un acte – Les actes de ballet de Jean-Philippe Rameau (Éditions Aedam Musicae).

rameau en un acte anacreon les actes de ballet 1745 1757 opera baroque francais editions aedam musicae annonce livre187LIVRE événement annonce. En un acte – Les actes de ballet de Jean-Philippe Rameau. Ouvrage collectif sous la direction de Raphaëlle Legrand, Rémy-Michel Trotier (Éditions Aedam Musicae). LABORATOIRE BAROQUE… le format court stimule la créativité du plus grand génie baroque français au XVIIIè : aux côtés de ses tragédie en musique, Rameau a développé toute sa vie, les ballets en un acte : plus qu’esquisse, écrin fougueux, audacieux, condensé d’invention musicales et d’idées dramatiques… Voici donc un état analytique de l’Å“uvre de Rameau “en un acte”, soit 11 ouvrages ici présentés, de 1745 à 1757, période de sa maturité, et qui dévoile l’une des facettes de son diamant poétique et musical (celui dont parle Francis Ponge, in Société du génie, 1961). En couverture, le salon en treillis d’Anacréon (1754 ; révisé en 1757 dans la Suite Les Surprises de l’Amour), pastorale héroïque d’un onirisme amoureux enivré, unique et singulier à son époque… où le vieux sage Anacréon finit par sceller le voeu qui unit Batyle à la charmante Clhoé.

Dans ces 11 ouvrages remarquablement commentés, se précise la fabrique poétique et musicale du grand Rameau. En témoignent, pourtant méconnus, le ballet en un acte Nélée et Mirthis, celui des Fêtes de Ramire ou encore la pastorale de Lisis et Délie … Les bijoux miniatures ne manquent pas ; mais ont passé inaperçus à côté des longues tragédies et des ballets composés de plusieurs entrées qui ont fait la renommée du musicien. Le travail des chercheurs a tenté ici d’identifier le catalogue, rétablir la chronologie des partitions, recomposer l’histoire des versions successives… Bien documentés au disque, Pigmalion, La Guirlande ou Zéphire sont toujours absents des salles, ; quels apports l’Anacréon de 1754, sur un livret de Louis de Cahusac, contenait-il vis à vis de celui écrit en 1757 avec Pierre-Joseph Bernard.
Contrairement aux idées reçues (et encore abondamment diffusées), Rameau inventeur musicien de génie, s’est soucié de la cohérence et du fini poétique de ses livrets. Ce sont moins ses poèmes choisis pour être mis en musique qui sont « médiocres » (jugement improbable au regard de l’indigence de notre époque) que l’esthétique poétique du XVIIIè qui devrait être alors reconsidérée. Ainsi Voltaire qui avait le projet d’un Samson avec Rameau, mais aussi Rousseau, Marmontel ou encore Collé qui coopèrent avec le génie musical de leur temps, livrant à la cour de Franc, les divertissements des saisons très privées du château de Fontainebleau.
Emblématiques d’une époque glorieuse pour le divertissement de cour en France, certains illustrent ainsi la quintessence du style Louis XV, comme La Naissance d’Osiris, Les Sibarites, la subtile pastorale de Daphnis et Églé…

En préalable à la première édition critique complète de leurs livrets, chaque opéra (acte de ballet) est analysé, à la lumière des contextes d’élaboration et des modalités de composition. Leur ancrage dans l’esthétique du milieu du XVIIIè, dans l’évolution sensible de la pratique théâtrale à l’époque de Rameau (machineries, chorégraphies, dispositif des décors, scènes et lieux de représentation…) est scrupuleusement documenté.
CLIC D'OR macaron 200Dans la partie III, celle dédiée aux approches formelles, l’analyse collective tend à redéfinir chaque acte de ballet comme autant de « miniatures » supportant une réévaluation en « macrostructures », c’est à dire des univers complets par eux-mêmes, où transpire partout « le soin extrême que Rameau mit à leur composition ». On est donc loin d’une contribution anecdotique : c’est tout un pan de l’œuvre de Rameau qui nous est enfin restituée. Grande critique à venir d’ici le 20 octobre 2019, dans notre magazine cd dvd livres sur CLASSIQUENEWS. CLIC de CLASSIQUENEWS de la rentrée 2019.

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LIVRE événement annonce. En un acte – Les actes de ballet de Jean-Philippe Rameau
Ouvrage collectif sous la direction de Raphaëlle Legrand, Rémy-Michel Trotier
Date de parution : Septembre 2019 – (AEM-187 – éditions AEDAM MUSICAE).
Études réunies et présentées par Raphaëlle Legrand et Rémy-Michel Trotier
Avec la collaboration de Laura Naudeix et Thomas Soury
Et les contributions de Philippe Cathé, Vincent Dorothée, Julien Dubruque, Matthieu Franchin, Jean-Philippe Grosperrin, Rebecca Harris-Warrick, Hubert Hazebroucq, Sarah Nancy, Benjamin Pintiaux, Bertrand Porot, Théodora Psychoyou, Graham Sadler, Ana Stefanovic.

Avec la première édition critique complète des livrets des douze actes de ballet de Rameau.

Compte-rendu, opéra. Paris, Opéra, le 27 septembre 2019. Rameau : Les Indes galantes. Leonardo García Alarcón / Clément Cogitore.

Compte-rendu, opéra. Paris, Opéra, le 27 septembre 2019. Rameau : Les Indes galantes. Leonardo García Alarcón / Clément Cogitore. Il est finalement peu de soirées à l’issue desquelles on a l’impression d’avoir assisté à un spectacle qui fera date pour une génération, et ce malgré quelques imperfections bien compréhensibles pour une toute première mise en scène d’opéra. Ainsi de ces Indes galantes confiées au plasticien d’origine alsacienne Clément Cogitore (36 ans), jeune surdoué touche à tout qui s’est illustré aussi bien dans les expositions d’art contemporain qu’au cinéma (César du meilleur premier film pour « Ni le ciel ni la terre », en 2016). Son travail surprend ici par l’aura de mystère et d’imprévisible constamment à l’oeuvre, le tout baigné dans une pénombre énigmatique et envoûtante, toujours animée des chorégraphies endiablées de Bintou Dembélé. Si l’on est guère surpris de trouver la danse aussi présente dans cet ouvrage qui marie si bien les genres, c’est bien davantage l’apport de danses issues des «quartiers» (banlieues ou cités – peu importe le nom politiquement correct à donner), qui enthousiasme par sa richesse expressive. En faisant appel à la compagnie Rualité, le hip hop fait ainsi son entrée au répertoire de la grande maison, sans jamais sacrifier au style.

 

 

COGITORE chez Rameau :
l’ombre du mystère, de l’imprévisible…

 

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Cogitore a la bonne idée de lier les différentes entrées du livret en parsemant l’ouvrage de fils rouges, tout particulièrement la problématique de l’apparence et du costume que l’on endosse pour rendre crédible le rôle que la société tend à nous faire jouer : le prologue donne ainsi à voir l’habillage à vue des danseurs comme un miroir du nécessaire apprentissage des conventions sociales, avant que les trois entrées successives n’opposent les puissants et leurs obligés par l’omniprésence d’un Etat policier incarné par des CRS aux faux airs de samouraïs. Faut-il reconnaître des migrants syriens dans les réfugiés visibles à l’issue de la tempête de l’entrée du Turc généreux ? On le croit, tant le message de Cogitore consiste à nous rappeler combien la communauté humaine se doit d’être unie, bien au-delà de l’illusion des rôles et des égoïsmes nationaux.

Le spectacle perd toutefois en force en deuxième partie, lorsque la danse se fait moins présente. Si la première partie comique de l’entrée des Fleurs s’avère séduisante par son décor de quartier rouge, le spectacle n’évite pas ensuite quelques naïvetés avec son manège, sa «chanteuse papillon» dans les airs ou ses pom-pom girls maladroites, avant de se reprendre par quelques bonnes idées, tel le joueur de flûte qui conduit les enfants et surtout la brillante conclusion en arche : la reprise inattendue du défilé de mode du prologue permet une revue de tous les artistes du spectacle, chanteurs et danseurs, noyant la chaconne conclusive sous les applaudissements déchaînés du public. De mémoire de spectateur, on n’a jamais entendu une audience aussi impatiente dans la manifestation de son plaisir, en une ambiance digne d’un concert pop, rompant en cela tous les codes de l’opéra : cette spontanéité démontre combien le spectacle a fait mouche, le tout sous le regard du «tout-Paris» venu en nombre pour l’occasion, sans doute attiré par les promesses de cette production. On aura ainsi rarement vu autant de directeurs de maisons d’opéra – Amsterdam, Anvers, Versailles ou Dijon – à une première.

La grande réussite du spectacle revient tout autant au grand chef baroque Leonardo García Alarcón, dont on essaie désormais de ne rater aucune de ses grandes productions lyriques. Après la réussite d’Eliogabalo de Cavalli voilà trois ans http://www.classiquenews.com/tag/eliogabalo/, le chef argentin fait à nouveau valoir l’intensité expressive dans l’opposition détaillée des plans sonores, le tout en une attention de tous les instants à ses chanteurs. Tout le plateau vocal réuni n’appelle que des éloges par sa jeunesse irradiante et son français parfaitement prononcé.

Ainsi de Stanislas de Barbeyrac, à l’éloquence triomphante et puissante, et plus encore d’Alexandre Duhamel, impressionnant de présence dans son hymne au soleil, notamment. Florian Sempey n’est pas en reste dans la diction, même si on note une tessiture un peu juste dans les graves dans le prologue. Edwin Crossley-Mercer assure bien sa partie malgré un timbre un rien trop engorgé, tandis que Mathias Vidal soulève encore l’enthousiasme par son chant généreux et engagé, et ce malgré un aigu un rien difficile dans certains passages. Mais ce sont plus encore les femmes qui donnent à se réjouir du spectacle, tout particulièrement la grâce diaphane, les nuances et les phrasés aériens de Sabine Devieilhe, véritable joyau tout du long. Jodie Devos et Julie Fuchs sont des partenaires de luxe, vivement applaudies elles aussi, de même que l’excellent Choeur de chambre de Namur, toujours aussi impressionnant de justesse et d’investissement.

 

 
 

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Compte-rendu, opéra. Paris, Opéra Bastille, le 27 septembre 2019. Rameau : Les Indes galantes. Sabine Devieilhe (Hébé, Phani, Zima), Jodie Devos (Amour, Zaïre), Julie Fuchs (Emilie, Fatime), Mathias Vidal (Valère, Tacmas), Stanislas de Barbeyrac (Carlos, Damon), Florian Sempey (Bellone, Adario), Alexandre Duhamel (Huascar, Alvar), Edwin Crossley-Mercer (Osman, Ali), danseurs de la compagnie Rualité. Choeur de chambre de Namur, Maîtrise des Hauts-de-Seine, Choeur d’enfants de l’Opéra national de Paris, Orchestre Cappella Mediterranea, Leonardo García Alarcón, direction musicale / mise en scène Clément Cogitore. A l’affiche de l’Opéra de Paris jusqu’au 15 octobre 2019. Photo : © Little Shao / ONP Opéra national de Paris 2019…

 

 

CD, critique. RAMEAU : Pigmalion / BENDA : Pygmalion (1 cd Ramée – nov 2018)

pigmalion rameau cd ramee korneel bernolet apotheosis critique concert cd clic de classiquenews cd critique classiquenewsCD, critique. RAMEAU : Pigmalion / BENDA : Pygmalion (1 cd Ramée – nov 2018). Dès l’ouverture, on demeure saisi par l’élégance naturelle, la ligne superbe du chant orchestral qui inscrit la partition dans la sensualité souveraine, gracieuse, – en rien maniériée, propre au règne de Louis XV… La tenue du ciseau du sculpteur bientôt éprouvé y est magnifiquement évoquée par les instruments de l’orchestre. Quand il faut ici réussir la précision et l’onctuosité, le détail et l’allant général – notions au centre de l’activité du sculpteur comme du compositeur, Korneel Bernolet enthousiasme par son sens des respirations, une pulsation saisissante de naturel qui aux côtés d’un soin méticuleux des nuances, produit de facto, le miracle d’une musique aussi frémissante que la vie elle-même. Nous voici au cÅ“ur du sujet de Pygmalion : il est bien question d’un art aussi vivant que la vie elle-même. Beau parallèle qui aurait charmer Rameau pour lequel rien ne compte plus que le chant et la langue de l’orchestre.

 

 

RAMEAU revivifié : le geste nuancé, palpitant de KORNEEL BERNOLET

 

 

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Les instruments savent en particulier exprimer la nature miraculeuse de l’épreuve qui foudroie littéralement le sculpteur Pigmalion, dans son atelier : coeur touché, saisi par la grâce qui se détache de sa propre création (tendre Pigmalion, parfois trop droit et lisse de Philippe Gagné ; ses aigus tendus accusent une voix limitée qui maniérée et monotone, est le maillon faible du plateau : dommage qu’il ne partage pas les nuances et accents accomplis par les instruments) ; notons a contrario relief et nuances d’un autre coeur outragé, car écarté : la Céphise de Lieselot De Wilde, autrement plus vivante. Surgit alors la statue rendue à la vie (Morgane Heyse : claire et palpitante, infiniment plus vivante et engagée que son partenaire) ; saluons de même Caroline Weynants qui fait un Amour ardent et lumineux, à la fois fragile et sensuel (« Venez aimable Grâces / Volez, empressez vous d’embellir ce séjour »), d’une suavité embrasée, saisie elle aussi par le miracle de la statue ressuscitée (qui est son œuvre, avec la complicité de sa mère Vénus).

 
 

 
 

les 2 Pygmalions de Rameau et Benda révèlent… la somptueuse élégance de l’Apotheosis Orchestra

 

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Restent l’orchestre et le direction du chef et claveciniste, Korneel Bernolet, à la tête de son ensemble sur instruments d’époque (fondé en 2013): Apotheosis Orchestra, articulé, fin, nuancé, doué d’une élégance filigranée très intéressante… l’ex assistant de Sigiswald Kuijken, qui a travaillé aussi avec les Talens lyriques et Joos van Immerseel, n’a guère de qualités françaises dans ce répertoire,- plutôt une candeur rafraîchissante qui change totalement de la tension mécanique que les chefs plus connus assènent ordinairement dans l’Hexagone : ici ni arrogance, ni démonstration, mais une simplicité et osons dire un naturel qui respire la musique du divin Rameau ; une compréhension évidente qui même la fait « parler ». La tenue de l’orchestre Apotheosis est superlative, dans ces détails instrumentaux, dans ses choix de tempi, ses silences éloquents. Cependant dans sa pulsion articulée, vivace, profondément nerveuse, de l’intérieur, jouant sur la fragmentation (cependant jamais diluée), le chef construit un Rameau somptueusement organique et architecturé (Sarabande et Tambourins) ; sensualité ductile et superbement caractérisée dans les 2 pantomimes (niaise puis très vive, dont la motricité et l’élan roboratif se rapprochent du sommet antérieur : Platée de 1745 ; d’ailleurs le soliste de Rameau pour Pigmalion et Platée fut le même : le légendaire haute-contre Pierre de Jélyotte)… Le chef maîtrise la pâte orchestrale ramélienne, trouve une sonorité onctueuse sans jamais sacrifier l’éloquence du discours musical : à travers les danses, le génie de Rameau, poète à la verve inouïe s’exprime avec un brio jamais clinquant. Dommage que dans le superbe air « Règne Amour », le chanteur déjà critiqué manque singulièrement d’éclat et de vélocité. On comprend que l’acte de ballet composé par Rameau en moins d’une semaine ait tenu l’affiche en 200 représentation jusqu’en 1781. Preuve d’un indiscutable succès.

Après la franchise expressive, la puissance poétique de Rameau, Pygmalion de Benda, de 34 ans postérieur (création à Gotha en sept 1779) semble plus anecdotique, malgré une réelle sensibilité instrumentale, plutôt séduisante et sombre (hautbois / bassons et cors dans l’ouverture) ; à l’opposé de l’œuvre unitaire entre drame, chant et musique de Rameau, Benda conçoit une partition qui cherche toujours son juste équilibre entre texte parlé et musique, soit un monodrame, une sorte de monologue, théâtral, où le créateur se parle à lui-même, soulignant l’impasse dans laquelle il est parvenu… mais sur le plan de l’écriture, cela tourne à vide, dans des formules élégantes qui soulignent la sensibilité Sturm und drang propre à la période (autour de 1780). Le livret et le monologue de Pygmalion dès le début interroge la vacuité de son inspiration qui elle aussi est à vide ! Le sculpteur se demande ce qu’il est devenu, en un gouffre introspectif absent chez le lumineux Rameau ; Pygmalion se parle à lui-même, en proie à la crise artistique ; un effet de miroir dont le chef sait aussi ciseler le relief entre élégance et acuité mordante, (très Empfindsamkeit : coupe nette et tranchée, d’une articulation orchestrale là aussi comme éclairée de l’intérieur). Le drame tourne sur lui-même : pas d’air, mais un récitatif entrecoupé de phrases orchestrales, subtilement énoncées. Jusqu’au solo de violon qui semble enfin développer une idée musicale (après plus de 20 mn de pseudo action), voire exprime l’apaisement recouvré dans le cœur et l’esprit du sculpteur un rien agité. Même Galatée, enfin vivante, de marbre à chair désirable, qui parle en fin de partition, n’offre aucun air développé ; pas même un duo pour couronner l’opus… L’action souffre de ne pas fusionner chant et orchestre : cela devient frustrant et marque les limites du genre, embryon inabouti entre théâtre parlé et intermèdes de musique orchestrale. CLIC D'OR macaron 200Difficile pour des non-germanophones d’écouter la totalité du texte, sans le soutien d’airs qui aimantent chant et orchestre. Au moins, le génie de Rameau si l’on ne comprend pas le français, regorge d’effets dramatiques et de séquences instrumentales développées, flamboyantes, superlatives. Voilà qui rend peu compte de l’activité de Benda, kappelldirector à Gotha à partir de 1770 (et jusqu’en mars 1778). Son écriture fait une synthèse très raffinée entre les Italiens (Hasse, Piccinni, Galuppi…) Gluck et l’élégance du style Mannheim : tout cela s’entend dans la tenue exemplaire de l’orchestre Apotheosis : là aussi nuancé, expressif, suggestif.

Pour l’articulation et le relief expressif de l’Orchestre, chez Rameau principalement, le présent cd remporte le CLIC de CLASSIQUENEWS de la rentrée 2019. De toute évidence, Korneel Bernolet est notre nouveau champion chez Rameau : talent désormais à suivre. Le jeune chef et claveciniste a une imagination saisissante servie par une somptueuse élégance du geste : nous n’avions pas remarqué telles qualités ni finesse depuis l’intelligence des Kuijken, Bruggen, Christie… C’est dire. Un opéra intégral bientôt ? le jeune maestro assure le continuo des prochains ARIODANTE de Haendel (Vienne Staatsoper : 8 – 15 nov) et ISIS de Lully par les Talens lyriques au TCE, Paris (6 – 10 déc 2019).

 

 

 

 
 

 

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CD, critique. RAMEAU : Pigmalion / BENDA : Pygmalion (1 cd Ramée – nov 2018) – En couverture, la Galatée de Falconet de 1761.

 

 

Approfondir Mieux connaître le chef ramélien KORNEEL BERNOLET http://www.bernolet.com

 

 

 

 

COMPTE-RENDU, récital de piano. La Roque d’Anthéron, le 14 août 2019. Vikingur Ólafsson, piano. Rameau, Debussy.

COMPTE-RENDU, récital de piano. La Roque d’Anthéron, le 14 août 2019. Festival International de piano de La Roque d’Anthéron. Parc du Château de Florans. Oeuvres de Jean-Philippe Rameau (1683-1764) et Claude Debussy (1862-1928) . Par notre envoyé spécial YVES BERGÉ. Grand, mince, allure de gendre idéal, lunettes , costume clair, très classe, le pianiste trentenaire, originaire de Reykjavik, s’avance vers le public, micro à la main et explique, en anglais, qu’il est un heureux papa depuis quatre mois, ce qui a changé sa vie et l’a amené aussi à modifier quelque peu le programme. On n’entendra donc pas Les Tableaux d’une exposition de Moussorgsky, initialement prévus. Deux seuls compositeurs au programme : Jean-Philippe Rameau (1683-1764) et Claude Debussy (1862-1928). Ólafsson précise qu’il adore la Provence, la France et qu’il tient dans une très haute estime ces deux compositeurs majeurs. Il nous annonce un voyage étonnant en croisant ces deux génies, synthèse de la musique française, entre baroque et couleurs impressionnistes, si éloignés et pourtant si proches ! Ólafsson ose présenter Rameau comme un musicien de la couleur, « futuriste », proche finalement de l’idéal des peintres impressionnistes, malgré les très nombreuses compositions pour le clavecin, instrument offrant peu de nuances et Debussy pas si éloigné de l’univers de la musique baroque, par sa liberté et sa conquête du timbre, des images et des contours! Dans la première partie, qu’il veut sans applaudissements, seize pièces des deux compositeurs vont s’enchaîner !

 

 

L’islandais Vikingur Ólafsson rapproche Rameau et Debussy
dans un éblouissant voyage sensoriel

 

 

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Il y en aura quatorze dans la deuxième partie, avec cette même écoute transversale et ce même rituel de silence. Le Prélude, extrait de La Demoiselle élue de Claude Debussy est d’entrée magnifique : clarté, couleurs, alternance de grands arpèges et d’arrêts surprenants, d’une extrême sensibilité. L’enchaînement avec des extraits de la Suite en mi mineur de Rameau, sonne comme une adhésion au parti pris du pianiste ; on passera pendant pratiquement deux heures d’un compositeur à l’autre : Rameau / Debussy / Rameau / Debussy…et on s’habituera à cette cohabitation étrange au départ mais inouïe à la fin du parcours, comme une initiation évidente. Rameau a composé Trois Livres de Pièces pour clavecin: 1706-1724-1728, regroupés par tonalités. C’est l’un des plus grands musiciens français, synthèse de la musique baroque et apogée du classicisme, organiste, claveciniste, violoniste, chef d’orchestre, théoricien. Une Å“uvre pour clavecin très variée : pièces imitatives : Le Rappel des oiseaux, La Poule…, pièces de caractère : Les tendres Plaintes, Les Muses…,pièces de pure virtuosité qui rappellent Scarlatti : Les Tourbillons, Les Trois Mains…, pièces plus savantes, dans le sens des nouvelles recherches théoriques : L’Enharmonique, Les Cyclopes…La Suite en mi mineur a été rendu célèbre par Le Rappel des oiseaux et Le Tambourin. Dans le Rappel des oiseaux, on retrouve toute la science du compositeur: ornements, figuralismes, croisements des deux mains… Evocation narrative de 2 oiseaux, leurs gazouillis, agitation, dialogue. Ce n’est pas qu’une pièce descriptive; c’est aussi une pièce complexe qui permet à Rameau de nous offrir toute sa science compositionnelle, le motif des oiseaux servant de prétexte à une partition rigoureuse et « dramatique », toujours théâtrale. Ces oiseaux, comme le Rigaudon et le Tambourin sont certainement une évocation de la Provence que Rameau a connue lorsqu’il était organiste à Avignon. Ólafsson imprime à chaque pièce l’atmosphère idéale, soit enjouée, soit plaintive, jeu clair d’une grande élégance. La Tarentelle syrienne est une Å“uvre de jeunesse de Debussy éditée sous le titre « Danse ». Musique ternaire à 6/8, très vive, avec de nombreux contretemps qui donnent une allure de danse cabotine ; jeu brillant du pianiste islandais qui fait admirablement ressortir tous les motifs.
Le concert sera un feu d’artifice entre Rameau et Debussy, princes des couleurs, avides d’espaces et de liberté, malgré les codes ! Dans les deux pièces des Children’s Corner, (« Sérénade à la poupée », « la neige danse »), le pianiste trouve la justesse de ces pièces dédiées à Claude-Emma, la fille de Debussy, surnommée Chouchou et trop tôt disparue (14 ans!). Le compositeur note sur la partition : « A ma très chère Chouchou, avec les tendres excuses de son père pour ce qui va suivre ! ». Des comptines simples, mais aussi des passages de grande difficulté que surmonte aisément Olafsson. « Les tendres plaintes », de la Suite en ré majeur de Rameau, est d’une incroyable mélancolie, thème à la main droite avec cet élan sur la tierce : fa-la pour retomber sur la fondamentale ré et un accompagnement régulier en arpèges sur la tonalité de ré mineur : superbe ! Des pas sur la neige (sixième pièce du Premier Livre des Préludes) de Debussy, et cette impression de désolation, de solitude, est aussi dans la tonalité de ré mineur, clin d’Å“il du pianiste à la magie des Tendres plaintes de Rameau ? La Suite en sol mineur de Rameau nous offre une Poule très sautillante avec des notes piquées, répétées, le pianiste est survolté. Et cette danse des Sauvages, puissante, d’une théâtralité impressionnante, extraite du Troisième livre de clavecin, que Rameau réutilisera dans son Opéra-Ballets : Les Indes Galantes (1735), procédé baroque courant. Le pianiste s’amuse de ces pièces descriptives, par des attaques franches puis des pasages plus relâchés! La fille aux cheveux de lin et Ondine de Debussy, deux extraits des Ier et IIème livres des Préludes, avec ces effets de vagues rappellent La Mer (Troisième esquisse : le dialogue du vent et de la mer ». L’Indiscrète de Rameau assoit la forme Rondo avec cette alternance refrain/couplets que le pianiste distille avec une science étonnante, on croit entendre le clavecin, le violon, la viole de gambe, la flûte, car il s’agit à l’origine d’une Pièce de clavecin en concert ! L’exquise transcription par Ólafsson de « l’Entrée de Polymnie », des Boréades de Rameau, tragédie lyrique, avec ces relais permanents en croches régulières main gauche-main droite dans un tempo lent, binaire, est magique ! La Suite Pour le piano de Debussy, composé de trois pièces : « Prélude », « Sarabande », « Toccata » est le résumé de tout le compositeur : thème puissant du Prélude, martelé, ligne chromatiques, ondulations impressionnistes, sonorités très « jazzy » qui annoncent Gershwin, croisements, grandes vagues, succession d’accords de quartes vibrants et surprenants, qui noient la tonalité. Si Debussy a toujours refusé l’appellation d’impressionniste, son Å“uvre est baignée d’impressions, d’images, et nombreux sont les titres de ses Å“uvres qui font référence à des tableaux de la nature : La Mer , Jardins sous la pluie, Le vent dans la plaine….Estampes ou Images, rappellent la peinture.
La performance de Vikingur Ólafsson est gigantesque car il semble donner à Debussy une Å“uvre très structurée, d’une grande cohésion que certains lui reprochent souvent d’oublier et à Rameau la liberté, hors des systèmes d’écriture que le compositeur français codifiera, pourtant lui-même, dans son fameux Traité d’Harmonie réduite à ses principes naturels de 1722 qui fait référence encore aujourd’hui.
On sort de ce concert émerveillés et secoués par tant d’évidence, d’intelligence. Circonspects au début de ce collage qui paraissait osé, on salue, à la fin, l’audace d’un concert si rare dans ses choix de programmation : Rameau était un homme sec, rugueux, assez instable, brillant, musicien et savant. La carrure, la théâtralité, les ornements codés, l’agencement des formules semblaient si éloignés de Debussy, talentueux mais d’un esprit rebelle, novateur, moderne, anticonformiste, refusant de se plier aux règles de l’harmonie classique, rejetant les académismes esthétiques, et recherchant sans cesse des harmoniques audacieuses, refusant les formules, les cadences traditionnelles quand son éminent confrère posait en 1722 de nouvelles règles avec son Traité d’harmonie ! Mais si ses thèmes de prédilection : la mer, l’eau, les nuages… permettaient à Debussy une grande mobilité et des ondulations chromatismes noyant l’harmonie avec des nuances, des modes de jeux, d’un extrême raffinement, rappelant la palette des peintres, thèmes flottants, imprévus, comme insaisissables (Claude Monet (Impression, soleil levant,1872), il s’agissait d’une liberté était très structurée, ce que tente de prouver Vikingur Ólafsson, l’absence de de formules figées, n’excluant pas une extrême cohérence. L’immense pianiste Sviatoslav Richter, ne disait-il pas de Debussy : «  Dans la musique de Debussy, il n’y a pas d’émotions personnelles, il agit sur vous encore plus fortement que la nature. En regardant la mer, vous n’aurez pas de sensations aussi fortes qu’en écoutant La Mer. Debussy, c’est la perfection même ! ». Le public, debout, applaudissait, sans relâche, le plus français des islandais ! Un des très forts moments du Festival.

 

 

 

 

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COMPTE-RENDU, récital de piano. La Roque d’Anthéron, le 14 août 2019. Festival International de piano de La Roque d’Anthéron. Parc du Château de Florans. Oeuvres de Jean-Philippe Rameau (1683-1764) et Claude Debussy (1862-1928) . Par notre envoyé spécial YVES BERGÉ

Crédits photos : Christophe Grémiot
Mercredi 14 août 2019.
• Récital de piano : Vikingur Ólafsson
• Oeuvres de Jean-Philippe Rameau et de Claude Debussy

 

 

 

 

COMPTE-RENDU, opéra. BEAUNE, le 26 juil 2019. RAMEAU : Les Indes galantes. De Negri… /Tournet

rameau jean philippe dossier classiquenews 582 822 dossierCOMPTE-RENDU, opéra, BEAUNE, le 26 juillet 2019, RAMEAU, Les Indes galantes. De Negri, Talbot, De Donato, Andrieux, Quintans, Roset, dir. Valentin Tournet. A la différence des versions habituellement données (1735, avec ses 3 entrées premières, auxquelles s’ajoutent Les sauvages en 1743), c’est celle de 1761 qui est jouée ce soir. Nous écouterons donc, outre le Prologue, Les Incas, Le Turc généreux, enfin Les Sauvages. C’est le baptême du feu pour Valentin Tournet, benjamin de la direction baroque (23 ans), au cursus prometteur, mais somme toute normal, encore bien vert. L’encensement d’un chroniqueur épisodique d’un grand quotidien était-il justifié, qui voyait en lui l’étoile montante de la nouvelle génération ? Oser s’attaquer à une œuvre aussi exigeante que Les Indes galantes, après Christophe Rousset, avant Leonardo Garcia Alarcon (dans moins de trois mois, à Bastille) relève d’un singulier défi.

 

 

La direction de Valentin Tournet,
un rien scolaire

 

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Les bonnes surprises ne manquent pas. Outre les solistes, tous connus et appréciés – on en reparlera – les chÅ“urs, comme l’orchestre ont acquis une maturité réelle, et leur professionnalisme est confirmé. L’approche du jeune chef n’a d’autre ambition que de donner à l’ouvrage toute sa vigueur, sa vie, dans une lecture où récits, ariettes, scènes descriptives, chÅ“urs s’enchaînent avec bonheur. Evidemment les caractéristiques stylistiques sont respectées par chacun, qu’il s’agisse de phrasés comme d’ornements. Les rythmes des nombreuses danses qui émaillent la partition sont enlevés, quasi chorégraphiques, tourbillonnant parfois, avec l’oubli que la nef de la Basilique, où le spectacle a dû être rapatrié car l’orage menaçait, ne sonne pas comme le plein air de la Cour des Hospices. Ainsi, la longue résonance brouille l’écoute des tutti, et réduit-elle la perception que le public a des musiciens situés en fond d’estrade. Péché de jeunesse…
Le Prélude, évidemment allégorique, formel, nous vaut d’écouter Ana Quintans, bonne soprano, secondée de Luigi de Donato, basse et de Julie Roset, soprano léger. Les équilibres sont parfois compromis à l’intérieur de l’orchestre comme entre ce  dernier et tel ou tel soliste, mais l’ensemble n’en souffre pas trop.

La deuxième entrée, devenue première – Les Incas – constitue la page la plus dramatique de l’ouvrage, dominée par la figure de Huascar, le grand-prêtre amoureux de Phani, qui refuse ses avances. Luigi de Donato, que l’on connaît pour être une des plus grandes basses baroques, un Pluton d’exception, reste en-deçà de son personnage : les moyens sont là, mais la véhémence constante du chant ne rend pas compte de la gravité ni de la noblesse du personnage. « Soleil, on a détruit tes superbes asiles », page célèbre à juste titre, introduite piano par l’orchestre, relève davantage de la plainte que de l’invocation. L’éruption volcanique provoquée par ce maléfique Huascar est bien rendue à l’orchestre et la réunion de Phani avec son amant, « Viens, Hymen », est un pur bonheur. Emmanuelle de Negri va camper en outre une Emilie d’anthologie dans le tableau suivant. La voix est accomplie, souple, longue, expressive, sonore, idéale dans cet emploi.

Le Turc généreux est Guillaume Andrieux, solide baryton, excellent comédien, qui ne fait qu’une bouchée de son rôle. Valère, dont le navire fera naufrage après une horrible tempête – obligée – retrouve Emilie et leur couple sera libéré par Osman. Philippe Talbot est Valère, auquel il donne son épaisseur humaine, avec les moyens adéquats. Si leur succès ne s’est jamais démenti depuis la pièce pour clavecin dont l’entrée est la déclinaison, Les Sauvages, malgré leur intrigue un peu simple, sont l’occasion pour Rameau d’écrire ses plus belles pages instrumentales. La danse du grand calumet de la Paix, évidemment, mais surtout la chaconne finale, sommet du baroque français. Solistes, chœurs, orchestre s’unissent pour les combinaisons renouvelées, assorties des danses enlevées dont les séductions demeurent aussi vives qu’en leur temps.
La direction, si l’on peut appeler ainsi une battue scolaire, appliquée, du jeune chef, trop souvent impuissante à équilibrer, à doser, à sculpter le discours n’est pas un réel handicap, dans la mesure où chaque interprète est pleinement investi et à l’écoute de l’autre. Mais de là à ambitionner de diriger une œuvre qui serait mise en scène, il y a un monde. Valentin Tournet franchira toutes ces étapes, n’en doutons point.
Le concert retransmis en direct sur France Musique, sera diffusé par l’Union européenne de radio-télévision. Et chacun pourra juger sur pièces.

 

 

 

 

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COMPTE-RENDU, opéra, BEAUNE, le 26 juillet 2019, RAMEAU, Les Indes galantes. De Négri, Talbot, De Donato, Andrieux, Quintans, Roset, dir. Valentin Tournet.

 

 

 

 

COMPTE-RENDU, CRITIQUE, opéra. OLDENBURG, le 16 fev 2019. RAMEAU : Les Paladins. de Carpentries / Kossenko.

COMPTE-RENDU, CRITIQUE, opéra. OLDENBURG, le 16 fev 2019. RAMEAU : Les Paladins. de Carpentries / Kossenko. Parler de pèlerinage est plutôt une notion d’ordre liturgique. Faire le pèlerinage aussi est un acte de foi, une action qui bouleverse à tout jamais les individus qui l’entament. Au cœur de la démarche, il y a un sens mystique, tout pèlerin est un témoin. En 1760, Rameau a 77 ans, pour l’époque c’était un vieillard, mais les génies n’ont pas d’âge. Dans la partition des Paladins, truffée d’hédonisme et de passages d’une grande virtuosité, Rameau déploie la plus belle de ses palettes. L’intrigue, inspirée du conte erotique de Lafontaine « Le petit chien qui secoue de l’argent et des pierreries », même si elle est expurgée de certains passages licencieux, reste un livret empreint de sensualité. Les personnages paraissent des caricatures d’eux mêmes. Le barbon, la jeune fille emprisonnée et le jeune cavalier incognito rappellent furieusement les Bartolo, Rosine et Almaviva du Barbier de Beaumarchais.

 

 

« Pilgrim’s progress »

 

 

opera-critique-classiquenews-annonce-critique-concerts-opera-festivals-classiquenews-paladins_1©Aurélie-Remy
 

 
 

S’engager à faire un opéra si français dans un théâtre tel que celui d’Oldenburg, semblait une opération délicate. En effet le style Français baroque avec ses codes et ses spécificités, semble parfois inaccessible pour les interprètes étrangers. Or, grâce à l’enthousiasme des équipes artistiques et le courage de la direction du théâtre, cette magnifique production a eu lieu. Oldenburg est une ancienne cité ducale dans le giron de la ville Hanséatique de Brême. Avec son ancien palais ducal, d’un jaune pastel charmant, ses belles ruelles et surtout son sublime théâtre à la salle lambrissée du XIXeme siècle. Le soutien du Centre de Musique Baroque de Versailles a contribué à parfaire cette production hors pair.

Ces Paladins ont réuni les forces vives de la maison avec les chanteurs de la troupe dont les jeunes talents, les extraordinaires danseurs du ballet d’Oldenburg et l’orchestre du cru, nous remarquons un ensemble artistique homogène et enthousiasmant. Chaque soliste a pris à bras le corps le style et affronté les obstacles de cette œuvre. Nous remarquons l’Argie aux couleurs puissantes de Martyna Cymerman, le fabuleux Orcan de Stephen K. Foster, la Nerine pétillante de Sooyeon Lee et dans le double rôle d’Atis et de Manto l’inénarrable Philipp Kapeller. Dans une moindre mesure l’Anselme de Ill-Hoong Choung a relevé les défis du rôle du barbon.

Les danseurs du Ballet d’Oldenburg ont offert à la musique de Rameau, une interprétation éclatante. On remarque d’ailleurs l’inventivité chorégraphique d’Antoine Jully. Le chorégraphe Français, révèle ainsi des bijoux insoupçonnés dans la partition de Rameau.

L’orchestre moderne avec des membres jouant sur instruments anciens est impressionnant par la souplesse et la couleur. On se plaît à oublier par moments que c’est un orchestre ne jouant pas intégralement sur boyaux. Menés par l’immarcescible talent d’Alexis Kossenko, qui est un des grands chefs Ramistes de tous les temps, on peut saisir chaque nuance de la partition de Rameau la plus proche de Telemann et de l’Ecole de Mannheim. Vivement Acanthe et Cephise avec ce formidable artiste !

Au sommet de l’art dramaturgique, François de Carpentries nous offre encore une fois une magnifique mise en scène ! A la fois simple dans le déroulé de la narration et profonde dans l’expression des sentiments, la mise en scène de François de Carpentries évoque très poétiquement, la nécessité de fantaisie dans la vie pour la croquer à pleines dents. Le besoin irrépressible de candeur pour révéler toute l’humanité qui nous habite. Nous encourageons vivement les professionnels à se pencher et ressentir le travail de François de Carpentries, trop absent de nos scènes Françaises.

A l’issue de cette production on semble s’éveiller du rêve poétique et philosophique qui peuple l’illusion de l’opéra. On se sent beaucoup plus sensible au beau, on se vit encore plus humain, comme une renaissance bénéfique au calme de la douce lumière nordique d’Oldenburg.

  

 

opera-paladins-concerts-festival-annonce-critiqueopera-concerts-classiquenews-classique-news-musique-classique-news-paladins_11©-Stephan-Walzl
 

  

 
 

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COMPTE-RENDU, CRITIQUE, opéra. OLDENBURG, le 16 fev 2019. RAMEAU : Les Paladins. de Carpentries / Kossenko.

Samedi 16 février 2019 à 19h30 – Oldenburgisches Staatstheater – Oldenburg (Allemagne)

Jean-Philippe Rameau
Les Paladins

Argie – Martyna Cymerman
Atis / Manto – Philipp Kapeller
Nérine – Sooyeon Lee
Orcan – Stephen K. Foster
Anselme – Ill-Hoon Choung
Un Paladin – Logan Rucker

Musette – Jean-Pierre Van Hees

BallettCompagnie Oldenburg
Opernchor des Oldenburgischen Staatstheater

Oldenburgisches Staatsorchester
Dir. Alexis Kossenko

Mise en scène – François de Carpentries
Chorégraphie – Antoine Jully

Photos : Paladins © A REMY – S WALZL

  

  

 

COMPTE-RENDU, CRITIQUE,opéra. DIJON, le 20 mars 2019. RAMEAU : Les Boréades. Vidal…  Haim, Kosky

Un Rameau méconnu : Les Fêtes de PolymnieCompte rendu, opéra, Dijon, Opéra de Dijon, Auditorium, le 22 mars 2019. Rameau : Les Boréades. Emmanuelle Haïm / Barrie Kosky. Les Boréades, ultime ouvrage d’un Rameau de 80 ans, jamais représenté de son vivant, est un magistral divertissement, bien davantage que la « tragédie lyrique » que son sous-titre affirme. Rameau énonce l’histoire par bribes, séparées par des danses ou des chœurs qui suspendent l’action. L’intrigue, quelque peu dérisoire, est un aimable prétexte. Alphise, reine de Bactriane, est sommée de choisir son époux. La tradition lui impose un descendant de Borée, le vent du nord. Elle repousse les deux prétendants qui se prévalent de cette filiation pour s’éprendre d’un étranger, d’origine inconnue : Abaris. On apprendra de la bouche d’Apollon que l’étranger est né de ses amours avec une nymphe de la lignée de Borée. Tout finira donc bien.

Les péripéties liées à la déconvenue des prétendants – Calisis et Borilée -comme de Borée lui-même, vont permettre au librettiste et au musicien de composer des tableaux fantastiques, correspondants aux conventions du temps : orage, séisme, vents furieux qui enlèvent l’héroïne pour la retenir en un lieu obscur où elle vit de multiples supplices. Ces épreuves et celles imposées à son amant seront surmontées grâce à la flèche enchantée qu’Amour lui avait donnée.

 
 
 
 
 
 

Les Boréades à Dijon…

Réussite absolue et souffle du génie

 

 

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Trop souvent, il faut déplorer des mises en scène qui s’approprient et défigurent l’ouvrage pour en faire quelque chose de neuf, sans rapport avec les intentions du livret et de la musique.  Barrie Kosky n’est pas de ceux-là : sa modernité, bien que radicalement novatrice, est une ascèse qui nous permet d’accéder au sens profond. On se souvient du cube qui occupait la place centrale de Castor et Pollux. Ici, Barrie Kosky crée un dispositif scénique, d’une abstraction très esthétique : une immense boîte, sorte d’ingénieux écrin, qui va s’entrouvrir, se fermer, s’ouvrir largement, emprisonner l’héroïne, pour une happy end, après les épreuves auxquelles les amants seront soumis. Sa face avant servira de fond pour des jeux d’ombres, le plateau surélevé, autour duquel évolueront le plus souvent danseurs et choristes, constituera le creuset d’une alchimie féconde. Un troisième niveau sera révélé aux finales des deuxième et cinquième actes. Le travail se concentre avant tout sur les corps, sur le geste : la chorégraphie est constante et s’étend à tous les acteurs, solistes, choristes comme danseurs, que seule la virtuosité distingue.

Dans cette ascèse plastique, tout fait sens. Accessoire, mais essentielle, la flèche, vecteur de l’amour, plantée en terre au proscénium à l’apparition du décor. Les corolles de gigantesques fleurs, variées et colorées à souhait, descendent des cintres dans une apparition admirable. Les costumes, l’usage parcimonieux de la couleur, les éclairages appelleraient un commentaire : la réussite est absolue.

Au commencement était le souffle. Borée sera le grand ordonnateur, avant que Jupiter ne s’en mêle. C’est par le souffle qu’il fera naître la musique. Christopher Purves est une des plus grandes basses baroques. Son émission et son jeu sont un constant régal. Emmanuelle de Negri, qui incarne tour à tour Sémire, Polyymnie, Cupidon et une nymphe, en est le parfait contraire : on ne sait qu’admirer le plus, du jeu ou du chant, tant les personnages cocasses, délurés qu’elle incarne et danse autant qu’elle les chante sont plus attachants les uns que les autres. Hélène Guilmette campe une Alphise émouvante, au chant exemplaire de clarté. L’Abaris de Mathias Vidal, habité par son personnage, nous empoigne aux derniers actes. Edwin Crossley-Mercer donne toute leur noblesse à Adamas, puis à Apollon, chant lumineux, rayonnant. Le Borilée de Yoann Dubruque comme le Calixis de Sébastien Droy sont tout aussi réussis.

 
 

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Les chorégraphies d’Otto Pichler, captivantes, pleinement abouties, et les danseurs professionnels – admirables – comme les chœurs, d’une fluidité corporelle rarissime, nous réjouissent.
Emmanuelle Haïm et son Concert d’Astrée réalisent là une magistrale interprétation, d’une vie constante, colorée à souhait (ah ! ces flûtes si chères à Rameau), qu’on ne peut dissocier de ce travail d’équipe, exemplaire. A quand un enregistrement et une prise vidéo ? Cette réalisation superlative l’appelle.
 
 

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Compte rendu, opéra, Dijon, Opéra de Dijon, Auditorium, le 22 mars 2019. Rameau : Les Boréades. Emmanuelle Haïm / Barrie Kosky. Crédit photographique © Opéra de Dijon – Gilles Abegg

 
  
 

CD, critique. Jean-Philippe Rameau : Les Indes galantes (Vashegyi, 2018, 2cd Glossa)

rameau-indes-galantes-gyrorgy-vashegyi-cd-glossa-critique-cd-classiquenews-opera-baroqueCD, critique. Jean-Philippe Rameau : Les Indes galantes (Vashegyi, 2018, 2cd Glossa). Certes voici une version annoncée comme d’importance, – de 1761 ; affaire de spécialistes et de chercheurs (Prologue plus ramassé, inversion dans l’ordre des entrées). Vétilles de musicologues. Ce qui compte avant tout et qui fait la valeur de la présente production (créé au MUPA de Budapest en février 2018), c’est assurément le geste sobre, souple, équilibré du chef requis pour piloter les solistes (plus ou moins convaincants), surtout le chÅ“ur et l’orchestre, – Purcell Choir et Orfeo Orchestra – deux phalanges créées in loco par le maestro György Vashegyi. Osons même écrire que ce dernier incarne pour nous, le nouvel étalon idéal dans la direction dédiée aux Å“uvres françaises du XVIIIè, celles fastueuses, souvent liées au contexte monarchique, mais sous sa main, jamais droite, tendue ni maniérée ou démonstrative. La sobriété et l’équilibre sont sa marque. Un maître en la matière.

 

 

le chef hongrois György VASHEGYI confirme qu’il est un grand ramiste
Intelligence orchestrale

 

 

 

D’abord, saluons l’intelligence de la direction qui souligne avec justesse et clarté combien l’opéra-ballet de Rameau est une formidable machinerie poétique et aussi dans son Prologue avec Hébé, une évocation tendre et presque languissante de l’amour pastoral ne serait ce que dans les couleurs de l’orchestre souverain, d’une formidable flexibilité organique grâce au geste du chef ; Vashegyi est grand ramélien jusqu’en Hongrie : il nous rappelle tout ce qu’un McGegan poursuit en vivacité et fraîcheur en Californie (Lire notre critique de son récent enregistrement du Temple de la Gloire de Rameau, version 1745, enregistré à Berkeley en avril 2017).
S’agissant de György Vashegyi, sa compréhension des ressorts de l’écriture symphonique, les coups de théâtre dont le génie de Rameau sait cultiver l’effet, entre élégance et superbe rondeur, fait merveille ici dès l’entrée en matière de ce Prologue donc, qui est un superbe lever de rideau ; on passe de l’amour enivré à l’appel des trompettes et du front de guerre… les deux chanteurs Hébé et Bellone, sont dans l’intonation, juste ; fidèles à la couleur de leur caractère, MAIS pour la première l’articulation est molle et l’on ne comprends pas 70% de son texte (Chantal Santon) ; quand pour le baryton Thomas Dollié, que l’on a connu plus articulé lui aussi, le timbre paraît abimé et usé ; comme étrangement ampoulé et forcé. Méforme passagère ? A suivre.
A l’inverse, le nerf et la vitalité dramatique de l’orchestre sont eux fabuleux. Il y a dans cette ouverture / Prologue, à la fois majestueuse et grandiose, versaillaise,  pompeuse et d’un raffinement inouï, cette ivresse et cette revendication furieuse que défend et cultive Rameau avec son sens du drame et de la noblesse la plus naturelle : György Vashegyi l’a tout à fait compris.

Chez Les Incas du Pérou (« Première entrée »), la tenue du choeur et de l’orchestre fait toute la valeur d’une partition où souffle l’esprit de la nature (airs centraux, pivots  «Brillant soleil » puis après « l’adoration du soleil », air de Huascar et du chœur justement : « Clair flambeau du monde » , la force des éléments (tremblement de terre qui suit)… indique le Rameau climatique doué d’une sensibilité à peindre l’univers et la nature de façon saisissante. Heureusement que le chœur reste articulé, proche du texte. ce qui n’est pas le cas du Huascar de Dollié, là encore peu convaincant. Et la phani « grand dessus » plutôt que soprano léger (version 1761 oblige) ne met guère à l’aise Véronique Gens.
Jean-François Bou, Osman d’un naturel puissant, associé à l’Emilie bien chantante de Katherine Watson, est le héros du Turc généreux (« Deuxième entrée ») ; son engagement dramatique, sans forcer, gagne une saine vivacité grâce à l’orchestre impétueux, électrisé dans chaque tableau allusif : tempête, marche pour les matelots de provence, et les esclaves africains, rigaudons et tambourins…
Enfin Les Sauvages, troisième et dernière entrée, doit à l’orchestre son unité, sa cohérence dramatique, une verve jamais mise à mal qui électrise là encore mais avec tact et élégance la danse du grand calumet de la paix, puis la danse des Sauvages, avant la sublime Chaconne, dans laquelle Rameau revisite le genre emblématique de la pompe versaillaise.
Par la cohésion sonore et expressive de l’orchestre ainsi piloté, se détache ce qui manquait à nombre de lectures précédentes, un lien organique entre les parties capables de révéler comme les volet d’un vaste triptyque (avec Prologue donc) sur le thème de l’amour galant, selon les latitudes terrestres. Au Pérou, en Turquie et aux Amériques, coule un même sentiment éperdu, alliant convoitise, désir, effusion finale.

 
 

 
 

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CLIC_macaron_2014La lecture confirme l’excellente compréhension du chef hongrois, son geste sûr et souple, rythmiquement juste, choralement maîtrisé, orchestralement articulé et précis. La tenue des voix – volontairement assumées « puissantes » posent problème pour certaines d’entre elles car outrées, affectées ou totalement inintelligibles. Depuis Christie, on avait compris que le baroque français tenait sa spécificité de l’articulation de la langue… Souvent le texte est absent ici. On frôle le contresens, mais cela pointe un mal contemporain : l’absence actuelle d’école française de chant baroque. Ceci est un autre problème. Cette version des Indes Galantes 1761 mérite absolument d’être écoutée, surtout pour le geste généreux du chef. Malgré nos réserves sur le choix des voix et la conception esthétique dont elles relèvent, la vision globale elle mérite un CLIC de classiquenews.

 
 

  

 
 

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CD, critique. Jean-Philippe Rameau : Les Indes galantes, ballet héroïque (1735) / Version de 1761 

 
Chantal Santon-Jeffery : Hébé, Zima
Katherine Watson : Emilie
Véronique Gens : Phani
Reinoud Van Mechelen : Dom Carlos, Valère, Damon
Jean-Sébastien Bou : Osman, Adario
Thomas Dolié, : Bellone, Huascar, Dom Alvar
Purcell Choir
Orfeo Orchestra
György Vashegyi, direction
Glossa / Référence GCD 924005 / durée 2h3mn / parution annoncée le 1err mars 2019

 

 

 

 

 

 

Jephté de Montéclair en direct (MUPA, Budapest)

 György Vashegyi : le Baroque Français au sommetMUPA, BUDAPEST, en direct sur internet. Lun 11 mars 2019, 19h (MUPA Budapest). MONTECLAIR : Jephté. György VASHEGYI, direction. Le chef hongrois György Vashegyi recrée Jephté, chef-d’œuvre de Michel Pignolet de Montéclair, unique exemple de tragédie composée sur un sujet biblique en France aux XVIIe et XVIIIe siècles. MONTECLAIR (Michel Pignolet de Montéclair : 1667 – 1737) fait le lien entre les derniers feux du règne de Louis XIV et l’esprit de la régence. C’est le maillon qui manquait à notre connaissance entre la pompe de Lully et le génie symphonique de Rameau. Pignolet devenu Monteclair à partir de son installation à Paris (1687) entend s’affirmer dans le milieu musical : il rentre au service de Charles Henri de Lorraine, (Prince de Vaudémont), gouverneur du Milanais qu’il accompagne jusqu’à Milan, assimilant les dernières trouvailles des auteurs italiens à la mode (1690-1699). D’Italie, il rapporte jusque dans l’orchestre de l’Académie royale, la maîtrise de la basse de violon (contrebasse). Il assoit sa réputation de grand pédagogue, auprès entre autres de la fille de François Couperin (Margerite-Antoinette), écrit une méthode de violon, surtout attaque Rameau à coup de lettres et de conférences sur la musique (publiées dans le Mercure, 1729). Simultanément, le génie de Montéclair éclate dans sa musique de chambre, contemporaine de celle prisée par Louis XIV (trios de Marais et de De la Barre) : l’éloquence dans la langueur, qu’affectionne le Souverain, s’épanouit alors. L’époque sera bientôt au saturnisme d’un Watteau, mélancolique, dépressif… mais d’une très intense vie intérieure. Doué lui aussi de profondeur et d’un raffinement naturel, Montéclair transpose nombre d’airs lyriques à la mode pour flûte et violon, autant de recueils destinés au salon. Grand admirateur des Concerts Royaux (1714), Pignolet est comme Couperin, pour la fusion des styles français et italien.
Aux côtés de cantates françaises (3 Livres : 1709, 1716, 1728), Montéclair tout en s’opposant à Rameau, le préfigure par sa verve et sa noblesse. Après l’opéra-ballet Les Fêtes de l’été (1716), Montéclair livre son chef d’oeuvre, Jephté, opéra biblique créé en 1732 (livret de l’abbé Pellegrin), un an avant Hippolyte et Aricie de Rameau (premier opéra scandaleux de 1733).

monteclair watteau jephte opera review critique opera classiquenewsMéticuleux jusque dans les moindres détails, Montéclair fait paraître coup sur coup trois éditions de son ouvrage, abondamment corrigé et considérablement transformé. A Budapest, le chef passionné par le Baroque Français György Vashegyi (comme Nicholas McGegan en Californie) dirige une recréation  prometteuse, attendue : nouvel accomplissement à mettre au crédit du chef hongrois, le chef le plus baroque de l’heure. C’est qu’à l’articulation flexible et ronde de sa direction, il ajoute la maîtrise dans l’architecture et le souci de l’intelligibilité des chœurs, un goût sûr dans la caractérisation des épisodes purement instrumentaux. Pour les voix c’est une autre affaire : mais il est vrai, même en France, l’école du chant baroque n’existe plus, et l’on préfère souvent l’ampleur des portes voix à l’articulation intelligible du texte. La leçon de William Christie (qui a signé la première mondiale au disque de Jephté) ou de Jean-Claude Malgoire semble perdue : on ne comprend plus aujourd’hui ce que chante les chanteurs… qui sont en majorité … français. 
Saluons cependant cette production nouvelle d’un sommet biblique du Baroque Français au début des années 1730 et avant le Rameau lyrique. Car l’orchestre de Montéclair est de plus passionnants.
vashegyi-gyorgy-indes-galates-rameau-cd-critique-582-594On doit déjà à György Vashegyi, la recréation et l’enregistrement des Fêtes de Polymnie (2015), de Naïs (2018) et d’Hypermnestre (à venir en septembre 2019), Grands Motets de Rameau, de d’Isbé de Mondonville (2016 et 2017). Les Indes Galantes du même Rameau sont publiés en mars 2019 : prochaine critique à venir dans le mag cd dvd livres de CLASSIQUENEWS.

 

 

Illustrations : le maestro hongrois, fervent défenseur du Baroque Français, György Vashegyi (DR)

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En direct sur le site du MUPA, BUDAPEST, le 11 mars 2019 à 7:00 pm / 19h
https://www.mupa.hu/en/media/mupa-live-webcast

 

 

 

 

György Vashegyi, direction musicale
Tassis Christoyannis, Jephté
Chantal Santon-Jeffery, Iphise
Judith Van Wanroij, la Vérité, Almasie
Thomas Dolié, Phinée
Zachary Wilder, Ammon
Katia Velletaz, Terpsichore, Vénus, une Habitante, une Israëlite, Élise, une Bergère
David Witczak, Apollon, Abner, un Habitant
Clément Debieuvre, Abdon, un Hébreu
Adriána Kalafszky, Polymnie

Purcell Choir
Orfeo Orchestra

3h15 avec entracte

 

 

 

 

 

 

Compte-rendu, opéra. LILLE, Opéra, le 16 janv 2019. RAMEAU : Pygmalion / MONDONVILLE : Amour et Psyché. Haïm / Orlin.

Compte-rendu, Opéra. Opéra de Lille, le 16 janvier 2019. Pygmalion de Rameau couplé avec Amour et Psyché de Mondonville. Emmanuelle Haïm / Robyn Orlin. Spectacle coproduit entre l’Opéra de Lille, le Théâtre de Caen, l’Opéra de Dijon et les Théâtres de la ville de Luxembourg, c’est une bonne idée qu’ont eu les quatre institutions lyriques de coupler Pygmalion de Rameau (1748) et L’Amour et Psyché (1758) de Mondonville, qui traite tous deux de l’éternel thème de l’amour.

 
 

RAMEAU MONDONVILLE haim opera de lille 2019 critique classiquenews opera Pygmalion-4-728x382

 

 

La première pièce est un des huit ballets en un acte qu’écrivit le compositeur dijonnais entre 1748 et 1754. Tiré du dixième livre des Métamorphoses d’Ovide, le livret reprend la légende de Pygmalion, amoureux de la statue d’ivoire qu’il a lui-même sculptée. L’Amour anime la statue et le chœur chante les louanges du dieu qui règne sur les cœurs. La deuxième pièce est la troisième entrée du ballet héroïque intitulé Les Fêtes de Paphos qui est formé en fait de trois ballets autonomes (Vénus et Adonis, Bacchus et Erigon, et L’Amour et Psyché), composés entre 1747 et 1758, et reliés a posteriori sous le titre de Fêtes de Paphos. Si les deux ouvrages ont une même thématique amoureuse, ils diffèrent en ceci que le second est un pur divertissement, qui ne vise qu’à donner du plaisir, tandis que le second cherche à émouvoir (au sens baroque du terme).
Heureusement, les deux compositeurs français sont merveilleusement servi par la direction d’orchestre : attaques précises, clarté des pupitres, osmose avec un plateau quasi idéal… Emmanuelle Haïm, à le tête de son Concert d’Astrée, fait des merveilles !
Las, la mise en scène/chorégraphie de Robyn Orlin ne restera pas dans les annales. On a trop de fois vu ce procédé qui est de réaliser des vidéos en live pour les projeter au même moment sur des écrans. Les incessants allers et venues de sa troupe et la surabondances d’images diverses et variées parasitent l’écoute, n’éclaire en rien les histoires qui sont contées dans les livrets, et surtout ne font jamais jaillir l’émotion. La série de clichés sur le monde de l’art qui illustre le ballet de Mondonville est tout simplement hors propos et parfaitement gratuite. Bref, nous nous sommes ennuyés pour ce qui est de la partie visuelle…
La partie vocale sauve heureusement la mise (et la soirée !), avec d’abord un hommage appuyé pour le ténor flamand Reinoud van Mechelen (Pygmalion) : belle voix claire, pure et sans vibrato, tour à tour fine et puissante, élégance du style et diction parfaite du français. Statue puis Psyché, la jeune soprano colorature française Magali Léger vit les émois du sentiment amoureux sans afféterie, et nous gratifie de son beau timbre délicat. Avec une voix beaucoup plus corsée, parfois rauque, la chanteuse franco-canadienne Samantha Louis-Jean a du tempérament à revendre en Céphise puis Vénus. Dans le rôle d’Amour, commun aux deux ouvrages, Armelle Khourdoïan fait preuve autant de séduction que d’autorité, avec des aigus aisés et un medium charnu.  Enfin, dans l’hilarant rôle de Tisiphone, le baryton rochelais Victor Sicard explose en déesse (transgenre) infernale, avec une voix aussi solide que parfaitement articulée.
Grâce aux voix et à la musique, on passe au final un bonne soirée !

 
 
 

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Compte-rendu, Opéra. Opéra de Lille, le 16 janvier 2019. Pygmalion de Rameau couplé avec Amour et Psyché de Mondonville. Emmanuelle Haïm / Robyn Orlin.

 
 
 

LILLE, ONL : Mozart, Boieldieu… Les Lumières

logo_ONL_2016LILLE, ONL : Mozart, Boieldieu, les 24, 25 oct 2018. L’Orchestre National de Lille retrouve le chef Jan Willem de Vriend (l’un des 3 chefs associés étroitement à la vie de l’Orchestre à chaque saison) dans un cycle éclectique qui s’intéresse aux écritures concertantes et déjà symphoniques de Bach, Boieldieu, Mozart et surtout Rameau… Pleine immersion dans le bain bouillonnant des Lumières, quand le XVIIIè façonne à sa manière l’évolution de l’écriture pour les instruments.
Outre le Concerto pour harpe de Boieldieu (écrit à Paris en 1801, dans le style viennois, associant virtuosité et raffinement), rareté d’une exceptionnelle élégance, l’ONL met en lumière le feu mozartien et la sensibilité coloriste d’un Rameau décidément très moderne dans son approche et sa conception de l’écriture instrumentale. Les révélations de ce programme sont prometteuses. C’est un volet primordial aux côtés des concerts du répertoire, présentant les œuvres mieux connues des XIXè et XXè siècles.

Un Rameau méconnu : Les Fêtes de PolymnieRAMEAU / MOZART : L’EQUATION MAGICIENNE. Quelle belle idée de mettre en perspective dans le cadre d’un seul concert, Rameau et Mozart. Le premier apporte toutes les idées et les couleurs en une écriture qui célèbre le génie de la musique pure ; dans son dernier opéra Les Boréades (qu’il ne verra jamais représenté car les répétitions sont annulées au moment de sa mort, le 12 septembre 1764), Rameau « ose » un orchestre somptueux, d’un chromatisme nouveau dont le colorisme et cette sensibilité nouvelle au paysage atmosphérique annonce l’impressionnisme de Debussy. Rien de moins. C’est dire le champs expressifs qui s’offre ainsi au travail des instrumentistes de l’orchestre.
Dans Les Boréades, Rameau imagine les saisons (tempêtes, souffle des vents du nord, incarnés par le dieu aérien Borée et ses fils), mais aussi prend clairement partie pour les prisonniers et les esclaves torturés (en une scène de torture d’une violence inouïe, où la reine de Bactriane Alphise est malmenée par Borée et ses fils, Borilée et Calisis, à l’acte V…). Dans ses Suites de danses, qui apportent la respiration nécessaire pour équilibrer l’architecture de l’opéra, riche en rebondissements et épreuves diverses, Rameau invente véritablement l’autonomie de l’orchestre dans le flux de l’opéra : la tempête de l’acte III, qui exprime alors la colère de Borée (lequel enlève Alphise), le paysage dévasté qui s’en suit (début de l’acte IV) indique l’essor poétique de l’orchestre, véritable acteur du drame, qui permet aussi un parallèle éloquent entre l’état de la nature et l’état intérieur et psychique du héros qui est alors en scène (au début du IV, c’est Abaris, aimé d’Alpise qui paraît, démuni, inquiet car il ne voit plus celle qu’il aime et qu’a kidnappé Borée et sa clique de vents haineux)…

En homme des Lumières, Rameau annonce l’engagement des hommes de bonne volonté et aussi ce mouvement de la sensibilité qui s’intéresse aux modulations de la Nature, en son éternel et cyclique éternité. Le défi pour un orchestre d’instruments modernes est de retrouver le style baroque déjà préclassique et préromantique (résolution des ornements, tenue d’archet, ligne mélodique à partir des temps forts et secondaires, …). L’expérience du chef est ici primordiale pour réussir ce défi de la pratique historiquement informée, qui inféode la technicité à la juste expression.
BOIELDIEU portrait par classiquenews 800px-Fr-Adrien_BoieldieuRare les programmes qui ont l’audace de la mise en perspective, remontant jusqu’au XVIIIè, à la (re)découverte des compositeurs dont le langage a façonné aussi l’histoire de l’écriture orchestrale. Ainsi ce concert, exaltant les écritures de JS BACH, BOIELDIEU, MOZART et RAMEAU, rend -t-il hommage à cette période souvent boudée, où s’est construit l’essor symphonique, préparant aux grandes Å“uvres du plein XIXè. De sorte que l’on comprend comment tout est né, dans la 2è moitié du XVIIIè, le siècle des Lumières. Le cas de Boieldieu est emblématique de ces auteurs méconnus, oubliés, et pourtant majeurs à leur époque : bravant les aléas politiques de son époque (né sous l’Ancien Régime, vivant sous la Terreur, célébré durant le Consulat et l’Empire, puis estimé des Bourbons, enfin ruiné par la Révolution de Juillet 1830), Boieldieu illumine cependant le genre opéra dans les trois premières décennies du XIXè, c’es à dire quand perce le génie de Rossini (Le Calife de Bagdad créé en 1800, La Dame blanche de 1825… les chercheurs et producteurs seraient donc inspirés de se pencher enfin sur son cas : un pur tempérament imaginatif, dont le génie éclectique, synthétique mêle premier classicisme, romantisme, héritage de Gluck et concurrence des italiens dont Rossini évidemment)…

 

 

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ONL-18-19-saison-VIGNETTE-CARRE-concerts-selection-critique-concerts-par-classiquenewsOrchestre National de Lille
Programme L’Europe des Lumières
Mercredi 24 oct 2018, 20h
Jeudi 25 oct 2018, 20h
LILLE, Auditorium du Nouveau Siècle

RESERVEZ VOTRE PLACE
http://www.onlille.com/saison_18-19/concert/leurope-des-lumieres/

 

 

BACH
Suite pour orchestre n°3

BOIELDIEU
Concerto pour harpe et orchestre

MOZART
Symphonie n° 35, Haffner

RAMEAU
Les Boréades, suite

ORCHESTRE NATIONAL DE LILLE
JAN WILLEM DE VRIEND, direction musicale
XAVIER DE MAISTRE, harpe

 

 

 

 

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MOZART : Symphonie n°35, «  Haffner ». D’une durée légèrement supérieure à … 20 mn, selon les interprétations et leurs conceptions du tempo, la Symphonie Haffner de Mozart est écrite en juillet 1782, à Vienne, où Wolfgang vient de faire représenter l’Enlèvement au sérail, d’une violence et d’une exaltation émotionnelle inouïe. Il s’agissait alors de célébrer l’anoblissement de Siegmund Haffner qui avait demandé 6 ans auparavant à Mozart (1776) à Salzbourg, une sérénade pour le mariage de sa fille Elisabeth. Malgré une surcharge de travail, Wolfgang à Vienne livre le 3 août 1782 sa nouvelle symphonie ; c’est la capacité d’un nouvel époux, car il vient de se marier, 3 jours auparavant. Dans son plan en quatre parties, Mozart voit grand. Il joint en plus la marche en ré majeur k 408.
Le premier Allegro (con spirito) redouble d’énergie voire de frénésie exaspérée, tempérées ou plutôt canalisées par une ritournelle finale qui rappelle JS BACH que Mozart vient alors de découvrir et d’étudier minutieusement.
L’Andante qui suit, apporte réconfort et sérénité d’une sérénade toute imprégnée de calme plénitude dans l’esprit de la musique de chambre.
Le Menuetto à 3/4 indique une extension nouvelle, d’une solidité inédite qui montre le soin de Mozart pour cet épisode purement rythmique qui apporte lui aussi dans la succession des caractérisations symphoniques, une détente faite élégance et expressivité.
Enfin, le Finale (presto, à 2/2), cultive lui aussi l’énergie jaillissante avec une claire référence à l’air du chef des esclaves Osmin dans l’Enlèvement au sérail (O wie will ich triumphieren : air de victoire des esclavagistes et des tyrans…). Selon Mozart lui-même, il convient de jouer aussi vite que possible ce dernier mouvement, comme le premier Allegro doit être aborder avec tout le feu nécessaire. De toute évidence, le brio, la légèreté embrase le tissu orchestral, fait de changements de modulations, d’harmonies et de rythmes changeants et rapides. Le feu dont parle Mozart affirme ici un grand tempérament symphonique, et l’une des grandes symphonies viennoises de Wolfgang.

 

 

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L’Orchestre National de Lille à l’époque des Lumières

logo_ONL_2016LILLE, ONL : Mozart, Boieldieu, les 24, 25 oct 2018. L’Orchestre National de Lille retrouve le chef Jan Willem de Vriend (l’un des 3 chefs associés étroitement à la vie de l’Orchestre à chaque saison) dans un cycle éclectique qui s’intéresse aux écritures concertantes et déjà symphoniques de Bach, Boieldieu, Mozart et surtout Rameau… Pleine immersion dans le bain bouillonnant des Lumières, quand le XVIIIè façonne à sa manière l’évolution de l’écriture pour les instruments.
Outre le Concerto pour harpe de Boieldieu (écrit à Paris en 1801, dans le style viennois, associant virtuosité et raffinement), rareté d’une exceptionnelle élégance, l’ONL met en lumière le feu mozartien et la sensibilité coloriste d’un Rameau décidément très moderne dans son approche et sa conception de l’écriture instrumentale. Les révélations de ce programme sont prometteuses. C’est un volet primordial aux côtés des concerts du répertoire, présentant les œuvres mieux connues des XIXè et XXè siècles.

Un Rameau méconnu : Les Fêtes de PolymnieRAMEAU / MOZART : L’EQUATION MAGICIENNE. Quelle belle idée de mettre en perspective dans le cadre d’un seul concert, Rameau et Mozart. Le premier apporte toutes les idées et les couleurs en une écriture qui célèbre le génie de la musique pure ; dans son dernier opéra Les Boréades (qu’il ne verra jamais représenté car les répétitions sont annulées au moment de sa mort, le 12 septembre 1764), Rameau « ose » un orchestre somptueux, d’un chromatisme nouveau dont le colorisme et cette sensibilité nouvelle au paysage atmosphérique annonce l’impressionnisme de Debussy. Rien de moins. C’est dire le champs expressifs qui s’offre ainsi au travail des instrumentistes de l’orchestre.
Dans Les Boréades, Rameau imagine les saisons (tempêtes, souffle des vents du nord, incarnés par le dieu aérien Borée et ses fils), mais aussi prend clairement partie pour les prisonniers et les esclaves torturés (en une scène de torture d’une violence inouïe, où la reine de Bactriane Alphise est malmenée par Borée et ses fils, Borilée et Calisis, à l’acte V…). Dans ses Suites de danses, qui apportent la respiration nécessaire pour équilibrer l’architecture de l’opéra, riche en rebondissements et épreuves diverses, Rameau invente véritablement l’autonomie de l’orchestre dans le flux de l’opéra : la tempête de l’acte III, qui exprime alors la colère de Borée (lequel enlève Alphise), le paysage dévasté qui s’en suit (début de l’acte IV) indique l’essor poétique de l’orchestre, véritable acteur du drame, qui permet aussi un parallèle éloquent entre l’état de la nature et l’état intérieur et psychique du héros qui est alors en scène (au début du IV, c’est Abaris, aimé d’Alpise qui paraît, démuni, inquiet car il ne voit plus celle qu’il aime et qu’a kidnappé Borée et sa clique de vents haineux)…

En homme des Lumières, Rameau annonce l’engagement des hommes de bonne volonté et aussi ce mouvement de la sensibilité qui s’intéresse aux modulations de la Nature, en son éternel et cyclique éternité. Le défi pour un orchestre d’instruments modernes est de retrouver le style baroque déjà préclassique et préromantique (résolution des ornements, tenue d’archet, ligne mélodique à partir des temps forts et secondaires, …). L’expérience du chef est ici primordiale pour réussir ce défi de la pratique historiquement informée, qui inféode la technicité à la juste expression.
BOIELDIEU portrait par classiquenews 800px-Fr-Adrien_BoieldieuRare les programmes qui ont l’audace de la mise en perspective, remontant jusqu’au XVIIIè, à la (re)découverte des compositeurs dont le langage a façonné aussi l’histoire de l’écriture orchestrale. Ainsi ce concert, exaltant les écritures de JS BACH, BOIELDIEU, MOZART et RAMEAU, rend -t-il hommage à cette période souvent boudée, où s’est construit l’essor symphonique, préparant aux grandes Å“uvres du plein XIXè. De sorte que l’on comprend comment tout est né, dans la 2è moitié du XVIIIè, le siècle des Lumières. Le cas de Boieldieu est emblématique de ces auteurs méconnus, oubliés, et pourtant majeurs à leur époque : bravant les aléas politiques de son époque (né sous l’Ancien Régime, vivant sous la Terreur, célébré durant le Consulat et l’Empire, puis estimé des Bourbons, enfin ruiné par la Révolution de Juillet 1830), Boieldieu illumine cependant le genre opéra dans les trois premières décennies du XIXè, c’es à dire quand perce le génie de Rossini (Le Calife de Bagdad créé en 1800, La Dame blanche de 1825… les chercheurs et producteurs seraient donc inspirés de se pencher enfin sur son cas : un pur tempérament imaginatif, dont le génie éclectique, synthétique mêle premier classicisme, romantisme, héritage de Gluck et concurrence des italiens dont Rossini évidemment)…

 

 

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ONL-18-19-saison-VIGNETTE-CARRE-concerts-selection-critique-concerts-par-classiquenewsOrchestre National de Lille
Programme L’Europe des Lumières
Mercredi 24 oct 2018, 20h
Jeudi 25 oct 2018, 20h
LILLE, Auditorium du Nouveau Siècle

RESERVEZ VOTRE PLACE
http://www.onlille.com/saison_18-19/concert/leurope-des-lumieres/

 

 

BACH
Suite pour orchestre n°3

BOIELDIEU
Concerto pour harpe et orchestre

MOZART
Symphonie n° 35, Haffner

RAMEAU
Les Boréades, suite

ORCHESTRE NATIONAL DE LILLE
JAN WILLEM DE VRIEND, direction musicale
XAVIER DE MAISTRE, harpe

 

 

 

 

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MOZART : Symphonie n°35, «  Haffner ». D’une durée légèrement supérieure à … 20 mn, selon les interprétations et leurs conceptions du tempo, la Symphonie Haffner de Mozart est écrite en juillet 1782, à Vienne, où Wolfgang vient de faire représenter l’Enlèvement au sérail, d’une violence et d’une exaltation émotionnelle inouïe. Il s’agissait alors de célébrer l’anoblissement de Siegmund Haffner qui avait demandé 6 ans auparavant à Mozart (1776) à Salzbourg, une sérénade pour le mariage de sa fille Elisabeth. Malgré une surcharge de travail, Wolfgang à Vienne livre le 3 août 1782 sa nouvelle symphonie ; c’est la capacité d’un nouvel époux, car il vient de se marier, 3 jours auparavant. Dans son plan en quatre parties, Mozart voit grand. Il joint en plus la marche en ré majeur k 408.
Le premier Allegro (con spirito) redouble d’énergie voire de frénésie exaspérée, tempérées ou plutôt canalisées par une ritournelle finale qui rappelle JS BACH que Mozart vient alors de découvrir et d’étudier minutieusement.
L’Andante qui suit, apporte réconfort et sérénité d’une sérénade toute imprégnée de calme plénitude dans l’esprit de la musique de chambre.
Le Menuetto à 3/4 indique une extension nouvelle, d’une solidité inédite qui montre le soin de Mozart pour cet épisode purement rythmique qui apporte lui aussi dans la succession des caractérisations symphoniques, une détente faite élégance et expressivité.
Enfin, le Finale (presto, à 2/2), cultive lui aussi l’énergie jaillissante avec une claire référence à l’air du chef des esclaves Osmin dans l’Enlèvement au sérail (O wie will ich triumphieren : air de victoire des esclavagistes et des tyrans…). Selon Mozart lui-même, il convient de jouer aussi vite que possible ce dernier mouvement, comme le premier Allegro doit être aborder avec tout le feu nécessaire. De toute évidence, le brio, la légèreté embrase le tissu orchestral, fait de changements de modulations, d’harmonies et de rythmes changeants et rapides. Le feu dont parle Mozart affirme ici un grand tempérament symphonique, et l’une des grandes symphonies viennoises de Wolfgang.

 

 

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LILLE. L’ONL joue l’Europe des Lumières, de Rameau à Boieldieu

logo_ONL_2016LILLE, ONL : Mozart, Boieldieu, les 24, 25 oct 2018. L’Orchestre National de Lille retrouve le chef Jan Willem de Vriend (l’un des 3 chefs associés étroitement à la vie de l’Orchestre à chaque saison) dans un cycle éclectique qui s’intéresse aux écritures concertantes et déjà symphoniques de Bach, Boieldieu, Mozart et surtout Rameau… Pleine immersion dans le bain bouillonnant des Lumières, quand le XVIIIè façonne à sa manière l’évolution de l’écriture pour les instruments.
Outre le Concerto pour harpe de Boieldieu (écrit à Paris en 1801, dans le style viennois, associant virtuosité et raffinement), rareté d’une exceptionnelle élégance, l’ONL met en lumière le feu mozartien et la sensibilité coloriste d’un Rameau décidément très moderne dans son approche et sa conception de l’écriture instrumentale. Les révélations de ce programme sont prometteuses. C’est un volet primordial aux côtés des concerts du répertoire, présentant les œuvres mieux connues des XIXè et XXè siècles.

Un Rameau méconnu : Les Fêtes de PolymnieRAMEAU / MOZART : L’EQUATION MAGICIENNE. Quelle belle idée de mettre en perspective dans le cadre d’un seul concert, Rameau et Mozart. Le premier apporte toutes les idées et les couleurs en une écriture qui célèbre le génie de la musique pure ; dans son dernier opéra Les Boréades (qu’il ne verra jamais représenté car les répétitions sont annulées au moment de sa mort, le 12 septembre 1764), Rameau « ose » un orchestre somptueux, d’un chromatisme nouveau dont le colorisme et cette sensibilité nouvelle au paysage atmosphérique annonce l’impressionnisme de Debussy. Rien de moins. C’est dire le champs expressifs qui s’offre ainsi au travail des instrumentistes de l’orchestre.
Dans Les Boréades, Rameau imagine les saisons (tempêtes, souffle des vents du nord, incarnés par le dieu aérien Borée et ses fils), mais aussi prend clairement partie pour les prisonniers et les esclaves torturés (en une scène de torture d’une violence inouïe, où la reine de Bactriane Alphise est malmenée par Borée et ses fils, Borilée et Calisis, à l’acte V…). Dans ses Suites de danses, qui apportent la respiration nécessaire pour équilibrer l’architecture de l’opéra, riche en rebondissements et épreuves diverses, Rameau invente véritablement l’autonomie de l’orchestre dans le flux de l’opéra : la tempête de l’acte III, qui exprime alors la colère de Borée (lequel enlève Alphise), le paysage dévasté qui s’en suit (début de l’acte IV) indique l’essor poétique de l’orchestre, véritable acteur du drame, qui permet aussi un parallèle éloquent entre l’état de la nature et l’état intérieur et psychique du héros qui est alors en scène (au début du IV, c’est Abaris, aimé d’Alpise qui paraît, démuni, inquiet car il ne voit plus celle qu’il aime et qu’a kidnappé Borée et sa clique de vents haineux)…

En homme des Lumières, Rameau annonce l’engagement des hommes de bonne volonté et aussi ce mouvement de la sensibilité qui s’intéresse aux modulations de la Nature, en son éternel et cyclique éternité. Le défi pour un orchestre d’instruments modernes est de retrouver le style baroque déjà préclassique et préromantique (résolution des ornements, tenue d’archet, ligne mélodique à partir des temps forts et secondaires, …). L’expérience du chef est ici primordiale pour réussir ce défi de la pratique historiquement informée, qui inféode la technicité à la juste expression.
BOIELDIEU portrait par classiquenews 800px-Fr-Adrien_BoieldieuRare les programmes qui ont l’audace de la mise en perspective, remontant jusqu’au XVIIIè, à la (re)découverte des compositeurs dont le langage a façonné aussi l’histoire de l’écriture orchestrale. Ainsi ce concert, exaltant les écritures de JS BACH, BOIELDIEU, MOZART et RAMEAU, rend -t-il hommage à cette période souvent boudée, où s’est construit l’essor symphonique, préparant aux grandes Å“uvres du plein XIXè. De sorte que l’on comprend comment tout est né, dans la 2è moitié du XVIIIè, le siècle des Lumières. Le cas de Boieldieu est emblématique de ces auteurs méconnus, oubliés, et pourtant majeurs à leur époque : bravant les aléas politiques de son époque (né sous l’Ancien Régime, vivant sous la Terreur, célébré durant le Consulat et l’Empire, puis estimé des Bourbons, enfin ruiné par la Révolution de Juillet 1830), Boieldieu illumine cependant le genre opéra dans les trois premières décennies du XIXè, c’es à dire quand perce le génie de Rossini (Le Calife de Bagdad créé en 1800, La Dame blanche de 1825… les chercheurs et producteurs seraient donc inspirés de se pencher enfin sur son cas : un pur tempérament imaginatif, dont le génie éclectique, synthétique mêle premier classicisme, romantisme, héritage de Gluck et concurrence des italiens dont Rossini évidemment)…

 

 

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ONL-18-19-saison-VIGNETTE-CARRE-concerts-selection-critique-concerts-par-classiquenewsOrchestre National de Lille
Programme L’Europe des Lumières
Mercredi 24 oct 2018, 20h
Jeudi 25 oct 2018, 20h
LILLE, Auditorium du Nouveau Siècle

RESERVEZ VOTRE PLACE
http://www.onlille.com/saison_18-19/concert/leurope-des-lumieres/

 

 

BACH
Suite pour orchestre n°3

BOIELDIEU
Concerto pour harpe et orchestre

MOZART
Symphonie n° 35, Haffner

RAMEAU
Les Boréades, suite

ORCHESTRE NATIONAL DE LILLE
JAN WILLEM DE VRIEND, direction musicale
XAVIER DE MAISTRE, harpe

 

 

 

 

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MOZART : Symphonie n°35, «  Haffner ». D’une durée légèrement supérieure à … 20 mn, selon les interprétations et leurs conceptions du tempo, la Symphonie Haffner de Mozart est écrite en juillet 1782, à Vienne, où Wolfgang vient de faire représenter l’Enlèvement au sérail, d’une violence et d’une exaltation émotionnelle inouïe. Il s’agissait alors de célébrer l’anoblissement de Siegmund Haffner qui avait demandé 6 ans auparavant à Mozart (1776) à Salzbourg, une sérénade pour le mariage de sa fille Elisabeth. Malgré une surcharge de travail, Wolfgang à Vienne livre le 3 août 1782 sa nouvelle symphonie ; c’est la capacité d’un nouvel époux, car il vient de se marier, 3 jours auparavant. Dans son plan en quatre parties, Mozart voit grand. Il joint en plus la marche en ré majeur k 408.
Le premier Allegro (con spirito) redouble d’énergie voire de frénésie exaspérée, tempérées ou plutôt canalisées par une ritournelle finale qui rappelle JS BACH que Mozart vient alors de découvrir et d’étudier minutieusement.
L’Andante qui suit, apporte réconfort et sérénité d’une sérénade toute imprégnée de calme plénitude dans l’esprit de la musique de chambre.
Le Menuetto à 3/4 indique une extension nouvelle, d’une solidité inédite qui montre le soin de Mozart pour cet épisode purement rythmique qui apporte lui aussi dans la succession des caractérisations symphoniques, une détente faite élégance et expressivité.
Enfin, le Finale (presto, à 2/2), cultive lui aussi l’énergie jaillissante avec une claire référence à l’air du chef des esclaves Osmin dans l’Enlèvement au sérail (O wie will ich triumphieren : air de victoire des esclavagistes et des tyrans…). Selon Mozart lui-même, il convient de jouer aussi vite que possible ce dernier mouvement, comme le premier Allegro doit être aborder avec tout le feu nécessaire. De toute évidence, le brio, la légèreté embrase le tissu orchestral, fait de changements de modulations, d’harmonies et de rythmes changeants et rapides. Le feu dont parle Mozart affirme ici un grand tempérament symphonique, et l’une des grandes symphonies viennoises de Wolfgang.

 

 

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Les Fêtes de l’Hymen et de l’Amour de Rameau

Un Rameau méconnu : Les Fêtes de PolymnieFrance 2. Vendredi 22 juillet 2016, 1h15. Rameau : Fêtes de l’hymen et de l’amour. Dans son cyle Nuits d’été, France 2 diffuse un concert lyrique inédit réalisé pour l’année Rameau 2014 (250 ans de la mort du compositeur Dijonais, le génie incontesté de la musique française baroque avant l’essor du néoclassicisme à la fin du XVIIIè. Mort en 1764, sans avoir vécu la création de son dernier opéra pourtant achevé, Les Borades, Rameau incarne à l’égal des peitnres Watteau et surtout Boucher puis Fragonard, cet idéal de poésie sensuelle et d’un raffinement extrême sur le plan des couleurs instrumentales. En témoigne ce spectacle d’un genre mixte, qui renouvelle l’idéal inventé au sicèle passé par Molière et Lully, l’Opéra-ballet, ici en un prologue et trois actes, créé en 1747. Fidèle au gôut de Louis XV, souverain neurasténique et dépressif que tente d’égayer sa maîtresse L’astucieuse Pompadour, Rameau échafaude une intrigue légère et sentimentale qui dans un souci de renouvellement des genres, fusionne mythologie et exotisme : L’amour(le Roi) se désespère mais est bientôt diverti par un pur drame oriental, nilotique, dont le raffinement et l’invention mélodique illustre le prétexte exotique de chaque acte ou entrée…
Ainsi c’est une Egypte arcadienne que convoque l’ouvrage de Rameau : dans le premier acte, la reine Orthésie, un temps trompée par les intrigues de l’amazone Mirrine, reste distante vis à vis d’Osiris, avant de succomber totalement au charme du dieu d’Egypte.
Dans le second épisode, Canope / Nilée aime passionnément la belle Memphis, mais il doit avant de s’unir à elle, paraître sous son vrai visage divin et aussi la protéger du couteau sacrificiel du Grand Prêtre. A la fois démonstration de puissance (à l’orchestre : Rameau a toujours cultivé les effets cataclysmique, en vrai amoureux de la nature) et coup de tonnerre qui rompt la continuité du drame, le débordement du Nil est un point spectaculaire qui témoigne du génie dramatique de Rameau.

Le troisième acte évoque les amours du dieu des arts Aruéris et de la belle Orie prête à succomber aux charmes divin. C’est pour Rameau l’occasion de briller par une orchestration extrêmement subtile. Ici, seule l’invention dont est capable le compositeur assure la cohérence entre des tableaux assez disparates, même si personnages et cadres d’un acte à l’autre se déroulent en Egypte. mais c’est une Egypte rêvée et fantasmée, particulièrement redessinée selon les lois de la nécessité des sentiments exprimées, en particulier amoureux. Comme l’Arcadie, accueillant bergers et nymphes était le lieu de l’opéra du XVIIè pour représenter toutes les composantes du drame amoureux, l’Egypte sous Louis XV et grâce au génie de Rameau, est pour le XVIIIè, la nouvelle terre des amours contrariées puis résolues.



SYNOPSIS. Au cÅ“ur de son palais, l’Amour s’inquiète. les Grâces, les Jeux, les Ris et les Plaisirs ne parviennent pas à l’égayer. Il révèle enfin avoir déclaré la guerre à l’Hymen. La perspective de se soumettre à la puissance de cet ennemi redoutable lui est insoutenable. Un bruit pompeux annonce l’Hymen qui paraît au milieu des Vertus. Contre toute attente, il affirme vouloir faire triompher l’Amour. Celui-ci s’adoucit, retrouve toute sa vitalité et s’unit à l’Hymen : leurs cours s’échangent des présents. On voit bientôt danser ensemble les Grâces, les Plaisirs et les Vertus sous l’Å“il bienveillant des deux divinités.

Première entrée / premier acte
 : Osiris. Mirrine, amazone belliqueuse, tente de persuader sa reine, Orthésie, de ne pas souffrir la présence d’Osiris et de ses troupes. Tandis que ce dernier s’annonce, quelques Amazones courent se préparer au combat. Osiris prétend pourtant n’apporter que l’amour et la paix. Il ordonne un ballet gracieux : les saisons, chargées de fleurs et de fruits, en font présent à Orthésie. La reine et sa suite commencent à se laisser séduire ; Mirrine, furieuse, prétend résister malgré tout et disparaît. La fête se poursuit : les muses descendent des cieux et présentent aux Amazones les arts dans toute leur perfection ; les Égyptiens élèvent des berceaux de fleurs magnifiques. De plus en plus d’Amazones rejoignent le divertissement et s’émerveillent de ce qu’elles découvrent. Les dernières résistances d’Orthésie s’évanouissent. Des bruits guerriers se font soudain entendre : Mirrine paraît à la tête d’une troupe d’Amazones rebelles. Alors qu’elle s’apprête à frapper Osiris, Orthésie s’interpose. La dissidente est désarmée. Le geste de la reine n’a trompé personne : elle avoue être éprise d’Osiris. Celui-ci rend hommage à l’Amour. Son peuple s’unit aux Amazones pour une fête générale.

Deuxième entrée / acte : 
Canope. Sur les bords du Nil, à la frontière entre l’Égypte et l’Éthiopie, une fête en l’honneur de Canope se prépare. Celui-ci ne songe qu’à dévoiler à la nymphe Memphis, dont il est épris, sa véritable identité. C’est sous les traits de Nilée, simple égyptien qu’il l’a séduite. Elle est annoncée. Il l’écoute épancher son cÅ“ur : un songe funeste lui fait craindre d’être celle que l’on sacrifiera à l’occasion de la fête. Nilée veut la rassurer mais un chÅ“ur de déploration donne raison à Memphis : c’est bien elle qui doit perdre la vie. Son amant prétend la protéger du couteau des prêtres. Déjà ceux-ci s’avancent et confirment l’arrêt du sort. Memphis se résigne ; des égyptiennes viennent la  parer pour le sacrifice, tandis que des prêtresses élèvent des autels. Toutes se lamentent du sort de la nymphe. Les rituels débutent ; Memphis monte à l’autel ; le Grand-Prêtre saisit le couteau sacré. Soudain, le jour s’obscurcit ; les flots se soulèvent depuis les cataractes jusqu’aux rives d’ Éthiopie. Le débordement du Nil annonce l’arrivée de Canope. Memphis ne peut croire que Nilée et le dieu ne font qu’un. Elle doit pourtant se rendre à l’évidence. Tous deux échangent alors des serments d’amour. Memphis demande à Canope d’avoir pitié de son peuple : celui-ci lui obéit, ordonne de grandes réjouissances, et baptise la ville de leur amour ” Memphis “.

Troisième ballet / acte : 
Aruéris ou les Isies. Le dieu des arts, Aruéris, souhaite s’allier à l’amour pour adoucir la vie des humains. La jeune nymphe Orie lui confie ses troubles : le dieu la console en lui vantant la puissance des arts sur l’âme, et finit par lui avouer son amour. Il ordonne des jeux en l’honneur d’Isis, auxquels il l’invite à se joindre. Des Égyptiens chantant, dansant, et jouant d’instruments divers célèbrent les Isies, joutes artistiques fondées par Aruéris. On dispute les prix de la voie, de la musique, de la danse. Orie interrompt les jeux et rend hommage à son amant par un chant de la plus grande beauté. Tous décident de lui offrir la couronne de myrte pour sa prestation. Orie dédie cette couronne à l’Amour. Aruéris annonce leur hymen prochain et offre aux vainqueurs des jeux la main de celles qu’ils aiment.

Captation à l’Opéra Royal du Château de Versailles 
Pour l’ouverture officielle de l’année Jean-Philippe Rameau (1683-1764)
Par le Concert Spirituel
Opéra-Ballet en un prologue et trois entrées (1747)
ChÅ“ur et orchestre du Concert Spirituel / Hervé Niquet, direction. 


Avec Chantal Santon Jeffery (Orthésie, Orie), Carolyn Sampson (L’Amour, Memphis, Une première égyptienne, Une bergère égyptienne), Blandine Staskiewskicz (L’Hymen, Une égyptienne, Une seconde égyptienne), Jennifer Borghi (Mirrine), Reinoud van Mechelen (Osiris, Un berger égyptien, Un égyptien), Mathias Vidal (Un plaisir, Agéris, Aruéris), Tassis Christoyannis (Canope), Alain Buet (Le grand-prêtre, Un égyptien)

france2-logoRameau : Les Fêtes de l’Hymen et de l’Amour, opéra ballet. France 2, vendredi 22 juillet 2016, 1h15. Durée : 2h
 – Année 2014 – 
Réalisation Yan Proefrock – 
Production Step by Step production – 
Unité musique et spectacles vivants France Télévisions :  Nicolas Auboyneau - Sophie Humarau

CD, compte rendu critique. Vertigo. Rameau, Royer. Jean Rondeau, clavecin (1 cd Erato, mai 2015)

vertigo jean rondeau cd erato critique review classiquenews fevrier 2016CD, compte rendu critique. Vertigo. Rameau, Royer. Jean Rondeau, clavecin (1 cd Erato, mai 2015). Clavecin opératique. Le texte du livret notice accompagnant ce produit conçu comme une pérégrination intérieure et surtout personnelle donne la clé du drame qui s’y joue. Quelque part en zones d’illusions, c’est à dire baroques, vers 1746… Jean Rondeau le claveciniste nous dit s’égarer dans un fond de décors d’opéra dont son clavecin (historique du Château d’Assas) ressuscite le charme jamais terni de la danse, “acte des métamorphoses” (comme le précise Paul Valéry, cité dans la dite notice). Entre cauchemar (surgissement spectaculaire de Royer dans Vertigo justement) et rêve (l’alanguissement si sensuel de Rameau ou le dernier renoncement du dernier morceau : L’Aimable de Royer), l’instrumentiste cisèle une série d’évocations, au relief dramatique multiple, contrasté, parfois violent, parfois murmuré qui s’efface. Rondeau ressuscite dans les textures rétablies et les accents sublimes des musiques dansantes ici sélectionnées, le profil des deux génies nés pour l’opéra : Rameau (mort en 1764) et son “challenger” Pancrace Royer (1705-1755), à la carrière fulgurante, et qui au moment du Dardanus de Rameau, livre son Zaïde en 1739. Deux monstres absolus de la scène dont il concentre et synthèse l’esprit du drame dans l’ambitus de leur clavier ; car ils sont aussi excellents clavecinistes. Ainsi la boucle est refermée et le prétexte légitimé. Comment se comporte le clavier éprouvé lorsqu’il doit exprimer le souffle et l’ampleur, la profondeur et le pathétique à l’opéra ? Comme il y aura grâce à Liszt (tapageur), le piano orchestre, il y eut bien (mais oui), le clavecin opéra (contrasté et toujours allusif). Les matelots et Tambourins de Royer valent bien Les Sauvages de Rameau, nés avant l’Opéra ballet que l’on connaît, dès les Nouvelles Suites de Pièces de Clavecin de 1728. Déjà Rameau lyrique perçait sous le Rameau claveciniste. Une fusion des sensibilités que le programme exprime avec justesse.

 

 

 

Rameau, Royer, Rondeau…

Récital personnel et hommage aussi aux génies lyriques, Royer et Rameau

Jean Rondeau : “le clavecin opéra”

 

 

 

CLIC_macaron_2014Au final, la révélation de ce disque demeure la pièce Vertigo et en général, l’écriture ainsi révélée, investie du compositeur Pancrace Royer (génie disparu en 1755) superbe par sa verve, son panache, une élégance puissamment charpentée qui convoquant  l’opéra suscite des torrents de délires dramatiques avec des failles dans l’intime murmuré qui sculpte de sublime vertiges dramatiques, dignes des machineries spectaculaires sur la scène.
L’imaginaire de Royer se dévoile : course furieuse, ou tempête invraisemblable aux vagues et cascades et autres déferlantes d’une irrésistible ampleur … un tempérament inédit voire inouï, comme le Rameau d’Hippolyte en 1733.
D’abord lent puis comme endolori, le jeu de Rondeau s’évéille aux évocations convoquées ; puis le claviériste cisèle amoureusement son clavier ; et remodèle avec un tempérament expressif, la carrure originellement lyrique des séries de pièces choisies en un jeu allusif, plutôt réjouissant.
Massif par sa sûreté d’intonation et tout autant d’une belle finesse et d’une sobre écoute  intérieure, le talent de Royer subjugue à mesure qu’il s’écoule sous des doigts aussi enivrés;  l’approche se fait pudique ensuite pour La Zaide ; l’imagination du claveciniste séduit irrésistiblement par une sensibilité qui se fait mécanique de précision  (jeu simultané aux deux mains dans la même Zaide, plage 9 qui déroule ses guirlandes exaltées, intérieures… et tendres).

Ainsi, sujet du présent programme, comme il y aura grâce à Liszt à l’âge romantique le piano orchestre qui par le feu synthétique dramatique de son jeu conteur exprime le génie wagnérien par la transcription mais sans jamais le réduire, Jean rondeau dans Vertigo entend ouvrir notre conscience à la verve magicienne du “clavecin opéra” : de Royer à Rameau, c’est tout un univers poétique et une esthétique sonore qui se nourrit du seul jeu du clavier des cordes pincées. De la salle lyrique et des planches, au salon et à l’intimité des cordes sensibles, malgré le transfert et le passage d’un media à l’autre, d’une échelle à l’autre, le feu évocateur n’a pas été sacrifié.
Formidable conteur, le claveciniste parisien exprime au-delà de la technicité virtuose du toucher et l’agilité des mains d’une finesse que bien des pianistes pourraient reprendre pour mieux inspirer leur geste propre, toute l’admirable sensibilité des consciences musicales capables de dire sans forcer, la destinée humaine dans l’ambition du seul clavier : l’inoubliable repli ténu, secret, comme blotti, et le renoncement du dernier Royer (L’Aimable,  1er Livre de 1746) ne cesse de nous l’affirmer avec la grâce d’une inspiration juste et magicienne. En confrontant (immanquablement) les deux “R” du XVIIIè (Rameau / Royer), l’approche séduit par son originalité ; convainc par la sûreté du jeu, l’assise de ses convictions artistiques. C’est un très bon récital, l’acte et la déclaration d’amour d’un musicien volontaire à son propre instrument. On ne saurait y demeurer insensible. Donc CLIC de CLASSIQUENEWS en février et mars 2016.

 

 

 

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CD, compte rendu critique. Vertigo. Rameau, Royer. Jean Rondeau, clavecin (1 cd Erato, mai 2015)

 

 

 

CD, compte rendu critique. Rameau (1683-1764) : Le Temple de la Gloire (Guy van Waas, 2 cd Ricercar RIC 363)

CD, compte rendu critique. Rameau (1683-1764) : Le Temple de la Gloire (Guy van Waas, 2 cd Ricercar RIC 363). Voici le Rameau officiel qui colle à son sujet : c’est bien en 1745, le musicien le plus célébré, compositeur atitré à Versailles (nommé en cette même année de reconnaissance, “compositeur de la musique du Cabinet”) qui s’affirme ici, à croire que le héros finalement glorifié serait bien Rameau lui-même. En tout cas sa musique est l’une des plus fastueuses, flamboyantes, diversifiées. C’est l’année des prodiges pour le compositeur : Platée, La Princesse de Navarre et donc Le Temple de la Gloire : universel, génie imaginatif, Rameau imagine dans le ballet héroïque, trois opéras en un. Bacchanale pour la première entrée (Bélus), bacchanale pour la seconde entrée (Bacchus), tragédie pour la troisième entrée (Trajan). Même le Prologue est l’un des plus raffinés et aboutis, suscitant dans le personnage de l’Envie trépignant aux abords du Temple, l’un des personnages graves et tragiques, accompagné par les bassons, parmi les plus saisissants conçus par Rameau.

rameau temple de la gloire guy van waas cd critique review classiquenewsEn octobre 2014, Guy van Waas dirige ses Agrémens ciselés et articulés avec une distribution engagée et vive, capable de drame autant que de séduction linguistique. Le livre cd est l’un des meilleurs apports discographique de l’année Rameau 2014 déjà riche en découvertes et belles réalisations. Le Ballet héroïque impose un Rameau édifiant voire pompeux mais toujours inspiré par les grâces sentimentales propres au règne de Louis XV et de La Pompadour : de la délicatesse, de l’héroïsme, de la sincérité aussi, les 3 entrées font varier les plaisirs ; où résonnent les fabuleux oiseaux qui appellent dans le final “la gloire et le bonheur de l’Univers”. Il y a évidemment du Boucher chez ce Rameau courtois, éduqué, raffiné. L’orchestre est d’une constante tension affûtée et ciselée, aux couleurs délicieuses, aux harmonies jamais convenues voire déconcertantes. C’est dans le flot impétueux d’une musique exaltée que Rameau le grand prend sa revanche sur Racine, et tous les théâtraux de faiseurs de drame… qui doutaient de sa musique.

Muse princière de la déclamation aristocratique, le soprano de Judith van Wanroij incarne de superbes Lydie et Plautine. Chanton Santon surprend dans son emploi délirant, déjanté : son Érigone est fantasque et burlesque même. Et les facéties mordantes du livret de Voltaire sont surtout magistralement dévoilées par le Bacchus anthologique de Mathias Vidal dont la langue vive, l’acuité dramatique, le talent direct, intense, précis ensorcèlent et captivent littéralement. Superbe réalisation. VOIR aussi notre reportage vidéo exclusivité CLASSIQUENEWS © 2014 : Le temple de la gloire enfin ressuscité.

CD, compte rendu critique. Jean-Philippe Rameau (1683-1764) : Le Temple de la Gloire. Judith van Wanroij, soprano (Lydie, Plautine), Katia Velletaz, soprano (Une Bergère, une Bacchante, Junie), Chantal Santon-Jeffery, soprano (Arsine, Érigone, la Gloire), Mathias Vidal, ténor (Apollon, Bacchus, Trajan), Alain Buet , basse (L’Envie, Bélus, le Grand Prêtre de la Gloire), Les Agrémens. Choeur de Chambre de Namur. Guy van Waas, direction. Livre-disque (2 CD)  Ricercar RIC363. Enregistré en octobre 2014 à Liège et à Versailles.

Le premier Rameau, claveciniste compositeur

Un Rameau méconnu : Les Fêtes de Polymnielogo_france_musique_DETOUREFrance Musique. Dimanche 14 février 2016, à 14h. Rameau : Suite en la… Tribunes des critiques.France Musique questionne une oeuvre rarement mise en avant : la Suite pour clavier composant le sujet novateur et original de son Premier recueil de pièces de clavecin, édité à Paris en 1706, à l’occasion de son premier et court séjour dans la Capitale  française. La Suite en la mineure est une oeuvre de jeunesse, extraite du Premier Livre de pièces de clavecin (édité  à compte d’auteur, fin 1706) lorsque le jeune Rameau alors âgé de 23 ans, réalise son premier séjour à Paris. Le futur auteur pour l’opéra signe alors un recueil important voire majeur qui devance celui de Couperin dont le Premier Livre paraît en 1713. Les 10 pièces du recueil respectent le cadre classique de la Suite de danses à la française, préalablement introduites par un Prélude qui en son début, fait clairement référence aux maîtres anciens (de fait Rameau se montre disciple de d’Anglebert, surtout de Marchand). Partition précoce, la maturité s’y révèle pourtant, le tempérament aussi : une puissance de l’originalité qui est autant érudite, savante que sensuelle et naturellement accessible. Déjà se profile le génie de l’harmonie (subtiles dissonances du Prélude…). 

Avant de rejoindre la capitale, Rameau a quitté Clermont, dont il tenait les orgues de la cathédrale. A Paris, il recherche un poste d’organiste et en profite pour aller écouter un modèle pour lui : Louis Marchand. Pendant ce court séjour parisien, Rameau assiste à l’Alcyone de Marais (février 1706) et aussi aux reprises des opéras de Lully (dont Thésée en 1707).

Plan

1ère et 2e Allemande
La première, solennelle et presque grave ; la seconde, plus lègère.

Courante
Clair hommage là encore à Louis Marchand.

Gigue
Biographe de Rameau, Cuthbert Girdlestone, la trouve sautillante et « contrapuntale ». La puissance de son développement désigne le jeune génie de Rameau.

1ère et 2e Sarabande
Rameau y glisse une tendresse inédite à l’esprit de cette danse.

Vénitienne
Ce Rondeau est un clair hommage à l’opéra La Vénitienne de Michel de la Barre (1705).

Gavotte
Energie et vitalité empruntent à Louis Marchand, auquel Rameau ajoute la maîtrise ahurissante de la variation.

Menuet
La sobriété et l’élégance de la pièce finale doivent inspirer à l’amateur praticien des variations à sa volonté. Rameau pense à ses “clients” / élèves : à eux de jouer à présent.

logo_france_musique_DETOUREFrance Musique. Dimanche 14 février 2016, à 14h. Rameau : Suite en la… Tribunes des critiques. Voir aussi la fiche de l’émission sur le site de France Musique.

Compte rendu, concert. La Rochelle. La coursive, le 9 octobre 2015. Gluck, Rameau. Les musiciens du Louvre; Marc Minkowski, direction.

Habitué de la Région Poitou Charentes depuis la création en 2011 du festival Ré Majeure qui se déroule sur l’île de Ré pour l’Ascension ou la Pentecôte, Les Musiciens du Louvre et Marc Minkowski posent leurs valises à La Coursive le temps d’une soirée. Au programme de ce concert, Marc Minkowski a programmé un répertoire que l’orchestre connait parfaitement : des Å“uvres de Christoph Willibald Gluck (1714-1787) et de Jean Philippe Rameau (1683-1764).

 

Les musiciens du Louvre jouent Gluck et Rameau à La Rochelle

RAMEAU 2014 : sélection cdSi Don Juan ou le festin de pierre de Christoph Willibald Gluck (1714-1787) n’est pas son Å“uvre la plus connue, en effet le public connait mieux Orphée et Erurydice ou les deux Iphigénie (en Aulide et en Tauride), elle offre de très belles pages. Dès le début de la soirée, Marc Minkowski, visiblement survolté par le succès de Platée à l’Opéra de Paris (la dernière représentation en avait été donnée la veille), prend les rennes du concert. Très inspiré et théâtral, le public réagit d’ailleurs bien et des rires se font entendre de temps à autre, il conte Don Juan ou le festin de pierre avec moult détails. Par ailleurs, il dirige le chef d’oeuvre de Gluck d’une main ferme; et si la battue peut parfois paraître iconoclaste aux yeux des puristes, elle est efficace, dynamique ; les musiciens la suivent avec une précision millimétrée.

Après une courte pause, Marc Minkowski revient sur scène pour diriger «Une symphonie imaginaire» de Jean Philippe Rameau (1683-1764). Avant d’entamer la seconde partie, le chef prend le temps d’expliquer ce qu’est cette «symphonie imaginaire» à un public attentif et visiblement conquis : Il ne s’agit pas d’une Å“uvre symphonique en elle même mais d’un assemblage des plus belles pages instrumentales des opéras et Å“uvres instrumentales de Rameau. Ainsi s’offrent à la (re)découverte, plusieurs Å“uvres telles Zaïs, Platée, justement, Dardanus, Hippolyte et Aricie, Castor et Pollux, Les Boréades, Les Indes galantes, Le temple de la gloire ou La naissance d’Osiris … ; on y trouve aussi, dans cette symphonie imaginaire, un Concert, écrit à l’origine pour sextuor, mais transcrit ici pour orchestre. Marc Minkowski dirige avec une allégresse et une joie de vivre si communicatives que ses musiciens font danser la musique avec gourmandise. Et d’ailleurs, emporté par la musique, le chef ne peut s’empêcher de danser sur son podium tout comme le timbalier lorsque l’orchestre entame l’entrée des Sauvages des Indes galantes.

Ravi, le public réserve un accueil très chaleureux aux Musiciens du Louvre et à leur chef qui concèdent deux bis en fin de concert : un menuet extrait de Platée puis, lancée par le timbalier, l’entrée des Sauvages. Minkowski dirige le second bis à demi tournée vers le public qui joue le jeu et frappe des mains en cadence. Les responsables de La Coursive lancent leur saison musicale sur une excellente note.

Compte rendu, concert. La Rochelle. La coursive, le 9 octobre 2015. Christoph Willibald Gluck (1714-1787) : Don Juan ou le festin de pierre; Jean Philippe Rameau (1683-1764) : Une symphonie imaginaire. Les musiciens du Louvre; Marc Minkowski, direction.

Illustration : Jean-Philippe Rameau (DR)

Compte rendu, opéra. Rameau : Platée. Julie Fuchs, Philippe Talbot. Minkowski / Pelly

 

Compte rendu, opéra. Paris. Palais Garnier, le 9 septembre 2015. Rameau : Platée. Philippe Talbot, Frédéric Antoun, Julie Fuchs, François Lis… Orchestre et choeur des Musiciens du Louvre Grenoble. Marc Minkowski, direction. Laurent Pelly, mise en scène.

La grenouille préférée de la planète musicale française ouvre la saison lyrique 2015 – 2016 au Palais Garnier. L’opéra-ballet Platée de Rameau retourne en sa maison nationale dans l’efficace et colorée production de Laurent Pelly laquelle remonte à 1999. Une distribution pétillante ma non troppo campe avec humour le langage particulier de Rameau. Elle est dirigée, ainsi que le choeur et orchestre des Musiciens du Louvre, par le chef et prochain directeur de l’Opéra National de Bordeaux, Marc Minkowski.

 

 

Platée : le plus brillant concert

La première de Platée eut lieu en 1745 à Versailles à l’occasion du premier mariage du dauphin Louis Ferdinand de France. Après la première et seule représentation, il n’y eut pas de seconde.

Platée, « ballet-bouffon » de Rameau, théoricien de la musique et héritier de Lully, père du baroque français, raconte l’histoire du mariage d’un Jupiter ridicule avec une vieille nymphe jouée par un homme. Dans le lieu très conventionnel de la première, ce récit a dû surprendre et choquer l’auditoire. L’oeuvre est reprise en 1749 avec un succès tiède, puis en 1754 quand elle reçoit les plus grands éloges. Ce « ballet-bouffon », baptisé opéra-ballet au XXe siècle, avec un livret d’Adrien Le Valois d’Orville d’après Jacques Autreau, est une sorte de pastiche sans l’être, une parodie de l’Opéra où l’on trouve toutes les formules, les stéréotypes et les formes du genre. L’histoire de la pauvre Platée n’en est qu’un prétexte, un délicieux, irrévérencieux, drôlissime prétexte. De fait, le prétexte heureux est aussi une raison pour Rameau de déployer tout son talent et faire preuve d’une étonnante modernité ! Le style est homogène et audacieux, et la caractérisation physique de la grotesque grenouille paraît habiter toute la partition.

Si ce soir de fausse-première à l’Opéra National de Paris (première annulée à cause d’un mouvement social) les chanteurs-acteurs prennent un peu de temps pour se chauffer, ils demeurent joliment investis tout au long des actes. Le rôle ingrat de Platée est interprété par Philippe Talbot, jeune ténor aux dons de comédien confirmés. Il y excelle dans sa caractérisation de la nymphe laide et humide, avec un français affecté (parfois approximatif) qui sied fantastiquement au personnage. Le ténor Frédéric Antoun dans le rôle de Thespis au prologue, brille par la beauté du timbre, que nous trouvons étonnamment charmant et chaleureux dans le langage baroque français. Le Jupiter de François Lis comme la Junon d’Aurélia Legay sont superbement chantés. La Thalie/Folie de Julie Fuchs est une agréable surprise. L’archi-célèbre air de la Folie au IIe acte « Formons les plus brillants concerts » est interprété avec un brio comique, quelque peu psychiatrique et déjanté tout à fait formidable ! LA parodie d’un air virtuose à l’italienne est donc chanté et joué vertueusement par la jeune soprano. Si l’interprétation vocale très solide n’est pas notre préférée au niveau du style, elle demeure efficace et est vivement récompensée par les bravos d’un public enflammé (les seuls de la soirée, remarquons-le).

Il y a deux autres protagonistes musicaux plus ou moins invisibles dans Platée. D’abord les choeurs, omniprésents, et absolument fantastiques sous la direction de Nicholas Jenkins ! Que ce soir dans la louange, l’apothéose ou l’effroi, ils sont toujours réactifs et dynamiques ! Nous remarquons la science si précise de Rameau par l’excellence de leur performance ! Ils sont onomatopéiques et contrapuntiques selon le besoin, mais toujours impressionnants (les choeurs des grenouilles ou le quintette avec choeur à la fin du IIe acte, entre plusieurs exemples). L’autre c’est bien la danse. 15 danseurs augmentent ou représentent le texte par le biais de leurs mouvements chorégraphiés par Laura Scozzi. Si c’est souvent un aspect purement divertissant de la production, ceci s’inscrit dans le tout et c’est d’une grande efficacité.

Comme la mise en scène de Laurent Pelly d’ailleurs, qui assume complètement la nature de l’oeuvre et la met en valeur. Ouvertement kitsch, comme Platée est ouvertement laide, la production réussit à dépoussiérer cette seule véritable comédie lyrique de Rameau par tout une série de procédés théâtraux et un travail de comédien soigné. L’espace, à la fois salle de théâtre et marécage, est utilisé intelligemment (décors de Chantal Thomas) ; les costumes de Pelly sont ingénieux et fabuleusement moches ! Mais il n’y a rien de moche dans la performance de l’orchestre sous la direction à la fois pétillante et savante de Minkowski. La complicité entre le plateau et la fosse est évidente et jouissive. Les contrastes sont mis en valeur tout en gardant une homogénéité stylistique par rapport à l’œuvre. Un travail extraordinaire ! Une reprise à ne pas rater au Palais Garnier de Paris, à l’affiche les 11, 12, 14, 17, 20, 23, 27 et 29 septembre ainsi que les 3, 6 et 8 octobre 2015.

Brésil. Bruno Procopio dirige Rameau et Clérambault à Rio

procopio_bruno_chemise_bleueRio, salle C. Mereiles, les 19 et 22 septembre 2015. Mondonville et Rameau. Ambassadeur de choc, le claveciniste et chef d’orchestre Bruno Procopio retrouve son pays natal pour deux concerts de musique baroque française. Un programme qu’il a coutume de défendre sous les tropiques, – le maestro impétueux et articulé a déjà enregistré un superbe disque d’extraits d’opéras de Rameau, ouvertures et ballets de Rameau avec le Symphonique Simon Bolivar du Venezuela à Caracas (1 cd Paraty : vrai défi d’un éclat étincelant sur instruments modernes : ” Rameau in Caracas “). Rio 2015 voit le prolongement d’un travail spécifique sur le Baroque français en Amérique Latine. Une vision artistique entre les deux Mondes, de chaque côté de l’Atlantique qui s’était déjà illustrée par un jalon précédent en mars dernier, et dans le même lieu avec la création carioca de l’opéra français néoclassique Renaud de Sacchini (1782), emblème du goût lyrique parisien favorisé par Marie-Antoinette (VOIR le reportage Renaud de Sacchini recréé à Rio par Bruno Procopio, mars 2015). Le 19 septembre (20h), concert de musique de chambre où la virtuosité concertante de Mondonville et le génie recréateur de Rameau dialoguent. Sons harmoniques du premier (1738, où Mondonville s’inspire et prolonge l’exemple de Leclair), puis cinq Concerts des Pièces pour clavecin en concert (1741).  Après les Pièces de clavecin en sonates (avec violon) de Mondonville, Rameau surpasse tout ce qui fut écrit avant lui, inventant pour chaque pièce, un titre aux références biographiques (pour certaines secrètes aux allusions à démêler par les spécialistes), qui récapitule en leur rendant hommage, tous les soutiens, patrons protecteurs, mécènes qui l’ont accompagné et soutenu pendant ses premières années parisiennes. Le cycle est l’un des favoris défendus depuis ses années d’apprentissage à Paris par Bruno Procopio qui assure la partie de clavecin.

img02_Rameau

 

 

Le 22 septembre, 20h, concert orchestral comprenant surtout Clérambault et Mondonville et quelques autres pour lequel Bruno Procopio quitte le clavecin pour la baguette, afin de diriger l’Orchestre baroque de l’Université de Rio (OBU).  Au programme deux pièces aussi rares qu’exceptionnelles : Pièces de clavecin avec voix ou violon opus 5 (1748) de Mondonville et surtout La Muse de l’Opéra ou Les Caractères lyriques, Cantate à voix seule et symphonie (1716) de Clérambault. Editée séparément en 1716, sur un poème d’Auguste Paradis de Moncrif, la cantate avec des moyens ambitieux (proches du divertissement) fait paraître la muse de l’Opéra, qui décrit les ficelles et artifices du théâtre pour exprimer les « caractères lyriques » : la variété des airs et des formes dévoile l’intelligence dramatique de Clérambault : air de triomphe avec trompette, scène pastorale avec musette, évocation de chasses au son des cors, tempête, sommeil, ramage d’oiseau, scène infernale… c’est un catalogue intelligemment combiné soit tous les motifs de l’opéra français, ici traités par un compositeur qui souhaite en démontrer et aussi cultiver sa profondeur, entre virtuosité italianisante et noblesse de la déclamation française.

 

OBU orchestre baroque de l'université de Rio Orquesra barroca da Unirio

 

 

Rameau, Clérambault, Mondonville à Rio. Grâce au CMBV, Centre de musique baroque de Versailles, le Baroque français s’exporte. Le concert est l’aboutissement d’un cycle de masterclasses et de répétitions avec les jeunes instrumentistes brésiliens, sensibilisés au style baroque français et formés à la pratique sur instruments d’époque. Un défi qui fusionne transmission et pédagogie auprès des jeunes instrumentistes encore néophytes dans l’interprétation de la musique française du XVIIIème siècle, et aussi expérience professionnelle grâce à ce concert public. Le projet fait partie des nombreux chantiers initiés par le Centre de musique baroque de Versailles, désormais ouvert à l’international, soucieux depuis quelques années de faire rayonner la connaissance et l’interprétation de la musique baroque française dans le monde. Partitions, équipe pédagogique sont les nouveaux moyens de l’institution versaillaise pour réaliser de nouveaux types de concerts, permettant aux jeunes professionnels de se perfectionner toujours et encore en se frottant  à l’accomplissement du concert publique. Il s’agit de deux premières mondiales à Rio. L’été 2015 a réalisé un autre projet du CMBV à Innsbruck en août : le festival de musique ancienne et baroque mondialement reconnu accueillait pour la première fois de son histoire, son premier opéra français, Armide de Lully (1686) dans une nouvelle production, mise en scène par Cristina Colonna sous la direction de Patrick Cohen-Akénine et avec le concours de jeunes instrumentistes et chanteurs accompagnés par le CMBV, dont pour certains, les  lauréats du Concours Cesti 2014. Reportage vidéo : Armide de Lully à Innsbruck (août 2015)

 

 

 Bruno Procopio et le CMBV : Rameau, Clérambault, Mondonville à Rio

Concert du 19 septembre 2015, 20h
Durée : 1h25 sans entracte

 

Stéphanie-Marie Degand, violon
François Joubert-caillet, basse de viole
Bruno Procopio, clavecin

Jean-Joseph Cassanéa de Mondonville (1711-1772)
Les Sons harmoniques, Sonates à violon seul avec la basse continue (1738)

Sonate opus 4 n°1 en si mineur : Grave – Allegro – Aria. Amoroso – Allegro

Jean-Philippe Rameau (1683-1764)
Pièces de clavecin en concert (1741)

PREMIER CONCERT :
La Coulicam. Rondement – La Livry. Rondeau gracieux – Le Vézinet. Gaiement, sans vitesse

DEUXIÈME CONCERT :
La Laborde. Rondement – La Boucon. Air, gracieux – L’Agaçante. Rondement – 1er et 2e Menuet

TROISIÈME CONCERT :
La Lapoplinière. Rondement – La Timide. 1er et 2e Rondeau gracieux – 1er et 2e Tambourin

QUATRIÈME CONCERT :
La Pantomime. Loure vive – L’Indiscrète. Vivement – La Rameau. Rondement

CINQUIÈME CONCERT :
La Forqueray. Fugue – La Cupis. Rondement – La Marais. Rondement

 

Concert du 22 septembre 2015, 20h
Durée : 1h20 sans entracte

 

Eugénie Lefebvre, soprano
Stéphanie-Marie Degand, violon
François Joubert-caillet, basse de viole
Bruno Procopio, clavecin

Orchestre baroque de l’Université de Rio (OBU)
Laura Ronai, direction artistique

 

Jean-Henry d’Anglebert (1629-1691)
Prélude en sol majeur, pour clavecin

Jean-Baptiste Antoine Forqueray (1699-1782)
La Leclair, pour clavecin

Antoine Forqueray (1672-1745)
Premier Livre de Pièces de viole avec la basse continue (1747) – extraits
La Couperin – La Buisson

Claude Balbastre (1727-1799)
La Lugeac, pour clavecin

Jean-Joseph Cassanéa de Mondonville (1711-1772)
Pièces de clavecin avec voix ou violon opus 5 (1748) – extraits

Amoroso « Paratum cor meum… » – Allegro « In Domino laudabitur… »

Paratum cor meum, Deus,
Paratum cor meum,
Cantabo et psalmum dicam

(Psaume 56 verset 10)

Mon cœur est préparé, ô mon Dieu ;
Mon cœur est tout préparé :
Je chanterai, et je ferai retentir vos louanges sur les instruments.

In Domino laudabitur anima mea :
Audiant mansueti et laetentur.
(Psaume 33 verset 7)

Mon âme ne mettra sa gloire que dans le Seigneur.
Que ceux qui sont doux et humbles écoutent ceci, et qu’ils se réjouissent.

Jean-Marie Leclair (1697-1764)
Concerto pour violon opus 10 n°6 en sol mineur (ca 1743)

Allegro ma poco – Andante – Allegro

Louis-Nicolas Clérambault (1676-1749)
La Muse de l’Opéra ou Les Caractères lyriques. Cantate à voix seule et symphonie (1716)

Prélude – Récitatif – Air gai – Tempête – Récitatif – Air – Sommeil – Prélude infernal – Récitatif – Air

LA MUSE DE L’OPÉRA ou LES CARACTÈRES LYRIQUES. Cantate à voix seule et symphonie

Récitatif (fort gravement)

Mortels, pour contenter vos désirs curieux
Cessez de parcourir tous les climats du monde,
Par le puissant effort de l’art qui nous seconde,
Ici tout l’Univers se découvre à vos yeux.

Air gai
Au son des trompettes bruyantes
Mars vient embellir ce séjour ;
Diane avec toute sa cour
Vous offre des fêtes galantes ;
Et mille chansons éclatantes
Réveillent l’écho d’alentour.
Des bergers la troupe légère
Vient folâtrer sur ces gazons ;
À leurs danses, à leurs chansons,
On voit que le Dieu de Cythère
Leur a donné de ses leçons.

Tempête (fort et marqué)

Mais quel bruit interrompt ces doux amusements ?
Le soleil s’obscurcit, la mer s’enfle et s’irrite ;
Dieux ! quels terribles flots ! et quels mugissements !
La terre tremble, l’air s’agite,
Tous les vents déchainés, mille effrayants
Éclairs, semblent confondre l’Univers.
Quels sifflements affreux ! Quel horrible tonnerre !
Le ciel est-il jaloux du repos de la terre ?

Récitatif
Non, les Dieux attendris par nos cris éclatants,
Ramènent les beaux jours de l’aimable printemps.

Air
Oiseaux, qui sous ces feuillages
Formez des accents si doux,
L’Amour quand il vous engage
Vous traite bien mieux que nous ;
Il n’est jamais parmi vous
Jaloux, trompeur, ni volage.

Sommeil (doucement)
Vos concerts, heureux oiseaux,
Éveillent trop tôt l’aurore,
Laissez les mortels encore
Plongés au sein du repos.

Prélude infernal (lentement, fort et marqué)
Mais quels nouveaux accords dont l’horreur est extrême ?
Qui fait ouvrir le séjour infernal ?
Que de démons sortis de ce gouffre fatal !

Les implacables Sœurs suivent Pluton lui-même.

Récitatif

Ne craignons rien, un changement heureux
Vient nous offrir de doux présages,
Et les démons changés sous d’aimables images,
Amusent nos regards par d’agréables jeux.

Air gai et piqué
Ce n’est qu’une belle chimère
Qui satisfait ici vos vœux ;
Eh ! n’êtes-vous pas trop heureux
Qu’on vous séduise pour vous plaire ?
Dans ce qui flatte vos désir
Croyez tout ce qu’on fait paraître ;
On voit s’envoler les plaisirs
Lorsque l’on cherche à les connaître.

 

 

CD. LIRE notre critique du cd Pièces pour clavecin en concerts de Rameau par Bruno Procopio

 

VOIR notre reportage vidéo : Les Grands Motets de Rameau par Bruno Procopio à Cuenca (Espagne), Avec Maria Bayo (avril 2014)

Rio, Brésil. Bruno Procopio dirige Rameau et Clérambault

procopio_bruno_chemise_bleueRio, salle C. Mereiles, les 19 et 22 septembre 2015. Mondonville et Rameau. Ambassadeur de choc, le claveciniste et chef d’orchestre Bruno Procopio retrouve son pays natal pour deux concerts de musique baroque française. Un programme qu’il a coutume de défendre sous les tropiques, – le maestro impétueux et articulé a déjà enregistré un superbe disque d’extraits d’opéras de Rameau, ouvertures et ballets de Rameau avec le Symphonique Simon Bolivar du Venezuela à Caracas (1 cd Paraty : vrai défi d’un éclat étincelant sur instruments modernes : ” Rameau in Caracas “). Rio 2015 voit le prolongement d’un travail spécifique sur le Baroque français en Amérique Latine. Une vision artistique entre les deux Mondes, de chaque côté de l’Atlantique qui s’était déjà illustrée par un jalon précédent en mars dernier, et dans le même lieu avec la création carioca de l’opéra français néoclassique Renaud de Sacchini (1782), emblème du goût lyrique parisien favorisé par Marie-Antoinette (VOIR le reportage Renaud de Sacchini recréé à Rio par Bruno Procopio, mars 2015). Le 19 septembre (20h), concert de musique de chambre où la virtuosité concertante de Mondonville et le génie recréateur de Rameau dialoguent. Sons harmoniques du premier (1738, où Mondonville s’inspire et prolonge l’exemple de Leclair), puis cinq Concerts des Pièces pour clavecin en concert (1741).  Après les Pièces de clavecin en sonates (avec violon) de Mondonville, Rameau surpasse tout ce qui fut écrit avant lui, inventant pour chaque pièce, un titre aux références biographiques (pour certaines secrètes aux allusions à démêler par les spécialistes), qui récapitule en leur rendant hommage, tous les soutiens, patrons protecteurs, mécènes qui l’ont accompagné et soutenu pendant ses premières années parisiennes. Le cycle est l’un des favoris défendus depuis ses années d’apprentissage à Paris par Bruno Procopio qui assure la partie de clavecin.

img02_Rameau

 

 

Le 22 septembre, 20h, concert orchestral comprenant surtout Clérambault et Mondonville et quelques autres pour lequel Bruno Procopio quitte le clavecin pour la baguette, afin de diriger l’Orchestre baroque de l’Université de Rio (OBU).  Au programme deux pièces aussi rares qu’exceptionnelles : Pièces de clavecin avec voix ou violon opus 5 (1748) de Mondonville et surtout La Muse de l’Opéra ou Les Caractères lyriques, Cantate à voix seule et symphonie (1716) de Clérambault. Editée séparément en 1716, sur un poème d’Auguste Paradis de Moncrif, la cantate avec des moyens ambitieux (proches du divertissement) fait paraître la muse de l’Opéra, qui décrit les ficelles et artifices du théâtre pour exprimer les « caractères lyriques » : la variété des airs et des formes dévoile l’intelligence dramatique de Clérambault : air de triomphe avec trompette, scène pastorale avec musette, évocation de chasses au son des cors, tempête, sommeil, ramage d’oiseau, scène infernale… c’est un catalogue intelligemment combiné soit tous les motifs de l’opéra français, ici traités par un compositeur qui souhaite en démontrer et aussi cultiver sa profondeur, entre virtuosité italianisante et noblesse de la déclamation française.

 

OBU orchestre baroque de l'université de Rio Orquesra barroca da Unirio

 

 

Rameau, Clérambault, Mondonville à Rio. Grâce au CMBV, Centre de musique baroque de Versailles, le Baroque français s’exporte. Le concert est l’aboutissement d’un cycle de masterclasses et de répétitions avec les jeunes instrumentistes brésiliens, sensibilisés au style baroque français et formés à la pratique sur instruments d’époque. Un défi qui fusionne transmission et pédagogie auprès des jeunes instrumentistes encore néophytes dans l’interprétation de la musique française du XVIIIème siècle, et aussi expérience professionnelle grâce à ce concert public. Le projet fait partie des nombreux chantiers initiés par le Centre de musique baroque de Versailles, désormais ouvert à l’international, soucieux depuis quelques années de faire rayonner la connaissance et l’interprétation de la musique baroque française dans le monde. Partitions, équipe pédagogique sont les nouveaux moyens de l’institution versaillaise pour réaliser de nouveaux types de concerts, permettant aux jeunes professionnels de se perfectionner toujours et encore en se frottant  à l’accomplissement du concert publique. Il s’agit de deux premières mondiales à Rio. L’été 2015 a réalisé un autre projet du CMBV à Innsbruck en août : le festival de musique ancienne et baroque mondialement reconnu accueillait pour la première fois de son histoire, son premier opéra français, Armide de Lully (1686) dans une nouvelle production, mise en scène par Cristina Colonna sous la direction de Patrick Cohen-Akénine et avec le concours de jeunes instrumentistes et chanteurs accompagnés par le CMBV, dont pour certains, les  lauréats du Concours Cesti 2014. Reportage vidéo : Armide de Lully à Innsbruck (août 2015)

 

 

 Bruno Procopio et le CMBV : Rameau, Clérambault, Mondonville à Rio

Concert du 19 septembre 2015, 20h
Durée : 1h25 sans entracte

 

Stéphanie-Marie Degand, violon
François Joubert-caillet, basse de viole
Bruno Procopio, clavecin

Jean-Joseph Cassanéa de Mondonville (1711-1772)
Les Sons harmoniques, Sonates à violon seul avec la basse continue (1738)

Sonate opus 4 n°1 en si mineur : Grave – Allegro – Aria. Amoroso – Allegro

Jean-Philippe Rameau (1683-1764)
Pièces de clavecin en concert (1741)

PREMIER CONCERT :
La Coulicam. Rondement – La Livry. Rondeau gracieux – Le Vézinet. Gaiement, sans vitesse

DEUXIÈME CONCERT :
La Laborde. Rondement – La Boucon. Air, gracieux – L’Agaçante. Rondement – 1er et 2e Menuet

TROISIÈME CONCERT :
La Lapoplinière. Rondement – La Timide. 1er et 2e Rondeau gracieux – 1er et 2e Tambourin

QUATRIÈME CONCERT :
La Pantomime. Loure vive – L’Indiscrète. Vivement – La Rameau. Rondement

CINQUIÈME CONCERT :
La Forqueray. Fugue – La Cupis. Rondement – La Marais. Rondement

 

Concert du 22 septembre 2015, 20h
Durée : 1h20 sans entracte

 

Eugénie Lefebvre, soprano
Stéphanie-Marie Degand, violon
François Joubert-caillet, basse de viole
Bruno Procopio, clavecin

Orchestre baroque de l’Université de Rio (OBU)
Laura Ronai, direction artistique

 

Jean-Henry d’Anglebert (1629-1691)
Prélude en sol majeur, pour clavecin

Jean-Baptiste Antoine Forqueray (1699-1782)
La Leclair, pour clavecin

Antoine Forqueray (1672-1745)
Premier Livre de Pièces de viole avec la basse continue (1747) – extraits
La Couperin – La Buisson

Claude Balbastre (1727-1799)
La Lugeac, pour clavecin

Jean-Joseph Cassanéa de Mondonville (1711-1772)
Pièces de clavecin avec voix ou violon opus 5 (1748) – extraits

Amoroso « Paratum cor meum… » – Allegro « In Domino laudabitur… »

Paratum cor meum, Deus,
Paratum cor meum,
Cantabo et psalmum dicam

(Psaume 56 verset 10)

Mon cœur est préparé, ô mon Dieu ;
Mon cœur est tout préparé :
Je chanterai, et je ferai retentir vos louanges sur les instruments.

In Domino laudabitur anima mea :
Audiant mansueti et laetentur.
(Psaume 33 verset 7)

Mon âme ne mettra sa gloire que dans le Seigneur.
Que ceux qui sont doux et humbles écoutent ceci, et qu’ils se réjouissent.

Jean-Marie Leclair (1697-1764)
Concerto pour violon opus 10 n°6 en sol mineur (ca 1743)

Allegro ma poco – Andante – Allegro

Louis-Nicolas Clérambault (1676-1749)
La Muse de l’Opéra ou Les Caractères lyriques. Cantate à voix seule et symphonie (1716)

Prélude – Récitatif – Air gai – Tempête – Récitatif – Air – Sommeil – Prélude infernal – Récitatif – Air

LA MUSE DE L’OPÉRA ou LES CARACTÈRES LYRIQUES. Cantate à voix seule et symphonie

Récitatif (fort gravement)

Mortels, pour contenter vos désirs curieux
Cessez de parcourir tous les climats du monde,
Par le puissant effort de l’art qui nous seconde,
Ici tout l’Univers se découvre à vos yeux.

Air gai
Au son des trompettes bruyantes
Mars vient embellir ce séjour ;
Diane avec toute sa cour
Vous offre des fêtes galantes ;
Et mille chansons éclatantes
Réveillent l’écho d’alentour.
Des bergers la troupe légère
Vient folâtrer sur ces gazons ;
À leurs danses, à leurs chansons,
On voit que le Dieu de Cythère
Leur a donné de ses leçons.

Tempête (fort et marqué)

Mais quel bruit interrompt ces doux amusements ?
Le soleil s’obscurcit, la mer s’enfle et s’irrite ;
Dieux ! quels terribles flots ! et quels mugissements !
La terre tremble, l’air s’agite,
Tous les vents déchainés, mille effrayants
Éclairs, semblent confondre l’Univers.
Quels sifflements affreux ! Quel horrible tonnerre !
Le ciel est-il jaloux du repos de la terre ?

Récitatif
Non, les Dieux attendris par nos cris éclatants,
Ramènent les beaux jours de l’aimable printemps.

Air
Oiseaux, qui sous ces feuillages
Formez des accents si doux,
L’Amour quand il vous engage
Vous traite bien mieux que nous ;
Il n’est jamais parmi vous
Jaloux, trompeur, ni volage.

Sommeil (doucement)
Vos concerts, heureux oiseaux,
Éveillent trop tôt l’aurore,
Laissez les mortels encore
Plongés au sein du repos.

Prélude infernal (lentement, fort et marqué)
Mais quels nouveaux accords dont l’horreur est extrême ?
Qui fait ouvrir le séjour infernal ?
Que de démons sortis de ce gouffre fatal !

Les implacables Sœurs suivent Pluton lui-même.

Récitatif

Ne craignons rien, un changement heureux
Vient nous offrir de doux présages,
Et les démons changés sous d’aimables images,
Amusent nos regards par d’agréables jeux.

Air gai et piqué
Ce n’est qu’une belle chimère
Qui satisfait ici vos vœux ;
Eh ! n’êtes-vous pas trop heureux
Qu’on vous séduise pour vous plaire ?
Dans ce qui flatte vos désir
Croyez tout ce qu’on fait paraître ;
On voit s’envoler les plaisirs
Lorsque l’on cherche à les connaître.

 

 

CD. LIRE notre critique du cd Pièces pour clavecin en concerts de Rameau par Bruno Procopio

 

VOIR notre reportage vidéo : Les Grands Motets de Rameau par Bruno Procopio à Cuenca (Espagne), Avec Maria Bayo (avril 2014)

CD, compte rendu critique. Rameau : Zaïs. Rousset, 2014 (3 cd Aparté, 2014)

rameau zais rousset review account of critique cd classiquenewsCD, compte rendu critique. Rameau : Zaïs. Rousset, 2014 (3 cd Aparté). On ne saurait contester à Christophe Rouset son sens du théâtre, développé, toujours nerveux sur une vaste palette de répertoire comme l’attestent ses dernières réalisations chez Aparté déjà : Amadis, Phaéton et Bellérophon, trilogie méritante de Lully pour le XVIIè, Hercule Mourant de Dauvergne pour le XVIIIè. Ce Rameau s’inscrit très honorablement parmi les meilleures approches du chef dont une sécheresse et parfois une direction certes précise mais mécanique et un peu courte atténue l’approfondissement de certaines lectures. D’autant que dans le cas de Zaïs, ouvrage de la pleine maturité et de l’année – 1748 – miraculeuse pour le Dijonais à Versailles, il s’agit d’un double défi : orchestral comme l’atteste dès le formidable prologue, son ouverture qui avant Haydn et sa Création de 1800, exprime rien de moins que le néant originel et l’organisation du monde (le Chaos et son débrouillement) ; puis autre défi, le profil psychologique de Zélidie et de Zaïs, cette dernière étant par sa couleur tragique sentimentale,  préfiguration de la tendre Pamina de La Flûte enchantée de Mozart.

Un entretien vidéo avec le chef pour classiquenews, lors des représentations de Zaïs à l’Opéra royal de Versailles (octobre 2014) avait démontré l’ampleur visionnaire et le souffle poétique de l’écriture d’un Rameau, génie de la fragmentation, et dans les choix instrumentaux, narrateur hors pair des climats et des situations. Hélas, le livret de Cahusac, poète si réformateur et vrai complice pour Rameau, s’enlise souvent au point de développer dans des longueurs parfois difficiles à tenir, certaines situations et de nombreux affrontements qui se répètent.

piau_sandrineL’action met à l’épreuve l’amour de la mortelle Zélidie pour le génie des airs Zaïs. D’une distribution cohérente, on eut préféré pourtant diseurs plus habités et nuancés que les voix serrés mais déjà routinières des chanteurs des seconds rôles. Seuls Zachary Wilder, Sylphe pétillant et fluide, et Hasnaa Bennani, Amour charmant et gracile caractérisent sans emphase leurs rôles respectifs. Pour le trio principal, Benoît Arnould fait un Condor un peu contraint et toujours très (trop) poseur dans son costume de faux séducteur, Julian Prégardien déploie en Zaïs, une véritable dentelle linguistique idéalement tendre et de plus en plus affectueuse, mais affecté par quelques aigus déjà tendus ; reviennent à Sandrine Piau (notre photo), toutes les palmes du style et de l’articulation inventive et pourtant stylée, d’une irrésistible autorité et vocale et dramatique : sa Zélidie affirme contre les préjugés tenaces sur l’opéra de Rameau, la profondeur psychologique du personnage féminin qui aurait dû donner son nom à la partition. Retenons l’éloquence de ses récitatifs, au relief, à la caractérisation vivante qui suit chaque inflexion du texte : une démonstration de vitalité palpitante qui ressuscite chaque inflexion du texte avec une diversité expressive remarquable. Rien de tel hélas chez ses partenaires cadets.

 

Evidemment, tout ballet héroïque comprend de nombreuses entrées, divertissements, séquences purement chorégraphiques où règnent le chatoiement superlatif du toujours excellent choeur de chambre de Namur, idéalement préparé, à la diction amoureuse et engagée, à l’articulation précises et suave : un modèle ici, et pour Rameau, l’autre personnage clé de l’opéra. Malgré les épisodes parfois circonstanciels et réellement conformistes, – qui finissent par appesantir le déroulement du drame, épisodes parfaitement et strictement redevables de l’esthétique Louis XV, Rousset sait colorer et articuler l’un des orchestres les plus raffinés de Rameau.

 

 

 

VOIR le reportage vidéo de classiquenews sur ZAIS de Rameau à l’Opéra royal de Versailles par Sandrine Piau et Christophe Rousset, novembre 2014

 

 

 

 

 

 

 

Cd, compte rendu critique. Rameau : Zaïs. Julian Prégardien, Sandrine Piau, Aimery Lefèvre, Benoît Arnould, Amel B-Djelloul, Hasnaa Bennani, Zachary Wilder. Choeur de chambre de Namur. Les Talens Lyriques. Christophe Rousset, direction. 3 cd Aparte. Enregistrement réalisé à Versailles en novembre 2014.

Reprise de Platée au Palais Garnier

RAMEAU_AVED_448_Joseph_Aved,_Portrait_de_Jean-Philippe_Rameau_vers_1728Paris, Palais Garnier. Platée de Rameau : 7 septembre-8 octobre 2015. A l’origine, Rameau, compositeur officiel de la Cour de Louis XV à Versailles écrit cette Platée, comédie musicale avant l’heure, créée en 1745, d’une forme atypique mariant ballets et pantomimes à une action où les dieux sont convoqués à la noce de la Nymphe des marais, Platée. En raillant cette beauté hideuse que pourtant Jupiter annonce épouser, la partition fait basculer son propos comico satirique vers le miroir parodique : comme l’a précisé très justement William Christie lors d’une conférence concert sur Platée à l’Opéra-Comique en 2014, Platée tend le miroir aux spectateurs : ce que vous voyez, ce que vous moquez… c’est vous mêmes! Une charge sociale aussi mordante que le Falstaff de Verdi écrit à la fin du XIXè. La comédie et le stratagème mis en place pour railler Platée, sa trop coupable naïveté, épinglent en vérité l’arrogance crasse, la vanité ignorante qui règnent dans les milieux courtisans et politiques. Rameau au sommet de son art, supplante la nature même : imite le chant du hibou, le cri de l’âne, réinvente la notion même de ballet, imagine, trait génial, en un délire fameux, la Folie qui s’empare de la lyre d’Apollon, puis perfectionne tout un langage harmoniquement novateur, linguistiquement impertinent et ludique qu’il serait difficile aujourd’hui d’égaler.
La mise en scène de Laurent Pelly reste drôlatique et prend le parti de représenter Platée en grenouille, ce qui n’est justifié par aucune mention dans le livret. Qu’importe, pour souligner le fossé qui sépare l’adorable batracienne, du marais puant et nauséabond des dieux et des hommes persifleurs, la production, devenue un mythe scénique (avec Atys de Lully par William Christie) reprend donc du service avec une distribution nouvelle assez prometteuse (la soprano Julie Fuchs en Folie et Philippe Talbot dans le rôle-titre). A l’Opéra Garner à Paris, du 7 septembre 2015 et pour 13 représentations.

 

 

 

 

 

Platée de Rameau, repriseboutonreservation
Paris, Palais Garnier, du 7 septembre au 8 octobre 2015
13 représentations – 2h55 avec 1 entracte
Livret d’Adrien-Joseph Le Valois d’Orville, d’après Jacques Autreau

 

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CD, compte rendu critique. Rameau: Castor et Pollux. Pygmalion. Raphaël Pichon, direction (2 cd Harmonia Mundi).

rameau-castor-et-pollux-version-1754-raphael-pichon-pygmalion-cd-harmonia-mundi-2-cd-comptre-rendu-critique-classiquenews-juillet-2015CD. Rameau: Castor et Pollux. Pygmalion. Raphaël Pichon, direction (2 cd Harmonia Mundi). Même si elle ne manque pas d’éloquence instrumentale ni de délicatesse orchestrale (la direction du chef est de ce point de vue, idéalement équilibrée et minutieuse), cette lecture souffre d’un plateau de protagonistes trop disparate.  Le Castor  de Colin Ainsworth déçoit de bout en bout par un manque de soutien, des aigus contournés et un style empoulé et précieux dont les artifices dénaturent le simple récitatif de Rameau. Séjour de l’éternelle paix sans tenue s’effiloche, sans vrai accentuation : le chanteur reste à côté et du personnage et de la situation ; même constat pour la mezzo Clémentine Margaine : Phébé, surexpressive d’un bout à l’autre. Les deux solistes s’enferment dans une lecture linéaire, réductrice et finalement caricaturale de leur personnage respectif : Castor ne cesse de se lamenter, de s’alanguir mollement; Phebé perd toute justesse à force d’exhorter : ses imprécations répétitives s’enlisent; fautive / perfectible, leur conception même du récitatif français qui manque singulièrement de finesse comme de précision : l’art de Rameau est ainsi, il ne souffre aucune imperfection
Meilleurs sont la Telaire d’Emmanuelle de Negri (remarqiable intensité et doloriste contenue, subtilite de l’articulation) ; Pollux du baryton Florian Sempey, même si ce dernier affiche un timbre voilé qui gêne la parfaite clarté de son texte. Son chant semble continûment serré, engorgé.

Ambassadeur d’un Rameau ciselé, Pichon dévoile une remarquable sensibilité instrumentale pour la version de Castor et Pollux 1754

Réussite surtout orchestrale

Parmi les meilleures séquences celle d’Hébé qui ouvre la fin du IV, grâce à l’intervention de la soprano Sabine Devieilhe (rayonnante vocalité) qui diffuse ce parfum de sensualité enivrée dans l’un des tableaux les plus délicats et amoureux de tout le théâtre ramélien : “Voici les dieux. …” Les deux gavottes pour Hebe synthétisent tous les défis de la partition entre respiration et flexibilité comme suspendu et porté par les flûtes qui doivent être incandescentes et d’une subtilité rayonnante. Même français tendre et superbement articulé du ténor Philippe Talbot pour Mercure, et l’air victorieux lumineux de l’athlète. Assurément les piliers vocaux de cette version dont la plus remarquable réussite se situe chez les instruments.

Danses en légèreté volubile et instrumentalement détaillées mais parfois courtes, tous les intermèdes flattent l’oreille par un raffinement instrumental précis et équilibré qui sait nuancer dramatisme et suprême délicatesse. Raphaël Pichon pêche même par un excès de retenue qui s’apparente à de la froideur. Néanmoins parmi les remarquables prouesses de l’orchestre attestant d’une maîtrise des danses entre gracieuse suavité et nerf rythmique l’entrée d’Hébé, surtout, gorgées de saine aération, les gavottes pour la même Hébé décidément inspirante (l’époux de la soprano Devieilhe serait-il porté par l’angélisme suave que lui inspire sa compagne à la ville ?); la précision mordante trépidante des passe pieds pour les Ombres heureuses et la très longue ritournelle affligée pudique de Telaire au début du V restent elles aussi irrésistibles. Comme, pièce maîtresse, la chaconne finale subtil équilibre entre abandon enchanté et inéluctable finalisation le tout articulé et scintillant de milles éclats instrumentaux …
Les choeurs sont diversement convaincants selon les épisodes. A part les hommes (Demons : Brisons les chaines), le choeur manque de précision linguistique d’une façon générale, certes bons exécutants mais en retrait continu : la fête de l’univers qui clôt le drame manque singulièrement d’ampleur et d’aérienne majesté : c’est quand même l’apothéose des deux frères Dioscures à laquelle Rameau dédie son final.

Version essentiellement instrumentale ou la précision reste souveraine et sous le geste du chef affirme une délicatesse d’intonation passionnante; mais il manque le concours de solistes vrais personnalités dramatiques et dans l’enchaînement des tableaux, un sens du théâtre continu.

C’est donc une lecture intéressante du point de vue instrumentale, mais cette version ici et là encensée comme la nouvelle référence, est loin de la maturité des aînés, pionniers chez Rameau et d’une toute autre inspiration : Harnoncourt ou Christie décidément inégalables pour la compréhension profonde de l’opéra le plus joué du vivant de Rameau et après sa mort jusqu’à la chute de l’ancien régime sous le règne de Marie-Antoinette. Si Harmonia Mundi avait opté pour un disque d’extraits comme une Suite de danses, le geste affûté, ciselé et délicat de Pichon aurait mérité un CLIC de classiquenews, assurément.

CD. Rameau : Castor et Pollux (version 1754). Avec Philippe Talbot (Mercure, Un Athlète), Sabine Devieilhe (une Suivante d’Hébé), Emmanuelle de Negri (Télaïre), … ChÅ“ur et orchestre Pygmalion. Raphaël Pichon, direction. 2 cd Harmonia Mundi HMC 902212.13. Enregistré à Montpellier en juillet 2014