samedi 25 janvier 2025

Saintes. Hérold et Gossec par le JOA

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JOA jeune orchestre de l abbaye saintes classiquenews IMG_4030-BD©-Sébastien-Laval-400x267Saintes, Abbaye aux dames. Concert Mozart,Hérold,Gossec. Le 5 novembre 2015,Hervé Niquet. C’est l’un des jeunes orchestres les plus dynamiques et formateur de l’Hexagone. Le JOA ex Jeune Orchestre Atlantique, aujourd’hui rebaptisé Jeune Orchestre de l’Abbaye (celle des Dames de Saintes), réunit à chacune de ses sessions de travail, la crème des jeunes instrumentistes sur instruments d’époque. Pour chaque nouveau programme, un compositeur soit romantique soit classique : prétexte décisif pour s’immerger dans la pratique et l’esthétique des XVIIIè ou XIXè siècle. On se souvient de formidables répétitions préparatoires pour la Symphonie de Cherubini, jalon essentiel du romantisme français naissant… sous la férule d’un chef affûté exigeant, David Stern (l’actuel directeur de la troupe lyrique Opera fuoco).

Niquet herveEn novembre 2015, c’est au tour d’Hervé Niquet de jouer les pédagogues communicatifs et charismatiques pour l’interprétation d’oeuvres majeures du symphonisme premier en France, signé Hérold (le Beethoven français) et Gossec (qui invente littéralement la symphonie en France à l’époque de Haydn et de Mozart). Elegance, mesure, mais aussi éloquence instrumentalement détaillée et couleurs nouvelles composent un cocktail éminemment français qui au carrefour des XVIIIè/XIXè, façonne les ferments du romantisme à la française. Aux côtés de la Symphonie n°39 de Mozart (un jalon important qui fait la synthèse des avancées orchestrales au XVIIIè), les Symphonies de Gossec (opus VIII n°2 en fa majeur) et Hérold (n°2 en ré majeur) sont les nouveaux défis des jeunes instrumentistes réunis à Saintes, lors de répétitions puis d’un concert (ce jeudi 5 novembre 2015 à 20h) qui promettent d’être captivants. Le symphonisme historiquement informé s’apprend à Saintes et y apportent ses fruits exaltants, et nul par ailleurs. Concerts événement.

 

 

 

Wolfgang Amadeus Mozart
Symphonie n° 39 en mi bémol majeur, KV 543

Ferdinand Hérold
Symphonie n°2 en ré majeur

François-Joseph Gossec
Symphonie opus VIII n°2 en Fa Majeur

 

Jeune Orchestre de l’Abbaye
Hervé Niquet, direction

 

 

 

 

 

boutonreservationSaintes, La Cité musicale
Abbaye aux Dames, Jeudi 5 novembre 2015, 20h
Durée : 1h30 / Tarifs de 8 à 25€

 

 

 

 

APPROFONDIR : Mozart, Gossec, Hérold : le Symphonisme européen entre classicisme et préromantisme

herold-ferdinand-herold-le-pre-aux-clercs-portrait-symphonie-n2-classiquenewsAu moment où Joseph Haydn (1732-1809) élabore puis perfectionne la forme de la symphonie classique viennoise, son contemporain, né deux ans après lui en 1734, François-Joseph Gossec (1734-1829), propose également un modèle symphonique où s’affirme le caractère de l’orchestre tel que nous le connaîtrons bientôt. L’activité de Gossec à Paris est essentielle dans la capitale française : il y impose peu à peu le nouveau genre (symphonique), suscitant un réel engouement du public, au Conservatoire et au Concert Spirituel entre autres. L’ouverture que joue Hervé Niquet et le Jeune Orchestre de l’abbaye (JOA) témoigne de cette écriture visionnaire, déjà très élaborée qui place Gossec aux côtés de Haydn, comme l’inventeur du genre.
Vienne s’impose néanmoins comme la capitale de la Symphonie grâce à un autre génie musical, Mozart qui grand connaisseur et admirateur de Haydn, contribue lui aussi à faire évoluer le genre : ses 3 dernières symphonies, – n°39,40 et 41-, composées à la fin des années 1780, constituent en réalité un triptyque unitaire (que Nikolaus Harnoncourt récemment a abordé en y relevant les jalons d’un testament musical, qu’il appelle « oratorio instrumental »…). LIRE notre critique du coffret cd Mozart : les 3 dernières Symphonies de Mozart, un oratorio instrumental).
 

 

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La première, pleine d’élan et de liberté audacieuse est un vrai défi pour l’orchestre et le prélude à cette aventure orchestrale unique dans l’histoire de la musique. Méconnu mais récemment redécouvert, le romantique français Hérold (comme Onslow) affirme un tempérament égal qui, chronologie oblige (il est né en 1791, l’année même de la mort de Mozart) fait évoluer comme Beethoven, le développement symphonique, des Lumières vers le Romantisme naissant. Après ses aînés, pionniers fondateur du genre, – Gossec, Haydn, Mozart, – Hérold, élève de Kreutzer et de Catel, affirme une nouvelle esthétique dans sa Symphonie n°2 en ré majeur : celle du premier romantisme français : une claire assimilation du style de Beethoven acclimatée au goût du public parisien pour la virtuosité. Composée en 1814, sans trompettes ni timbales, la Symphonie n°2 est créée avec un grand succès en Italie : d’après ce que le compositeur écrit à sa mère, l’Andante et le Rondo (- tous deux hommages explicites à Haydn) ont particulièrement marqué les esprits. L’introduction lente du premier mouvement, audacieuse dans ses richerches harmoniques (Hérold se montre ici un digne suiveur de Méhul dont il fut aussi l’élève) ; dans le troisième mouvement, allegro molto, Hérold glisse un subtil mouvement de valse, rythme alors très à la mode, défendu par les violons. véritable synthèse du genre symphonique sous l’Empire, la Symphonie d’Hérold a aussi la subtilité de références maîtrisées : l’humour et l’élégance sont évidemment des emprunts au caractère de la symphonie viennoise fixée par Haydn (et qu’il a encore magnifié dans ses fameuses Symphonies londoniennes, ses plus tardives).
Complet, associant styles classique viennois et premiers feux du romantisme français, le programme défendu  à Saintes par les jeunes instrumentistes du JOA, s’annonce prometteur : révélant des écritures aussi diverses qu’intensément caractérisées,  d’autant plus expressives qu’elles sont ici jouées sur instruments anciens.

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