Reportage vidéo (2/2). Angers Nantes Opéra. Pelléas et Mélisande. Contrairement à bien des réalisations jouant sur le symbolisme ou l’abstraction (voyez l’épure atemporelle imaginée par Bob Wilson par exemple), la mise en scène d’Emmanuelle Bastet joue a contrario sur le réalisme d’une intrigue étouffante, au temps psychologique resserré, aux références cinématographiques et picturales, efficaces, esthétiques. Ce retour du théâtre à l’opéra qui inscrit situations, confrontations, vagues extatiques dans la réalité d’une famille aristocratique à l’agonie apporte aux héros de Maeterlinck, une présence nouvelle dont la personnalité se révèle dans chaque détails ténus : regards, attitude, mouvements. Autant d’éléments qui restituent à la partition sa chair et sa mémoire émotionnelle, d’où jaillit et prend corps chacun des tempéraments humains. A ce travail minutieux sur le direction des acteurs, où chaque élément du décor pèse de tout son poids parce qu’il signifie plus qu’il n’occupe l’espace, répond un esthétisme souvent éblouissant qui emprunte au langage cinématographique d’un Hitchcok … des images poétiques dont la puissance suggestive révise aussi les tableaux de l’américain Edouard Hopper : ainsi l’immense fenêtre, rideaux dans le vent, ciel d’azur. … qui fait souffler le grand vent extatique pour le premier duo de Pelléas et Melisande (scène de la tour), en un tableau qui restera mémorable ; échappée salutaire également à la fin de l’action qui signifie pour l’enfant et le jeune nourrisson qu’il porte fébrilement, l’espoir d’un monde condamné… Lire notre compte rendu critique de Pelléas et Mélisande présenté par Angers Nantes Opéra