samedi 20 avril 2024

Rameau : Platée, 1745. Le triomphe de la musique

A lire aussi

L'année Rameau 2014 : les temps fortsRameau: Platée, 1745. La clé de Platée, opéra comédie mais aussi ballet comique qui revisite les chorégraphies pour la Cour de France parmi les plus déjantées, demeure certainement l’apparition de la Folie à l’acte II. C’est une création élaborée par le compositeur officiel de Louis XV qui  » ose  » ce que nul autre avant lui n’avait produit. Pour une oeuvre de commande, destinée à être jouée devant la Cour et le Roi, Rameau n’hésite pas à réinventer un genre nouveau où la fantaisie du poète musicien souligne la prééminence indiscutable de son art comme compositeur. Le Bouffon, le truculent, le fantasque préfigurent 10 ans avant la fameuse Querelle, l’impact de la drôlerie la plus extravagante mais tissée avec quelle subtilité. Dans Platée, jamais Rameau n’ a semblé plus personnel, audacieux, visionnaire. Un moderne qui n’a toujours pas été estimé à sa juste place.

 

 

 

La Folie, divine musicienne

 

Rameau n’y fait pas que parodier les formules classiques de la tragédie lyrique héritée de Lully ; il égale la fantaisie libre des Italiens, leur séduction mélodique et surtout invente un nouveau genre purement musical sur un prétexte inédit emprunté à l’Antiquité (avant Gluck) ; celui où sa muse, la Folie ayant dérober la lyre d’Apollon, imagine de nouveaux et très brillants concerts… pathétique, comique, héroïque, lugubre ou fantasque… le compositeur démontre l’autonomie poétique de la musique ; il souligne combien, a contrario de tout ce qui a été réalisé avant lui, verbe et musique sont indépendants : la musique du simple fait des accords et de l’harmonie peut exprimer les sentiments les plus subtiles. C’est un langage à part entière. Dans Platée, Rameau exprime le triomphe de la musique sur la poésie, le drame, la danse…

Si Phaéton le fils du soleil se montre incapable de dominer le char solaire (voir ici la tragédie de Lully sur le thème mythologique), la Folie en revanche possédant l’instrument solaire, se révèle inégalable. D’une exceptionnelle maîtrise. Pour Rameau c’est un coup de génie qui assoit définitivement sa manière si personnelle au panthéon des meilleurs créateurs français à l’opéra.

 

 

- Sponsorisé -
- Sponsorisé -
Derniers articles

CRITIQUE CD événement. JULIUS ASAL, piano : Scriabine / D Scarlatti (1 cd DG Deutsche Grammophon)

Voilà assurément un programme fascinant en ce qu’il est aussi bien composé qu’interprété. S’y distingue le tempérament intérieur, d’une...
- Espace publicitaire -spot_img

Découvrez d'autres articles similaires

- Espace publicitaire -spot_img