RAMEAU 2014 : les temps forts de la saison anniversaire … Avec les célébrations dédiées à Rameau en 2014, l’année anniversaire des 250 ans de sa disparition (alors en pleine répétitions de son opéra Les Boréades, 1764), les amateurs ou ceux qui le méconnaissent encore trop pourront se fait leur propre idée du plus grand génie lyrique et symphonique du XVIIIè en France, à l’égal des Bach, Vivaldi, ou Handel ses contemporains…
Rameau 2014
l’année baroque spectaculaire
Voici une année 2014 qui met Jean-Philippe Rameau à l’honneur : bilan sur les productions importantes annoncées pour l’occasion d’ici décembre 2014. Il reste surprenant concernant l’Opéra national de Paris, subventionné par la manne publique et le contribuable, de n’afficher en 2014 aucun opéra de Rameau quand le Dijonais destina la majorité de ses opéras et ballets aux institutions officielles ; quand les autres scènes nationales ou pas, n’ayant pas assez de moyens préfèrent aux grandes tragédies lyriques budgétivores, les formes médianes moins ambitieuses : comédies, opéra-ballet, pastorale … c’est donc une année Rameau qui aurait pu être plus représentative de l’ampleur d’une inspiration qui atteint souvent l’excellence et l »inouï.
L’offre Rameau 2014 souffre de fait de l’absence cruelle d’une nouvelle grande production d’une tragédie majeure du compositeur … Pourquoi n’avoir pas repris Hippolyte et Aricie par exemple sous la baguette de William Christie au Palais Garnier ? En 2014 point de tragédies spectaculaires et tragiques mais plutôt l’esprit de la danse et de la comédie … signes des temps, l’agenda privilégie le divertissement et l’insouciance heureuse. Qu’importe, Rameau fut aussi inspiré et audacieux dans tous les genres !
Ils sont tous sur le pont : les Rousset, Niquet, Pichon, Dhérin, anciens et nouveaux talents, diversement engagés engageants … sans omettre le plus convaincant d’entre tous et ce depuis des années : William Christie et ses irremplaçables Arts Florissants. Sans eux, la fête Rameau eut été sans éclat. Pour nous l’événement reste la nouvelle Platée du duo Christie / Carsen (Opéra Comique, du 20 au 30 mars 2014) et aussi une nouvelle production signée Bill, depuis longtemps champion incontesté de la magie ramélienne : La naissance d’Osiris, Daphnis et Eglé …. nouveau spectacle intitulé Rameau, maître à danser, à ne pas manquer à Caen (4-8 juin 2014).
L’année Rameau 2014
Rosemary Joshua, Chantal Santon,
Reinoud van Mechelen, Tassis Christoyannis
Les Surprises de l’Amour
Sébastien d’Hérin, direction
Virginie Pochon, Karine Deshayes…
Jean-Sébastien Bou, Mathias VidalDijon, Auditorium
Le 14 février 2014
Les Indes Galantes
Chr. Rousset, direction
Laura Scozzi, mise en scène
Amel Brahim Djelloul, Judith van Wanroij, Nathan Berg, Thomas Dolié …
Opéra de Bordeaux
les 21,23, 25 et 27 février, puis 1er mars 2014
Nélée et Myrthis
(couplé avec La servante maîtresse de Pergolesi)
Pablo Pavon, direction
Opéra Théâtre de Clermont Ferrand
Le 27 février 2013
Les fêtes de l’Hymen et de l’amour
Hervé Niquet, direction
Rosemary Joshua, Chantal Santon, Reinoud van Mechelen, Tassis Christoyannis
Paris, TCE, le 11 mars 2014
Platée
William Christie, direction
Robert Carsen, mise en scène
Marcel Beekman, Cyril Auvity, Emmanuel de Negri…
Marc Mauillon, Joa Ferndandes
Paris, Opéra Comique
Les 20, 22, 24, 25, 27 et 30 mars 2014
Castor et Pollux
en version de concert
Raphaël Pichon, direction
Bernard Richter, Katia Velletaz, Judith Van Wanroij…
Opéra de Besançon
Le 20 mars 2014
Opéra de Bordeaux
Le 22 mars 2014
La Naissance d’Osiris
Daphnis et Eglé
nouvelle production
William Christie, direction
Sophie Daneman, mise en scène
Opéra Théâtre de Caen
Les 4, 5, 7 et 8 juin 2014
Caen, Manège de l’Académie
Platée
Chr. Rousset, direction
Mariane Clément, mise en scène
Ana Camelia Stefanescu, Cyril Auvity, Thomas Dolié
Strasbourg, Mulhouse, Opéra du Rhin
Du 13 juin au 1 juillet 2014
Agenda, suite
opéras, cantates, motets et ballets de Rameau à l’affiche en 2014
Pas de grandes productions en version scénique mais quelques tragédies en concert (Castor, Les Boréades), surtout plusieurs ballets dont le plus enchanteur et le plus inventif de tous, Les Indes Galantes clôture l’année Rameau en décembre…
de juillet à décembre 2014
Les temps forts en 16 dates
La sélection de classiquenews.com
Zaïs, 1748, ballet héroïque
Beaune, le 5 juillet 2014, 21h
Les Talens Lyriques. Benoît Arnould, Zachary Wilder, Hasnaa Bennani…
version de concert. Zaïs est une féerie orientale structurée en ballet héroïque : un génie de l’air sait renoncer à ses pouvoirs pour ne pas perdre la mortelle qu’il aime. Là encore le génie de Rameau s’exprime librement dans une musique évocatoire inouïe (le chaos et la naissance de l’univers dans le Prologue) dont l’essence déploie le mouvement chorégraphique car le ballet est au cœur d’un nouveau divertissement désormais souverain, vraie alternative à la déferlante de l’opéra italien…
Les Boréades, 1764, tragédie lyrique
Aix en Provence, GTP, le 18 juillet, 20h
Les Musiciens du Louvre. Julie Fuchs…
version de concert. Le dernier opéra de Rameau jugé trop moderne, injouable mais surtout séditieux voire dénonciateur : Rameau y représente la tyrannie des princes Boréades et la supplice qu’ils infligent sans ménagement à l’héroïne, sont d’une violence inédites sur une scène lyrique, est définitivement censuré. Cahusac le fidèle librettiste « ose » dans la lignée de Voltaire, avec lequel Rameau a composé Samson (également censuré), dénoncé la barbarie inhumaine des puissants. Musicalement, le compositeur n’a jamais été aussi expérimental, audacieux, transgressiste, … à 80 ans ! Un miracle de longévité exceptionnelle. Il meurt pendant les répétitions.
Castor et Pollux, 1737 (2ème version de 1754)
Montpellier, Le Corum, le 24 juillet 2014, 20h
Pygmalion. Stéphane Degout (Pollux), Sabine Devieilhe (Cléone)…
version de concert
Castor et Pollux, 1737 (2ème version de 1754)
Beaune, le 26 juillet 2014, 21h
Pygmalion. Stéphane Degout (Pollux), Sabine Devieilhe (Cléone)…
version de concert
Castor et Pollux créé en 1737 est remanié profondément en 1754 : preuve supplémentaire du génie d’un Rameau toujours insatisfait, qui remet sur le métier encore et toujours l’efficacité dramatique de son inspiration. Prologue et acte sont totalement remaniés (le prologue même disparaît pour mieux plonger dans l’action) : Télaïre à laquelle Rameau réserve son sublime lamento funèbre (Tristes apprêts, pâles flambeaux…) aime Castor mais elle est promise au frère jumeau de ce dernier, Pollux (baryton): celui ci renonce à elle et tente même de ressusciter son frère mort en le cherchant jusqu’au enfers. Là encore l’amour est source miraculeuse, permet le dépassement des destins individuels, souligne tout ce que l’homme a de meilleur : loyauté, fraternité, sacrifice…
Cantates, Pièces pour clavecin en concerts
Petis opéras chez Rameau
Festival Musique et Mémoire
Eglise de Faucogney, le 18 juillet, 21h
Les Timbres
Grands motets sacrés, vers 1714
Quam dilecta, In convertendo
(couplés aux grands motets de Mondonville)
William Christie, Les Arts Florissants
Beaune, basilique ND, le 27 juillet 2014, 21h
concert commémorant les 30 ans des Arts Florissants à Beaune
concert CLIC de CLASSIQUENEWS
Tournée des Arts Florissants, William Christie
9 dates : du 22 juillet au 11 octobre 2014
De son côté William Christie, maître incontestable de la dramaturgie ramiste, alterne les motets de Rameau avec ceux de son successeur Mondonville dont il partage la qualité des mélodies et le sens de la caractérisation dramatique : Dominus Regnavit et In exigu Israel sont mis en regard avec deux motets de Rameau : Quam dilecta et In convertendo Dominus.
Déjà abordés au concert et au disque (sublime réalisation), les motets de Mondonville permettent à Bill d’affiner encore son geste musical, dévoilant chez le Narbonnais, une théâtralité palpitante héritière des accomplissements de son aîné Rameau : solennité mais humanité, ferveur et raffinement, vivacité prodigieuse, construction harmonique audacieuse, articulation du verbe ciselée, mordante, agissante. Sans élèves directs, Rameau a su transmettre sa géniale créativité : Dauvergne comme Mondonville après lui savent perpétuer son style autant orchestrale, chorale que vocale…
Tournée Grands Motets de Rameau et de Mondonville
William Christie, direction
9 dates 2014 : Abbaye de Lessay (22 juillet) – Salzbourg (25 juillet) – Beaune (27 juillet) – BBC Proms (29 juillet) – Cité de la musique (2 octobre) – Ambronay (4 oct) – Versailles (7 octobre) – Poissy (10 octobre) – Royaumont (11 octobre)
Toutes les infos sur le site des Arts Florissants William Christie
Pièces de clavecin en concerts, 1741
Bruno Procopio, clavecin et direction
Alexis Kosssenko, flûtes
La Côte Saint-André, festival Berlioz, le 25 août 2014, 17h
Les Boréades, 1764
Versailles, Opéra royal. Les Musiciens du Louvre
Les 5,11 octobre 2014, 16h, 20h
Les Boréades, 1764
Grenoble, MC2, Les Musiciens du Louvre
Le 13 octobre 2014, 20h
Le temple de la gloire
Versailles, Château. Les Agrémens, Guy Van Waas, direction
Le 14 octobre 2014, 20h
Grands Motets
Pontoise, Cathédrale Saint-Maclou, le 19 octobre, 17h
Les Passions, Orchestre Baroque Montauban
Zaïs
Versailles, Opéra royal, le 18 novembre, 20h
Les Talens lyriques
Concert Rameau : La Princesse de Navarre, Castor et Pollux (Suites)
Motets : In convertendo
Versailles, Galerie des Glaces, le 22 novembre 2014, 21h
Les Indes Galantes
Châtenay Malabry, La Piscine, les 25 et 26 novembre, 19h30
Jérôme Corréas
Les Indes Galantes
Compiègne, théâtre impérial, le 5 décembre, 19h30
Jérôme Corréas
Les Indes Galantes
Reims, les 19 et 20 décembre, 19h30
Jérôme Corréas
Le 2ème ouvrage lyrique de Rameau, après le choc esthétique que fut la tragédie Hippolyte et Arice appartient au genre hybride de l’opéra-ballet : l’intrigue unificatrice se concentre à travers les entrées successives aux climats distincts, sur l’amour et l’effusion amoureuse chez les peuples indiens (Indes Occidentales : Amérique et Indes orientales : Asie). A la suite de l’Europe Galante de Campra son prédécesseur, Rameau prolonge la lyre sensuelle française en un divertissement où l’esprit central de la danse rétablit la cohérence du cycle. Selon Cahusac, le librettiste de Rameau et son fidèle collaborateur, il s’agit d’inventer de nouvelles formes…. une action réformatrice et inventive à laquelle la génie inventif du Dijonais ne pouvait que souscrire… Un après sa création en 1735 (où l’œuvre suscite un triomphe jamais démenti), Rameau ajoute une quatrième entrée : celle des Sauvages dont l’action se déroule en Amérique. Le sentiment amoureux et l’exquise sensualité de l’écriture orchestrale n’empêchent pas les évocations spectaculaires comme l’irruption du volcan et le tremblement de terre (Incas)… preuve que pour Rameau, l’expression des passions humaines ne saurait se déployer sans le murmure et la présence de l’impressionnante nature. La partition voyage ainsi de Turquie au Pérou, puis de Perse en Amérique. Les points forts de la partition : le ballet des fleurs (3ème entrée) et l’acte des Sauvages (4ème entrée), véritable drame sombre et profond.
+ d’infos, voir tout l’agenda RAMEAU 2014 sur le site du CMBV dédié à l’année RAMEAU 2014