Rameau 2014. Les Grands Motets en concert. Bruno Procopio, William Christie. En 2014, l’agenda des concerts met en avant l’inspiration sacrée de Rameau ; deux interprètes d’exception offrent leur vision des Grands Motets : Bruno Procopio, ardent ramiste et le plus audacieux de la nouvelle génération des raméliens (n’hésitant pas à jouer Rameau à Caracas sur instruments modernes avec l’orchestre Simon Bolivar en une expérience musicale depuis saluée par le disque!), et aussi, le maître pour tous, pionnier de la reconnaissance de Rameau en France et son meilleur serviteur, le plus inspiré, Willam Christie et ses fascinants Arts Florissants… Avant d’être le génie de l’opéra, Rameau, tâcheron plus ou moins connu, plus ou moins apprécié pour ses écarts imprévisibles à l’orgue (ses improvisations fascinent et terrifient à la fois par leurs audaces) dans plusieurs paroisses Avignon, Clermont-Ferrand, Montpellier, Dijon…, apprend, perfectionne son métier. Avant Paris (rejoint en 1722), le compositeur prépare son séjour à la Cour, traitant déjà la forme officielle (Lullyste) du grand motet. Inspiré par le cérémonial liturgique officiel dont celui royal, pour l’Ordinaire des Messes, Rameau s’intéresse au genre qu’il renouvelle considérablement avec cette touche dramatique, cette science harmonique et mélodique dont il a le secret. Le dijonnais enrichit sensiblement le genre qu’avant lui, Lully et Dumont ont porté à Versailles en une forme accomplie.
En d’autres termes, pas encore auteur lyrique, Rameau importe déjà l’opéra à l’église : ses motets offre une ambition des moyens expressifs jamais vue jusque là. D’un corpus certainement plus étendu à l’origine, il nous reste principalement trois motets, d’un souffle et d’une portée là aussi visionnaires, dont l’expressivité et les audaces musicales annoncent les grandes réalisations à l’opéra, à partir des années 1730 (1733: création scandaleuse d’Hippolyte et Aricie). A l’église, Rameau apprend et perfectionne le métier. A l’opéra, il révèle son génie.
Véritable acte de ferveur, volontiers théâtral, le grand motet d’une durée moyenne de 20 mn ouvre la messe, avec faste et solennité (réunissant chœur, solistes et orchestre). Lui succède, pièce plus intime, le petit motet pour solistes et basse continue. Enfin, conclusion majestueuse, propre à la monarchie française, le Domine salvum fac regem apporte une fin digne du cérémoniel royal.
Trois pièces majeures ont subsisté à ce jour (une quatrième Exultet coelum laudibus avait été redécouverte puis disparut de nouveau) : In Convertendo, Deus noster refugium, Quam dilecta tabernacula.
Concert de clôture festival de Cuenca 2014
Semana de musica religiosa de Cuenca (Castilla La Mancha, Espagne)
Bruno Procopio. Les Siècles
Samedi Saint 19 avril 2014, Auditorio de Cuenca, 20h30
Jean-Philippe Rameau (1683-1764)
Quam dilecta
I – Quam dilecta
II – Cor meum et caro mea
III – Et enim passer
IV – Altaria tua
V – Beati, qui habitant
VI – Domine, Deus virtutum
VII – Domine virtutum beatus homo
Deus noster refugium
I – Deus noster refugium
II – Propterea non timebimus
III – Sonuerunt et turbatae sunt
IV – Fluminis impetus
V – Deus in medio ejus
VI – Conturbatae sunt gentes
VII – Dominus virtutum nobiscum
VIII – Venite et videte
IX – Arcum conteret et confringet arma
X – Dominum virtutum nobiscum
In convertendo
I – In convertendo
II – Tunc repletum est gaudio os nostrum
III – Magnificavit Dominus
IV – Converte Domine captivitatem nostram
V – Laudate nomen Dei cum cantico
VI – Qui seminant in lacrimis
VIII – Euntes ibant et flebant
Tournée des Arts Florissants, William Christie
9 dates : du 22 juillet au 11 octobre 2014
De son côté William Christie, maître incontestable de la dramaturgie ramiste, alterne les motets de Rameau avec ceux de son successeur Mondonville dont il partage la qualité des mélodies et le sens de la caractérisation dramatique : Dominus Regnavit et In exigu Israel sont mis en regard avec deux motets de Rameau : Quam dilecta et In convertendo Dominus.
Déjà abordés au concert et au disque (sublime réalisation), les motets de Mondonville permettent à Bill d’affiner encore son geste musical, dévoilant chez le Narbonnais, une théâtralité palpitante héritière des accomplissements de son aîné Rameau : solennité mais humanité, ferveur et raffinement, vivacité prodigieuse, construction harmonique audacieuse, articulation du verbe ciselée, mordante, agissante. Sans élèves directs, Rameau a su transmettre sa géniale créativité : Dauvergne comme Mondonville après lui savent perpétuer son style autant orchestrale, chorale que vocale…
Tournée Grands Motets de Rameau et de Mondonville
William Christie, direction
9 dates 2014 : Abbaye de Lessay (22 juillet) – Salzbourg (25 juillet) – Beaune (27 juillet) – BBC Proms (29 juillet) – Cité de la musique (2 octobre) – Ambronay (4 oct) – Versailles (7 octobre) – Poissy (10 octobre) – Royaumont (11 octobre)
Toutes les infos sur le site des Arts Florissants William Christie