Paris : Exposition Rameau et la scène (Palais Garnier, 16 décembre 2014-8 mars 2015). Pour les 250 ans de la mort de Jean-Philippe Rameau (1683-1764), à défaut d’avoir programmer une tragédie lyrique du compositeur dijonnais (omission impardonnable de la part de l’institution pour laquelle Rameau a conçu son théâtre lyrique et livrer ses plus grandes partitions théâtrales), le Palais Garnier et sa Bibliothèque-Musée présentent, compensation opportune, une exposition à partir du mois de décembre 2014 et jusqu’en mars 2015. « Rameau et la scène », le titre précise ce qui sera mis en avant sur les cimaises du musée. Avant les baroqueux des années 1960-1970 dont le premier ramélien sur instruments d’époque (William Christie), D’Indy et Saint-Saëns puis Debussy, à l’époque où il fallait régénérer l’art français en puisant dans son glorieux passé national, ont su distinguer le génie du plus grand compositeur du XVIIIè : harmoniste virtuose, expérimentateur génial, théoricien plutôt polémiste et très argumenté (vis à vis de JJ Rousseau et des Encyclopédistes), réinventeur (après Lully) de l’opéra tragique (Hippolyte et Aricie, Castor et Pollux, Dardanus, Zoroastre…), de la comédie musicale (Platée), de l’opéra-ballet (Les Indes Galantes, Les fêtes d’Hébé)… , un érudit sensuel d’une audace jamais vue jusque là. S’il ne créée pas véritablement chacune de ses formes lyriques, il en donne des exemples décisifs qui assurent la pérennité de chaque genre. L’exposition parisienne 2014/2015 souhaite récapituler les ferments du génie de Rameau à la scène : les opéras du Dijonais sur la scène lyrique parisienne de leur création à nos jours, des chefs d’oeuvres pour la Cour versaillaise de Louis XV aux productions plus récentes à l’Opéra Comique. Que signifie Rameau aujourd’hui dans le goût moderne ? Quelles avancées reconnaître à ses ouvrages tragiques, chorégraphiques et comiques ? Quel déploiement visuel pour chaque production ? Quels grands interprète de Rameau : chanteurs tels Jélyotte ou Marie Fel, mais aussi premières étoiles de la danse : Marie Sallé ou La Camargo ! Comment chanter Rameau ? Rameau préférait-il le chant ou le texte ? Et comment fut-il un orchestrateur inouï, capable de couleurs et de combinaisons déjà debussystes ? Réponses au Palais Garnier, Galerie des expositions de la Bibliothèque Musée de l’Opéra, à partir de novembre 2014.
Un remarquable catalogue est conjointement édité par la BNF, 216 pages, 143 illustrations, qui met en lumière les étapes de la redécouverte de Rameau au début du XXème siècle puis sur instruments anciens grâce à William Christie., Gardiner, Malgoire et leurs disciples… Entretiens avec Jean-Paul Fauchécourt (sur le chant et l’articulation du texte), avec Jean-Marie Villégier (sur le génie théâtral de Rameau), entre autres ; dossier spécial sur Hippolyte et Aricie, l’oeuvre du commencement datée de 1733, à travers sa création et ses reprises jusqu’en 2012 à l’Opéra de Paris, l’âge du chant à l’époque de Rameau… sont quelques pistes qui agrémentées de superbes illustrations, restituent Rameau dans son époque, dans sa formidable modernité. Lecture incontournable.