vendredi 19 avril 2024

Opéra de TOURS, saison lyrique 2019 – 2020 : 7 productions événements

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TOURS-opera-nouvelle-saison-2019-2020-annonce-presentation-critique-concerts-critique-opera-classiquenewsOPERA DE TOURS, saison 2019 2020. TOURS, scène lyrique majeure en France. Ouverte voire audacieuse, majoritairement romantique, la programmation 2019 – 2020 de l’Opéra de Tours n’oublie pas pour autant de délicieusement provoquer (Powder her Face du compositeur contemporain Thomas Adès : une œuvre forte et chambriste qui décortique l’âme humaine créée il y a déjà plus de 24 ans). Le chef et directeur des lieux, Benjamin Pionnier, veille au choix des productions déjà créées ou dans le cas de nouvelles réalisations, au profil des hommes de théâtre capable de respecter la partition et de réussir la fusion du théâtre et de la musique. Un équilibre entre musique et dramaturgie qui se montre exemplaire quand ailleurs l’outrance des scénographie pseudo-conceptuelles n’hésite pas à dénaturer les ouvrages originaux et réécrire même l’action conçue par le compositeur et son librettiste…
En 2019 – 2020, Benjamin Pionnier a conçu l’une de ses programmations les mieux équilibrées, portant les défis et les promesses de pas moins de 3 nouvelles productions : Don Quichotte, Powder her face et dernier volet de la saison, l’éblouissante Giovanna d’Arco de Verdi. Les 7 productions lyriques à l’affiche de cette nouvelle saison 2017 – 2019 continuent d’explorer, de questionner, et aussi de divertir, en une totalité idéale. Ne manque que le baroque (peut-être la saison suivante ?). Soit une vraie scène lyrique, exigeante et généreuse qui prend des risques et sait renouveler notre compréhension des ouvrages plus familiers. Voilà la preuve qu’il n’y pas qu’à Paris intra muros que les productions et choix de répertoires méritent que l’on s’y attardent. Tours est plus que jamais une étape régulière et importante de tout amateur d’opéra en France. Voici donc, d’octobre 2019 à mai 2020, les 7 événements lyriques à ne pas manquer à l’Opéra de Tours.

 
 

OCTOBRE 2019

Ainsi la première production célèbre le dernier opéra de la trilogie Da Ponte / Mozart, soit Cosi fan tutte, créé au Burgtheater de Vienne le 26 janvier 1790. Inspiré par le livret de Lorenzo Da Ponte, Mozart, après avoir composé Les noces de Figaro puis Don Giovanni surtout, aborde avec une subtilité inédite jusqu’alors, la duplicité des sentiments, les faux serments, la légèreté du cœur féminin (ainsi font elles toutes / toutes les mêmes…, comme nous le dit le titre même de l’opéra « Cosi fan tutte »). Quand Wolfgang aborde le genre buffa, la finesse et l’élégance de la nostalgie qu’il sait instiller à son écriture, renouvellent totalement le genre buffa napolitain… C’est un marivaudage avant l’heure : une carte du tendre semé de quiproquos douloureux, de tromperie et de cynisme amers, de faux serments et de vraies passions irraisonnées. La pulsion et l’éros choatique plutôt que la fidélité et la constance… (une approche réaliste déjà abordée dans les Noces et Don Giovanni, selon les thèmes chers au poète écrivain Lorenzo da Ponte). C’est l’école des amants, où les jeunes fiancés apprennent l’inconstance de leurs aimées respectives ; où les femmes aussi s’enivrent et se perdent dans le jeu de l’amour croisé… Les 4, 6 et 8 octobre 2019. Benjamin Pionnier, direction musicale / Gilles Bouillon, mise en scène.

RÉSERVEZ :
http://www.operadetours.fr/cosi-fan-tutte

 
 

 
 

DECEMBRE 2019

Toujours sur le mode comique déjanté, et pour fêter la fin d’année 2019, voici une pièce maîtresse de Charles Lecocq : Le Docteur Miracle, opéra comique en un acte créé aux Bouffes-Parisiens en avril 1857, les jeudi 12 déc et vend 13 déc en séances scolaires, et pour le grand public, le sam 14 décembre 2019. Version intimiste pour chanteurs et piano (Pierre Lebon, mise en scène). La fille du podestat de Padoue, Laurette, pourra-t-elle épouser celui qu’elle aime, le capitaine Silvio ?

RÉSERVEZ :
http://www.operadetours.fr/le-docteur-miracle

 
 

Ne manquez pas non plus en ces temps de célébrations de Noël, l’opérette en 3 actes d’André Messager : Les P’tites Michu (créé aux Bouffes-Parisiens en nov 1897). Messager se joue des contrastes sociaux quand deux filles échangées à leur naissance, vivent dans un milieu qui ne leur était pas destiné au départ… haute naissance ou milieu modeste, Marie-Blanche et Blanche-Marie sont les héroïnes de ce vaudeville léger, élégant, français qui suscita un immense succès jusqu’à Londres et Broadway… 4 dates pour la semaine entre Noël et le jour de l’an, les 27, 28, 29 et 31 décembre 2019.

RÉSERVEZ :
http://www.operadetours.fr/les-p-tites-michu

 
 

 
 

 
 

JANVIER 2020

Rossini, après avoir traité le genre seria, s’affirme réellement dans la veine du melodramma buffo (et en deux actes) comme l’atteste la réussite triomphale de son Barbier de Séville, d’après Beaumarchais, créé au Teatro Argentina de Rome, en février 1816. Fin lui aussi, mordant et d’une facétie irrésistible par sa verve toute en subtilité, le compositeur se montre à la hauteur du drame de Beaumarchais : il réussit musicalement dans les ensembles (fin d’actes) et aussi dans le profil racé, plein de caractère de la jeune séquestrée, Rosine : piquante, déterminée, une beauté pleine de charme… Avec le Figaro de Guillaume Andrieu, la Rosina d’Anna Bonitatibus… Direction musicale : Benjamin Pionnier / Mise en scène : Laurent Pelly. Les 29, 31 janvier puis 2 février 2020.

RÉSERVEZ :
http://www.operadetours.fr/le-barbier-de-seville

 
 

 
 

MARS 2020

En mars 2020, nouvelle production événement : Don Quichotte de Jules Massenet, comédie héroïque en 5 actes, créé à Monte Carlo le 24 février 1910. L’ouvrage appartient à la dernière période de Massenet, épurée, intense, franche. Le chevalier à la triste figure espère en vain plaire à Dulcinée, la séduire, mais la belle est une beauté arrogante et hautaine. Heureusement, son fidèle compagnon Sancho adoucit la morsure d’une vie solitaire éprouvée par les railleries et les humiliations. Dirigé par Gwennolé Rufet et mis en scène par Louis Désiré, l’opéra du dernier Massenet demeure méconnu, à torts. La distribution réunie à l’Opéra de Tours comprend Nicolas Cavallier (Don Quichotte), Julie Robard-Gendre (Dulcinée) et Pierre-Yves Pruvost (Sancho) ; leur trio devrait proposer une belle lecture, entre autres convaincante par la caractérisation des personnages défendue par les solistes… 3 représentations attendues, les 6, 8 et 10 mars 2020.

RÉSERVEZ :
http://www.operadetours.fr/don-quichotte

 
 

 
 

AVRIL 2020

Voici une partition abusivement cataloguée de scandaleuse, créée déjà il y a plus de 20 ans, en juillet 1995 au Cheltenham Music Festival : Powder her face du compositeur contemporain Thomas Adès (né en 1971) est un opéra en deux actes ; en réalité direct, juste, saisissant, dévoilant avec un réalisme taillé au scalpel, les tares de la société humaine… dans un certain milieu, celui de la soit disant belle société anglaise des années 90… Adès évoquant avec une verve ironique, poétique, délirante et dans une écriture extrêmement raffinée, les frasques de Margaret Campbell, duchesse d’Argyll (1912-1993). Décadence, vertiges des hauteurs, cynisme glaçant… luxure et irresponsabilité suspendent leur cours entre vacuité et barbarie contemporaine. La Duchesse, pervertie par un orgueil démesuré, abandonnée à elle-même par facilité et par paresse, collectionne les mâles gigolos (dont une fameuse scène avec le pompiste) avant d’affronter cette réalité qui la rattrape (où il faut alors payer la facture…) incarnée par un directeur d’hôtel comptable de ses actes, figure de cette Angleterre hypocrite et machiste qui finit par broyer la figure dérisoire et pathétique de cette Duchesse prise au piège d’un faux pouvoir négocié par sa fortune vite dilapidée. Dans les faits, son mari le duc d’Argyll, se venge d’une épouse trop volage, inconséquente voire obscène ; il livre ses photos et son cahier intime à la justice, en 1963, dénonçant une femme pervertie, particulièrement immorale.
Dans le sillon de l’opéra de chambre réinventé par Britten au XXè, Adès ici en un plateau réduit à quatre chanteurs et une quinzaine de musiciens-, prolonge la veine intimiste et satirique, réaliste et acide qui révèle comme un miroir, les travers les plus sombres et lâches de la psyché. A la fois, prêtresse libertaire et victime expiatoire, la Duchesse fait partie désormais des héroïnes sublimes et tragiques de l’opéra contemporain : ses monologues se hissent aux séquences les plus mémorables de la scène lyrique (La voix humaine de Poulenc), réinventant un parlé chanté qui exprime le désarroi, cri et souffrance incarnés, d’une âme excessive et naïve, trompée, humiliée. Détruite malgré une arrogance de façade, la duchesse affiche une fausse préséance. Et l’ouvrage s’achève dans un tango faussement enivré, parodie caustique d’une vie qui ne fut qu’illusion. L’Opéra de Tours en offre une nouvelle production, les 3, 5 et 7 avril 2020. Avec dans le rôle de la Duchesse « scandaleuse » : Isabelle Cals. Rory Macdonald, direction / Dieter Kaegi, mise en scène.

RÉSERVEZ :
http://www.operadetours.fr/powder-her-face

EXTRAIT VIDEO
https://www.dailymotion.com/video/x6j8mnb / avec l’excellente Allison Cook en Duchesse délirante, fantasque, suicidaire…

 
 

 
 

 
 

Mai 2020

La fin de la saison lyrique à Tours s’accomplit avec une autre nouvelle production, celle d’un ouvrage de Giuseppe Verdi, jamais représenté jusque là à Tours : Giovanna d’Arco (création à la Scala de Milan le 15 février 1845). Très inspiré par Schiller et son romantisme noir, souvent désespéré (mais ô combien exaltant), Verdi met en musique la légende spirituelle et miraculeuse de Jeanne la pucelle d’Orléans, ici amoureuse du Roi Charles VII, et dénoncée par son propre père pour sorcellerie… Verdi comme dans Luisa Miller (autre ouvrage d’après Schiller), écrit une partition éblouissante par ses airs passionnés, ses chœurs engagés, la force et la puissance du drame épique qui finit par broyer la figure de la jeune femme… 3 représentations pour clore cette saison particulièrement prometteuse : vend 15, dim 17 et mardi 19 mai 2020. Benjamin Pionnier, direction musicale / Yves Lenoir, mise en scène. Avec dans les rôles principaux : Astrik Khanamiryan, Giovanna, et Irakli Murjikneli, Carlo VII / production avec le Théâtre Orchestre Bienne Soleure.
RÉSERVEZ :
http://www.operadetours.fr/giovanna-d-arco

 
 

 
 

 

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