vendredi 19 avril 2024

Nouveau Don Giovanni à Nantes et à Angers

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Mozart : Les Noces de Figaro. L'opéra des femmes ?Angers Nantes Opéra. Don Giovanni : 4-12 mars 2016. Nouvelle production attendue à Nantes puis à Angers. Un Don Giovanni comme condamné, acculé à expirer, exprime en une course dernière et enivrée, ses dernières forces vitales, résolument tournées sur le désir et la séduction manipulatrice, dominatrice, dévorante. C’est donc un « ténébreux » séducteur, conscient de la mort et du néant, un cynique malgré lui qui au crépuscule d’une existence creuse et déjà angoissée qui surgit sur les planches ; en somme un héros déjà romantique. Chaque tableau met en scène comme une série répétitives, la mise à mort de ses victimes, chacune selon sa propre sensibilité : « Il est trop tard pour le fidèle et droit Leporello, trop tard pour la vengeresse Donna Anna, l’aimante Elvire, la naïve Zerline, Don Juan n’est déjà plus de ce monde. Décadent par lassitude de vivre, moquant les amants trompés, esquivant les coups, il a perdu sa noblesse à la roulette du désespoir, défie encore l’ici et l’au-delà. Et croque la mort à belles dents, » comme le précise la présentation de la nouvelle production sur le site d’Angers Nantes Opéra.

 

 

Nouveau Don Giovanni électrique esthétique

 

 

Agent d’une nouvelle clairvoyance, Don Giovanni transmet à ses victimes la conscience de la mort…

Don Giovanni, opéra de l’effroi

Voilà donc le portrait d’un jouisseur qui ne croyant plus en rien, s’amuse à détruire et à manipuler, se délectant de l’effroi spécifique qu’il fait naître dans l’esprit de chacune de ses victimes trop conciliantes, ou trop naïves. Qui est vraiment Don Giovanni ? Un ami noir qui nous ouvre les yeux, décille notre âme sur son propre aveuglement ? La fin a-t-elle réellement le sens d’une rédemption ?  L’agent de la clairvoyance est certes châtié car son message était trop violent et trop brutal même s’il était juste et vrai… L’insolence et la liberté de Don Giovanni sont le dernier cri de l’homme rebelle à sa propre fin.

FUSSLI hamlet DOn Giovanni 1793
Le dramma giocoso de Mozart et de Da Ponte
, son librettiste enchanté/enchanteur, – créé à Prague avec un phénoménal succès en 1787-,  joue sur l’ambivalence des genres mêlés : sérieux et tragique (le couple Donna Anna et Ottavio), le naif et léger, un rien comique (Leporello, Masetto et Zerlina) ; plus attachante reste l’amoureuse loyale, aimante, généreuse et miséricordieuse pour l’infâme bourreau qui la fait souffrir (Elvira)… Comme à chaque fois, Mozart perce le cœur de chacun des protagonistes, héros solitaire de sa propre destinée qui dans l’opéra, se révèle, sans vraiment trouver d’apaisement ni de résolution. Car au final, après la chute du héros dans les enfers, chacun se retrouve face à lui-même, confronté à son effrayante impuissance… Pourtant la fin de Don Giovanni est à la mesure de son geste existentiel : radicale, exacerbée, jusqu’auboutiste. Face à son destin, le convive de pierre / la statue du commandeur, le héros tend une main sûre et solide, tout en sachant qu’il en sera pétrifié / condamné, foudroyé. Comme pour tous les chefs d’oeuvre, Don Giovanni nous renvoie le miroir de notre illusion perpétuelle. Après Tirso de Molina et son Abuseur de Séville et l’Invité de pierre (1630), après Molière (février 1665), la partition mozartienne s’inspire ouvertement de l’opéra de Giuseppe Gazzaniga de 1786 (et du livret mixte, poétiquement déjà trouble de Giovanni Bertali) comme du délire fantasque d’un Goldoni. Alors qui croire ? La grave et sincère Elvira ? Le bouffon Leporello, double réaliste du séducteur, et son complice en tout, au point de revêtir l’identité de son maître pour mieux tromper et séduire ? La vérité est cachée dans la musique classique et romantique, tragique et légère d’un Mozart décidément universel, intemporel.
La nouvelle production présentée à Nantes du 4 au 12 mars 2016 créée l’événement, – première réalisation mozartienne pour le duo Caurier et Leiser à Angers et à Nantes (à l’initiative de Jean-Paul Davois, directeur du Théâtre),  est jouée à l’Opéra Graslin. Toute programmation lyrique se doit un jour ou l’autre d’aborder la question fondamentale posée par Don Giovanni, Mozart et Da Ponte… mais aussi insidieusement par l’aventurier séducteur Casanova – modèle du XVIIIème pour notre héros-, car il a effectivement participé à l’élaboration de l’opéra pour sa création praguoise…  Nouvelle production attendue, donc incontournable. Reprise ensuite les 4, 6 et 8 mai 2016 à Angers (Grand Théâtre).

 

 

 

 

Don Giovanni de Mozart à Nantes et à Angers
Livret de Lorenzo da Ponte.
Créé au Théâtre des États de Prague, le 29 octobre 1787.

NANTES THÉÂTRE GRASLIN
vendredi 4, dimanche 6, mardi 8, jeudi 10, samedi 12 mars 2016

ANGERS GRAND THÉÂTRE
mercredi 4, vendredi 6, dimanche 8 mai 201
en semaine à 20h, le dimanche à 14h30

DIRECTION MUSICALE : MARK SHANAHAN
MISE EN SCÈNE : PATRICE CAURIER ET MOSHE LEISER
DÉCOR : CHRISTIAN FENOUILLAT
COSTUMES : AGOSTINO CAVALCA
LUMIÈRE : CHRISTOPHE FOREY

avec
John Chest, Don Giovanni
Andrew Greenan, Le Commandeur
Gabrielle Philiponet, Donna Anna
Philippe Talbot, Don Ottavio
Rinat Shaham, Donna Elvira
Ruben Drole, Leporello
Ross Ramgobin, Masetto
Élodie Kimmel, Zerlina

Chœur d’Angers Nantes Opéra Direction Xavier Ribes 
Orchestre National des Pays de la Loire

 

 

 

Informations, réservations, distribution sur le site d’Angers Nantes Opéra / Don Giovanni de Mozart

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