Poitiers, TAP. Les créatures de Prométhée de Beethoven. Orchestre des Champs Elysées, le 6 mai 2014 (auditorium, 20h30). L’Orchestre des Champs Elysées sous la direction de son fondateur et chef historique Philippe Herreweghe s’engagent sur instruments anciens à révéler les couleurs trépidantes d’un ballet méconnu de Beethoven, une partition peu jouée (à torts) : Les Créatures de Prométhée, ballet en une ouverture et trois actes composé pour le chorégraphe italien Salvatore Vigano.
Dans cette oeuvre oubliée créée à Vienne le 28 mars 1801 (quand Haydn a livré son chef d’oeuvre testamentaire, La Création), Beethoven compose plusieurs thèmes qu’il recyclera dans sa fameuse Symphonie Héroïque. De fait, pour souligner la générosité complice de Prométhée envers les hommes enfin réhabilités grâce au don du génial protecteur, Beethoven dans la dernière section (Danza festiva) développe le thème que le compositeur emploiera pour le finale de sa Symphonie Héroïque. La musique énergique, palpitante, pleine d’une triomphante espérance exprime cette gaieté dansante d’une exaltation irrésistible. La trame du ballet de Beethoven dont il existe une version pour piano que l’auteur chérissait particulièrement collectionne les tableaux contrastés : affection du titan Prométhée pour ses deux figures de terre ; présentation devant Apollon et les muses au Parnasse pour qu’elles prennent vie et s’électrisent grâce au feu de la danse. Melpomène assassine le titan mais celui ci renaît grâce à la frénésie chorégraphique de Pan et de ses faunes… tout se conclut dans l’ivresse d’un temps de liesse collective. Concert événement.
Le sujet permet à Beethoven de développer l’écriture orchestrale selon les contingences exigées par la trépidation dansante. Le feu naturel de son style s’accorde ici parfaitement à la nécessité du drame chorégraphique. Avec Haydn, Mozart et le jeune Schubert, Vienne à l’aube du XIXème siècle bientôt napoléonien, s’affirme comme un foyer musical de premier plan : où prennent leur essor les formes purement instrumentales, Concerto pour piano, symphonies et dans le genre chambriste, le quatuor à cordes.
Sur instruments anciens, l’Orchestre des Champs Elysées poursuit un travail spécifique sur l’éloquence ciselée, alliant puissance et couleurs dans les vastes champs d’expérimentations du répertoire classique et romantique. En abordant le premier Beethoven, sa lecture du ballet Les créatures de Promothée devrait saisir par ses détails, l’énergie rythmique, le sens de la continuité, révélant sous le masque du compositeur l’immense architecte aspiré par l’avenir.
Poitiers, TAP. Les créatures de Promothée de Beethoven. Orchestre des Champs Elysées, le 6 mai 2014 (auditorium, 20h30)