mardi 16 avril 2024

Hector Berlioz: La Damnation de Faust, 1846Vlaamse Opera. Gand et Anvers. Du 7 au 18 septembre 2007

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Hector Berlioz
La Damnation de Faust
, 1846

Vlaamse Opéra, Opéra des Flandres
Gand et Anvers
Du 7 au 18 septembre 2007

Spleen de Faust
Lecteur dès 1827 du Faust de Goethe, dans la traduction de Nerval, Berlioz couche en figures musicales le choc des images conçues par la prose de l’écrivain allemand. La Ballade du roi de Thulé mais aussi une bonne partie du matériel de la Symphonie Fantastique découlent de ce flot impétueux de l’inspiration. Berlioz, possédé par son sujet, traverse des périodes d’éclairs compositionnels. Les huit scènes de Faust qui sont couchées sur le papier, seront reprises pour composer la légende dramatique, finalement créée en 1846, les 6 puis 20 décembre, dans une indifférence générale. Le public transi de froid n’est pas venu se déplacer pour applaudir l’ouvrage. Berlioz en ressentira un très profond dépit. Etape première de ses relations difficiles avec le public parisien…
La forme hétéroclite de la partition, « construite » en tableaux apparemment sans lien, ajoute à son aspect déconcertant. Pourtant, depuis quelques années, la partition « immontable » sur la scène, est devenue un formidable tremplin excitant l’imaginaire. Le pouvoir de la musique suscitant de vastes horizons que le décor seul, s’il est strictement narratif, ne suffit pas à exprimer. Des rivages de l’Elbe aux confins hongrois, des cimes éthérées (apothéose de Marguerite) aux gouffres infernaux (la chute de Faust), l’écart et le contraste des facettes convoquées, donnent effectivement le tournis. Faust (ténor) est ici un contemplatif, assez suiveur, entièrement soumis à la volonté provocante et grivoise d’un Méphistofélès plus retors que jamais. Le héros romantique s’incarne cependant en lui, par ses aspirations grandioses, ses désirs de solitude et de renoncement. En quête de lui-même, il erre comme un damné, ne sachant rien trouver, cherchant toujours « ce qui manque à sa vie ». Il y a une absence de volonté et d’ambition chez cet être défait, déjà perdu. Nostalgique d’un bonheur inatteignable, qui se dérobe toujours, Faust expire. Les épisodes de sa vie se succèdent comme dans un superbe livre d’histoire, de légendes, de féerie démoniaque, sans qu’il puisse en ralentir ni interrompre le cours. Frère de René de Chateaubriand, plus encore d’Hector lui-même, terrassé par l’abîme des champs intérieurs, le héros est en crise. Le spleen que porte Faust n’appartient qu’à lui. Heureusement, la morne apathie du jeune homme comme celle du vieillard, trompé par Méphistofélès, ne déteint pas sur la musique: Berlioz y a mis tout son coeur. La scène romantique s’exprime furieuse et éruptive dans l’orchestre. Faust est une légende symphonique.

Illustration
Hector Berlioz (DR)

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