vendredi 29 mars 2024

Paul Dukas: Ariane et Barbe-Bleue (1907)Paris, Opéra Bastille. Du 13 septembre au 6 octobre 2007

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Paul Dukas
Ariane et Barbe-Bleue
, 1907

Opéra national de Paris
Nouvelle production
Du 13 septembre au 6 octobre 2007

Direction musicale: Sylvain Cambreling
Mise en scène: Anna Viebrock
Lumières: David Finn
Dramaturgie: Malte Ubenauf
Chef des choeurs: Peter Burian

Barbe-Bleue, Willard White
Ariane, Deborah Polaski
La nourrice, Julia Juon
Sélysette, Diana Axentii
Ygraine, Iwona Sobotka
Mélisande, Hélène Guilmette
Bellangère, Jaël Azzaretti

Orchestre et Choeurs de l’Opéra national de Paris

Dukas, Debussyste et Wagnérien
Trois ans après Pelléas et Mélisande, porté à la scène par Debussy (1902), avec le scandale que l’on sait (les décors et le déplacements des chanteurs sur les planches de l’Opéra Comique ont davantage déplu que la musique), Paul Dukas (1865-1935) s’intéresse lui aussi à la prose de Maurice Maeterlinck mais sur le thème d’Ariane. Son seul opéra parvenu jusqu’à nous, est créé le 10 mai 1907, également sur la scène de l’Opéra-Comique à Paris. L’ami de Debussy, fut un wagnérien convaincu, surtout depuis son séjour à Bayreuth… Le musicien est un esprti fin et exigeant qui rédigera toute sa vie, des critiques musicales pour la presse d’alors, à partir de 1892. A 22 ans, son poème symphonique L’Apprenti Sorcier (1897) lui apporte une gloire immédiate.

Ariane, femme libre
Le conte musical, Ariane et Barbe-Bleue, en trois actes, qui permet au compositeur de déployer une riche orchestration, met l’accent sur le personnage de femme forte d’Ariane, qui au contraire des autres épouses de Barbe-Bleue, n’est ni soumise ni dépressive. Amoureuse, elle souhaite émanciper ses compagnes (Sélysette, Ygraine, Mélisande, Bellangère…) de la tyrannie d’un être sauvage et barbare; comme elle tente aussi de libérer ce dernier de sa nature inhumaine. Etre de compassion et d’amour, Ariane, sixième épouse du châtelain, ose l’impossible. Rompre la fatalité et la passivité aveugle d’une société inerte et condamnée. Or ce combat est trop brutal. Sans soutien dans sa quête, sans double qui la libère de sa solitude, Ariane quitte ce monde asservi pour lequel elle ne peut rien.
Dukas signe un chef-d’oeuvre en flamboiement orchestral comme en profondeur psychologique, en particulier pour le rôle d’Ariane qui exige tempérament et puissance de la part de l’interprète. La créatrice du rôle-titre fut Georgette Leblanc, l’épouse de Maeterlinck. Admirateur de Debussy, Dukas cite même le motif de Pelléas et Mélisande, pour caractériser sa Mélisande, dans Ariane. A l’origine, Maeterlinck avait écrit le texte d’Ariane en 1899, l’adaptant en livret afin que Grieg le traite en opéra. Ce projet n’aboutit pas et Maeterlinck qui reprit son texte, rencontra alors Dukas. Oeuvre orchestrale, dans le sillon tracé par Wagner, Ariane qui n’en est pas moins d’une transparence et d’une finesse exceptionnelle, fut accueilli froidement à sa création. Le cadre étriqué de l’Opéra-Comique ne donnait pas toute l’ampleur et le souffle que l’oeuvre comporte. Ariane est l’ambassadrice de la liberté. Elle veut affranchir les femmes soumises, toute une société endormie dans le respect de règles dépassées.
Succédant à Germaine Lubin (Palais Garnier, janvier 1935), et à Grace Bumbry (1975), Deborah Polaski qui fut et Cassandre et Didon dans Les Toyens d’Herbert Wernicke sur la scène de Bastille, incarne dans la reprise très attendue d’Ariane de Paul Dukas, l’héroïne, figure active de la liberté et de la modernité, dans un monde de souffrance et de peur. L’orchestre est dirigé par Sylvain Cambreling, « dukassien » accompli comme le démontre son récent disque, enregistré en 2004 et 2006, « Les Ballets Russes » publié par Hänssler où figure un lecture fiévreuse, empoisonnée puis lumineuse du poème symphonique La Péri.

Illustration
Paul Dukas (DR)

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