Un volcan qui crache, des ruines qui fument, le Capitole qui brûle, un putsch mené par un meilleur ami… et miracle, une intrigante prête à tout, renonce au crime et se repent ; La Clémence de Titus, le dernier opéra de W. A. Mozart (qui compose en même temps La Flûte enchantée) bouscule le cadre de l’opera seria, un genre qu’il a traité et renouveler à sa façon avec les précédents Lucio Silla, Mitridate, Idomeneo…
Mozart toujours inventif et audacieux, replace l’orchestre au centre du drame héroïco-tragique, introduit des éléments buffo au seria, célèbre chez Titus, sa grandeur morale et humaniste… il pardonne à ceux qui ont voulu l’assassiner. Serait-ce une invitation politique et philosophique adressée allusivement à l’empereur Léopold II, dont le couronnement en tant que roi de Bohème – en pleine Révolution française – sert alors de prétexte à la commande de La Clémence de Titus.
Mais Titus est-il vraiment clément ? La question est posée par le metteur en scène Milo Rau. La scène genevoise présente après son succès en Flandre et à Vienne, son propre questionnement sur l’opera seria. Pour Rau ne serait-il question que du pardon d’un souverain populiste sous des dehors éclairés ? En d’autres termes, Titus est-il sincère ? La vision est mordante et particulièrement critique vis à vis des êtres au pouvoir : tandis que des foules de personnes déplacées tentent de survivre dans un ghetto de caravanes à l’extérieur des murs du palais, l’élite sociale célèbre sa propre bienveillance dans l’élégance d’un musée. Plutôt sceptique sur les vertus du politique, Milo Rau épingle » Titus et sa clique qui s’admirent et s’envoient des fleurs et des vannes sur leur bonté et leur attitude plus ou moins utilitariste du monde extérieur ».
Après la création de l’opéra Justice, Milo Rau interroge la complexité de notre monde à travers l’exposition de simulacres et contrefaçons, entre rituels chamaniques et lynchages politiques. Après l’avoir applaudi dans les opéras de Janaček, les spectateurs genevois retrouvent ici le chef d’orchestre tchèque Tomáš Netopil (à la tête de l’Orchestre de la Suisse Romande) dans un ouvrage mozartien parmi les plus profonds et bouleversants. Le ténor suisse Bernard Richter dans le rôle-titre, fait ainsi suite à son Idomeneo la saison précédente. A noter l’étoile montante parmi les mezzos belcantistes, Maria Kataeva (Sesto).
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Wolfgang Amadeus Mozart : La clemenza di Tito / La Clémence de Titus, 1791
Grand Théâtre de Genève
6 représentations à Genève
Mer 16 oct 2024, 19h30
Ven 18 oct 2024, 20h
Mer 23 oct 2024, 19h30
Ven 25 oct 2024, 20h
Dim 27 oct 2024, 15h
Mar 29 oct 2024, 19h
RÉSERVEZ vos places directement sur le site du Grand Théâtre de Genève : https://www.gtg.ch/saison-24-25/la-clemence-de-titus/
La Clemenza di Tito
Opéra de Wolfgang Amadeus Mozart
Livret de Caterino Mazzolà d’après Pietro Metastasio
Créé le 6 septembre 1791 au Théâtre des États à Prague
Dernière fois au Grand Théâtre de Genève en 2005-2006
Reprise de la production de 2020-2021 (diffusion en streaming)
Coproduction avec les Wiener Festwochen, l’Opera Ballet Vlaanderen et les Théâtres de la Ville de Luxembourg
16 et 23 octobre 2024 – 19h30
18 et 25 octobre 2024 – 20h
27 octobre 2024 – 15h | représentation disponible en audiodescription, pour en bénéficier, s’inscrire auprès de [email protected] ou par téléphone au 079 893 26 15*
29 octobre 2024 – 19h
Chanté en italien avec récitatifs en français et surtitres en français et anglais
Durée : approx. 2h55 avec un entracte inclus
DISTRIBUTION
Direction musicale : Tomáš Netopil
Mise en scène: Milo Rau
Tito : Bernard Richter
Vitellia : Serena Farnocchia
Sesto : Maria Kataeva
Servilia : Yuliia Zasimova
Annio : Giuseppina Bridelli
Publio : Justin Hopkins (16.10, 18.10, 25.10, 27.10)
/ Mark Kurmanbayev (23.10, 29.10)
Chœur du Grand Théâtre de Genève
Orchestre de la Suisse Romande
Titus à La Plage
Découvrez toutes les activités qui gravitent autour de la production :
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