France Musique: Otello de Verdi, dimanche 6 janvier 2013,14h
Verdi : Otello
France Musique
Le 6 janvier 2013, 14h
Jardin des critiques

La source n’est pas nouvelle pour le compositeur, Verdi ayant passionnément trouvé dans l’épopée et la poésie de Shakespeare ses propres marques dramatiques. Il y eut Lady Macbeth (1847). Mais la nouveauté pour le lion de la scène lyrique, c’est une nouvelle collaboration, avec un nouveau librettiste, Arrigo Boito, dès 1874, mais qui n’aboutira que quelques années plus tard, après leur travail de révision de Simon Boccanegra et de Don Carlos. Après Otello, surgira l’ultime création, Falstaff, en 1893, découlant également de la sève Shakespearienne (les Joyeuses Commères de Windsor).
Victorieux des Turcs, le Maure général de l’armée vénitienne, Otello, est accueilli triomphalement par le peuple cypriote.
S’il vainc aisément les forces hostiles sur l’arène militaire, il en va tout autrement sur la scène amoureuse. Et le conquérant se fait angoissé, impatient, tyrannique, passionnel, irascible. Du moins doute-t-il assez de lui-même pour que le venin du soupçon, distillé par son ennemi Iago, le perfide semeur de trouble, ne vienne lui inspirer suspicion et accusation à l’endroit de son épouse, pourtant fidèle et aimante, la belle Desdémone.
S’il vainc aisément les forces hostiles sur l’arène militaire, il en va tout autrement sur la scène amoureuse. Et le conquérant se fait angoissé, impatient, tyrannique, passionnel, irascible. Du moins doute-t-il assez de lui-même pour que le venin du soupçon, distillé par son ennemi Iago, le perfide semeur de trouble, ne vienne lui inspirer suspicion et accusation à l’endroit de son épouse, pourtant fidèle et aimante, la belle Desdémone.
Elle-même est aussi douce et passive qu’il se montre manipulable et aveugle.
La force du drame vient de ce contraste saisissant sur la scène : ici, les deux protagonistes que tout a comblé : fortune, rang, mérite et beauté, sont les jouets impuissants d’un traître, odieux démiurge, habile Satan des cœurs, un fieffé jaloux qui tirant les ficelles d’une histoire somme toute assez banale, nous plonge dans la tragédie la plus impitoyable.
Sur la scène, les trop frêles figures humaines d’Otello et de son épouse, Desdémone, résistent vainement. A la folie dévastatrice du premier, répond la soumission pieuse de la seconde.
Ici, aucun des personnages n’est maître de lui-même. Chacun semble possédé par une force qui le dépasse: jalousie perverse (Iago), soupçon dévorant (Otello), accablement (Desdémone). La musique quant à elle, forte, violente, fulgurante, est, osons le mot, sublime.
Verdi, Otello
Opéra en quatre actes de Giuseppe Verdi
Livret : Arrigo Boito d’après William Shakespeare