dimanche 9 février 2025

FESTIVAL d’ARROMANCHES. MOZART : Requiem. Dimanche 21 juillet 2024, à 18h. Orchestre du Festival d’Arromanches / Nicolas André (direction).

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Le chef Nicolas André dirige l’Orchestre du Festival d’Arromanches dont il est le directeur artistique, ce dimanche 21 juillet, en conclusion du 15è Festival d’Arromanches. Au programme, le sublime REQUIEM de MOZART sur instruments historiques, complété de pièces liturgiques et de la marche funèbre maçonnique en ut mineur tonalité spirituelle et majestueuse (que Wolfgang a précédemment utilisé pour sa Grande Messe en ut). Concert de clôture événement.

 

 

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Église d’Arromanches
Dim 21 juillet 2024, 18h
MOZART : Requiem
INFOS & réservations ici : http://festival-arromanches.org/

« Mozart Requiem, et cætera… »
Orchestre du Festival – Nicolas André, direction
Soprano, Marion Tassou – Mezzo-soprano, Anaïk Morel
Ténor, Julien Behr – Basse, Paul Gay

 

 

 

Requiem en ré mineur K 626

La partition est composée en 1791 ; laissée inachevée, après le Lacrymosa (l’auteur est mort le 5 déc après avoir seuelment esquissé les 8 premières mesures…), elle est achevée par Franz Xaver Süssmayr (février 1792). La puissance fulgurante de l’écriture est bien celle d’un compositeur parvenu au terme de sa vie… Le cinéaste Miloš Forman a porté l’image d’un compositeur maudit, écrivant son propre Requiem à travers la commande qui lui est faite par un mystérieux agent habillé de noir (inspiré par Pouchkine). En outre, Forman reprend à son compte la légende selon laquelle Salieri, compositeur officiel de la cour impériale viennoise, dévoré par la jalousie, écarte Mozart des grandes commandes…et l’aurait même empoisonné.
Dans la réalité, c’est le Comte von WALSEGG qui commande à Wolfgang en juillet 1791, un Requiem grassement payé… pour célébrer le souvenir de son épouse, décédée début 1791. Mozart doit alors terminer simultanément l’opéra seria pour le couronnement de Leopold II (La Clémence de Titus) et aussi son singspiel maçonnique La flûte Enchantée…
Dès le début (Requiem), murmuré, comme le battement du cœur, les couleurs sont graves voire sombres et même lugubres (ni flûtes, ni hautbois, ni cors…) mais les bassons et les cors de basset ; les mouvements s’enchaînent comme une vague fulgurante, à la fois hautement spirituelle et remarquablement équilibrée dans ses contrastes dramatiques… le Requiem est par bien des égards, un opéra funéraire dont le chant à la fois choral et solistique émeut directement. Le parcours suit les images du texte et la prière qui s’en dégage : double fugue du Kyrie eleison (Seigneur, prends pitié) – déflagration spectaculaire (et dramatique à l’énoncé du Dies Irae, où les hommes pêcheurs font face à la colère de Dieu…

Les hommes entonnent alors leur prière qui vaut exhortation, amorcée par le Tuba mirum (basse et trombone), puis l’exclamation pleine d’espérance du ténor, de l’alto et de la soprano ; puis après le déroulement tragique du Rex tremendae, se déploie le sentiment de consolation du RECORDARE, ample prière là aussi pour le quatuor vocal et l’orchestre qui espèrent le pardon divin, la compassion de Jésus.
Dans la Confutatis, sont exposés en vertigineux contrastes, les hommes angoissés et les femmes qui expriment l’apaisement des « élus » de Dieu…
Le Lacrimosa renoue avec le souffle murmuré, progressif du début (Introït).

Süsmayer complète le Requiem ensuite en recyclant le matériel autographe et en prolongeant les « effets dramatiques » conçus par Wolfgang : l’Offertoire sollicite à nouveau le choeur dans une évocation directe des Ténèbres infernales. Le lumineux et apaisé Hostias est fugace, comme emporté par la précipitation (fuguée) du Quam olim Abrahae…

La suite est de la main seule de Süsmayer : court et puissant Sanctus en ré majeur (avec timbale et trompettes) ; rapide fugue de l’« Hosanna in excelsis Deo » ; sérénité tendre « mozartienne » du Benedictus ; dramatisme douloureux de l’Agnus Dei (fugué), avec coup de timbales ; enfin, Communio conclusif où la soprano reprend le thème du début sur les paroles du Lux æterna, ce qui refermant le cycle par la reprise de son début, lui confère une cohésion cyclique indiscutable.

 

Mozart franc-maçon

Membre d’une loge maçonnique (dès 1784), soit au cours des 7 dernières années de sa vie, Mozart a composé nombre de pages propres au rituel franc-maçon. Il appartenait entre autres, à la loge « Zur Wohltätigkeit » (« La Bienfaisance »).
Ainsi la Cantate pour ténor et chœur masculin K. 471 , Die Maurerfreude (« La Joie du maçon »), la Kleine Freimaurer Kantate (« Petite Cantate maçonnique ») K. 623, pour solistes, chœur masculin et orchestre), sa coloration grave et profonde, liée au thème d’une musique funèbre (Maurerische Trauermusik) la rend irrésistible. Wolfgang y exprime avec une vérité immédiate, le vertige de la mort dont il semble avoir une parfaite connaissance. Tel sentiment juste et profond se retrouve dans son opéra Don Giovanni et dans … le Requiem. Sa tonalité d’Ut mineur est liée à la solennité spirituelle (comme c’est le cas de la Grande Messe KV. 627). Quant aux 3 bémols à la clé, ils renvoient au triangle maçonnique, comme c’est le cas aussi du Divertimento K. 563 et du Concerto pour clarinette K. 622 composé pour le clarinettiste Anton Stadler (membre de la même loge).
L’adagio unique associe le thème de plain-chant (déploration) des clarinettes et des vents, à celui des cordes qui scandent l’idée d’une procession (le rituel maçonnique)… des ténèbres à la lumière, la fin déploie un accord ultime spirituel et éblouissant. Une manière de concevoir le trépas comme le but de la vie, et selon les mots de Mozart (dans sa correspondance), comme une expérience apaisée et acceptée.

Membres d’autres Loges, Mozart progresse et devient « Maître » ; il se rapproche de ses frères franc-maçons qui le soutiennent et financent ses travaux comme Johann Michael Puchberg pour lequel est composé le Divertimento pour Trio à cordes. Profondeur, gravité, franchise aussi… l’écriture mozartienne des pièces franc-maçonnes comporte plusieurs chefs-d’oeuvre, tous traversés par un sentiment de fraternité intense ; en cela inspiré par l’esprit des Lumières, entre amour et respect, moins par le goût pour le symbolisme voire l’occultisme pratiqués par certaines loges viennoises de l’époque. L’œuvre la plus développée et la plus accessible demeure l’opéra en allemand La Flûte enchantée aux références clairement maçonniques dont la musique diffuse la somptueuse poésie à tous, avec une sincérité et une franchise, exemplaires.

 

LIRE aussi notre présentation du 15ème Festival d’Arromanche 0224 : https://www.classiquenews.com/festival-darromanches-les-16-17-19-et-21-juillet-2024-nicolas-andre-et-lorchestre-du-festival-chausson-debussy-mozart-les-pianistes-yannael-quenel-et-anael-bonnet/

 

15ème Festival d’ARROMANCHES, les 16, 17, 19 et 21 juillet 2024. Nicolas André et l’Orchestre du Festival (Chausson, Debussy, Mozart…), les pianistes Yannaël Quenel et Anaël Bonnet, Julien Behr, Anaïk Morel…

 

Programme du concert

 

Marche funèbre maçonnique en Ut mineur K477
Wolfgang Amadeus Mozart

 

Requiem Grégorien

 

Requiem en ré mineur K 626
Wolfgang Amadeus Mozart

I. Introïtus Requiem
II. Kyrie

Antiphone “ Quaerite primum regnum Dei”

III. Sequentia : Dies iræ – Tuba mirum – Rex tremendæ –
Recordare – Confutatis – Lacrimosa

Lacrimoso so io

IV. Offertorium: Domine Jesu – Hostias

Miserere

V. Sanctus
VI. Benedictus

Nascoso è il mio sol

VII. Agnus Dei
VIII. Communio : Lux æterna

 

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