Monte Carlo, Opéra. Mozart : Don Giovanni. Les 20,22,25,27, 29 mars 2015. Le chef Paolo Arrivabeni, dans la mise en scène de Jean-Louis Grinda (directeur des lieux), dirige entre autres l’une des meilleures voix féminines actuelles, souple et onctueuse, articulée aussi : celle de Sonia Yoncheva dans le rôle de la douce et loyale Elvire, la seule qui aime vraiment le séducteur immoral ; à ses côtés, le baryton basse uruguyen (ex compagnon de la Netrebko), Erwin Schrott incarne l’un des ses personnages fétiches, Don Juan. Félin, carnassier cynique, d’un jeu froid et animal, le chanteur a su parfaitement exprimer le cynisme séducteur, la puissance explosive et perturbatrice du rôle-titre.
Da Ponte dont on mettait en doute sa capacité à fournir à temps, son meilleur livret pour Mozart, répondait : « J’écrirai la nuit pour Mozart et ça sera comme si je lisais L’Enfer de Dante… ». De fait, il y a bien du noir et du ténébreux dans les climats profonds, lugubres parfois (quand le commandeur et sa statue paraissent sur scène), dans Don Giovanni. La prouesse des auteurs reste l’imbrication étincelante et crépusculaire donc, entre comique et tragique, entre sincérité et manipulation. Il en découle un sommet de l’art lyrique créé à Prague le 29 octobre 1787 : une œuvre fantastique et nocturne en pleine ère des Lumières.
Jamais Mozart ne fut plus proche de la réalité du cœur humain : l’inconstance du séducteur voisine avec sa conscience entière et assumée de la mort. La jouissance voudrait-elle terrasser la vanité de toute chose ? De fait, Don Giovanni ne s’y prend pas autrement. Il entraîne de son incessante chute, course à l’abîme héoniste et sensuel, Leporello, son double comique et serviteur.
Don Giovanni de Mozart à l’Opéra de Monte Carlo, Monaco
Les 20,22,25,27, 29 mars 2015.
Chef d’orchestre : Paolo Arrivabeni
Mise en scène : Jean-Louis Grinda
Décors et costumes : Rudy Sabounghi
Lumières : Laurent Castaingt
Chef de chœur : Stefano Visconti
Don Giovanni, jeune gentilhomme extrêmement licencieux : Erwin Schrott
Le Commandeur : Giacomo Prestia
Donna Anna, sa fille, dame de qualité, fiancée de Don Ottavio : Patrizia Ciofi
Don Ottavio : Maxim Mironov
Donna Elvira, noble dame de Burgos : Sonya Yoncheva
Leporello, valet de Don Giovanni : Adrian Sampetrean
Masetto, amant de Zerlina : Fernando Javier Radó
Zerlina, paysanne: Loriana Castellano
Chœur de l’Opéra de Monte-Carlo
Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo
Illustration : Sonia Yoncheva (DR)