Jean-Marie Villégier, né le 4 juillet 1937 à Orléans (Loiret), s’est éteint ce jour, mardi 23 janvier 2024, à 86 ans. Metteur en scène de théâtre et surtout d’opéra, l’Orléanais qui fut aussi philosophe, aura marqué la scène française pour sa remarquable adaptation d’Atys de Lully, réalisée en 1986, avec un complice baroque de la première heure, William Christie.
Après avoir codirigé le Centre de dramaturgie de l’Opéra de Paris jusqu’en 1980, Jean-Marie Villégier se consacre à la mise en scène théâtrale. Avec Marcel Bozonnet, il signe ainsi pour le théâtre entre autres, Héraclius de Pierre Corneille (1971). Il interroge régulièrement La Tentation de saint Antoine de Gustave Flaubert ; et devient en 1990, directeur du Théâtre National de Strasbourg en 1990. Parallèlement à ses responsabilité administratives, JM Villégier approfondit comme peu avant lui la connaissance du théâtre baroque français, ce premier XVIIè où brille en particulier Corneille (Nicomède, Sophonisbe…) – Il fonde sa propre compagnie en 1985, l’Illustre Théâtre (référence à la troupe de Molière), poursuivant son travail exemplaire sur Corneille, puis Racine et Molière, tout en dévoilant leurs contemporains méconnus : Mairet, Lambert, Brosse, Larivey.
Rossini inaugure sa première mise en scène d’opéra avec La Cenerentola (1983). Puis avec le pionnier de la révolution baroques en France, le franco-américain William Christie, fondateur en 1979 de ses Arts Florissants, JM Villégier met en scène Atys de Lully, dans une mise en scène aussi poétique que révolutionnaire (1986). L’Atys de Lully montre comment il est possible de recréer l’art baroque français non pas comme une reconstitution mais une distanciation poétique. Où l’authentique signifie imaginaire et fantaisie. Les costumes et les décors ont produit un véritable choc esthétique qui demeure emblématique du meilleur parmi les réalisations des baroqueux en France. Le spectacle reste d’ailleurs toujours inégalé par sa cohérence et sa beauté.
Avec « Bill », JM Villégier réalise une série devenue légendaire dans le sillon tracé par cet Atys mémorable : Le Malade imaginaire de Molière et Marc-Antoine Charpentier (1990) ; Médée de Marc-Antoine Charpentier, livret Thomas Corneille (1993) ; Hippolyte et Aricie de Jean-Philippe Rameau à l’Opéra de Paris (1996) ; Rodelinda de Handel (1998), Les Métamorphoses de Psyché de Lully (1999)… enfin, grâce à un mécénat exceptionnel obtenu par « Bill, en 2011, une nouvelle production d’Atys, aussi sublime que l’originale, est remontée avec un succès exceptionnel.
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