samedi 25 janvier 2025

CRITIQUE, opéra. TOULON, Palais Neptune, le 14 mai 2024. BELLINI : Les Capulet et les Montaigu. A. Dennefeld, M-C. Pino Cuny, D. Tuscano, Ö. Köse… Choeur et Orchestre de l’Opéra de Toulon / Andrea Sanguineti (direction musicale).

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Nous sommes à l’Opéra de Toulon, hors les murs, pour un concert extraordinaire de l’opéra de Vincenzo Bellini : Les Capulet et les Montaigu ! La version de concert au Palais Neptune est riche d’une superbe distribution orbitant autour d’Antoinette Dennefeld et de Maria-Carla Pino Cuny dans les rôles respectifs de Roméo et Juliette, avec le maestro Andrea Sanguineti à la direction de l’orchestre de la maison.

 

La vengeance de Zaira

 

Bellini a écrit cet opéra dans l’espoir de racheter l’échec de Zaira à Parme. Pour la « revanche », il a réutilisé plusieurs morceaux de l’opus antérieur dans cette nouvelle œuvre. Un pari audacieux et une réussite parfaite au final, puisque le nouvel opus obtient un grand succès retentissant à Venise, et, à la différence d’autres opéras du belcanto romantique, Les Capulet et les Montaigu n’a jamais vraiment quitté le répertoire. En fait, lors de la commémoration du centenaire de la mort du compositeur, en 1935, l’opéra est mis en scène dans sa ville natale de Catane. Plus tard, en 1954 à Palerme, la grande mezzo soprano italienne Giulietta Simionato se distingue particulièrement dans son interprétation spectaculaire du personnage de Roméo.

La beauté pathétique du drame s’accorde parfaitement au génie mélodique ample et pur du compositeur, et aux qualités lyriques langoureuses de son inspiration. Dans ce concert toulonnais, les deux protagonistes font en effet une prise de rôle, ce qui ajoute un je ne sais quoi de palpitant à l’événement. Antoinette Dennefeld dans le rôle de Roméo est superlative de force et d’émotion, notamment lors des merveilleuses cavatines, bouleversantes de beauté, « Se Romeo t’uccise un figlio » et « Deh! tu bell’anima », ou encore lors du magnifique duo passionné avec Juliette « Sì, fuggire « qui rappelle Norma et Adalgisa. La soprano Maria-Carla Pino Cuny dans le rôle de Juliette est pleine d’humanité et de légèreté, plus affirmée au deuxième acte, quand elle offre une interprétation solide de l’air redoutable « Morte io non temo, il sai ». Le ténor de la soirée, Davide Tuscano dans le rôle de Tybalt, est tout particulièrement solaire au premier acte, lors de la cavatine et trio « È serbata a questo acciaro » qu’il interprète avec Patrick Bolleire en Capellio et Önay Köse en Laurent. Ce dernier fait également vibrer l’auditoire avec la force de sa voix et la profondeur du chant.

Le Chœur de l’Opéra de Toulon, superbement préparé par Christophe Bernollin, fréquemment sollicité est dans la meilleure des formes, et fait preuve d’un beau dynamisme tout au long du concert. L’orchestre « maison », sous l’excellente direction d’Andrea Sanguineti, et même s’il n’est pas l’aspect le plus sophistiqué de la composition, se distingue à plusieurs moments, notamment et étonnamment chez les vents (performances remarquablement belles de Guillaume Deshayes au hautbois et de Franck Russo à la clarinette). Bravi !

 

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CRITIQUE, opéra. TOULON, Palais Neptune, le 14 mai 2024. BELLINI : Les Capulet et les Montaigu. A. Dennefeld, M-C. Pino Cuny, D. Tuscano, Ö. Köse… Choeur et Orchestre de l’Opéra de Toulon / Andrea Sanguineti (direction musicale).

 

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