samedi 14 septembre 2024

CRITIQUE, festival. SALZBOURG, Grosses Festspielhaus, le 29 août 2024. MOZART : Don Giovanni. D. Luciano, F. Lombardi, J. Prégardien, N. Pavlova, D. Ulyanov … Romeo Castellucci / Teodor Currentzis.

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Mike Smith
Mike Smith
Mike passe fait des chroniques de spectacles, en particulier pour la danse et à l'opéra. Il est basé au Royaume-Uni, mais travaille à l'International. Il est également journaliste de voyage. Il enseigne l'histoire ancienne et le journalisme à l'Université de Cardiff, au Pays de Galle.

Dans ce Don Giovanni mis en scène par Romeo Castellucci au Festival de Salzbourg, la venue d’artistes prétendument associés au président russe Vladimir Poutine est controversée. Mais la réaction du public ne l’indique cependant pas lorsque Teodor Currentzis vient saluer, à la tête de son Utopia Orchestra. Le chef d’orchestre grec, audacieux et vif, offre une soirée de pure pyrotechnie orchestrale, et de véritables vagues sonores remplissent le vaste auditorium du Grosses Festspielhaus. Les instrumentistes disposent de beaucoup d’espace pour jouer, et les chanteurs sont traités comme des joyaux d’exception, capables de briller.

 

L’opulence est synonyme de Salzbourg. Cela ressort à la fois de la direction d’orchestre de Currentzis et de l’extravagance théâtrale du metteur en scène Romeo Castellucci. Ses choix théâtraux sont complexes et difficiles à comprendre pleinement, instant après instant, qu’il s’agisse de la descente en douceur d’une voiture sur scène ou du piano à queue qui s’écrase, plus tard, sur le plateau.

Ici, non seulement le ténor doit vraiment jouer Don Ottavio comme un personnage falot, mais il doit aussi porter des tenues folles. La théâtralité excessive de Castellucci comprend de nombreuses scènes étranges, comme le démantèlement d’une église. Une autre montre le chœur composé de personnages fantomatiques, agitant leurs cheveux comme des sorcières démoniaques. L’homme de théâtre intègre également dans sa mise en scène des animaux vivants, notamment une chèvre, de nombreux chiens et un rat ! Je crois qu’il y a aussi un chat en peluche. Don Giovanni se transforme en statue à la fin, pendant qu’il chante son propre air final,  synchronisé avec la voix du Commendatore.

La sexualité très présente dans l’ouvrage est particulièrement soulignée, avec par exemple ces deux marionnettes qui font l’amour, une Zerlina ligotée, ou encore deux photocopieuses copulant électroniquement ! L’accent est cependant mis sur l’émotion et la pureté des personnages féminins en quête de vengeance. Federica Lombardi est fascinante dans le rôle de Donna Elvira. Elle est convaincante, équilibrant son désir de vengeance avec sa volonté d’accepter un amant repentant. Le point culminant des représentations est le chant spectaculaire de Nadezhda Pavlova, dans le rôle de Donna Anna, chanteuse dotée d’une voix puissante et d’aigus brillants, d’une grande expressivité. Elle a une présence scénique à la fois vocale et dramatique.

L’opulence de Salzbourg permet à un grand nombre de femmes (actrices) de monter sur scène. Soit elles sont vêtues de mousseline rose, soit elles se déshabillent jusqu’à paraître en sous-vêtements. Je n’ai pas pu compter, mais apparemment il y a environ 150 femmes sur scène ! Davide Luciano interprète un Don Giovanni extrêmement masculin, vocalement puissant, mais manquant un peu d’élégance, notamment dans les scènes de séduction intimes. Il y a aussi un manque d’alchimie entre le maître et son serviteur Leporello. Et ce malgré le rôle joué avec vigueur par le chanteur américain Kyle Ketelson. Julian Prégardien mérite des éloges pour être capable de si bien chanter alors qu’il est habillé de manière aussi ridicule. Il chante avec une clarté cristalline les deux superbes airs de Don Ottavio. On ne voit pas le Commendatore dans le finale, mais Dmitry Ulyanov chante avec sonorité et présence. S’agit-il simplement ici d’une œuvre d’hyperbole théâtrale et d’une étude d’art conceptuel ? Mais ce n’est pas vraiment important, puisque les chanteurs et l’orchestre eux,  sont d’une superbe qualité.

 

 

 

 

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CRITIQUE, festival. SALZBOURG, Grosses Festspielhaus, le 29 août 2024. MOZART : Don Giovanni. D. Luciano, F. Lombardi, J. Prégardien, N. Pavlova, D. Ulyanov … Romeo Castellucci / Teodor Currentzis. Photos (c) Monika Ritterhaus.

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