samedi 14 septembre 2024

CRITIQUE, festival. SALZBOURG, Grosses Festspielhaus, le 27 août 2024. OFFENBACH : Les Contes d’Hoffmann. B. Bernheim, K. Lewek, K. Lindsey, C. Van Horn … Mariame Clément / Marc Minkowski.

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Mike Smith
Mike Smith
Mike passe fait des chroniques de spectacles, en particulier pour la danse et à l'opéra. Il est basé au Royaume-Uni, mais travaille à l'International. Il est également journaliste de voyage. Il enseigne l'histoire ancienne et le journalisme à l'Université de Cardiff, au Pays de Galle.

Le plaisir du concept a orienté l’approche de la metteure en scène française Mariame Clément, pour ces Contes d’Hoffman de Jacques Offenbach au prestigieux Festival de Salzbourg. Elle choisit ainsi de faire d’Hoffmann un réalisateur de films, alcoolique et déchu, faisant défiler des bobines de son œuvre avec les femmes dont il était désastreusement tombé amoureux. A la fin, il est révélé qu’elles sont toutes des incarnations de Stella. Les trois histoires sont ensuite racontées alors que lui est en train de diriger trois films, ce qui permet une certaine continuité dramatique. La production s’ouvre et se ferme avec Hoffmann montré comme un clochard poussant son caddie de courses plein de bric-à-brac, incluant une caméra et les bobines de ses trois films. 

 

 

Stella et les trois femmes qui sont les stars de chacune des histoires, sont toutes chantées ici par la soprano polonaise Kathryn Lewek. Dans chacune des quatre femmes, Lewek excelle, montrant que sa légèreté vocale répond à une vraie présence  dramatique. Avec une scène aussi vaste que le Grosses Festspielhaus de Salzbourg, un metteur en scène peut se faire plaisir, et la scénographie se présente comme un décor de studio de cinéma, pour basculer vers les lieux d’un studio pour un véritable tournage. Intelligemment, les scènes de chœur sont largement des extraits cinématographiques, “en costumes”, tirés de différents films (films de cowboys, de l’antiquité romaine, avec des aristocrates de l’âge baroque, ou encore des astronautes). Les employés du studio s’assoient par terre pour voir les trois histoires projetées, pendant que Hoffman malmène son caddie…

Les trois histoires avec Olympia, Antonia et Giulietta sont montrées comme des manifestations de la même femme, et cela est mis en exergue à la fin, lorsque Lewek apparaît en portant des parties de costumes de chacun de ses personnages. Le moment le plus divertissant ?… quand Olympia, la poupée mécanique, est transformée en fille faisant éclater un chewing-gum, dans un film de science-fiction de séries B. Cette scène lui permet de montrer qu’elle possède à la fois une colorature claire et sûre, ainsi qu’une vraie facilité à atteindre le registre plus bas. Les autres incarnations sont moins intéressantes. Normalement, la Muse / Nicklausse a pour tâche de persuader Hoffman de rejeter toutes autres formes d’amour pour la poésie, mais ce n’est pas ce que fait ici la mezzo à la voix de miel, Kate Lindsey.

Le ténor français Benjamin Bernheim est idéal pour le concept théâtral qui lui demande de se transformer en hipster des années 70, puis contemporain. Cela est largement réussi grâce à sa coupe de cheveux et de ses jeans. Ses allures de “boy next door” lui permettent de rentrer dans le personnage, et sa voix lumineuse et attirante de ténor lyrique donne pleinement vie au personnage de Hoffman. C’est un rôle qui lui permet de montrer toute son aisance vocale. De son côté, le baryton Christian Van Horn joue délicieusement la comédie dans les parties Lindorf / Coppélius / Dr Miracle / Dapertutto. Ce sont toutes des manifestations de la Nemesis d’Hoffman, et l’idée qu’il vole ainsi l’âme du réalisateur en capturant son image, fait parfaitement sens.

La partition, et notamment la fameuse barcarolle, est sensuellement jouée par l’Orchestre Philharmonique de Vienne sous la direction du chef Français Marc Minkowski. Son adoration pour la partition d’Offenbach est évidente, mais sa relation avec ses chanteurs / acteurs l’était moins, avec un certain déséquilibre dans le déroulement de l’œuvre.

 

 

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CRITIQUE, festival. SALZBOURG, Grosse Festspielhaus, le 27 août 2024. OFFENBACH: Les Contes d’Hoffmann. B. Bernheim, K. Lewek, K. Lindsey, C. Van Horn… Mariame Clément / Marc Minkowski. Photos (c) Monika Ritterhaus.

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