vendredi 6 décembre 2024

CRITIQUE, festival. ISTANBUL : 52ème Festival de Musique Classique. Concert d’ouverture, Atatürk Cultural Center, le 21 mai 2024. VERDI / GRIEG / TCHAÏKOVSKY. Orchestre Symphonique d’Etat d’Istanbul, Ilyun Bürkev (piano), Cem MANSUR (direction).

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Emmanuel Andrieu
Emmanuel Andrieu
Après des études d’histoire de l’art et d’archéologie à l’université de Montpellier, Emmanuel Andrieu a notamment dirigé la boutique Harmonia Mundi dans cette même ville. Aujourd’hui, il collabore avec différents sites internet consacrés à la musique classique, la danse et l’opéra - mais essentiellement avec ClassiqueNews.com dont il est le rédacteur en chef.

 

C’est par un long et émouvant (double) hommage qu’a débuté le concert d’ouverture de la 52ème édition du Festival de Musique d’Istanbul (“Istanbul Muzik Festivali”), d’abord au compositeur américain Steve Reich (né en 1938), à travers un long portrait vidéo, puis c’est au chef turc Cem Mansur (photo ci-bas) qu’un hommage sous forme d’album-souvenirs est rendu, ce chef d’orchestre à la carrière internationale qui dirige par ailleurs cette soirée inaugurale, placé à la tête de l’Orchestre Symphonique d’Etat d’Istanbul, dont il est par ailleurs familier – la soirée se déroulant dans la grande salle (2100 places) du flambant neuf – et absolument magnifique ! – Atatürk Cultural Center (“Atatürk Kültür Merkezy”), édifié il y a moins de deux ans sur la fameuse Place Taksim, le coeur névralgique de la mégalopole de 15 millions d’habitants qu’est Istanbul. 

 

 

Jusqu’au 12 juin, des artistes de la trempe de Khatia Buniatishvili, Edgar Moreau, Aziz Shokhakimov, Maria-Joao Pires, Eric le Sage, Cecilia Molinari, Ivan Fischer, Francesco Piemontesi viendront se produire dans différents lieux de la capitale économique et culturelle de la Turquie. Le festival stambouliote garde le cap, avec un haut degré d’exigence artistique, et en offrant un large éventail en matière musicale, car la musique “populaire” turque sera aussi très présente pendant la durée du festival, afin d’aller vers tous les publics, et pas seulement vers les mélomanes de la “grande musique”. 

Pour le concert d’ouverture, c’est un programme symphonique “classique” qui a été retenu, avec un programme comprenant le Concerto pour pianod’Edvard Grieg et l’Ouverture-Fantaisie “Roméo et Juliette” TH 42 de Piotr Ilitch Tchaïkovsky, un programme relativement court (donné sans entracte), car la première partie “hommage” avait duré plus de ¾ d’heure peut-être ?…

 

 

Mais c’est avec les Danses extraites d’Otello de Verdi (à l’acte III) qui sert de mise en bouche et de tour de chauffe à l’Orchestre Symphonique d’Etat d’Istanbul, qui nous permet de goûter à la fois à l’excellente acoustique de la salle (depuis le premier balcon) et au non moins superbe fini orchestral de la phalange turque. Puis apparaît, dans une robe rouge scintillante, la très jeune (15 ans !) virtuose du piano Ilyun Bürkev, déjà une star de la musique classique dans son pays, promise à une brillante carrière internationale (qui a déjà commencé…), pour une interprétation du fameux (et unique) Concerto pour piano de Grieg, dans lequel elle fait preuve d’une confondante maturité pianistique. Dans ce pilier du répertoire qu’est le superbe opus de Grieg, son jeu est impeccable, sa sonorité chatoyante et la complicité avec le chef et l’orchestre s’avère évidente, d’autant qu’ils se sont tous déjà produits ensemble. Comment ne pas rester admiratif devant une technique (déjà) infaillible, et sa superbe interprétation dans un style romantique très pur. Elle finit d’éblouir, en livrant en bis, une ébouriffante interprétation de la Grande Polonaise brillante de Chopin, qui lui vaut une ovation debout… et amplement mérité !

Alors que la piano est retiré de la scène pendant les longues ovations qu’elle reçoit, la phalange stambouliote est prête pour enchaîner avec la pièce symphonique qu’est l’Ouverture-Fantaisie “Roméo et Juliette” de Tchaïkovsky. Composée en 1869 sur une suggestion de Balakirev, « Roméo et Juliette » subit deux révisions en 1870 et 1880. C’est cette dernière version qui est fréquemment jouée au concert, et qui est de fait ici retenue (soumise aux critiques sévères, mais justes, de Balakirev, la pièce fut modifiée pour arriver au chef d’œuvre universellement connu !). Le chef Cem Mansour en livre une interprétation que l’on qualifiera de « russe », c’est-à-dire très énergique, avec des contrastes très violents, dans lesquels les différents pupitres concernés brillent autant par leur précision que par leur cohésion. Nous aurions aimé là aussi un bis pour prolonger la soirée et se régaler un peu plus de l’excellente formation musicale qu’est l’Orchestre Symphonique d’Etat d’Istanbul… mais nous reviendrons, d’autant que par son architecture osée, son confort, et son impeccable acoustique, la grande salle du Centre Culturel Atatürk est juste magique !

 

Grande salle du Centre Culturel Atatürk (c) DR

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CRITIQUE, festival. ISTANBUL : 52ème Festival de Musique Classique. Concert d’ouverture, Atatürk Cultural Center, le 21 mai 2024. VERDI / GRIEG / TCHAÏKOVSKY. Ilyun Bürkev (piano), Orchestre Symphonique d’Etat d’Istanbul, Cem MANSUR (direction). Photos (c) Festival de Musique d’Istanbul.

 

VIDEO : Ilyun Bürkev interprète le Troisième Concerto pour piano de Ludwig van Beethoven

 

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